Le 13 août 1281, les Japonais, faisant preuve d'une audace peu commune, repoussent une puissante flotte mongole qui avait tenté d'accoster sur l'archipel. Selon les chroniques, une tempête divine (« kamikaze » en japonais) aurait mis à mal les jonques géantes des Mongols, venant opportunément au secours des Japonais…
Il n'y aura plus dès lors de tentative d'invasion du Japon, jusqu'à l'épreuve de la Seconde Guerre mondiale (et cette fois, les « kamikaze » ne suffiront pas à repousser l'ennemi).
Kubilai Khan, maître de l'Univers
En cette fin du XIIIe siècle, tandis que la chrétienté médiévale s'épanouit dans une relative insouciance à l'ombre des cathédrales, l'immense Eurasie vit sous la férule des Mongols. De la Russie à la Chine, les héritiers de Gengis Khan imposent leur loi.
Son petit-fils Kubilai (ou Koubilaï), né en 1215, est proclamé grand khan (souverain suprême) le 6 mai 1260, succédant à son frère Möngke. Il règne en théorie sur un territoire qui s'étend des marches de l'Europe à péninsule coréenne mais son empire s'exerce essentiellement sur le monde chinois.
Il établit sa capitale près de Pékin, dans une cité nouvelle appelée Cambaluc (la « ville du khan »). Pour s'accommoder les Chinois, il adopte leurs coutumes et fonde sa propre dynastie, les Yuan, administrant le pays avec compétence.
Le voyageur vénitien Marco Polo a longtemps oeuvré à son service. Admiratif, il qualifie le « grand Sire » de « plus puissant souverain et possesseur de gens, de terres et de trésors, qui ait existé depuis Adam jusqu'à nos jours ».
Le bonheur de Kubilai est altéré toutefois par la résistance de l'ancienne dynastie chinoise, les Song, qui lui résiste dans le Sud du pays. Il va finir par s'emparer de leur capitale Hangzhou en 1276. Il domine dès lors toute l'Asie. Toute ? Non, un archipel échappe à son administration. C'est l'empire du Japon, fort mal connu des Mongols et des Chinois eux-mêmes...
« Vent divin »
En 1266 et 1268, il envoie fort diplomatiquement une ambassade auprès du shogun Tokimune (le maire du palais), établi à Kamakura, et de l'empereur Kameyama (le Tennô), qui règne à Kyoto, afin de leur réclamer l'hommage qui lui est dû. Mais l'ambassade, par son arrogance, récolte une fin de non-recevoir. C'est la guerre.
Une flotte de neuf cents navires quitte les ports de Corée avec 15 000 guerriers mongols et 8 000 supplétifs en 1274. Les troupes débarquent sans trop de mal dans la baie de Hakata, au nord de l'île de Kyushu, le 19 novembre 1274, et établissent une tête de pont.
Elles prennent rapidement le dessus sur les petites garnisons de samouraïs chargées de défendre les côtes japonaises. Les assaillants remportent les batailles des îles Tsushima, Iki et Hirato, avant d’être défaits à Akasaka et Torikai.
Mais là-dessus, elles rembarquent sans que l'on sache pourquoi. C'en est fini de la guerre de la baie de Hakata ou guerre de Bun'ei.
Peut-être l'expédition avait-elle prévu de rentrer en tout état de cause avant l'hiver ? Peut-être avait-elle seulement pour objectif d'impressionner le shogun ? En ce dernier cas, c'est raté car les ambassadeurs envoyés sur ces entrefaites au Japon sont proprement décapités.
Le grand khan se prépare donc à un débarquement dans les grandes largeurs. Une armada de 4 200 navires et 140 000 hommes est rassemblée dans les rades coréennes et à l'embouchure du Yangzi Jiang. Du jamais vu pour un transbordement militaire.
Une première flotte tente en juin 1281 de réitérer le débarquement à Hakata mais elle se heurte cette fois à des fortifications solides, les Japonais n'ayant pas perdu leur temps.
Les Mongols doivent donc jeter toutes leurs forces dans la bataille. Le 12 août, elles approchent de Takashima, dans la baie d'Imari, au sud de Hakata. Mais encore une fois, les troupes japonaises font front. Une multitude de barques assaillent les jonques mongoles.
Le combat s'étire dans le temps, jusqu'à ce qu'au soir du 13 août, une tempête se lève. Les vaisseaux, impuissants à manoeuvrer dans la baie, se fracassent en bonne partie sur les rochers. C'est l'hécatombe dans les troupes.
Le grand khan, apprenant la nouvelle, renonce définitivement à la conquête de l'archipel. Ses amiraux se défaussent de leur responsabilité dans la défaite en attribuant celle-ci à la tempête. De leur côté, les Japonais et le clergé shintoïste ne manquent pas d'y voir une marque de la bienveillance divine.
En souvenir de cet événement surnaturel, le terme japonais « kamikaze », qui désigne le vent divin, va être repris à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour honorer les jeunes pilotes qui font le sacrifice de leur vie en se jetant avec leur appareil sur les navires américains.
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