Mme Caillaux tire sur Gaston Calmette
Le 16 mars 1914, Henriette Caillaux tue Gaston Calmette, directeur du Figaro, par crainte que son passé sentimental soit étalé sur la place publique.
Ce coup de revolver est le premier d'une série de trois qui entraîneront la France et l'Europe dans la plus grande tragédie de leur Histoire (le second tuera l'archiduc Ferdinand à Sarajevo, le 28 juin, et le troisième aura raison de Jean Jaurès à Paris, au café du Croissant, le 31 juillet de la même année)...
Assassinat d'un archiduc à Sarajevo
Le 28 juin 1914, l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d'Autriche-Hongrie, est assassiné à Sarajevo par un nationaliste serbe. Cet attentat est le prétexte que vont utiliser quelques semaines plus tard les grandes puissances européennes pour s'entredévorer...Course à la guerre
Le 5 juillet 1914, l'empereur allemand Guillaume II assure l'émissaire du gouvernement austro-hongrois de son soutien en cas de conflit avec la Serbie. C'est le début de la course à la Grande Guerre...La France adopte l'impôt sur le revenu
Le président de la République Raymond Poincaré obtient de la majorité parlementaire, hostile à la guerre, qu'elle renonce à abroger la loi du 19 juillet 1913 prolongeant le service militaire à trois ans.
En échange, il lui concède l'impôt progressif sur le revenu. Il est adopté par la Chambre des députés le 15 juillet 1914...
Assassinat de Jean Jaurès
Le soir du 31 juillet 1914, Jean Jaurès est tué d'un coup de revolver dans le café du Croissant, rue Montmartre, à Paris (2e arrondissement), alors qu'il dînait avec deux collaborateurs, Jean Longuet et Pierre Renaudel...
Début de la Grande Guerre
Le samedi 1er août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie. À 4 heures de l'après-midi, tous les clochers de France font entendre un sinistre tocsin. C'est la mobilisation générale...
Premiers morts de la Grande Guerre
Le dimanche 2 août 1914, à Joncherey, sur le territoire de Belfort, le caporal français Jules Peugeot, du 44e RI, et le sous-lieutenant allemand Albert Mayer, du 5e régiment de chasseurs à cheval basé à Mulhouse, échangent des coups de feu. Ils tombent l'un et l'autre avant même la déclaration de guerre.Berlin déclare la guerre à la France
Le 3 août 1914, l'Allemagne de Guillaume II, déjà en guerre depuis deux jours avec la Russie, déclare la guerre à la France et à la Serbie. Elle envahit dès le lendemain la Belgique en vertu du plan Schlieffen. La Grande-Bretagne, à son tour, déclare le lendemain la guerre à l'Allemagne au motif que celle-ci a violé la neutralité de la Belgique. C'est le début de la Grande Guerre.
Défaits dans la « bataille des frontières », les Français commandés par Joseph Gallieni lancent la contre-offensive de la Marne, à l'initiative de Joseph Gallieni, gouverneur militaire de Paris. Il s'ensuit la « course à la mer ». Le front se stabilise dans la boue et les tranchées...
La « bataille des frontières »
Les Français imaginent comme les Allemands une guerre fulgurante et croient encore aux vertus de la cavalerie. Le commandant en chef des armées du nord et de l'est Joseph Joffre applique le plan XVII concocté en 1913, qui prévoit une offensive dans les Ardennes et en Lorraine. Mais il est pris de court par l'offensive allemande en Belgique. Conformément au plan Schlieffen, les Allemands repoussent Belges et Français sur tous les fronts. Joffre organise toutefois une retraite générale en bon ordre.
« Situation inchangée de la Somme aux Vosges »
Par ce mémorable communiqué du Grand Quartier Général daté du 29 août 1914, au premier mois de la Grande Guerre, les Français découvrent avec stupeur que leur pays a été envahi et que leurs armées battent en retraite sur tous les fronts. Jusque-là, tous les communiqués du quartier général du général Joffre laissaient supposer que l'offensive allemande était contenue, voire stoppée !... Ainsi la guerre moderne amenait-elle avec elle la propagande et le mensonge.
La première bataille de la Marne
Le 6 septembre 1914, un mois après la percée allemande en Belgique, le général Joseph Joffre et le général Joseph Gallieni, gouverneur militaire de Paris, lancent sur le flanc ennemi la VIe armée du général Maunoury. Celle-ci oblige les généraux von Kluck et von Bülow à battre en retraite vers l'Aisne.
Grâce à cette contre-offensive de la Marne, les Français échappent à une défaite sans rémission (une seconde bataille de la Marne aura lieu à la fin de la guerre, en juillet 1918).
La cathédrale de Reims est bombardée
Le 4 septembre 1914, un mois après le début de la Grande Guerre, les Allemands entrent sans combat dans le fort de la Pompelle, érigé à l'orée de Reims dans les années 1880 et... désarmé en 1913. De cette position, les canons bombardent la ville. Le 19 septembre 1914, la cathédrale Notre-Dame elle-même est touchée. Sa charpente prend feu et le plomb de la toiture entre en fusion. L'édifice va manquer de disparaître. La contre-offensive de la Marne permet aux Français de reprendre le fort dès le 24 septembre 1914 mais jusqu'à la fin de la guerre, quatre ans plus tard, la ville et sa cathédrale n'en finiront pas d'être touchées par des obus. Grâce à un don de John Rockefeller, la cathédrale sera reconstruite dans les années 1920 par l'architecte Henri Deneux, qui concevra pour l'occasion une ingénieuse charpente en « ciment armé ».
La « fée verte » prohibée
Le 17 mars 1915, au début de la Première Guerre mondiale, le gouvernement français interdit la production et la consommation des liqueurs anisées extraites de l'absinthe.
L'absinthe a été mise au point par la mère Henriod dans le Val-de-Travers (Suisse) et diffusée en France par Henri-Louis Pernod. Surnommée « fée verte » par Oscar Wilde, elle attaque le système nerveux à cause d'une substance toxique, la thuyone...
« Debout les morts ! »
Début avril 1915, sur ordre du généralissime Joseph Joffre, les troupes françaises tentent de reprendre aux Allemands le saillant de Saint-Mihiel, sur la Meuse. Dans le secteur du Bois Brûlé, le 95e régiment d'infanterie, chargé d'une manoeuvre de diversion, réussit à s'emparer d'une tranchée. Pendant qu'on la réaménage, les troupes d'assaut se retirent dans un boyau voisin pour prendre du repos.
Parmi elles figure la compagnie de l'adjudant Jacques Péricard (39 ans). Le matin du 8 avril, quand survient une violente contre-attaque allemande, la compagnie encaisse le choc. Pratiquement encerclée, elle est galvanisée par l'exhortation fameuse de son adjudant : « Debout les morts ! ». L'anecdote sera relatée par l'écrivain Maurice Barrès suite à sa rencontre avec Jacques Péricard.
Ce dernier finira la guerre comme lieutenant. Il proposera en 1921 de ranimer chaque jour la flamme du Soldat inconnu, sous l'Arc de triomphe et, sous l'Occupation, dirigera la Légion française des combattants fondée par le maréchal Pétain. L'un de ses huit enfants est Michel Péricard, réalisateur d'une émission célèbre des années 1960 : La France défigurée. Il fut également maire de Saint-Germain-en-Laye et vice-président de l'Assemblée nationale.
Horreur, les gaz asphyxiants !
Le 22 avril 1915, dans le secteur d'Ypres, sur le front des Flandres, les Allemands emploient pour la première fois des obus au gaz asphyxiant contre les Français et les Britanniques terrés dans leurs tranchées.
À base de chlore, ce gaz sera appelé l'ypérite, d'après le lieu de son premier emploi, ou gaz moutarde d'après son odeur. Cette arme chimique, qui brûle les yeux et les voies respiratoires, est dénoncée par les conventions internationales.
Débarquement franco-britannique à Gallipoli
Le 25 avril 1915, un corps expéditionnaire franco-britannique débarque sur la presqu'île de Gallipoli (Canakale en turc), à l'entrée du détroit des Dardanelles, en Turquie. Le débarquement aboutit à un dramatique fiasco face aux défenses turco-allemandes, sous le commandement du général allemand Liman von Sanders et d'un général turc promis à un grand avenir, Kemal Atatürk.
L'ANZAC DayLes troupes d'Australie et de Nouvelle-Zélande ayant été particulièrement éprouvées, le souvenir de la bataille de Gallipoli est commémoré tous les 25 avril dans leur pays par un jour férié, l'ANZAC Day (ou jour de l'ANZAC, du nom de leur détachement).
Traité secret de Londres entre l'Italie et les Alliés
Le 26 avril 1915 est signé le traité secret de Londres entre les Alliés et l'Italie...
Premier numéro du Canard Enchaîné
Le 10 septembre 1915, Maurice et Jeanne Maréchal publient le premier numéro du Canard Enchaîné (son titre fait allusion à un autre journal contestataire, L'Homme enchaîné de Clemenceau). Appelé à devenir une institution de réputation mondiale, le journal satirique naît pendant la Première Guerre mondiale, avec la volonté de dénoncer la censure, la propagande, les mensonges et le « bourrage de crâne », selon une formule popularisée par Albert Londres en 1914. Mais sa sortie ne va pas sans difficultés. L'hebdomadaire interrompt sa parution dès le cinquième numéro avant de la reprendre l'année suivante...
L'enfer de Verdun
Le 21 février 1916, à 16h 45, l'infanterie allemande se lance à l'attaque contre les positions françaises autour de Verdun, en Lorraine. Aucune bataille, aucune tragédie n'a autant marqué la mémoire des Français que la bataille de Verdun. Elle a duré dix mois et pratiquement tous les soldats de la Grande Guerre y ont participé chacun à leur tour. Le sort de la France s'est joué dans cet affrontement...
