Hitler devient chancelier de l'Allemagne
Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est appelé à la Chancellerie par le président de la République allemande, le maréchal von Hindenburg...
Incendie du Reichstag
Le 27 février 1933, à Berlin, le Reichstag, siège du Parlement allemand, prend feu, sans doute à l'initiative des SA nazis, commandités par Hermann Göring. Un demi-fou communiste Marinus van der Lubbe est cependant accusé du forfait.
Adolf Hitler, chancelier depuis moins d'un mois, en prend prétexte pour interdire aussitôt le KPD (Kommunistische Partei Deutschlands, parti communiste allemand. 10.000 personnes proches du parti ou opposants avérés aux nazis sont internées dans les nouveaux camps de concentration.
Dès le lendemain est promulgué un «décret pour la protection du peuple et de l'État» qui suspend les libertés fondamentales, donne des pouvoirs de police exceptionnels aux Régions (Länder) et met fin à la démocratie !...
Hitler inaugure le nouveau Reichstag
Sur les conseils de son ministre de la propagande Josef Goebbels, le chancelier Hitler ouvre en grande pompe le nouveau Reichstag (Parlement allemand) dans l'église de Potsdam où repose le grand Frédéric II. La cérémonie a lieu le 21 mars 1933, soit moins d'un mois après l'incendie du Reichstag (Berlin). Ce jour est aussi l'anniversaire de l'ouverture par Bismarck du premier Reichstag du précédent Reich en 1871. Le vieux maréchal-président von Hindenburg, héros de Tannenberg, en a les larmes aux yeux et serre chaleureusement la main du chancelier nazi, qu'il avait précédemment en horreur.
Deux jours plus tard, le 23 mars, l'Assemblée se réunit à Berlin, à l'Opéra Kroll. Elle se voit soumettre par Hitler un « décret d'habilitation » qui projette rien moins que de donner au chancelier un pouvoir législatif exclusif pendant quatre ans, autrement dit le droit de gouverner et légiférer à sa guise sans l'accord des députés !
Ouverture du camp de Dachau
Le 22 mars 1933, Himmler, chef de la police bavaroise, ouvre le camp de Dachau, à côté de Munich. C'est le premier camp de concentration géré par des SS. Il reçoit en premier lieu les suspects politiques.Premier appel au boycott des magasins juifs
Le 1er avril 1933, un mois après sa prise de pouvoir, un comité officieux présidé par Julius Streicher organise un immense boycott des commerces tenus par des Juifs ainsi que des cabinets d'avocats et de médecins juifs. Il veut de la sorte répliquer aux critiques étrangères de la politique allemande, prétendument inspirées par un lobby juif...« Autodafé rituel des écrits juifs nuisibles »
Le 10 mai 1933 au soir, à Berlin, des étudiants nazis escortent, en brandissant des flambeaux, deux camions de livres de la porte de Brandebourg jusqu'à la place de l'Opéra, ou Franz-Josef Platz, face à l'université de Berlin.
Stérilisation des handicapés mentaux
Le 14 juillet 1933 est publiée la loi sur la stérilisation des handicapés mentaux... Cette loi va dans le sens d'un eugénisme en vogue depuis plusieurs décennies dans les milieux «progressistes» occidentaux. Aussi ne soulève-t-elle guère de protestations en Allemagne et dans le reste du monde, mis à part dans le haut clergé allemand.« Nuit des longs couteaux »
Le 30 juin 1934, à Berlin, reste connu comme la « Nuit des longs couteaux ». Avec le concours des SS et de leur chef Himmler, Hitler élimine les extrémistes de son parti, groupés autour d'Ernst Röhm, chef de la Sturm Abteilung (« Sections d'Assaut », SA).
On évalue à 85 le nombre d'assassinats. Parmi les victimes figurent surtout des nazis de la première heure : Ernst Röhm, chef des SA, Karl Ernst, Gregor Strasser... mais aussi l'ex-chancelier Kurt von Schleicher ainsi que des opposants catholiques : Erich Klauser, secrétaire général de l'Action catholique, Edgar Jung, autre dirigeant de l'Action catholique, Adalbert Probst, directeur national de l'Association sportive des Jeunesses catholiques, Fritz Gerlic, directeur de l'hebdomadaire catholique Der gerade Weg.
Hitler devient Reichsführer
Le 2 août 1934 meurt le Reichspresident allemand, le maréchal Paul von Hindenburg (86 ans), « soldat égaré dans la politique » selon ses propres termes. Le chancelier Adolf Hitler fait ériger en l'honneur du héros de Tannenberg un mausolée (il sera détruit en 1945 par les Soviétiques).
Mais il décide également de cumuler sa fonction de chancelier et celle de président avec le titre de Reichsführer. Fort de pouvoirs dictatoriaux, il proclame l'avènement du IIIe Reich allemand. C'est l'aboutissement de la vision nazie de l'État : « Ein Volk, ein Reich, ein Führer » (un Peuple, un État, un Guide).
Plébiscite pro-allemand en Sarre
Le 13 janvier 1935, un plébiscite se déroule en Sarre, une région frontalière entre la France et l'Allemagne qui avait été placée sous contrôle international pendant quinze ans à la signature du traité de Versailles. Le gouvernement français, dès 1934, avait compris le souhait massif des habitants de redevenir Allemands à part entière. Il avait renoncé à plaider pour le statu quo ou le rattachement à la France pour témoigner à Berlin de sa bonne volonté. À une écrasante majorité (447 119 pour le rattachement à l'Allemagne, 46 613 pour le statu quo, 2124 pour le rattachement à la France), les habitants demandent leur réintégration au sein de l'Allemagne... sans prêter attention au fait que celle-ci est depuis deux ans passée sous la botte nazie !
À Berlin, Hitler exulte. Le choix librement exprimé par les Sarrois cautionne son gouvernement, sa propagande et également ses succès économiques. Le Führer annonce peu après que son pays n'a plus de revendication territoriale à l'Ouest. Il renonce officiellement à toute prétention sur l'Alsace-Lorraine ! Ce discours rassure les pacifistes français et européens qui n'en demandaient pas tant.
Hitler rétablit le service militaire
Le samedi 16 mars 1935, profitant de l'atonie du week-end, Adolf Hitler annonce le rétablissement du service militaire obligatoire...
Conférence de Stresa
Le 11 avril 1935, à Stresa, sur le lac Majeur, le président du Conseil français Pierre-Étienne Flandin et son ministre des Affaires étrangères Pierre Laval rencontrent le Duce italien Benito Mussolini ainsi que le Premier ministre britannique Ramsay MacDonald et le ministre des Affaires étrangères britannique Sir John Simon. La conférence de Stresa est provoquée par le rétablissement du service militaire par Hitler, le 16 mars précédent, en violation du traité de Versailles...
La Pologne sur la mauvaise pente
Après la mort du vieux maréchal Pilsudski, le12 mai 1935, la Pologne s'oriente dans une voie franchement nationaliste et même antisémite avec un slogan favori : « Pas de place pour les Juifs en Pologne » !
Des lois pour séparer les Juifs des autres Allemands
Le 15 septembre 1935, à Nuremberg, pendant le congrès du parti nazi, Hitler promulgue un ensemble de lois antisémites qui visent à séparer les citoyens juifs des autres Allemands. ...
