15 janvier 1208

Le légat du pape assassiné !

Le légat du pape, Pierre de Castelnau, est assassiné sur une route du Languedoc le 15 janvier 1208 (certaines sources évoquent le 14 janvier).

Son meurtre est attribué sans preuves à un écuyer du comte de Toulouse. Il déclenche une guerre affreuse, la croisade contre les Albigeois. Elle va mettre à feu et à sang le Midi toulousain, de la Garonne au Rhône.

André Larané
Une hérésie enracinée dans le Midi

Les Albigeois ou cathares à l'origine du drame sont les disciples d'une doctrine réputée hérétique (contraire au dogme chrétien), originaire de l'Italie du nord.

Cette doctrine recueille depuis le milieu du XIIe siècle un succès croissant dans le Midi toulousain. Ses prédicateurs, les Bonshommes, sont servis par l'image déplorable que donne du catholicisme le clergé local.

Saint Bernard de Clairvaux, conseiller des rois et prédicateur de la deuxième croisade en Terre sainte, tente sans succès de réveiller les consciences catholiques dans la région. Lui-même se plaint de trouver des églises désertées par les fidèles. Le futur Saint Dominique n'a pas plus de succès face aux progrès de l'hérésie.

Le légat du pape menace le comte de Toulouse

Le pape Innocent III décide en désespoir de cause de recourir à la force. Il envoie son légat Pierre de Castelnau auprès du comte de Toulouse Raimon VI en vue de le convaincre de prendre la tête d'une croisade contre les hérétiques.

Le tout-puissant représentant du pape rencontre le comte dans sa résidence de Saint-Gilles, en Provence.

Il lui reproche son excessive sollicitude pour les hérétiques cathares. Mais le comte de Toulouse refuse net de combattre ses propres sujets. Les deux hommes en viennent à violemment se disputer.

Raymond VI descend du fameux Raimon IV de Saint-Gilles, chef de la première croisade en Terre sainte. C'est un homme de 51 ans pieux et lettré mais aussi très libre à l'égard de l'Église officielle dont il méprise le luxe ostentatoire.

Il s'est marié cinq fois, a enterré sa première épouse et a répudié les trois suivantes avant d'épouser enfin une fille d'Aliénor d'Aquitaine dont il a eu un fils unique.

Pierre de Castelnau, en désespoir de cause, excommunie le comte, autrement dit l'exclut des sacrements de l'Église. Puis il se retire avec toute son escorte.

C'est sur le chemin du retour qu'il est assassiné.

Croisade et ruine du Midi

Saint Dominique de Guzman et les Albigeois, Pedro Berruguete, XVe siècle, musée du Prado.Ce drame de trop entraîne le pape à lancer l'appel à la croisade sans oublier de canoniser son légat. Dès le mois de mars, Innocent III adresse une encyclique aux comtes, barons et simples fidèles du royaume de France :

« En avant, donc, chevaliers du Christ ! En avant, vaillantes recrues de l'armée chrétienne ! (...) Appliquez-vous à détruire l'hérésie par tous les moyens que Dieu vous inspirera (...) Quant au comte de Toulouse (...), chassez-le, lui et ses complices, des tentes du Seigneur. Dépouillez-les de leurs terres, afin que des habitants catholiques y soient substitués aux hérétiques éliminés... »

C'est la première fois qu'une croisade est officiellement dirigée contre des gens qui se réclament du Christ. Mais cet aspect ne gêne pas les contemporains tant il est vrai que l'hérésie cathare ne saurait être tolérée. Cette première expédition débute par le sac de Béziers et le massacre de sa population, le 22 juillet 1209 (note).

Publié ou mis à jour le : 2022-01-14 20:36:19

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net