Accord secret Sykes-Picot
En pleine guerre mondiale, le Britannique sir Mark Sykes et le Français François Georges-Picot négocient un accord qui prévoit le démantèlement de l'empire ottoman après la guerre et le partage du monde arabe entre les deux Alliés. Les Français se réservent le Liban, la Syrie et la région de Mossoul, au nord de la Mésopotamie ; les Britanniques le reste de la Mésopotamie (Irak) et la Transjordanie. La Palestine doit devenir zone internationale et le port d'Alexandrette (Syrie) acquérir le statut de port franc...
Folle offensive sur la Somme
Le 1er juillet 1916, à 7h30, débute une gigantesque offensive anglo-française sur la Somme, la plus insensée et la plus sanglante de toutes les batailles de la Grande Guerre de 1914-1918. Son souvenir demeure très vif chez les Britanniques, dont toute une génération de jeunes soldats a été fauchée sur la Somme...Les chars arrivent
Le 15 septembre 1916, à Flers, au cours de la sanglante bataille de la Somme, les Britanniques alignent pour la première fois des chars d'assaut (nom de code : les tanks, ou réservoirs).
Ces engins blindés, montés sur chenille (une innovation apparue en 1905 dans le milieu agricole), se montrent capables de franchir tous les obstacles y compris les rideaux de barbelés qui protègent les tranchées. En Angleterre, les chars d'assaut sont promus par le lieutenant-colonel Ernest Swinton, qui rallie à son idée le premier Lord de l'Amirauté, Winston Churchill.
En France, le promoteur des chars d'assaut est le général d'artillerie Jean-Baptiste Estienne (1860-1934), qui a été aussi parmi les premiers à comprendre l'intérêt militaire de l'aviation. Mais les résistances du ministère de l'Armement ne permettront de mettre en ligne les premiers chars français que le 16 avril 1917, dans des conditions au demeurant décevantes. Les Allemands attendront la fin de la guerre pour se laisser convaincre par cette nouvelle technique.
Nivelle remplace Joffre à la tête des armées françaises
Le général Joseph Joffre, vainqueur de la première bataille de la Marne, a vu son prestige écorné par les échecs sanglants de l'année 1915. Le 25 décembre 1916, il est hissé à la dignité de maréchal de France, qui avait disparu à la chute de Napoléon III et est restaurée pour l'occasion. Le jour même, Joffre est remplacé par le général Robert Nivelle comme commandant en chef des armées françaises. Ce dernier se disqualifiera avec l'offensive désastreuse du Chemin des Dames...
Offensive du Chemin des Dames
Le 16 avril 1917, le général Nivelle tente de briser la résistance allemande sur le front de l'Aisne en lançant la désastreuse et dramatique offensive du Chemin des Dames.
Mal préparée, mal engagée, elle va entraîner un profond ressentiment chez les soldats et une reprise en main des questions militaires par le gouvernement...
La dernière mission de Georges Guynemer
Le 11 septembre 1917, l'As de l'aviation Georges Guynemer est abattu par un adversaire allemand après 53 victoires. Il a 22 ans...Mata Hari est fusillée pour espionnage
Le 15 octobre 1917, Mata Hari, de son vrai nom Margaretha Geertruida Zelle, est fusillée pour espionnage dans le champ militaire du château de Vincennes. La danseuse paie ainsi de sa vie son inconscience et sa légèreté. Son procès et son exécution continuent d'enflammer les esprits...
Clemenceau forme un gouvernement de choc
Le 17 novembre 1917, Georges Clemenceau (76 ans) forme un gouvernement de choc pour poursuivre et intensifier la guerre avec l'Allemagne. Dans son discours d'investiture en qualité de nouveau président du Conseil et ministre de la Guerre, il manifeste devant la Chambre des députés sa volonté de conduire une guerre intégrale et de sortir le pays de ses errements. Par ses visites sur le front, il redresse le moral des troupes. Sa détermination lui vaut les surnoms de « Tigre » et « Père de la Victoire ». Avec affection, les poilus qui combattent dans les tranchées l'appellent plus simplement « Le Vieux »...
Offensive allemande à Château-Thierry
Le 21 mars 1918, après quatre ans de guerre et au prix d'un gigantesque effort, les Allemands lancent une offensive de la dernière chance. Soucieux d'arracher la décision avant l'arrivée des Américains, ils enfoncent les troupes britanniques du général Douglas Haig autour d'Amiens et arrivent à Château-Thierry.
Les Alliés franco-britanniques vont surmonter le choc en coordonnant leurs armées après la conférence interalliée de Doullens, réunie à l'initiative de Georges Clemenceau...
Conférence interalliée de Doullens
Le 26 mars 1918, à Doullens (Somme), les Alliés désignent le général français Ferdinand Foch (66 ans) comme généralissime des troupes franco-britanniques. Il lui reviendra de faire face à l'ultime offensive allemande...
L'église Saint-Gervais (Paris) bombardée
Lors de leur ultime offensive de la Grande Guerre, les Allemands bombardent Paris avec trois canons géants situés dans la forêt de Saint-Gobain, à 140 km au nord de la capitale. Ils sont surnommés Langer Friedrich (« Frédéric le Long »), en hommage à l'industriel Friedrich Krupp, et Gross Gustav en hommage à son gendre.
L'un de ces canons tire un obus à l'aveuglette le 29 mars 1918. Il atteint l'église Saint-Gervais, pendant les vêpres du Vendredi Saint, occasionnant 91 morts (dont 52 femmes) et 68 blessés parmi les fidèles. L'événement a un retentissement jusqu'en Amérique.
Au total, entre le 23 mars et le 9 août 1918, 183 projectiles font 256 tués et 620 blessés parmi les Parisiens. Ceux-ci vont longtemps confondre ces canons à très longue portée avec un autre canon de bien moindre portée, surnommé Gross Bertha, d'après le prénom de l'héritière Krupp, qui avait bombardé Liège, Maubeuge et Dunquerque à l'été 1914.
Deuxième bataille de la Marne
Le 18 juillet 1918, après quatre ans de guerre, le généralissime Foch passe à la contre-offensive avec les premières troupes américaines dans la région de Villers-Cotterêts. Pour la première fois sont utilisés à grande échelle les chars d'assaut. Les Allemands sont partout repoussés. Ils subissent leur plus grave défaite à Montdidier, le 8 août, et dès lors engagent une retraite générale.
Un armistice met fin à la Grande Guerre
Le 11 novembre 1918, un armistice met fin à la Grande Guerre, qui a meurtri l'Europe comme aucune autre. On veut croire que cette guerre restera la dernière de l'Histoire, la « der des der ».
La commémoration de l'Armistice demeure depuis 1919 un moment fort de la vie civique en France et chez ses alliés tout en étant pratiquement ignorée de l'autre côté du Rhin, pour des raisons compréhensibles. Cette commémoration prend la forme d'un jour chômé et de manifestations collectives : soit que l'on se recueille devant les monuments aux morts et la tombe du Soldat inconnu, soit que l'on arbore un coquelicot comme au Canada ou en Angleterre.
Première liaison aérienne commerciale
La première liaison aérienne régulière, pour le transport du courrier, est établie le 8 février 1919 par un bimoteur Farman F60 Goliath. Il relie en 3 heures et demi Toussus-le-Noble, près de Paris, à Kenley, près de Londres. Vitesse maximale de l'appareil : 150 km/h. On est encore dans l'époque héroïque de l'aviation...
Notons pour l'anecdote que cinq ans plus tôt, le 1er janvier 1914, une première « liaison commerciale » pour le transport de voyageur(s) avait eu lieu entre St Petersburg et Tampa, en Floride (21 miles), avec un Benoist XIV de deux places, avec le pilote... et son passager payant.
Attentat contre Clemenceau
Ce matin du 19 février 1919, alors que Georges Clemenceau quitte son domicile de la rue Benjamin Franklin pour gagner le ministère de la Guerre, un jeune anarchiste de 23 ans tire neuf balles sur sa voiture. L'une d'elles atteint le président du Conseil entre les poumons. Non mortelle, elle ne sera jamais extraite.
L'assassin, un ouvrier du nom d'Émile Cottin, est prestement condamné à mort et sa peine commuée en dix ans de détention. Il se fera tuer en Espagne en 1936... tout comme Raoul Villain, l'assassin de Jean Jaurès. Lui avait été acquitté de son crime deux semaines après la condamnation de Cottin ! De ces deux jugements si contrastés, il en était résulté une rupture de l'Union sacrée qui avait rapproché la droite et la gauche pendant la guerre...
arrestation de Landru
Le 12 avril 1919, la police parisienne arrête un homme respectable de 51 ans, Henri-Désiré Landru. Il va se révéler être un redoutable tueur en série. Son procès va soulever les passions du fait de l'horreur de ses crimes et plus encore de son sens de la répartie…
Paix bâclée à Versailles
Le 28 juin 1919, dans la Galerie des Glaces du château de Versailles, là même où fut proclamé le IIe Reich allemand en 1871, un traité entre l'Allemagne et les Alliés règle le conflit qui débuta à Sarajevo 5 ans plus tôt, jour pour jour.
Pour la forme, les représentants de 27 pays alliés font face aux Allemands. Mais le traité a été concocté en cercle fermé par quatre personnes seulement : le Français Georges Clemenceau, le Britannique David Lloyd George, l'Américain Thomas Woodrow Wilsonsans oublier l'Italien Vittorio Orlando. À la signature du « Diktat », le comte de Brockdorff-Rantzau lit une longue protestation au nom de l'Allemagne ; c'est le début d'un grand malentendu entre le principal vaincu de la guerre et les Alliés...
L’Allemagne est amputée du huitième de son territoire et du dixième de sa population. Elle est par ailleurs soumise à des limitations de souveraineté humiliantes et tenue pour seule responsable de la guerre !
Dans les mois qui suivent, d’autres traités sont aussi conclus avec les autres vaincus de la Grande Guerre. La carte du continent européen en sort complètement transformée avec la disparition de quatre empires, l'allemand, l'austro-hongrois, le russe et l'ottoman, au profit de petits États nationalistes, souvent hétérogènes, revendicatifs... et impuissants…
Traité de Saint Germain-en-Laye
Le 10 septembre 1919, près de trois mois après le traité de Versailles entre les Alliés et l'Allemagne, le traité de Saint Germain-en-Laye met fin officiellement à l'Autriche-Hongrie.
Les Alliés refusent aux Autrichiens de langue allemande le droit de s'unir à l'Allemagne. Cédant à la pression des indépendantistes tchèques, ils créent une petite Autriche indépendante de 7 millions d'habitants. Trop petite pour être viable, avec une capitale démesurée de 2 millions d'habitants, Vienne. 17 ans à peine s'écouleront avant qu'Hitler ne décide de la rattacher au IIIe Reich.
Le Bloc national au pouvoir
Le 16 novembre 1919, les élections amènent à la Chambre des députés une majorité conservatrice, le Bloc national, avec beaucoup d'anciens combattants (la Chambre est dite « bleu horizon », de la couleur de l'uniforme).
Cette coalition est due à l'initiative du président du Conseil Georges Clemenceau et du président de la République Raymond Poincaré, avec deux objectifs : la lutte contre le bolchévisme et l'intransigeance vis-à-vis de l'Allemagne. Elle englobe quatre groupes parlementaires (l’Entente républicaine, l’Action républicaine et sociale, la Gauche républicaine démocratique et les Républicains de gauche) qui ont fait partie de l'union sacrée pendant la Grande Guerre. Mais les socialistes en ont été exclus en raison de leurs compromissions avec les bolchéviques russes et les radicaux s'en sont exclus du fait de l'absence des socialistes !
Atteinte dans sa vitalité par le carnage de la Grande Guerre et son contrecoup sur la natalité, la France peine à retrouver sa prospérité d'antan et compte sur les réparations allemandes pour la sortir d'affaire. Alexandre Millerand, nouveau président de la République, et Raymond Poincaré, qu'il a appelé à la Présidence du Conseil, font occuper la Ruhr pour garantir leur versement. C'est un échec que les gouvernements successifs doivent compenser par de fortes augmentations d'impôts et que les électeurs sanctionnent lors du scrutin du 11 mai 1924 en remplaçant le Bloc national par le Cartel des gauches.
Traité de Neuilly avec la Bulgarie
Le 27 novembre 1919, les Alliés vainqueurs de la Grande Guerre signent à Neuilly un traité de paix avec la Bulgarie.
À l'origine de la seconde guerre balkanique (juin-août 1913), la Bulgarie avait agressé par surprise les Grecs et les Serbes. Mais ceux-ci, aidés par les Roumains, eurent vite fait de la vaincre. Par la paix de Bucarest, le 10 août 1913, elle dut céder la plus grande partie de la Macédoine tout en conservant un accès à la mer Égée avec le port de Dedeagatch. Désireuse de prendre sa revanche sur la Serbie, la Bulgarie se rangea à l'automne 1915 du côté des Empires centraux, contre l'avis du leader agrarien de gauche Staamboliski. Vaincue, elle fut contrainte de signer un armistice dès le 29 septembre 1918. Enfin, par le traité de Neuilly, elle dut céder à la Roumanie la Dobroudja méridionale et à la Grèce son accès à la mer Égée. Stamboliski, nommé Premier ministre en 1920, tentera de grandes réformes sociales avant d'être renversé par un coup d'État nationaliste. Après s'être alignée une nouvelle fois sur l'Allemagne, la Bulgarie tombera pour finir sous la coupe de Staline.
Paul Deschanel président de la République
Le 17 janvier 1920, les parlementaires français se montrent avant tout soucieux de barrer la route de l'Élysée à Georges Clemenceau (79 ans) auquel ils reprochent moins son âge que sa supposée modération à l'égard de l'Allemagne lors des négociations du traité de Versailles !... Ils élisent donc à la présidence de la République son concurrent Paul Deschanel (66 ans) qui succède ainsi à Raymond Poincaré.
Surmené, celui-ci montre des signes de fatigue. Sous l'emprise de médicaments ou d'une crise de somnabulisme, il descend d'un train en marche, en pleine nuit et en pyjama. La garde-barrière à laquelle il s'adresse voit de suite qu'il s'agit de quelqu'un d'important car il a les pieds propres ! Contraint de démissionner au bout de neuf mois, Paul Deschanel recouvre la santé après un séjour en maison de repos et poursuit une carrière de sénateur... Clemenceau persifle : « Ils craignaient un gâteux, ils l'ont eu quand même ! » cependant qu'Alexandre Millerand lui succède.
Fayçal roi de « Grande Syrie »
Le 11 mars 1920, l'émir Fayçal, fils du chérif Hussein, gardien des Lieux Saints de La Mecque et ami de « Lawrence d'Arabie » se fait élire roi de « Grande Syrie » à Damas, après que les Anglais en ont chassé les Turcs. Mais les Français, au nom d'une longue tradition de protection des chrétiens orientaux, revendiquent et obtiennent de la Société des Nations (SDN) un mandat sur le Liban ainsi que sur la Syrie. Le général Gouraud chasse aussitôt Fayçal de Damas. Les Anglais offrent à celui-ci le trône d'Irak en lot de consolation.
Mandat français au Liban et en Syrie
Le 28 avril 1920, la France est officiellement investie par la Société des Nations d'un « mandat pour la Syrie et le Liban » (en fait un protectorat)...Le traité de Trianon rabaisse la Hongrie
Le 4 juin 1920, les vainqueurs de la Grande Guerre signent au Trianon (Versailles) un traité de paix avec la Hongrie. Le traité consacre la fin de l'Autriche-Hongrie, au sein de laquelle la Hongrie jouissait d'une quasi-indépendance. Le nouvel État est amputé des deux tiers de son territoire. Trois millions de Hongrois se retrouvent à l'extérieur, dont la plus grande partie en Roumanie...Le traité de Sèvres dépèce la Turquie ottomane
Le 10 août 1920, signature à Sèvres, près de Paris, du premier traité entre les Alliés et la Turquie.
Pour punir l'empire ottoman de sa participation à la guerre mondiale aux côtés de l'Allemagne, les Alliés lui imposent un démembrement qui le réduit à une fraction de l'Anatolie, exclusivement peuplée de Turcs.
La Grèce s'approprie la côte égéenne, peuplée de Grecs depuis l'Antiquité. À l'Est, l'Arménie et le Kurdistan obtiennent le droit à l'indépendance. C'est plus que n'en peuvent supporter les nationalistes turcs. Contre l'avis du sultan, ils exigent, les armes à la main, une révision du traité...
Alexandre Millerand président de la République
Le 23 septembre 1920, à une écrasante majorité, les parlementaires français élisent à la présidence de la République Alexandre Millerand (65 ans), en remplacement de Paul Deschanel qui a du se démettre pour raison de santé...
Congrès de Tours des socialistes français
Le 25 décembre 1920, les socialistes français tiennent leur 18e congrès à Tours. À l'initiative de Marcel Cachin et Ludovic Frossard, 2/3 des congressistes quittent la SFIO (section française de l'Internationale Ouvrière) et fondent la section française de l'Internationale Communiste (SFIC), affiliée à la IIIe Internationale de Lénine. Ils acceptent ce faisant les 21 conditions de celui-ci. La SFIC deviendra plus tard le Parti communiste français (PCF).
L'année suivante, la CGT (Confédération Générale du Travail) opère à son tour une scission mais seule une minorité de militants rejoint le camp communiste, fondant la CGTU (CGT Unitaire).
Scandale de la Banque industrielle de Chine
Le 30 juin 1921 éclate un scandale qui met en lumière la collusion entre diplomatie et finance. Elle implique les fils du grand chimiste et homme politique Marcelin Berthelot : André, fondateur en 1913 de la Banque industrielle de Chine, et Philippe, secrétaire général du ministère des Affaires Étrangères, qui contribua aux négociations du traité de Versailles.
André place les emprunts du gouvernement chinois sur le marché français. Mais bientôt, son activité fléchit. Philippe convainc alors le riche et influent Horace Finaly, directeur de la Banque de Paris et des Pays-bas, de renflouer la banque de son frère. Il se prévaut du soutien du président du Conseil Aristide Briand et du président de la République Alexandre Millerand.
Mais il faut toujours plus d'argent et le ministre des finances, Paul Doumer, qui a partie liée avec un établissement concurrent, la Banque d'Indochine, rechigne à sauver la Banque industrielle de Chine. Il exige que le Parlement l'autorise à émettre un emprunt. Le scandale éclate le 30 juin 1921, avec la fermeture des guichets de la banque.
L'extrême droite royaliste sonne la charge dans l'Action française, mais la grande presse, largement tenue par Horace Finaly, continue à défendre les Berthelot. Philippe Berthelot est contraint de démissionner à la fin de l'année lorsqu'on s'aperçoit qu'il a écrit des télégrammes au nom du président du Conseil sans le prévenir. Aristide Briand démissionne à son tour en janvier 1922. Raymond Poincaré, nouveau président du Conseil, fait condamner le secrétaire général du Quai d'Orsay à dix ans d'exclusion de la fonction publique... En 1925, Briand, de retour au gouvernement, le réintègre au ministère.
Démission d'Aristide Briand
Le 12 janvier 1922, le Président du conseil Aristide Briand constate l'hostilité quasi générale de ses ministres et du président Millerand à sa politique de réconciliation avec l'Allemagne. Il démissionne sans attendre d'être renversé par une motion de censure de la Chambre des députés. Il est remplacé par l'ancien président Raymond Poincaré.Les Français occupent la Ruhr
Le 11 janvier 1923, en Allemagne, 60.000 soldats français et belges pénètrent dans le bassin de la Ruhr pour obliger l'Allemagne à verser les réparations de guerre inscrites dans le traité de Versailles.
Le chancelier allemand Wilhelm Cuno proteste et appelle ses concitoyens à la « résistance passive ». Il s'ensuit une dévaluation massive du mark et des troubles politiques. L'année 1923 aura mérité d'être qualifiée par les Allemands d'« année inhumaine »...
Première de Knock
Le 14 décembre 1923, la Comédie des Champs-Élysées donne la première représentation de Knock, avec Louis Jouvet dans le rôle du célèbre docteur. La pièce de Jules Romains obtient un immense succès et Jouvet la jouera au total plus de 2000 fois dans le cours de sa vie.Premiers Jeux Olympiques d'hiver
Le 25 janvier 1924 débutent à Chamonix les premiers Jeux Olympiques d'hiver avec 16 nations participantes. Cette initiative consacre la vogue des sports d'hiver. Elle survient 28 ans après la naissance des premières Olympiades modernes à Athènes, à l'initiative du baron Pierre de Coubertin.
Alexandra David-Néel pénètre à Lhassa
Chanteuse lyrique, orientaliste, exploratrice, aventurière, anarchiste, féministe, écrivain, « jétsunema » (« dame-lama »)... Aucun substantif n'est suffisant pour définir Alexandra David-Néel, première Occidentale à pénétrer à Lhassa, au cœur du Tibet interdit, le 28 janvier 1924. Elle a 55 ans...Fin du séparatisme rhénan
Le 12 février 1924, 40 séparatistes rhénans sont massacrés à Pirmasens, une petite ville proche de la frontière française...
Victoire du Cartel des gauches
Aux élections législatives du 11 mai 1924, la victoire du Cartel des gauches consacre l'échec de la politique du président du Conseil Raymond Poincaré, notamment à l'égard de l'Allemagne (occupation de la Ruhr). Réunis au sein du Cartel, radicaux et socialistes s'entendent pour obliger à la démission le président de la République Alexandre Millerand.
Gaston Doumergue président de la République
Le 13 juin 1924, suite à la démission d'Alexandre Millerand, les parlementaires élisent à la présidence de la République Gaston Doumergue (61 ans).
Cet avocat, fils d'un vigneron du Gard, est un homme de bon aloi, consensuel, à la faconde méridionale, gentiment qualifié de «Gastounet national»...
Première exposition surréaliste
Le 14 septembre 1925 s'ouvre la première exposition surréaliste. À Paris, Max Ernst, Man Ray, Pablo Picasso, Juan Miro et Giorgio de Chirico révèlent au public une peinture fortement inspirée par les développements de la psychanalyse.Abdelkrim se rend aux Français
Le 27 mai 1926, le chef berbère Abdelkrim se rend aux troupes françaises, mettant un terme à cinq ans de lutte anticoloniale dans le Rif...
Disparition de Nungesser et Coli
Le 9 mai 1927, les Français apprennent avec consternation la disparition en mer des aviateurs Nungesser et Coli dans leur tentative d'effectuer la première traversée de l'Atlantique Nord sans escale...
Premier vol entre la France et le Sénégal
Les 10 et 11 octobre 1927, les pilotes Jean Mermoz et Élisée Négrin effectuent la première liaison directe et sans escale entre Toulouse et Saint-Louis-du-Sénégal sur un Latécoère 26 (4470 km en 23 h 30)...Le franc Germinal disparaît
Le 25 juin 1928, le président du Conseil Raymond Poincaré dévalue le franc. Celui-ci ne vaut plus que le cinquième de la contrepartie en or du franc d'avant 1914, le franc Germinal, créé par Napoléon Bonaparte. Poincaré évite ainsi l'erreur de Churchill, chancelier de l'Échiquier, qui a, trois ans plus tôt, réévalué la livre à son niveau de 1914 et porté de ce fait un coup sévère aux exportations britanniques...
Pacte Briand-Kellog
Le 27 août 1928, à Paris, dans le salon de l'Horloge du ministère des Affaires étrangères, les représentants de quinze nations bientôt suivies par 48 autres (y compris l'Allemagne, le Japon et l'URSS) signent le pacte Briand-Kellogg par lequel ils renoncent solennellement à la guerre.
Trois personnages président à la cérémonie : Aristide Briand, Frank Kellogg et Gustav Stresemann, en charge des affaires étrangères en France, aux États-Unis et en Allemagne.
Ce pacte conclu dans l'enthousiasme général marque la fin de l'après-guerre ; le krach de Wall Street, l'année suivante, et la crise économique qui s'ensuivra vont le réduire à néant.
Construction de la ligne Maginot
Le 14 janvier 1930, André Maginot, ministre de la Guerre dans le gouvernement Tardieu, fait voter une loi en vue de construire une ligne fortifiée sur les frontières orientales de la France...
Inauguration de l'Exposition coloniale
Le 6 mai 1931, le ministre français des Colonies, Paul Reynaud, inaugure en fanfare l'Exposition coloniale du bois de Vincennes, à l'orée de Paris...
Paul Doumer président de la République
Le 13 mai 1931, les parlementaires de la IIIe République élisent à la présidence de la République le radical Paul Doumer (75 ans), de préférence à Aristide Briand...
Moulinex « libère » la femme
Le 16 février 1932, un modeste industriel de la région parisienne, Jean Mantelet, dépose le brevet du presse-purée. C'est en voulant rendre service à sa femme qu'il a eu l'idée de cet appareil à manivelle. Le succès est immédiat.
Après la Seconde Guerre mondiale, l'industriel lance les premiers appareils électroménagers à moteur. Pour la sortie d'un moulin à café électrique, par crainte d'un insuccès fatal à son activité, il baptise son entreprise « Moulin X » ou Moulinex. On sait ce qu'il adviendra de ce nom.
Dans les années 1960 fleurissent les slogans « Moulinex libère la femme » et « Vive la cuisine presse-bouton ». Avec ses équipements ménagers, la marque accompagne l'émergence de la société de consommation des Trente Glorieuses. La société est introduite en Bourse en 1969.
Pionnier de la décentralisation, Jean Mantelet a transporté ses ateliers dans les petites villes normandes. Faute d'héritier, il a échoué à transmettre son entreprise en de bonnes mains à sa mort en 1991.
Premières allocations familiales en France
Confrontée à une grave crise de dénatalité, la France, après la Première Guerre mondiale, ébauche une politique de soutien aux familles avec enfants. À partir de 1919, l'État et quelques entreprises proposent des suppléments salariaux à leurs salariés chargés de famille. Mais cette politique a un effet pervers en dissuadant l'embauche de pères de famille... Quelques entreprises pionnières surmontent cet inconvénient en créant des caisses de compensation financées par l'ensemble des salariés. La loi du 11 mars 1932, entrée en application le 14 juin suivant, généralise ce système en rendant obligatoire l'adhésion des entreprises à une caisse de compensation. C'est l'amorce d'une politique familiale qui permettra à la France de retrouver une nouvelle jeunesse dans la décennie suivante.
Assassinat du président Paul Doumer
Le 6 mai 1932, le président de la République Paul Doumer, est assassiné par un médecin russe du nom de Paul Gorgulov. L’affaire est conduite par le commissaire-divisionnaire Marcel Guillaume, «l’as de la PJ» dont Georges Simenon s’inspira librement pour son personnage du Commissaire Maigret en 1937.
Albert Lebrun président de la République
Le 10 mai 1932, suite à la mort tragique de Paul Doumer, les parlementaires des deux Chambres, réunis en Congrès à Versailles, selon la coutume, élisent à la présidence de la République le modéré et discret Albert Lebrun (61 ans), polytechnicien et ingénieur des Mines...
Incendie du « Georges Philippar »
Dans la nuit du 15 au 16 mai 1932, un incendie se déclare à bord du paquebot « Georges Philippar » alors qu'il vogue au large de Djibouti, en provenance de la Chine et en direction de Marseille. Plusieurs navires se précipitent vers le lieu du sinistre.
Malgré cela, 67 passagers périssent, asphyxiés dans leur cabine ou noyés. Parmi eux, le grand reporter Albert Londres (48 ans), qui revenait d'une longue enquête sur les trafics d'armes et d'opium en Chine...
Arrestation de Violette Nozières
Le 28 août 1933, Violette Nozières est arrêtée pour avoir empoisonné ses parents. Son père est décédé, sa mère a survécu. Ce fait divers a passionné la France tant il semblait incarner les dérives d'une société trop permissive...
Mort de l'escroc Alexandre Stavisky
Le 9 janvier 1934, l'escroc Alexandre Stavisky est retrouvé dans un chalet de Chamonix, tué d'une balle. Suicide ou meurtre ?
Sa mort, d'après le rapport de police, est consécutive à un suicide mais l'opinion publique soupçonne aussitôt des hommes politiques de l'avoir fait assassiner pour l'empêcher de dénoncer ses complices...
Manifestation sanglante à Paris
Le 6 février 1934, des ligues antiparlementaires manifestent violemment à Paris, autour du Palais-Bourbon. La République vacille...
Le roi de Yougoslavie est assassiné
Le roi Alexandre Ier de Yougoslavie est assassiné à Marseille le 9 octobre 1934 par des terroristes croates du mouvement oustachi d'Ante Pavelic. Le ministre français des Affaires étrangères, Louis Barthou, qui était venu accueillir le roi à la descente du bateau, est mortellement blessé...Laval rencontre Mussolini à Rome
Du 4 au 7 janvier 1935, le ministre français des Affaires étrangères Pierre Laval rencontre le Duce Benito Mussolini à Rome en vue de consolider un système de sécurité collective en Europe et de prévenir tout retour offensif de l'Allemagne hitlérienne...
Plébiscite pro-allemand en Sarre
Le 13 janvier 1935, un plébiscite se déroule en Sarre, une région frontalière entre la France et l'Allemagne qui avait été placée sous contrôle international pendant quinze ans à la signature du traité de Versailles. Le gouvernement français, dès 1934, avait compris le souhait massif des habitants de redevenir Allemands à part entière. Il avait renoncé à plaider pour le statu quo ou le rattachement à la France pour témoigner à Berlin de sa bonne volonté. À une écrasante majorité (447 119 pour le rattachement à l'Allemagne, 46 613 pour le statu quo, 2124 pour le rattachement à la France), les habitants demandent leur réintégration au sein de l'Allemagne... sans prêter attention au fait que celle-ci est depuis deux ans passée sous la botte nazie !
