Le 23 mars 1169, Saladin devient à 32 ans vizir de l'Égypte, principal État arabe. Il succède à son oncle Chîrkouh qui vient de mourir. Le jeune guerrier kurde va dès lors mettre toute son énergie à unir les deux principaux États musulmans du Proche-Orient, l'Égypte et la Syrie, en vue de combattre et repousser les croisés francs installés en Palestine depuis deux générations.
Francs et Syriens aux prises en Égypte
Salah ed-Din, fils d'un officier kurde, est entré au service de Nour ed-Dîn, puissant seigneur de Mossoul.
Nour ed-Dîn, non content d'avoir unifié la Syrie sous son égide, tourne ses ambitions vers Le Caire et l'Égypte, où agonise la dynastie des califes fatimides, de confession chiite. Il veut réunir les deux États musulmans de la région pour prendre en tenaille les États francs de Palestine et reconquérir Jérusalem.
Justement, le vizir égyptien Chîwer (ou Châwer) a été supplanté par son chambellan Dirghîm (ou Dirghâm). Il implore l'aide de Nour el-Dîn. Celui-ci ne se fait pas prier. Il envoie en Égypte un détachement rapide conduit par un solide guerrier, Chîrkouh, accompagné de son neveu Saladin.
Le détachement syrien parvient au Caire avant que le roi de Jérusalem Amaury 1er ait eu le temps de mobiliser ses troupes et de lui barrer la route.
Désormais, Francs et Syriens ne vont cesser de se disputer l'Égypte.
Le félon Dirghîm est battu et meurt dans sa fuite tandis que Chîrkouh et Saladin s'installent solidement sur les bords du Nil. Cela ne fait pas l'affaire du vizir Chîwer qui s'aperçoit du piège où il est tombé. De dépit, il fait appel au roi Amaury 1er !
Le roi de Jérusalem s'empresse de venir à son secours avec ses guerriers francs. Il assiège Chîrkouh dans la forteresse de Bilbeïs et s'apprête à soumettre l'Égypte quand il apprend que Nour ed-Dîn assiège de son côté les principales places fortes de Palestine. Il lui faut lever le siège.
En novembre 1164, aux termes d'un accord, Amaury 1er et Chîrkouh s'en reviennent, l'un en Palestine, l'autre en Syrie.
En 1167, Nour ed-Dîn confie à Chîrkouh une puissante armée pour s'emparer enfin de l'Égypte. Le général kurde, toujours accompagné de son neveu Saladin, combat la coalition franco-égyptienne formée par le vizir Chîwer et du roi Amaury 1er.
Comme les coalisés restent maîtres du Caire, Chîrkouh se réfugie à Alexandrie, dans le delta du Nil. La ville est assiégée par les croisés et leurs alliés égyptiens.
Épuisés par le siège de la ville, Chîrkouh et son jeune neveu Saladin acceptent les propositions de paix de Chîwer et conviennent à nouveau de se retirer d'Égypte ainsi que les Francs du roi Amaury.
Les ennemis se réconcilient en des termes chevaleresques.
Le roi de Jérusalem place l'Égypte sous sa protection et en obtient même un tribut annuel de 100 000 pièces d'or. Il peut savourer son triomphe. Malheureusement, il n'a pas la sagesse d'en rester là...
L'année suivante, en 1168, l'empereur byzantin Manuel Comnène encourage le roi Amaury Ier à s'emparer pour de bon de l'Égypte. Les Francs y pénètrent sans attendre les renforts byzantins ! Peut-être Amaury suspectait-il Chîwer de s'apprêter à le trahir et voulait-il le prendre de court ?
Chîwer, contraint et forcé, appelle cette fois Chîrkouh et Saladin à la rescousse. Mais la confiance n'y est plus. Le 18 janvier 1169, tandis que Chîwer chevauche à côté de Saladin, celui-ci, brusquement, le désarçonne, le met aux arrêts et quelques heures après, le fait décapiter. Saladin offre à son oncle Chîrkouh le poste de vizir. Deux mois plus tard, à la mort de Chîrkouh, c'est Saladin qui le remplace. Avec autant d'habileté que d'énergie, il va réunifier le monde arabe.
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible