20 avril 1233

Le pape établit l'Inquisition en France

Le 20 avril 1233, le pape Grégoire IX confie à un tribunal d'exception dénommé Inquisitio hereticae pravitatis le soin de démasquer et condamner, dans tout le royaume de France, les hérétiques et les catholiques non sincères.

Ce tribunal de l'Inquisition, qui relève seulement du pape, a pour but d'éviter les excès et l'arbitraire de la justice seigneuriale ou épiscopale. Il tire son nom de la procédure inquisitoire : les juges engagent la procédure et cherchent eux-mêmes les suspects d'hérésie sans attendre une dénonciation ou une plainte de quiconque.

Il va s'avérer d'une efficacité redoutable dans la chasse aux cathares du Midi de la France et s'acquérir très vite une réputation détestable.

Autodafé (Pedro Berruguete, 1475, détail du tableau :  Saint Dominique préside un autodafe, musée du Prado)

L'Église et les hérétiques

Aux premiers siècles de la chrétienté, l'institution ecclésiastique s'en tenait à des peines spirituelles comme l'excommunication contre les personnes qui s'écartaient de la foi. La plupart des Pères de l'Église condamnaient toute forme de sanction physique à leur égard. Pour leur part, beaucoup d'empereurs et de rois, à partir de Constantin Ier, assimilent le rejet de la foi officielle à un crime de lèse-majesté et ne se privent pas de condamner les coupables à la confiscation de leurs biens, à la prison voire à la mort.

Au XIIe siècle encore, l'Église s'en tient au sage principe édicté par Bernard de Clairvaux : fides suadenda, non impodenda (« la foi doit être persuadée, non imposé »).

Tout change aux alentours de 1200. Tandis que de puissants courants mystiques irriguent l'Église, comme l'ordre cistercien de Saint Bernard ou les ordres mendiants de saint François d'Assise et saint Dominique de Guzman, d'autres s'en écartent comme le catharisme.

Cette hérésie se propage rapidement en Italie du Nord et surtout dans le Midi de la France. Elle est réprimée par une croisade brutale et ses fidèles subissent les foudres de la justice seigneuriale. Souvent seigneurs et évêques s'acoquinent pour condamner de présumés hérétiques... et s'approprier leurs biens. 

La papauté se voit obligée d'intervenir pour limiter les abus. En 1231, avec la constitution Excommunicamus, le pape Grégoire IX codifie la répression. Il définit les peines qui frappent les hérétiques où que ce soit :
• Le bûcher pour ceux qui s'obstinent dans l'erreur,
• La prison ou une peine canonique (pèlerinage, jeûne....) pour les hérétiques qui se repentent,
• L'excommunication pour les catholiques qui les auraient aidés.

Comme il n'est pas question que l'Église donne la mort, en vertu du principe Ecclesia abhorret sanguinem, c'est au bras séculier (la justice seigneuriale ou royale) que sont remis les condamnés voués au bûcher. Saint Thomas d'Aquin justifiera plus tard la peine capitale en estimant qu'il est plus grave de travestir la foi que de fabriquer de la fausse monnaie (un crime également passible de la mort).

Publié ou mis à jour le : 2023-05-23 20:02:39
arouldug (19-05-2021 10:37:31)

Concernant la répression des "gentils" cathares, il faudrait tout de même rappeler plusieurs choses. D'abord l'idéologie cathare très manichéenne et ultra puritaine, et ses répercussions politiq... Lire la suite

Xuani (19-04-2021 18:04:40)

Monsieur Gqribal écrit ci-dessous "Il serait intéressant de publier un article sur l'opposition farouche de l'Eglise catholique à la Franc-Maçonnerie". Je rejoins cette demande, un article en expl... Lire la suite

feltrinf (13-04-2015 15:22:26)

Les persécutions arrivent avec le dogme. La pensée dogmatique est binaire et la pensée binaire est dogmatique, le tiers est exclu. Après que Constantin eût défini et construit le christianisme... Lire la suite

JM (30-10-2013 18:14:54)

"Au siècle suivant, l'Inquisition sévit contre les protestants et va jusqu'à inquiéter les mystiques catholiques Saint Jean de la Croix et Sainte Thérèse d'Avila ! Elle est définitivement abolie en Espagne et dans les colonies espagnoles en 1834. On lui attribue dans le monde hispanique environ trente mille condamnations à mort en trois siècles (c'est à peu près autant que de victimes de la guillotine ou d'autres formes d'exécution pendant la Révolution française)." (Citation des dernières lignes de l'article).
L'inquisition espagnole a duré de 1478 à 1834, soit 356 ans, la révolution française de 1789 à 1799, début du consulat, soit 10 ans, en tirant beaucoup sur les dates. L'une et l'autre ont fait autant de morts, 30.000 si j'en croit l'article. 30.000 en 356 ans et 30.000 en 10 ans. La révolution a dévoré ses enfants tandis que l'Eglise a rappelé Torquemada à l'ordre et que Robert le Bougre a été emprisonné à vie. L'inquisition papale imposait un procès à charge et à décharge alors que la révolution tuait des citoyens par charretées entières (voir le livre d'Eric Hazan, pourtant nuancé). Parfois, je me demande si je ne préfère pas la charia ou l'inquisition à cette bizarre application des Lumières ; franchement elles méritaient de meilleurs avocats.

GARIBAL Gilbert (21-09-2013 15:35:00)

Il serait intéressant de publier un article sur l'opposition farouche de l'Eglise catholique à la Franc-Maçonnerie ( De la bulle du pape Clément XII en 1738, puis de Benoït XIV en 1751 jusqu'à l... Lire la suite

sanremo (28-06-2013 21:43:18)

voila la charia chretienne;pour le moment on attend la c.islamique!

"le sommeil de la raison engendre des monstres"

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