À Berlin, Hitler exulte. Le choix librement exprimé par les Sarrois cautionne son gouvernement, sa propagande et également ses succès économiques. Le Führer annonce peu après que son pays n'a plus de revendication territoriale à l'Ouest. Il renonce officiellement à toute prétention sur l'Alsace-Lorraine ! Ce discours rassure les pacifistes français et européens qui n'en demandaient pas tant.
Un Front populaire en France
Le 3 mai 1936, en France, le deuxième tour des élections législatives donne la victoire au Front populaire. Un immense espoir de réformes sociales traverse les classes populaires...
Le Front populaire généralise les congés payés
La loi qui généralise les congés payés en France est votée à l'unanimité par les députés le 11 juin 1936, un mois après l'arrivée au pouvoir du gouvernement de Front Populaire. Promulguée le 20 juin 1936, elle prescrit un minimum de deux semaines de congés par an pour tous les salariés français liés à leur employeur par un contrat de travail...
Le Pourquoi pas ? sombre en Islande
Le 16 septembre 1936, le Pourquoi-Pas ? de l'explorateur Jean-Baptiste Charcot, se brise sur des récifs au large de l'Islande. Tous les marins sauf un y laissent leur vie...
Suicide de Roger Salengro
Maire de Lille et député socialiste du Nord, Roger Salengro devient en 1936, à 46 ans, ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Léon Blum issu de la victoire du Front populaire aux élections législatives. Il participe activement à la conclusion des accords de Matignon.
Mais à l'été 1936, L'Action française de Charles Maurras et l'hebdomadaire de droite Gringoire et son directeur Henri Béraud (un ancien journaliste du Canard Enchaîné !) l'accusent d'avoir déserté pendant la Grande Guerre. Il avait été en fait capturé en allant chercher le corps de l'un de ses compagnons de tranchée, avec l'accord de son chef. C'est ce qu'établira une enquête conduite par un tribunal de guerre peu après sa capture, en 1916.
Disculpé mais affecté par la campagne de calomnies et, qui plus est, déprimé par la mort de sa femme, Roger Salengro se suicide le 17 novembre 1936 dans sa cuisine de Lille. « Il n'y a pas d'antidote contre le poison de la calomnie », lance Léon Blum à ses funérailles, cinq jours plus tard.
Mermoz décolle de Dakar pour le Brésil
Le 7 décembre 1936, Jean Mermoz décolle de Dakar en direction de Natal, au Brésil, sur un hydravion Laté 300 baptisé Croix-du-Sud. À 10h47, l'hydravion émet un signal : « Coupons moteur arrière droit » avant de disparaître dans l'Atlantique Sud avec son équipage : Pichodou, Ezan, Lavidallie et Cruveilher. Le 30 décembre, ces pilotes de légende auront droit à des funérailles nationales.La France livre le Sandjak d'Alexandrette à la Turquie
Dans la crainte (illusoire) que les Turcs nouent une alliance avec l'Allemagne hitlérienne, les Français conviennent avec les Turcs, le 29 mai 1937, de créer un État libre du Sandjak d'Alexandrette qu'ils administreront en commun. C'est une étape préliminaire à l'annexion par la Turquie de cette enclave en terre syrienne et arabe, qui deviendra effective le 23 juin 1939, à la suite d'un référendum et après que la majeure partie des Arabes aient cédé la place à des colons turcs. Le Sandjak est depuis lors une pomme de discorde entre la Turquie et la Syrie...
Conférence d'Évian
Désemparé face à l'antisémitisme nazi, le président américain Franklin Roosevelt propose une conférence internationale en vue de secourir les Juifs dont ne veulent plus les Allemands. Celle-ci se réunit du 6 au 14 juillet 1938 à l'Hôtel Royal d'Évian, au bord du lac Léman...
Les accords de Munich
Le 30 septembre 1938 se clôt à Munich une conférence de la dernière chance. Hitler réclame à ses interlocuteurs Daladier, Chamberlain et Mussolini le droit d'intervenir en Tchécoslovaquie à l'appel de la minorité de langue allemande qui peuple les monts Sudètes. En cédant une nouvelle fois à la menace, les Occidentaux confirment le dictateur allemand dans la conviction que tout lui est permis...Paul Reynaud à la tête du gouvernement français
Le 21 mars 1940, dans l'émotion suscitée par l'armistice entre les Finlandais et les Soviétiques, dix jours plus tôt, Paul Reynaud remplace Édouard Daladier, l'homme des accords de Munich, à la présidence du Conseil (le gouvernement français)...
Hitler envahit la Belgique
Le 10 mai 1940, sept mois après la déclaration de guerre de la France et de l'Angleterre à l'Allemagne, celle-ci rompt le front occidental.
Conformément au plan audacieux du général Erich von Manstein, le Führer porte son principal effort dans les Ardennes, une région montagneuse qui n'est pas protégée par la ligne Maginot et que le généralissime Gamelin n'a pas cru nécessaire de défendre...
L'Italie déclare la guerre à la France
Le 10 juin 1940, l'Italie déclare la guerre à la France et à l'Angleterre, tandis que ces deux pays tentent désespérément de résister à l'invasion allemande. Mussolini se repentira sur le tard de ce « coup de pied de l'âne » qui entraînera son régime dans la débâcle hitlérienne.
L'entrée de l'Italie dans la guerre favorisera paradoxalement les Alliés. En 1941, Hitler devra différer l'attaque de l'URSS pour secourir Mussolini empêtré dans les Balkans et en Grèce, de sorte que le terrible hiver russe frappera les Allemands avant qu'ils aient le temps de conquérir Moscou. En 1943 enfin, c'est par la Sicile que les Anglo-Saxons entameront la reconquête du continent.
Formation du gouvernement Pétain
Le soir du dimanche 16 juin 1940, à Bordeaux, Paul Reynaud démissionne et laisse au maréchal Pétain le soin de former un nouveau gouvernement et de décider de l'attitude à prendre devant l'invasion allemande...Pétain demande l'armistice
Le 17 juin 1940, le maréchal Pétain demande aux Allemands quelles sont leurs conditions d'armistice. À midi, il prononce à la radio une allocution mémorable : « C'est le coeur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat... » Le même jour, le général de Gaulle prend l'avion pour Londres.L'Appel
Le 18 juin 1940, sur les ondes anglaises, le général de Gaulle lance aux Français qui se trouvent en Angleterre ou viendraient à s'y trouver un appel à le rejoindre pour poursuivre la lutte contre les Allemands qui, au même moment, envahissent la France. L'Appel est diffusé sur les ondes le soir, vers 22 heures, et rediffusé le lendemain vers 16 heures...Premier sabotage
Le 20 juin 1940, deux jours avant l'armistice qui consacrera la défaite des armées françaises face à la Wehrmarcht, un inconnu, Étienne Achavanne, prend l'initiative de saboter des lignes téléphoniques allemandes. Fusillé le 4 juillet 1940 près de Rouen, il peut être considéré comme le premier résistant français à l'occupation allemande.Armistice franco-allemand
Le 22 juin 1940, la France du maréchal Pétain signe à Rethondes, dans la forêt de Compiègne, un armistice avec l'Allemagne d'Adolf Hitler. Entre cette date et l'invasion de l'URSS, l'Angleterre de Churchill sera seule au monde à combattre le nazisme...Attaque de Mers el-Kébir
Le 3 juillet 1940, la Royal Navy attaque la flotte française amarrée dans la base nord-africaine de Mers el-Kébir. Seuls contre les nazis après l'armistice franco-allemand, les Anglais craignent non sans raison que la flotte française ne soit réquisitionnée par les Allemands. Sous le nom de code Catapult, ils lancent une opération destinée à s'emparer de tous les navires français à leur portée ou de les neutraliser.
La brutalité de l'attaque de Mers el-Kébir (près de 1300 morts) réveille en France une anglophobie latente. C'est une aubaine pour les partisans d'une collaboration avec l'occupant. Quelques jours plus tard, l'Assemblée nationale issue des élections de 1936 et du Front populaire vote à une écrasante majorité les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Pleins pouvoirs au Maréchal Pétain
Le 10 juillet, l'Assemblée nationale, qui réunit le Sénat et la Chambre des députés, tient une séance exceptionnelle dans le casino de la ville d'eaux de Vichy. À l'instigation de Pierre Laval, vice-président du Conseil, elle vote les pleins pouvoirs au maréchal Philippe Pétain en vue de préparer une nouvelle Constitution. C'est la fin de la IIIe République et le début de ce qu'on appelle le « régime de Vichy »...
Découverte de Lascaux
Le 12 septembre 1940, dans une colline proche du village de Montignac, au coeur du Périgord noir, le jeune apprenti mécanicien Marcel Ravidat (18 ans) élargit avec son couteau un orifice qu'il a découvert quatre jours plus tôt avec son chien Robot. Il soupçonne à juste titre que l'orifice recèle des surprises.
Accompagné de trois garçons qu'il a rencontrés sur le chemin, Georges Agnel, Simon Coencas et Jacques Marsal, il se glisse dans la cavité et, avec sa lampe de poche, entrevoit de mystérieuses peintures sur les parois. Il fait part de la découverte à l'ancien instituteur du village, l'érudit Léon Laval, lequel en informe l'abbé Henri Breuil (63 ans), éminent spécialiste de la Préhistoire. Celui-ci se rend sur le site, appelé Lascaux, cependant que déjà les curieux s'y pressent déjà en foule...
De Gaulle échoue devant Dakar
De petits bâtiments de guerre des Forces françaises libres se présentent devant Dakar, accompagnés d'une escadre britannique. Le général de Gaulle tente d'obtenir le ralliement du gouverneur de la colonie mais celui-ci fait bombarder la flotte. Après trois jours d'hésitations, de Gaulle et ses alliés britanniques se replient...
Premier statut des Juifs
Soucieux de se concilier les bonnes grâces de l'occupant, le gouvernement de Vichy, dirigé par le Maréchal Pétain, promulgue dès le 3 octobre 1940 un premier statut des juifs. Il exclut les Français identifiés comme Juifs de la plupart des fonctions publiques et de nombreuses autres professions. En dépit de son aspect scandaleux, il passe à peu près inaperçu. Il est vrai que les Français se battent au même moment dans les difficultés du quotidien et très peu connaissent des juifs concernés par le statut...
