Le 16 juillet 1212, une puissante armée féodale affronte les troupes berbères de la dynastie des Almohades, qui a refait un demi-siècle plus tôt l'unité de l'Espagne musulmane, aussi appelée al-Andalous. Le choc se produit au sud de l'Espagne, à Las Navas de Tolosa (aujourd'hui Castro-Ferral).
À l'issue de cette bataille, les derniers royaumes musulmans d'Espagne ne seront plus en état de menacer leurs rivaux chrétiens du nord...
Une croisade inédite
Les chrétiens sont réunis à l'initiative du roi Alphonse VIII de Castille, sur l'initiative du pape Innocent III. Le roi de Castille lance un appel aux autres souverains chrétiens de la péninsule.
Les rois de Portugal et de León se défilent mais le roi Sanche VII de Navarre et surtout le puissant Pierre II, roi d'Aragon et comte de Barcelone, répondent présent ! Pierre II se présente avec trois mille cavaliers et deux mille fantassins. Les armées ibériques sont renforcées par des croisés venus du nord des Pyrénées.
Similiaire à celles qui ont guidé les chevaliers vers Jérusalem, cette croisade (dico) débouche sur la défaite totale des Almohades surgis du Maroc un demi-siècle plus tôt.
C'est une étape décisive dans la longue Reconquista (« Reconquête ») qui, de Charlemagne à Isabelle de Castille, a permis aux souverains catholiques d'Espagne de chasser les musulmans de la péninsule ibérique.
Soulignons toutefois que cette entreprise n'a pris le sens d'une lutte contre les infidèles que très tard, à la fin du Moyen Âge, quand elle était déjà à peu près terminée. Le terme même de Reconquista remonte seulement au XVe siècle. En fait, tout au long du Moyen Âge, les guerriers ibériques s'alliaient, se combattaient et même se mariaient sans beaucoup de considération pour l'appartenance religieuse de leur allié, leur ennemi ou même leur conjoint.
Les suites de la victoire
Le roi Pierre II, qui a prêté hommage de vassalité au pape Innocent III en se faisant couronner à Rome en 1204, devient par sa victoire le héros de la chrétienté. Il n'en meurt pas moins l'année suivante à Muret en combattant Simon de Montfort, lui-même au service du pape.
En Espagne, portés par leur victoire, Jacques 1er d'Aragon, successeur de Pierre II, s'empare des Baléares et reprend Valence tandis que Ferdinand III de Castille entre en 1236 à Cordoue, la prestigieuse capitale de l'ancien califat, et en 1248 à Séville.
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Cette carte montre l'Europe au milieu du Moyen Âge. On la désignait alors sous le nom de chrétienté. Elle était assiégée à l'est par les Mongols, au sud par les Arabes. Du chaos féodal commençaient à émerger les grands États modernes et les autres (la Suisse).
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