25 septembre 1396

Les croisés défaits par les Turcs à Nicopolis

Le 25 septembre 1396, à Nicopois, sur le Danube, le sultan ottoman vainc une armée de chevaliers accourus de toute l'Europe chrétienne pour secourir le roi Sigismond de Hongrie et l'empereur byzantin Manuel Paléologue.

Leur défaite enterre à jamais l'idée de croisade...

André Larané
La bataille de Nicopolis (manuscrit de Louis de Gruuthuse, BNF)

Téméraires chevaliers

Les deux souverains chrétiens avaient été attaqués par le sultan Bajazet (« L'Eclair »), qui s'était juré rien moins que de les repousser jusqu'à Rome !

Des guerriers viennent de toute l'Europe à leur secours et se rassemblent à Bud (aujourd'hui Budapest). Parmi eux beaucoup de seigneurs français et bourguignons dont le comte Jean de Nevers, fils du duc de Bourgogne, Guy de la Trémoille, le connétable Philippe d'Artois, Enguerrand VII de Coucy... 

Coucy plaide pour l'offensive. L'armée croisée entreprend donc de descendre le Danube. Un détachement français s'empare de la ville de Rachova (ou Rahova, aujourd'hui en Bulgarie) et massacre une partie des prisonniers. Là-dessus, l'armée met le siège devant la ville de Nicopolis (aujourd'hui sur la frontière entre la Bulgarie et la Roumanie) lorsqu'elle est surprise par l'arrivée des Ottomans.

Méprisant les conseils de prudence du malheureux roi de Hongrie, les chevaliers, dans leurs riches accoutrements et leurs lourdes armures, n'ont d'autre envie que d'en découdre au plus vite. C'est à qui s'emparera le premier de la personne du sultan ! Habilement, le sultan laisse les chevaliers s'enfoncer au milieu de son infanterie. Au moment propice, les deux ailes de l'armée ottomane se referment sur les imprudents.

Le roi Sigismond arrive à grand-peine à s'enfuir sur une barque. Mais beaucoup de croisés sont massacrés. Le sultan n'interrompt le carnage que dans la perspective d'une rançon. 300 chevaliers, nus, sont poussés devant le sultan et doivent décliner leur identité et leurs ressources. Ceux qui sont insolvables sont immédiatement décapités.

Le prince héritier du riche duché de Bourgogne Jean de Nevers (25 ans) échappe à la mort mais ses sujets devront payer une rançon exorbitante de 200 000 florins. Le prince, lui, tirera grande fierté de ses imprudences et s'adjugera plus tard le surnom de « sans Peur » en référence à ses exploits. Partie prenante dans la querelle des Armagnacs et des Bourguignons, il sera plus tard assassiné par un homme du dauphin de France.

La bataille de Nicopolis, massacre des prisonniers chrétiens (manuscrit de Louis de Gruuthuse, BNF)

Les Balkans passent aux Ottomans

Bajazet l'a emporté à Nicopolis grâce à ses alliés, parmi lequels des Serbes sous le commandement du prince Stefan Lazarevitch. Celui-ci s'est rallié à lui après la bataille de Kossovo Polié. Il est devenu son beau-frère sans cesser d'être chrétien. 

Le sultan a pu compter aussi sur ses fidèles Janissaires. Ces derniers sont des enfants chrétiens convertis de force à l'islam et élevés dans le métier des armes. Leur nom vient de l'expression turque jeni çery (« nouvelle troupe » en français).

Grâce à leur victoire sur les croisés, les Turcs ottomans confirment leur domination sur la péninsule des Balkans.

En 1371, le dernier tsar bulgare avait dû se reconnaître vassal des Turcs. En 1389, après leur défaite à Kossovo Polié, ce fut au tour des Serbes de se soumettre. Seuls, les Albanais résistèrent encore un siècle à l'offensive turque sous la conduite du prince Georges Castriota, dit Skanderberg.

Bajazet poursuit sa marche triomphale en achevant la conquête de la province byzantine de Thessalie. La dernière heure de Constantinople semble venue. Mais, coup de théâtre, la « deuxième Rome » obtient un sursis d'un demi-siècle grâce à l'irruption en Anatolie d'un conquérant inattendu, Tamerlan, qui défait à son tour Bajazet à Angora.

Publié ou mis à jour le : 2023-02-10 18:04:16

Voir les 4 commentaires sur cet article

Jean Loignon (26-09-2017 19:36:49)

L'erreur est fréquente mais c'est Skanderbeg (variante de bey) et non Skanderberg qui sonne assez germanique.

dorufish-35915 (22-09-2016 13:49:52)

The Romanians pretend that, after Nicopolis, Bajazet was defeated by the army of Valachian prince Mircea the Old. Is this true?

DILAMI (18-09-2016 21:17:48)

Puisque nous avons droit à des caprices, voici le mien: une carte, s'il vous plaît.
NB j'ai une peu honte de réclamer plus, quand on a deja droit à des si bons articles.

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