Rencontre de Montoire
Le 24 octobre 1940, le maréchal Pétain rencontre Hitler dans la petite gare de Montoire-sur-le-Loir, par l'entremise de Pierre Laval. C'est le début de la politique officielle de « collaboration » entre le « régime de Vichy » et le IIIe Reich.
Le chef de l'État s'en explique à la radio quelques jours plus tard, le 30 octobre 1940 : « C'est dans l'honneur et pour maintenir l'unité française, une unité de dix siècles, dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen,que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration (...). Cette collaboration doit être sincère... »
Le Manifeste de Brazzaville
Le 27 octobre 1940, en réaction à la rencontre de Montoire, le général Charles de Gaulle lance un Manifeste de Brazzaville, capitale de l'Afrique Équatoriale Française (AEF). Par ce discours sobre et vigoureux, il affirme son autorité et annonce la constitution d'un Conseil de Défense de l'Empire...
De Gaulle crée l'ordre de la Libération
De passage à Brazzaville, capitale de l'Afrique Équatoriale Française, le chef de la France Libre fonde l'ordre de la Libération...
Renvoi de Laval
Le 13 décembre 1940, le Maréchal Pétain renvoie son vice-président du Conseil, Pierre Laval, avec ces simples mots : « Vous n'avez plus ma confiance... ». Il le remplace par Pierre-Étienne Flandin.
Mais, soutenu par l'occupant, Laval revient dès le 17 avril 1942 à la tête du gouvernement et renforce dès lors la politique de collaboration avec l'Allemagne.
Exécution de Jacques Bonsergent
Le 23 décembre 1940, Paris se couvre de cette affiche : « L'ingénieur Jacques Bonsergent a été condamné à mort par le tribunal militaire allemand pour acte de violence envers un membre de l'armée allemande. Il a été fusillé ce matin ».
Le jeune homme (28 ans) est l'un des premiers Français fusillés par l'occupant allemand. Il a été arrêté six semaines plus tôt après une rixe nocturne avec des soldats. En le faisant exécuter pour ce simple motif, Hitler veut lancer un avertissement au maréchal Pétain, qui avait révoqué dix jours plus tôt le vice-président Pierre Laval et refusé d'assister aux Invalides au retour des cendres de l'Aiglon.
Le « serment de Koufra »
Le 2 mars 1941, le colonel Philippe Leclerc de Hauteclocque (38 ans) enlève aux Italiens l'oasis de Koufra, au sud de la Libye. Avec ses hommes, qui ont rejoint comme lui le général de Gaulle après l'invasion de la France par la Wehrmacht, il fait le serment de ne plus déposer les armes avant que le drapeau français ne flotte sur Strasbourg. Ce « serment de Koufra » marque le début d'une longue marche glorieuse qui passera par la Libération de Paris...
La « rafle du billet vert »
En mai 1941, à Paris, des milliers de Juifs étrangers reçoivent une convocation, le « billet vert » : ils sont « invités à se présenter » le 14 mai dans divers lieux de rassemblement « pour examen de situation ». Persuadés qu'il s'agit d'une simple formalité, beaucoup s'y rendent. Ils sont alors retenus, tandis que la personne qui les accompagne est priée d'aller chercher pour eux quelques vêtements et vivres. 3 700 Juifs sont ainsi arrêtés. Conduits à la gare d'Austerlitz en autobus, ils sont transférés le jour même en train vers le Loiret, dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande. Ils vont y rester pendant plus d'un an, dans l'ignorance totale du sort qui leur est réservé...
Attentat au métro Barbès
Le 21 août 1941, à Paris, un militant communiste de 22 ans, Pierre Georges, futur «colonel Fabien», se rend au métro Barbès et abat le premier Allemand qu'il croise sur le quai, l'aspirant Moser.
Cet attentat fait suite à l'invasion de l'URSS par la Wehrmacht et à l'entrée des communistes français dans la résistance contre l'occupant nazi.
L'objectif des communistes est l'affrontement frontal avec l'ennemi. Ils veulent de la sorte attiser la répression et immobiliser en France un maximum de divisions allemandes qui seront de ce fait rendues indisponibles pour combattre sur le front oriental, en URSS.
À Vichy, dès qu'est connu l'attentat du métro Barbès, le ministre de l'Intérieur Pierre Pucheu décide de punir le crime sans attendre en faisant exécuter six «communistes». De cette façon, il espère dissuader les Allemands de s'immiscer dans le maintien de l'ordre.
Dès le 23 août, une loi crée un nouveau tribunal, les Sections Spéciales, habilité à rejuger des condamnés en violation du sacro-saint principe de non-rétroactivité des lois (nulla poena sine lege).
Trois malheureux emprisonnés pour des délits mineurs ou la diffusion de tracts communistes sont extraits des prisons de Paris, rejugés à la hâte en qualité de présumés terroristes et guillotinés dès le lendemain matin dans la cour de la prison de la Santé. Les juges requis pour le tribunal n'osent cependant aller au bout de leur mission.
Ce n'est que le 24 septembre 1941 que le ministre obtient ses trois autres têtes, après avoir dû créer le 7 septembre un nouveau Tribunal d'État composé d'un seul magistrat «en activité ou en retraite» !
Exécution de 27 otages dont Guy Môquet
Le mercredi 22 octobre 1941, à Châteaubriant, en Bretagne, les Allemands fusillent 27 détenus (dont Guy Môquet) en riposte à l'assassinat du commandant allemand de Nantes, le Feldkommandant Fritz Holtz.
Celui-ci a été abattu deux jours plus tôt, le 20 octobre, en plein centre de Nantes, par un militant communiste, Gilbert Brustlein. Le 21 octobre, à Bordeaux, un conseiller militaire allemand, Hans Reimers, a été à son tour abattu par un autre résistant communiste, Pierre Rebière...
75 otages, dont Gabriel Péri, fusillés au mont Valérien
Le 15 décembre 1941, pendant l'occupation allemande, 75 otages juifs et/ou communistes sont fusillés au mont Valérien...Jean Moulin est parachuté en France
Le 2 janvier 1942, Jean Moulin est parachuté en France pour organiser la résistance intérieure et la placer sous les ordres du général de Gaulle...
Ouverture du procès de Riom
Le 19 février 1942, s'ouvre le procès de Riom. À la suite de la défaite de 1940, le gouvernement de Vichy entend juger les responsables de l'impréparation de l'armée et poursuit quelques-uns des dirigeants de l'entre-deux-guerres. Léon Blum, Édouard Daladier, le général Gamelin entre autres, sont au banc des accusés...
Rawa-Ruska, le camp de la mort lente
Le 13 avril 1942, deux mille prisonniers de guerre français entraient dans le camp de représailles de Rawa-Ruska (ou Ravaruska). Ils furent bientôt suivis de nombreux autres...
Rafle du Vél d'Hiv
Le 16 juillet 1942 a eu lieu la rafle du Vél d'Hiv. Sous le nom de code « Vent printanier », les Allemands ont projeté d'arrêter un grand nombre de Juifs dans toute l'Europe occupée. À Paris, 7 000 policiers et gendarmes arrêtent ainsi 13 000 Juifs, y compris 4 000 enfants que les nazis n'avaient pas formellement réclamés. Quelques jours après, tous sont convoyés vers les camps d'extermination. Quelques dizaines en reviendront.
Il a fallu attendre le 16 juillet 1995 pour qu'à la faveur d'un émouvant discours, le président Jacques Chirac, reconnaisse officiellement « que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français »....
Et puis, il y a la phrase malheureuse qui est la seule que l’on va en définitive retenir de ce discours plutôt bien enlevé dans l’ensemble : « La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. » Robert Badinter, l’ancien garde des sceaux de François Mitterrand, interrogé par Jacques Semelin le 28 avril 2021, s’en indigne : « Le discours de Chirac est plein d’émotion, littérairement accompli, nommant avec des mots forts la souffrance des Juifs, leur persécution et leur déportation. Mais sur le plan juridique et politique, il ne résiste pas à l’analyse ». Il y manque deux mots : « de Vichy », car c’est de « la France de Vichy » qu’il eut fallu parler et non de la France tout court car celle-là, dans les villages et les villes, protégeait tant bien que mal les juifs ; c’était aussi bien évidemment celle-là qui à Londres et Bir Hakeim, menait le combat contre le Mal...
Débarquement de Dieppe
Le 19 août 1942, environ 6000 hommes de troupe débarquent sur les plages de Dieppe, au nord de la Seine. Parmi eux figurent 1005 commandos britanniques, 50 rangers américains, 15 Français et surtout 4963 hommes et officiers de la 2e division d'infanterie canadienne, dont le régiment franco-canadien des fusiliers Mont-Royal...
La bataille d'El-Alamein
Le 23 octobre 1942, l'Afrikakorps du maréchal Rommel recule à El-Alamein devant la VIIIe armée britannique du général Montgomery.
C'est le premier coup d'arrêt infligé à l'armée allemande après une guerre éclair qui lui a valu d'occuper la plus grande partie de l'Europe continentale et du bassin méditerranéen. Il a été rendu possible par l'héroïque résistance d'une brigade française à Bir Hakeim, au sud du dispositif britannique...
Débarquement en Afrique du Nord
Le 8 novembre 1942, dans le cadre de l'opération «Torch», 100.000 soldats américains et anglais débarquent en Afrique du nord. Bénéficiant de l'effet de surprise, ils s'emparent de Casablanca, Oran et Alger, en vue de préparer la libération du continent européen...
Occupation de la zone « libre »
Le 11 novembre 1942, Hitler déclenche l'opération « Attila ». En réponse au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, l'armée allemande franchit la ligne de démarcation qui sépare la France occupée de la France dite « libre » depuis l'armistice de 1940. À Toulon, sur ordre de l'amiral Jean de Laborde, la flotte française se saborde pour échapper aux Allemands sans pour autant tomber entre les mains des Anglais ! À Vichy, le gouvernement du maréchal Pétain et de Pierre Laval est placé sous le contrôle direct de l'occupant. Il perd la fiction de son indépendance.