Caractéristiques raciales recensées
La loi du 18 octobre 1935 oblige tous les Allemands à faire recenser leurs «caractéristiques raciales».Les Juifs privés de droits
Le 14 novembre 1935, les décrets d'application des lois de Nuremberg définissent comme Juif tout individu «qui est issu d'au moins trois grands-parents juifs et qui appartient à la communauté religieuse juive». Lesdits Juifs perdent leur droits civiques.Hitler réoccupe la Rhénanie
Le 7 mars 1936, Hitler s'élève contre la ratification par les députés français, le 27 février 1936, de l'accord franco-soviétique du 2 mai 1935. Il y voit une violation du pacte de Locarno d'octobre 1925 et en prend prétexte pour remilitariser la rive gauche du Rhin en violation du traité de Versailles de juin 1919. Des détachements symboliques de son armée traversent les ponts du Rhin et entrent dans Cologne, Mayence et Trèves. Pendant ce temps, à Berlin, Hitler tremble que les Français ne s'interposent... On saura plus tard que la seule menace d'une intervention militaire de la France eut suffi à l'arrêter et peut-être entraîner sa chute. Strasbourg est désormais sous le feu des canons allemands. Plus rien ne subsiste des garanties militaires que la victoire de 1918 avait données à la France. « Le 7 mars 1936 était probablement la dernière occasion de porter un coup d'arrêt à la politique du fait accompli du 3ème Reich », écrit l'historien René Rémond.
Hitler ouvre les Jeux de Berlin
Le 1er août 1936, à 16 heures, devant 120 000 spectateurs rassemblés dans le nouveau stade de Berlin, Adolf Hitler ouvre les XIe Jeux Olympiques modernes.
Cette spectaculaire démonstration de prestige du régime nazi, né seulement 3 ans plus tôt, sera immortalisée par la cinéaste Leni Riefenstahl, amie du dictateur, dans un film de propagande, Olympia (titre français : « Les dieux du stade »)...
Pacte anti-soviétique nippo-allemand
Le 25 novembre 1936, l'Allemagne nazie et les généraux qui règnent en maître au Japon signent un pacte anti-soviétique. L'Italie, déçue par l'attitude des Occidentaux après sa conquête de l'Éthiopie, y adhère le 6 novembre 1937. C'est l'amorce d'une alliance entre les trois dictatures.Lecture de l'encyclique Mit brennender Sorge
Le pape Pie XI rédige, avec le concours de son Secrétaire d'État Eugenio Pacelli (futur Pie XII), l'encyclique Mit brennender Sorge (Avec un souci brûlant). Ce texte dénonce avec virulence l'idéologie de la race. Publié en allemand le 14 février 1937, il est lu en chaire le 21 mars 1937 dans les église catholiques d'Allemagne.Exposition : Le Juif éternel
Le 8 novembre 1937, Joseph Goebbels inaugure au musée allemand de Munich la plus grande exposition antisémite jamais réalisée sous le titre : «Le Juif éternel».Le « viol de Nankin »
Le 13 décembre 1937, les Japonais s'emparent de Nankin, capitale provisoire de la République chinoise, gouvernée par Tchang Kaï-chek. La chute de la ville est suivie par de gigantesques massacres de civils (plus de 100.000 victimes)...
Anschluss de l'Autriche
Le 12 mars 1938, Hitler occupe l'Autriche et réalise l'Anschluss (le « rattachement »)...
Les Juifs astreints à déclarer leurs biens
La loi du 26 mars 1938 astreint tous les Juifs du Reich à déclarer leurs biens aux autorités. Le délégué au Plan quadriennal, le Reichmarschall Hermann Goering, peut également disposer de ces biens «conformément aux besoins de l'économie allemande» ! D'avril à novembre 1938, les services du Reich prélèvent ainsi 1 milliard de marks sur les 7 milliards au total déclarés par les Juifs !La Pologne renie ses concitoyens juifs
Le 31 mars 1938, le Parlement polonais vote une loi visant à déchoir de leur nationalité les juifs polonais vivant à l'étranger.Conférence d'Évian
Désemparé face à l'antisémitisme nazi, le président américain Franklin Roosevelt propose une conférence internationale en vue de secourir les Juifs dont ne veulent plus les Allemands. Celle-ci se réunit du 6 au 14 juillet 1938 à l'Hôtel Royal d'Évian, au bord du lac Léman...
