1300 av. J.-C.

Les Phéniciens inventent l'alphabet

Les Phéniciens, installés dans l'actuel Liban, ont laissé la réputation de commerçants entreprenants et pragmatiques. On n'a conservé d'eux presque aucun écrit et très peu de témoignages artistiques... Pourtant, jour après jour, nous leur sommes redevables de l'une des plus belles conquêtes de l'esprit humain : l'alphabet !

De Canaan aux Phéniciens

Médaillon royal (Byblos, Phénicie, IIe millénaire av. J.-C.), musée de Beyrouth)Au cours du IIIe millénaire av. J.-C., tandis que s'épanouissent les cités sumériennes (Irak actuel) et l'Égypte des pharaons, des groupes humains de langue sémitique s'établissent dans les plaines littorales de l'actuel Liban.

Les nouveaux-venus sont connus sous le nom de Cananéens. C'est le nom qu'ils portent dans la Bible, leur pays portant celui de Canaan.

Ils ne forment pas un État ni ne constituent à proprement parler un peuple mais vivent dans des cités plus ou moins indépendantes, chacune gouvernée par un roi, avec une divinité qui lui est propre.

Stèle en écriture phénicienne, BnF, ParisLes Hébreux, un autre groupe de langue sémitique, considèrent Canaan comme un pays fabuleux « où coulent le lait et le miel » (formule maintes fois répétée dans la Bible). Ils s'établissent par la force dans sa partie méridionale, l'actuelle Palestine.

Dans un premier temps, les Cananéens vivent de l'agriculture ainsi que de l'exploitation des très belles forêts de cèdres du mont Liban. Ils fondent des cités portuaires le long de la côte, en particulier Guebal (Byblos pour les Grecs), Sidon et Tyr.

Ils se montrent aussi habiles dans la production de la teinture rouge ou pourpre, très prisée autour de la Méditerranée. Celle-ci est obtenue en faisant bouillir un coquillage, le murex, que l'on trouve en abondance sur les plages du littoral.

Avides de compléter leurs maigres ressources, les Phéniciens se font marins et commerçants. Perfectionnant la construction navale, ils apprennent à naviguer le long des côtes de la Méditerranée et même de la Mer Noire.

Habiles à se guider d'après les étoiles, ils ne craignent pas de naviguer la nuit mais sans jamais beaucoup s'éloigner des côtes.

22 caractères qui changent tout

Vers l'an 1300 av. J.-C., les Phéniciens se mettent en tête de simplifier les deux écritures dont ils disposent : l'écriture cunéiforme en usage en Mésopotamie et les hiéroglyphes en usage sur les bords du Nil. Ces écritures, dérivées d'idéogrammes (un dessin = un mot), sont essentiellement syllabiques : à chaque syllabe correspond plus ou moins un signe, ce qui fait un total de quelques milliers de signes.

Par approches successives, les Phéniciens ramènent les caractères aux sons et non plus aux syllabes. Au final, ils arrivent à transcrire tous les mots de leur langue avec 22 caractères seulement, correspondant à autant de consonnes. L'alphabet est né. Les Grecs l'emprunteront aux Phéniciens et y ajouteront les voyelles. Ils nous le lègueront presque sans changement par l'intermédiaire des Romains.

Tomber de rideau

Les guerres, ainsi que la concurrence de plus en plus redoutable des Grecs, finissent par ruiner le commerce phénicien. Le coup de grâce lui est donné lorsque Alexandre le Grand assiège Tyr en 332 av. J.-C.

S'il ne reste plus trace des Phéniciens ni des Cananéens, constatons tout de même que leurs cités sont encore bien vivantes, de Beyrouth à Tyr, en passant par Sidon (Saïda), Tyr et Baalbek (ce qui n'est pas le cas de métropoles plus importantes comme Babylone ou Ninive).

Publié ou mis à jour le : 2020-05-09 11:38:00
Francis FELTRIN (27-03-2015 21:16:54)

Hérodote relate dans "l'Enquète" que le Pharaon Nécho(700 ans avant JC) commanda à un équipage phénicien d'explorer au delà du pays de Pount. Au bout de 3ans l'équipage franchit les "colonnes d'Hercule" et retourna au point de départ de cette aventure non sans avoir noté qu'à partir d'un point du voyage "le soleil avait changé de côté".Ils avaient donc contourné l'Afrique 2000 ans avant Bartolomé Diaz.
En 1982 André Gil et Nady Artagnan, deux passionnés titulaires d'une thèse de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes ont renouvelé l'exploit des phéniciens en construisant une embarcation semblable à celle sculptée sur un bas relief égyptien et ainsi réaliser le même périple que leurs prédécesseurs de 24 siècles et ainsi vérifier le témoignage d'Hérodote.Ils ont relaté leur aventure dans un ouvragede 430 pages, préfacé par Théodore Monod :"le grand voyage du Pount" .
André Gil réside maintenant à Lamontjoie dans le Lot et Garonne, Nady Artest décédée en 2013.

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