La flotte française se saborde à Toulon
Le 27 novembre 1942, la flotte française se saborde en rade de Toulon. L'ordre vient de l'amiral Jean de Laborde. Il veut éviter de livrer la flotte aux Allemands qui viennent d'envahir la zone libre. Il ne veut pas pour autant l'envoyer combattre avec les ennemis de Hitler, car parmi eux figurent les Anglais, ennemis traditionnels de la France et de ses marins ! Les navires de guerre ne serviront ni aux Allemands… ni aux Alliés...
Assassinat de l'amiral Darlan
Le 24 décembre 1942, l'amiral François Darlan (61 ans), est assassiné à Alger par un jeune activiste royaliste, Bonnier de la Chapelle, exécuté aussitôt après.
Quelques semaines plus tôt, au moment du débarquement anglo-saxon en Afrique du Nord, le dauphin du maréchal Pétain, qui se trouvait alors à Alger au chevet de son fils malade, était devenu presque malgré lui l'interlocuteur des Américains. Ces derniers, qui ne prenaient pas au sérieux la France libre et le mouvement gaulliste, souhaitaient négocier avec lui le ralliement des colonies françaises à la guerre contre le nazisme. Sa mort inopinée va amener Washington à se tourner vers le terne général Giraud avant de reconnaître enfin le général de Gaulle.
Manifeste du peuple algérien
Le 10 février 1943, un Algérien musulman, Ferhat Abbas, publie le Manifeste du peuple algérien et revendique une pleine autonomie pour l'Algérie.
Service du Travail Obligatoire (STO)
Le 16 février 1943, une loi de l'État français institue le Service Obligatoire du Travail, rebaptisé très vite Service du Travail Obligatoire (STO) en raison des moqueries suscitées par ses initiales.
On comptera jusqu'en juin 1944 un total de 650 000 départs au titre du STO. Mais aussi environ 200 000 réfractaires. Beaucoup de ceux-ci entreront dans la Résistance et prendront le maquis...
Le Chant des Partisans
Le 30 mai 1943, dans un hôtel de la banlieue de Londres, l'écrivain-journaliste Joseph Kessel, son neveu Maurice Druon, la musicienne Anna Marly et quelques amis composent un chant qui deviendra sous le nom de Chant des Partisans l'hymne de la Résistance française au nazisme et à l'occupation allemande.
Arrestation de Jean Moulin
Le 21 juin 1943, la Gestapo investit la villa du docteur Dugoujon, à Caluire, une petite ville proche de Lyon, où se tient une réunion importante du Conseil National de la Résistance. Sans doute le chef de la Gestapo de Lyon, Klaus Barbie, a-t-il été informé par l'un des participants, le dénommé René Hardy.
Celui-ci seul arrive à s'enfuir. Parmi les résistants arrêtés, les Allemands ne tardent pas à identifier Jean Moulin, chef de la résistance intérieure. Ils le transfèrent à Paris puis à Berlin où il n'arrivera jamais. Le 8 juillet 1943, il meurt des suites des tortures et des mauvais traitements en gare de Metz.
Indépendance du Liban
Le 22 novembre 1943, en pleine guerre mondiale, les représentants de la France Libre du général de Gaulle concèdent l'indépendance au Liban.
En souvenir de ce jour de 1943, le 22 novembre est fête nationale au Liban. Mais l'indépendance du pays ne sera effective que le 1er janvier 1944 et c'est seulement en 1946 que les troupes françaises et britanniques quitteront pour de bon le pays...
De Gaulle décide de reconquérir l'Indochine
Le 8 décembre 1943, le général de Gaulle, qui préside à Alger le Comité français de libération nationale, prévient de son intention de reconquérir l'Indochine après la défaite de Hitler et de son allié japonais. Dépités, les résistants Vietnamiens se préparent à de nouvelles luttes.La France reconnaît l'indépendance de la Syrie et du Liban
Le 3 janvier 1944, la France reconnaît la souveraineté de la Syrie et du Liban, qui avaient été placés sous son protectorat vingt-deux ans plus tôt. Dans le Liban à majorité chrétienne, quarante années de prospérité et de paix s'écouleront avant que l'intolérance religieuse ne dilapide l'héritage du protectorat.
Conférence de Brazzaville
Du 30 janvier au 8 février 1944, le gouvernement provisoire du général de Gaulle organise à Brazzaville, capitale de l'AEF (Afrique Équatoriale Française), une réunion destinée à rétablir son autorité dans les colonies françaises d'Afrique.
Le chef de la France Libre prononce à cette occasion un discours où il énonce sa vision de la vocation coloniale de la France et écarte toute idée d'indépendance pour les colonies : « En Afrique française comme dans tous les autres territoires où des hommes vivent sous notre drapeau, il n'y aurait aucun progrès qui soit un progrès, si les hommes, sur leur terre natale, n'en profitaient pas moralement et matériellement, s'ils ne pouvaient s'élever peu à peu jusqu'au niveau où ils seront capables de participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires. C'est le devoir de la France de faire en sorte qu'il en soit ainsi ».
Discours de De Gaulle à Brazzaville (30 janvier 1944)Le gouverneur Félix Éboué, petit-fils d'esclave originaire de Guyane, qui s'est rallié dès 1940 au général de Gaulle, figure parmi les principaux inspirateurs du discours.
Création des FFI
Le 1er février 1944, le Comité français de libération nationale regroupe sous le nom de Forces Françaises de l'Intérieur (F.F.I. ou FFI) tous les mouvements de résistance qui combattent l'occupant allemand sur le sol national. L'objectif est de coordonner leurs actions en vue du débarquement allié sur les côtes françaises, que chacun sait imminent...
L'Affiche rouge
Le 21 février 1944, les murs de Paris se couvrent de grandes affiches rouges qui font état de l'exécution de 23 terroristes membres d'un groupe de FTP (francs-tireurs partisans) dirigé par Michel Manouchian...
La bataille des Glières
Le dimanche 26 mars 1944, sur le plateau des Glières, à 1400 mètres d’altitude, en Haute-Savoie, près de la Suisse, des résistants français se heurtent à un détachement de quelques dizaines d’hommes envoyé en reconnaissance par le commandant allemand du secteur...
La Gestapo investit la maison d'Izieu
Créée en 1943 pour accueillir des enfants juifs clandestins, la Maison d'Izieu, dans le village du même nom, dans l'Ain, est investie le 6 avril 1944 par la Gestapo de Lyon, sous le commandement de Klaus Barbie. Les Allemands arrêtent 44 enfants et leurs sept éducateurs. Seul un adolescent arrive à s'échapper. 42 enfants et cinq adultes seront gazés à Auschwitz-Birkenau. Deux adolescents et le directeur seront fusillés en Estonie. Des sept éducateurs, une seule personne reviendra d'Auschwitz. Barbie, par ailleurs responsable de l'arrestation de Jean Moulin, après une longue cavale en Bolivie, sera condamné pour crime contre l'humanité à Lyon, en 1987.
Bataille du Mont Cassin
Le 17 mai 1944, à la bataille du Mont Cassin, entre Naples et Rome, les goumiers marocains du général Alphonse Juin brisent la résistance des armées allemandes. Cette Armée française de la Libération, constituée essentiellement de pieds-noirs et de musulmans nord-africains, perce la ligne Gustave, une ligne de défense érigée par la Wehrmacht devant laquelle les Anglo-Saxons piétinaient depuis le 17 janvier précédent. Ainsi les Alliés peuvent-ils reprendre leur progression en Italie, dix mois après leur débarquement en Sicile. C'est l'un des principaux faits de gloire de la France Libre pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est toutefois entaché par les nombreuses accusations de viols et d'assassinats portées contre les soldats de cette armée. On déplore aussi la destruction du vénérable monastère du Mont-Cassin par les bombardiers américains lors des différentes batailles qui se déroulèrent autour de celui-ci...
De Gaulle chef du gouvernement provisoire
Le 3 juin 1944, à quelques jours du débarquement allié en Normandie, le général de Gaulle constitue officiellement à Alger le gouvernement provisoire de la République française et en devient naturellement le chef. C'est l'ultime étape avant l'éviction du « régime de Vichy ».
Un an plus tôt, Charles de Gaulle avait quitté son exil londonien et s'était installé à Alger, qui venait d'être débarrassée des autorités vichystes par les troupes anglo-saxonnes. Il avait constitué le 3 juin 1943 un Comité français de libération nationale co-présidé par lui-même et le général Henri Giraud.
Dans les mois suivants, avec l'appui de résistants comme Jean Moulin et Georges Bidault, le chef de la France Libre avait surmonté son conflit de préséance avec le général Giraud, en qui les Américains voyaient un interlocuteur plus malléable, et était enfin devenu le chef incontesté de la Résistance. C'est ainsi qu'il avait pu transformer le Comité en gouvernement provisoire.
Le débarquement de Normandie
Le 6 juin 1944, à l'aube, 4266 navires de transport et 722 navires de guerre s'approchent des côtes normandes avec pas moins de 130 000 hommes, sous la protection de plus de 10 000 avions. Cette opération aéronavale du nom d’« Overlord » (suzerain en français), la plus gigantesque de l'Histoire, était attendue par tous les Européens qui, en Europe occidentale, luttaient contre l'occupation allemande.