Le manifeste de la race
Longtemps rétif à toute mesure antisémite ou raciste, le Duce Mussolini se résout à suivre son allié allemand sur cette pente morbide. Le 14 juillet 1938, il fait publier le Manifeste de la race, qui proclame l'existence des races humaines et l'appartenance des Italiens à la race aryenne ! C'est le signal de départ des mesures de persécution visant les 45.000 juifs italiens.Marquage des cartes d'identité des Juifs
Le 18 août 1938, les Juifs ont obligation de rajouter sur leur passeports les prénoms Sarah ou Israël... C'est l'amorce de l'idée de marquage des Juifs.Les accords de Munich
Le 30 septembre 1938 se clôt à Munich une conférence de la dernière chance. Hitler réclame à ses interlocuteurs Daladier, Chamberlain et Mussolini le droit d'intervenir en Tchécoslovaquie à l'appel de la minorité de langue allemande qui peuple les monts Sudètes. En cédant une nouvelle fois à la menace, les Occidentaux confirment le dictateur allemand dans la conviction que tout lui est permis...J tamponné sur les passeports juifs
Le 7 octobre, les Juifs doivent faire tamponner la lettre J sur leur passeports. Cette mesure est instaurée à la demande des autorités... suisses, désireuses de pouvoir identifier et refouler plus facilement les réfugiés !Les juifs polonais entre deux pays
En octobre 1938, un décret du gouvernement polonais annule les passeports des Polonais émigrés qui n'auront pas obtenu l'autorisation de rentrer avant la fin du mois. Les Allemands craignent de devoir en conséquence garder les juifs polonais installés dans le Reich.La Nuit de Cristal
Le 9 novembre 1938, Joseph Goebbels prend prétexte de l'assassinat d'un diplomate, Ernst vom Rath, pour déclencher avec les sections d'assaut nazies (« Sturm Abteilung » ou SA) le pogrom de la « Nuit de Cristal » (en allemand « Reichskristallnacht » ou « NovemberPogrom »). Son principal objectif est d'accélérer l'exode des Juifs en vue d'un Reich « judenrein » (sans Juifs). Hermann Goering (ou Göring) en profite pour rançonner les Juifs.
Après cela, la « question juive » (en allemand « Judenfrage »), qui était le lot de différents acteurs agissant dans « le sens de la volonté du Führer », reviendra désormais exclusivement à Reinhard Heydrich et Heinrich Himmler, autrement dit aux SS (Schutzstaffel)...
Göring impose aux Juifs une amende d'un milliard
Le 12 novembre 1938, le Reichmarschall Hermann Göring, haut responsable de l'économie allemande, réunit une conférence interministérielle pour décider des suites financières de la Nuit de Cristal. Les Juifs du Reich, déjà victimes d'exactions brutales, sont imposés collectivement d'un milliard de marks au motif de rembourser les dégâts dont eux-mêmes ont été victimes !Hitler prophétise l'extermination de la race juive
Le 30 janvier 1939, tandis que se fait jour l'imminence d'un conflit généralisé, le Führer évoque pour la première fois en public, devant le Reichstag (Parlement allemand), à l'occasion du sixième anniversaire de sa prise de pouvoir, le projet d'exterminer les Juifs et non plus seulement de les chasser, cela dans l'hypothèse où ils menaceraient son projet politique : «Si la juiverie internationale devait réussir, en Europe ou ailleurs, à précipiter les nations dans une guerre mondiale, il en résulterait, non pas la bolchevisation de l'Europe et la victoire du Judaïsme, mais l'extermination de la race juive».Intronisation du pape Pie XII
Le 12 mars 1939, Eugenio Pacelli, élu dix jours plus tôt à la succession de Pie XI, est intronisé pape sous le nom de Pie XII (Pius XII)...
Le bureau central d'émigration juive
Un bureau central d'émigration juive est mis en place le 20 août 1938 sous l'autorité de Stalecker et Eichmann afin d'accélérer l'émigration des Juifs du Reich via la Tchécoslovaquie, la Hongrie et la Suisse.«Qui parle encore de l'anéantissement des Arméniens ?»
