11 novembre 43 av. J.-C.

Un triumvirat pour succéder à César

Le 11 novembre de l'an 43 av. J.-C. (certaines sources donnent le 26 novembre), à Bologne, le monde romain passe pour la seconde fois sous la coupe d'un triumvirat, ou gouvernement à trois. Il réunit Octave, le jeune petit-neveu de Jules César, Marc Antoine, son lieutenant, et Lépide, son maître de cavalerie. 

Cet accord met provisoirement un terme aux rivalités consécutives à l'assassinat de César, l'année précédente.

Ysaline Homant

Insuccès d'Antoine

Dans la Ville, encore mal remise de près d'un siècle de guerres civiles, s'affrontent deux partis :
• Les optimates sont des patriciens, représentants de l'aristocratie et des grandes familles. Ils veulent préserver les institutions républicaines et raffermir l'autorité du Sénat, qui leur assure le pouvoir et les honneurs. Leur plus illustre représentant fut Sylla.
• Les populares sont comme les précédents issus de l'aristocratie mais ils considèrent que Rome est devenue trop importante pour continuer à être dirigée comme une modeste cité. Ils préconisent des réformes destinées à gagner l'appui de la plèbe (le peuple). Marius et César furent les principaux représentants de ce parti.

L'opposition des sénateurs républicains a valu à César d'être prématurément assassiné. Mais sa popularité dans le peuple, en bonne partie due à ses largesses, est intacte. Ses meurtriers ont fui Rome et la colère du peuple. Dans un souci d'apaisement, le Sénat, à l'instigation de l'orateur Cicéron, décide dès le 17 mars de l'an 44 avant J.-C. d'abolir la dictature pour toujours et de ne pas poursuivre les meurtriers.

Lors des funérailles de César, le 20 mars, Marc Antoine (40 ans) se présente à la foule en fidèle lieutenant du dictateur assassiné et soigne sa popularité. Les sénateurs craignent qu'il prenne la succession du dictateur et n'empêche la restauration de l'autorité sénatoriale. Cicéron, toujours lui, convainc ses collègues sénateurs de monter un rival contre Marc Antoine afin de diviser le parti césarien.

Ce rival n'est autre que le jeune Octave (20 ans), petit-neveu de César par sa mère, tout juste de retour d'Apollonia d'Illyrie, sur les bords de l'Adriatique, où il achevait ses études. Octave fait valoir qu'un an avant sa mort, César l'a désigné comme son fils adoptif. Habile, il prend le nom de César Octavien et s'affirme comme l'héritier légitime du dictateur assassiné, au grand dam de Marc Antoine.

Il lève une armée privée de son propre chef et à ses frais («privato consilio et privata impensa»), avec le concours d'un ami très riche qui est aujourd'hui devenu un nom commun, Mécène. À coup de sesterces et grâce à la fortune laissée par César, il s'assure le soutien des sénateurs pompéiens et républicains et soigne sa popularité auprès du peuple.

Le Sénat agence une coalition contre Marc Antoine. Curieuse coalition que celle-là. Elle réunit Octavien, fils adoptif de feu César, et les assassins de ce dernier, à savoir 1) Brutus, qui occupe la Macédoine, 2) Cassius, en train de s'emparer de la Syrie, 3) Sextus Pompée, fils du grand Pompée et amiral de la flotte.

Le 21 avril de l'an 43 avant J.-C., Marc Antoine est battu par les coalisés près de Modène. Il se retire en Gaule narbonnaise pour refaire ses forces.

Désarroi d'Octavien

Octavien, chef de la coalition, profite de son succès pour réclamer au Sénat le titre de consul mais l'assemblée, désireuse de restaurer son autorité mise à mal par les guerres civiles et la dictature de César, le lui refuse. Il est vrai que l'impétrant est trop jeune pour porter ce titre.

Octavien n'en a cure. Il lève huit légions. Puis il marche sur Rome et se fait élire consul par le peuple le 9 août de l'an 43 avant J.-C. Les sénateurs, rendus à plus de compréhension, lui concèdent alors des pouvoirs extraordinaires dont celui de pourchasser ses ennemis. Là-dessus arrive Marc Antoine avec l'armée qu'il a constituée en Gaule avec le concours de Marc Lépide, ancien maître de cavalerie de César.

Pour Octavien, la situation militaire devient critique du fait qu'il doit faire face en Occident à son rival Marc Antoine, et en Orient aux chefs républicains Brutus et Cassius, meurtriers de César. On s'attend à une reprise des terribles guerres civiles mais ce ne sera pas pour tout de suite...

Compromis à trois

À Bologne, Octavien convainc Marc Antoine et Lépide de mettre un bémol à leurs sanglantes querelles. C'est ainsi que Marc Antoine (40 ans), Octavien (20 ans) et le maître de cavalerie Marc Lépide (30 ans) décident de se partager le pouvoir selon la formule du triumvirat qui avait brièvement réuni quinze ans plus tôt César, Pompée et Crassus.

Gagnant Rome avec leurs armées, ils se donnent le titre officiel de tres viri rei publicae constituendae et se partagent les possessions romaines.

Les triumvirs prennent soin de faire ratifier leur accord par le peuple de Rome et se donnent cinq ans de pouvoir absolu pour ramener l'ordre ! Comme au temps de Sylla, ils proscrivent sans attendre le parti républicain accusé d'avoir comploté contre César. Des listes sont dressées, avec des récompenses promises à quiconque apporterait la tête des proscrits... et la peine de mort à quiconque les protègerait. 130 sénateurs dont l'orateur Cicéron, qui a eu le tort de s'opposer à Marc Antoine, trouvent ainsi la mort.

Là-dessus, Marc Antoine et Octavien poursuivent les meurtriers de César et débarquent avec leurs hommes en Illyrie en vue de la bataille décisive...

Publié ou mis à jour le : 2019-05-19 14:51:35

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