15 janvier 1200

Philippe Auguste fonde l’Université de Paris

Le 15 janvier 1200, un diplôme de Philippe Auguste fonde l'Université de Paris. Il s'agit pour le roi d’institutionnaliser une diversification de fait des écoles existant depuis le milieu du XIe siècle. Il lance ainsi l’une des plus grandes aventures éducatives et culturelles de l’Occident chrétien.

Scriptorium du monastère de l?Escurial au XIIIe siècle, Paris, BnF. En agrandissement, leçon à l?intérieur du ch?ur d?une église gothique, illustration tirée des commentaires de Nicolas de Lyre, moine franciscain, sur le Pentateuque, XVe s., médiathèque du Grand Troyes ms 129, folio 32.

En finir avec le monopole des évêques

Au tout début du Moyen Âge, les écoles étaient essentiellement religieuses. Les monastères furent les premiers à tenir école afin de former leurs futurs membres. Insuffisantes en nombre, ces écoles furent épaulées par la création d’écoles paroissiales (VIe siècle) puis cathédrales, dites aussi épiscopales (VIIIe-IXe siècle).

Scène d?enseignement ornant le début du Colliget florum medicinae de Pierre de Saint-Flour, manuscrit du XIVe s., Paris, bibliothèque de la Sorbonne. En agrandissement, un chanoine enseigne, manuscrit du XVe s., Paris, bibliothèque Mazarine.Vers 1180, face à l’augmentation du nombre d’étudiants, des maîtres et des élèves s’installent sur la rive gauche, ouvrant de fait des écoles « privées ».

Is se dotent des apparences d’une corporation de métier en prenant le nom de universitas magistrorum et scholarium Parisiensis (« communauté des maîtres et des élèves de Paris »).

Un diplôme signé du roi en janvier 1200 clarifie la situation de chacun et accorde à l’Université plusieurs privilèges : le « for ecclésiastique », qui permet à ses membres de n'être jugés que par un tribunal ecclésiastique, comme des clercs – ce qu’ils sont, leur tonsure en atteste ; puis vient l’exemption de taxes et de charges militaires et l'excommunication pour quiconque porte la main sur eux.

Organisation des études

La charte regroupe les écoles en facultés selon leur spécialité. L’étudiant passe d’abord par celle des Arts Libéraux, où le cursus est composé du trivium et du quadrivium.

Le maître ès-Arts, qui a assimilé le savoir contenu dans les œuvres d’Aristote, Sénèque, Cicéron, Boèce, Isidore de Séville, etc., peut alors poursuivre dans l’une des trois autres facultés spécialisées : Décret (ou droit canonique), Théologie ou Médecine.

À l’issue de ce nouveau cycle sont obtenus le grade du doctorat et le titre de docteur. Un tel cursus s’entame souvent aux alentours de 13-14 ans et peut prendre jusqu’à 15 ans.

La notion médiévale de collège

Il est difficile de donner des chiffres pour des périodes hautes n’utilisant pas la statistique ; les estimations les plus raisonnables évoquent 5 000 étudiants, les plus enthousiastes 20 000. Ce dernier chiffre semble bien avoir été atteint mais pas avant le milieu du XVe siècle. Paris compte alors environ 150 000 habitants, chiffre similaire à celui des années 1250.

Pour loger cette foule, se créent des collèges. Jusque vers 1450, 60 établissements similaires éclosent sur les pentes de la Montagne-Sainte-Geneviève. Certains sont séculiers, fondés dans le but d’accueillir les étudiants compatriotes du donateur (collège de Danemark, 1275 ; des Lombards, 1334 ; des Allemands, 1348).

Robert de Sorbon, confesseur du roi Louis IX fonde en 1253 un collège à son nom, en exécution du legs d’un médecin de la reine. Grâce au 1 500 livres parisis de ce don, il crée une « pauvre maison » d’hébergement pour seize boursiers, choisis pour leur valeur intellectuelle, sans distinction de Nation ou de condition sociale. Avec sa rigoureuse règle de vie « égalité, collégialité, moralité, scolarité » et ses excellents professeurs, la « pauvre maison » devient l’une des plus fameuses écoles de théologie de Paris. Ce prestige va s'étendre à l'institution universitaire dans son ensemble : c'est l'avènement de « La » Sorbonne.

Étudiants universitaires. Détail de: Pier Paolo delle Masegne et Jacobello da Bologna, Fragments de l'arche de Giovanni da Legnano (1320-1383), juriste, théoricien militaire et canoniste italien de l'université de Bologne, exposé au musée civique médiéval de Bologne. En agrandissement, le grand amphithéâtre de la Sorbonne.

Paris, troisième plus vieille université d’Europe

La naissance de l’Université de Paris s’inscrit dans un mouvement général qui touche la chrétienté en ce qu’il est convenu d’appeler le « beau Moyen Âge » (XIe-XIIIe siècles). Le mot université pour désigner une association de maîtres et d’étudiants est employé pour la première fois à Bologne en 1088 : la ville abrite donc toujours la plus vieille université d’Europe.

La deuxième plus ancienne université européenne est celle d’Oxford. Les premiers privilèges juridictionnels sont accordés par le roi à cette communauté en 1165. Deux ans plus tard, par injonction royale en 1167, tous les étudiants anglais du Quartier Latin sont obligés de revenir étudier at home.

De fait, autrefois rebelles à l’autorité tant royale qu’ecclésiastique, les universités médiévales deviennent désormais rivales entre elles. Cela n’a pas changé huit siècles plus tard.

Publié ou mis à jour le : 2022-01-21 09:14:01
Allknighty (27-11-2020 12:59:50)

Bonjour et merci pour cet article très complet sur l'Université. Néanmoins, après avoir relu les différents passages, j'ai toujours du mal à conceptualiser. Quelle est la définition de l'Unive... Lire la suite

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