Hitler déclare le 22 août 1939 devant ses généraux réunis à l'Obersalzberg : «Gengis Khan a condamné à mort des millions de femmes et d'enfants, en toute conscience et d'un coeur léger. L'histoire ne se souvient que du grand fondateur d'État. (...) l'objectif de la guerre ne sera pas d'atteindre une ligne donnée mais d'anéantir physiquement l'adversaire. C'est pourquoi j'ai disposé - pour l'instant seulement à l'Est - mes unités à tête de mort ; elles ont reçu l'ordre de mettre à mort sans merci et sans pitié beaucoup d'hommes, de femmes et d'enfants d'ascendance et de langue polonaises. C'est la seule manière pour nous de conquérir l'espace vital dont nous avons besoin. Qui parle encore, aujourd'hui, de l'anéantissement des Arméniens ?»Le pacte germano-soviétique
Le 23 août 1939, le monde apprend avec stupéfaction la signature au Kremlin, à Moscou, d'un pacte germano-soviétique de «non-agression» entre Molotov et Joachim von Ribbentrop, représentants respectifs de Staline et Hitler...
La Wehrmacht envahit la Pologne
Le 1er septembre 1939, la Wehrmacht se rue à l'attaque de la Pologne. C'est le début de la Seconde Guerre mondiale...Élimination des handicapés mentaux
L'élimination des handicapés prend effet avec une instruction secrète d'Hitler qui ordonne «d'accorder la délivrance par la mise à mort [Gnadentod] des malades qui, dans les limites du jugement humain et après un examen médical approfondi, auront été déclarés incurables» (cette définition est celle de l'euthanasie active).Déclaration de guerre à l'Allemagne
Le 3 septembre 1939, suite à l'agression de la Pologne, la Grande-Bretagne puis la France déclarent la guerre à l'Allemagne. Les hommes répondent sans joie mais avec détermination à l'ordre de mobilisation. Certains pacifistes manifestent néanmoins leurs réticences, tel le député socialiste Marcel Déat qui publie le 4 mai 1939 un article intitulé : « Faut-il mourir pour Dantzig ? ».
La Wehrmacht ayant violé les frontières de la Pologne, Londres envoie un ultimatum à Berlin en suggérant une ultime conférence internationale ! Hitler dédaignant de répondre, la guerre est de facto déclarée à l'expiration de l'ultimatum, le 3 septembre à 11 heures. Le Président du Conseil français Édouard Daladier et son ministre des affaires étrangères Georges Bonnet demandent au président de la République Albert Lebrun de déclarer à son tour la guerre au nom des engagements internationaux de la France (et sans consulter le Parlement). C'est chose faite à 17h.
Les troupes franco-anglaises, sous le commandement du général Maurice Gamelin (68 ans), ancien vainqueur de la Marne aux côtés de Joffre, ne profitent pas de ce que le front occidental est dégarni, la Wehrmacht étant presque toute entière occupée à envahir la Pologne. Les soldats se tiennent l'arme au pied derrière la ligne Maginot et traînent leur ennui, au grand désespoir des Polonais. C'est la « drôle de guerre », d'après une expression de Roland Dorgelès. Elle prendra fin dans des conditions tragiques le 10 mai 1940 avec l'invasion allemande.