Le débarquement est placé sous le commandement du général américain Dwight Eisenhower, assisté des généraux Omar Bradley et George Patton ainsi que du maréchal britannique Bernard Montgomery. L'Abwehr (services secrets allemands) et le feld-maréchal Erwin Rommel, commandant des forces allemandes de Normandie, sont induits en erreur sur le lieu du débarquement par l'opération « Fortitude ». Deux mois après le Jour J (« D Day » en anglais) et le débarquement sur les plages aux noms codés Utah et Omaha (troupes américaines), Gold (troupes britanniques), Juno (troupes canadiennes) et Sword (troupes britanniques), 2 millions d'hommes, 438 000 véhicules et 3 millions de tonnes de matériels ont déjà foulé le sol français et entamé leur progression vers Berlin…
Atrocités nazies à Tulle
Le 9 juin 1944 est un jour de grand deuil pour Tulle. Sous les yeux de la population, 99 otages, des hommes de seize à soixante ans, sont pendus aux réverbères et aux balcons de la ville par les SS de la division Das Reich.
Trois jours après le débarquement des Alliés sur les plages normandes, les troupes d'occupation allemandes veulent de la sorte terroriser la population et dissuader les maquis de la région d'entraver leurs déplacements...
Le martyre d'Oradour-sur-Glane
Le 10 juin 1944, deux ans après le massacre de Lidice, 642 habitants du village d'Oradour-sur-Glane, une bourgade proche de Limoges, sont assassinés dans des conditions abominables par une compagnie de 120 hommes de la division SS Das Reich. Oradour-sur-Glane est devenu en Europe occidentale le symbole de la barbarie nazie...
Débarquement de Provence
Le 15 août 1944, les Alliés débarquent en Provence. Aux côtés des troupes anglo-saxonnes figure un puissant corps d'armée constitué de 120.000 Français Libres (y compris de nombreux soldats des colonies) sous le commandement du général Jean de Lattre de Tassigny. C'est le troisième débarquement après ceux de Sicile et de Normandie...
La Libération de Paris
Le vendredi 25 août 1944, à 15h 30, le général Jacques Philippe Leclerc de Hauteclocque (43 ans) reçoit à Paris, devant la gare Montparnasse, la capitulation des troupes d'occupation de la capitale.
Un peu plus tard, sur le perron de l'Hôtel de Ville, devant une foule enthousiaste et joyeuse, sous un beau soleil estival, le général Charles de Gaulle improvise en des termes flamboyants la Libération de la capitale...
Fin de la bataille des Ardennes
Six mois après le Débarquement de Normandie, Hitler tente le tout pour le tout et ordonne une offensive générale sur le front de l'Ouest pour stopper l'avance américaine et couper le front en direction du port d’Anvers. Déclenchée le 16 décembre 1944 sous les ordres du maréchal Gerd von Runstedt, cette contre-attaque de 20 divisions allemandes surprend les Américains qui doivent se replier pendant quelques jours face aux meilleures troupes allemandes.
Le colonel Otto Skorzeny, qui s'est déjà illustré dans l'enlèvement de Mussolini, a mission de désorganiser les troupes ennemies. Ses hommes, revêtus d'uniformes américains, sont largués sur l'arrière de leurs lignes et chamboulent la signalisation routière avec un certain succès !
Les Américains s'illustrent dans la résistance de Bastogne. Sommé de se rendre, le commandant de la place, le général Anthony McAuliffe répond par un message laconique : « Nuts ! » (« Des clous ! »)
Mais les Allemands manquent de carburant, ne disposent pas de la supériorité aérienne et souffrent qui plus est du froid. Passé l'effet de surprise, ils buttent sur une résistance acharnée des Alliés. La bataille des Ardennes accélère en définitive la chute du IIIe Reich en épuisant ses meilleures unités (plus de 17 000 tués) et laisse Staline reprendre l'initiative à l'Est. Les Américains déplorent 8 000 tués.
Les Français pénètrent en Allemagne
Le lundi 19 mars 1945, à 16h 30, la première armée française commandée par le général Jean de Lattre de Tassigny pénètre en Allemagne à Scheibenhardt (Bas-Rhin) en franchissant la Lauter.
Les Françaises votent pour la première fois
Le 29 avril 1945, les élections municipales donnent l'occasion aux Françaises de voter pour la première fois de leur Histoire. Un demi-siècle après, les Françaises souffrent encore et toujours d'une faible représentation dans les assemblées politiques malgré l'inscription de la parité homme-femme dans la Constitution ! À cela une cause principale : le cumul des mandats, spécifité nationale...
Répression sanglante à Sétif
Le 8 mai 1945, le jour même de la victoire alliée sur le nazisme, de violentes émeutes éclatent à Sétif et Guelma, en Algérie.
Les manifestants sont des Algériens de confession musulmane dont beaucoup se sont battus dans les troupes françaises qui ont libéré l'Italie du fascisme. Ils souhaitent avec le retour de la paix gagner un peu d'autonomie. Parmi eux un lycéen de 16 ans : Kateb Yacine, futur poète algérien...
La répression, d'une grande brutalité, fait 8.000 à 20.000 morts parmi les musulmans. C'est un lointain prélude à la guerre d'indépendance.
Capitulation allemande
Le 8 mai 1945, à 23h01, au lendemain de la capitulation allemande, les combats cessent officiellement dans toute l'Europe.
La Seconde Guerre mondiale n'a fini toutefois qu'avec la capitulation du Japon, le 2 septembre 1945. Les Américains distinguent ainsi le V-E (Victory-Europe) Day, jour de la victoire en Europe et le V-J (Victory-Japan) Day, jour de la victoire sur le Japon...
La France commémore la CapitulationPour des raisons spécieuses, la France est depuis 1981 le seul pays qui commémore par un jour férié et chômé le 8 mai 1945, fin de la guerre en Europe.
Ni les Anglais, ni les Américains ne chôment le 8 mai. Quant aux Russes, c'est le 9 mai qu'ils célèbrent la capitulation de l'Allemagne nazie et la fin de ce qu'ils appellent la « Grande Guerre patriotique », la cessation des combats ayant été enregistrée ce jour-là à Moscou en raison du décalage horaire.
La « Grande Muette » vote !
Le 17 août 1945, les militaires français obtiennent le droit de vote... quelques mois après les femmes ! La « Grande Muette » n'est plus tout à fait muette.
Laval fusillé à Fresnes
Le 15 octobre 1945, Pierre Laval, ancien dirigeant de la gauche pacifiste, est fusillé dans la prison de Fresnes pour crime de collaboration avec l'occupant allemand. Ayant tenté de s'empoisonner dans sa cellule, il est traîné moribond jusqu'au peloton d'exécution.De Gaulle s'en va ! La IVe République s'installe
Le 20 janvier 1946, Charles de Gaulle démissionne de la présidence du gouvernement provisoire. À l'encontre des partis politiques, il réclame un exécutif fort. Contrairement à ses espérances, ses voeux ne seront pas comblés et personne ne viendra le rappeler au pouvoir pour conduire la IVe République...
Accord Hô Chi Minh-Sainteny
Le 6 mars 1946, peu après avoir proclamé l'indépendance du Viêt-nam, Hô Chi Minh signe un accord avec Jean Sainteny, Compagnon de la Libération et commissaire de la République pour le Tonkin et l'Annam du Nord. Par cet accord, la France reconnaît l'indépendance de la République Démocratique du Viêt-nam dans le cadre de l'Union française. Cet accord sera vite rendu caduc sous l'effet de provocations des deux bords...
procès du docteur Petiot
Le 18 mars 1946 débute à Paris le procès du docteur Petiot (49 ans), l'un des plus sinistres criminels en série qui soient. Il a assassiné dans sa cave plusieurs dizaines de personnes qui avaient acheté ses services pour fuir la France occupée…
La République française prend des couleurs
Le 19 mars 1946, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, et la Réunion deviennent des départements d'outre-mer sur un vote à l'unanimité de l'Assemblée nationale française.
Les quatre vieilles colonies ont obtenu cette promotion grâce à l'effort conjoint de leurs députés, Léon Lepervanche et Raymond Vergès (La Réunion), Gaston Monnerville (Guyane), Eberré (Guadeloupe), Bissel et Césaire (Martinique), Aimé Césaire étant le rapporteur de la loi.
Marthe Richard ferme les « maisons closes »
Le 13 avril 1946, la Chambre des députés vote la loi Marthe Richard, du nom de son inspiratrice. Elle impose dans toute la France la fermeture des « maisons closes » (bordels ou maisons de passe). La face cachée de la bourgeoisie balzacienne disparaît pour toujours.
Prostituée à 16 ans puis mariée à un riche industriel, Marthe Richard (1889-1980) mène une vie fantasque. Elle est l'une des premières Françaises à acquérir un brevet de pilote. Elle prétend par ailleurs avoir fait de l'espionnage au service de la France pendant la Grande Guerre. Conseillère municipale de Paris à la Libération en 1945, elle accède à la respectabilité et impose sa loi aux députés et à l'opinion publique...
De Gaulle et le discours de Bayeux
Le 16 juin 1946, à Bayeux, en Normandie, le général Charles de Gaulle formule dans un discours retentissant une critique en règle des institutions de la IVe République...Première édition du festival de Cannes
Irrité par la mainmise hitlérienne et mussolinienne sur la Mostra de Venise, née en 1932, le gouvernement français du Front Populaire décide de créer un festival du cinéma concurrent. Le lieu choisi est Cannes, sur la Côte d'Azur...
Première guerre d'Indochine
Le 19 décembre 1946, le parti communiste vietnamien de Hô Chi Minh, le Vietminh, lance une insurrection générale contre le colonisateur français à Hanoi et dans tout le Tonkin. C'est l'échec de la reprise en main négociée par Jean Sainteny et l'amiral Thierry d'Argenlieu et le début de la première guerre d'Indochine...
Vincent Auriol président de la République
Vincent Auriol (63 ans) devient le 16 janvier 1947 le premier président de la IVe République. Il a été élu peu avant par les deux Chambres réunies en Congrès à Versailles.
Révolte à Madagascar
Le 29 mars 1947, une insurrection éclate à Madagascar. Elle se répand comme une traînée de poudre dans la colonie française.
Le gouvernement envoie à Madagascar des renforts, essentiellement des troupes coloniales (tirailleurs sénégalais) : au total 18.000 hommes début 1948. La répression donne lieu à de nombreux débordements et crimes de guerre : tortures, exécutions sommaires, regroupements forcés, mises à feu de villages...