Premier massacre de civils polonais
Le 3 septembre 1939, des soldats polonais fuyant l'avance allemande tuent, semble-t-il, des Allemands de la ville de Bromberg. Le Reichsführer Himmler, chef des SS, saute sur l'occasion pour encourager ses Einsatzgruppen à fusiller immédiatement les rebelles polonais mais aussi les otages et les responsables de l'administration du pays ennemi. Les unités de la SS et de la police entament sans attendre le massacre des élites polonaises et des Juifs. C'est le prélude du «génocide par balles» qui va faire plusieurs millions de victimes à l'Est de l'Europe.Les Soviétiques envahissent la Pologne
Le 17 septembre 1939, deux semaines après les armées allemandes, les armées soviétiques entrent à leur tour en Pologne. Staline et Hitler se partagent le malheureux pays en vertu d'une clause secrète du pacte germano-soviétique signé le 24 août 1939. La France et l'Angleterre, qui s'étaient engagées à secourir la Pologne, restent l'arme au pied,... en attendant leur tour.Partage de la Pologne
Le 28 septembre 1939, au lendemain de la conquête de Varsovie par les troupes allemandes, Hitler et Staline signent un traité pour le partage de la Pologne. Ce n'est jamais que la quatrième fois en deux siècles que ce pays fait l'objet d'un partage entre ses dangereux voisins.Attentat de Georg Elser contre Hitler
Le soir du 8 novembre 1939, à Munich, dans la brasserie Bürgerbräukeller, Hitler fête l'anniversaire de son putsch raté de 1923. Ce putsch lui avait valu d'être incarcéré pendant plusieurs mois. Par une chance inouïe, il va échapper à 13 minutes près à une bombe destinée à le tuer...
Hitler envahit la Belgique
Le 10 mai 1940, sept mois après la déclaration de guerre de la France et de l'Angleterre à l'Allemagne, celle-ci rompt le front occidental.
Conformément au plan audacieux du général Erich von Manstein, le Führer porte son principal effort dans les Ardennes, une région montagneuse qui n'est pas protégée par la ligne Maginot et que le généralissime Gamelin n'a pas cru nécessaire de défendre...
Churchill Premier ministre contre Hitler
Le 10 mai 1940, tandis que les armées de Hitler rompent le front de l'ouest, Winston Churchill devient Premier ministre de Grande-Bretagne. Il remplace à ce poste Neville Chamberlain, qui s'est déconsidéré par ses hésitations et ses reculades face au Führer.
Trois jours plus tard, le 13 mai 1940, Winston Churchill lance à l'adresse des députés et de ses concitoyens : «Je n'ai à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur !...»
Plan Madagascar
Le 15 août 1940, les services de sécurité de Heydrich (RSHA) publient un plan signé Eichmann et Dannecker, qui prévoit de déporter en quatre ans tous les Juifs du Reich à Madagascar pour les y laisser mourir à petit feu. Ce plan Madagascar sera abandonné lorsque s'évanouira l'espoir d'une victoire rapide sur l'Angleterre.«Ordre sur les commissaires»
Le 6 juin 1941, avant même l'invasion de l'URSS, Keitel autorise par avance l'armée allemande à fusiller sans jugement les commissaires politiques de l'Armée rouge.La Wehrmacht envahit l'URSS
Le 22 juin 1941, à 4 heures du matin, Staline est réveillé par un coup de fil du général Joukov dans sa datcha des environs de Moscou : «C'est la guerre !»
Les troupes allemandes viennent de pénétrer en Union soviétique. Cette guerre non déclarée survient un an jour pour jour après l'armistice franco-allemand...
Préparatifs de la Solution finale
Le 31 juillet 1941, le Reichmarschall Hermann Göring prévient Reinhard Heydrich, chef des services de sécurité (RSHA) de «faire tous les préparatifs nécessaires... à la mise en oeuvre de la Solution finale de la question juive dans la sphère germanique de l'Europe».Mgr von Galen dénonce le massacre des innocents
Le 3 août 1941, Monseigneur von Galen, évêque de Munster, dénonce en chaire le meurtre organisé des handicapés par les nazis au nom de l'eugénisme (nom de code de l'opération : « Aktion T4 »). C'est la première fois qu'une personnalité allemande s'en prend publiquement à la politique de Hitler. Le fait est d'autant plus remarquable qu'il survient quelques semaines après l'entrée en guerre de l'Allemagne contre l'URSS.
La Charte de l'Atlantique
Le 14 août 1941, le président des États-Unis Franklin Delano Roosevelt et le Premier ministre britannique Winston Churchill se rencontrent à bord du navire de guerre Prince of Wales «quelque part en mer», au large de Terre-Neuve. Ils proposent une série de principes moraux devant guider les puissances démocratiques et garantir le rétablissement durable de la paix...
Suspension de l'action «Aktion T4»
Le 24 août 1941, contraint par la résistance active des catholiques allemands, Hitler se résigne à suspendre l'«Aktion T4» (élimination des handicapés mentaux).Les Japonais attaquent Pearl Harbor
Au matin du dimanche 7 décembre 1941, des nuées d'avions japonais attaquent par surprise la flotte de guerre américaine basée à Pearl Harbor, dans les îles Hawaï. Trois heures plus tard, le gouvernement japonais transmet à son homologue américain une déclaration de guerre en bonne et due forme...
Ordonnance «Nacht und Nebel»
Le 7 décembre 1941, l'ordonnance «Nacht und Nebel» (Nuit et Brouillard) autorise la Gestapo à s'emparer de tout individu accusé d'atteinte à la sûreté de l'État et à le faire disparaître d'une façon ou d'une autre.Mise au point de la « Solution finale »
Le 20 janvier 1942, mise au point de la « Solution finale » à la conférence de Wannsee par Reinhard Heydrich, le chef des services de sécurité allemands - la Sicherheitspolizei (SD) et le Reichsicherheits-Hauptamt (RSHA) -, en présence de dignitaires et hauts fonctionnaires nazis (Adolf Eichmann). Ils mettent au point la déportation des Juifs de l'ouest de l'Europe vers les camps d'extermination situés en Pologne...
Rawa-Ruska, le camp de la mort lente
Le 13 avril 1942, deux mille prisonniers de guerre français entraient dans le camp de représailles de Rawa-Ruska (ou Ravaruska). Ils furent bientôt suivis de nombreux autres...
Le martyre de Lidice
Le 10 juin 1942, un détachement de SS pénètre dans le village tchèque de Lidice, sous le commandement du Standartenführer Max Rostock. 263 adultes, dont 71 femmes, sont fusillés près d'une ferme. 198 autres sont déportés à Ravensbrück. Parmi les 98 enfants, une partie sont dispersés dans des orphelinats et les autres envoyés au camp d'extermination de Chelmno (16 seulement survivront à ces épreuves). Le village est pour finir incendié et rasé, y compris le cimetière !
Cet acte de barbarie fait suite à l'assassinat de Reinhard Heydrich, « protecteur du Reich » en Bohême-Moravie, par des résistants tchèques commandités par Londres, deux semaines plus tôt. Deux ans plus tard, jour pour jour, un autre village, Oradour-sur-Glane, connaîtra le même sort.
Rafle du Vél d'Hiv
Le 16 juillet 1942 a eu lieu la rafle du Vél d'Hiv. Sous le nom de code « Vent printanier », les Allemands ont projeté d'arrêter un grand nombre de Juifs dans toute l'Europe occupée. À Paris, 7 000 policiers et gendarmes arrêtent ainsi 13 000 Juifs, y compris 4 000 enfants que les nazis n'avaient pas formellement réclamés. Quelques jours après, tous sont convoyés vers les camps d'extermination. Quelques dizaines en reviendront.
Il a fallu attendre le 16 juillet 1995 pour qu'à la faveur d'un émouvant discours, le président Jacques Chirac, reconnaisse officiellement « que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français »....
Et puis, il y a la phrase malheureuse qui est la seule que l’on va en définitive retenir de ce discours plutôt bien enlevé dans l’ensemble : « La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. » Robert Badinter, l’ancien garde des sceaux de François Mitterrand, interrogé par Jacques Semelin le 28 avril 2021, s’en indigne : « Le discours de Chirac est plein d’émotion, littérairement accompli, nommant avec des mots forts la souffrance des Juifs, leur persécution et leur déportation. Mais sur le plan juridique et politique, il ne résiste pas à l’analyse ». Il y manque deux mots : « de Vichy », car c’est de « la France de Vichy » qu’il eut fallu parler et non de la France tout court car celle-là, dans les villages et les villes, protégeait tant bien que mal les juifs ; c’était aussi bien évidemment celle-là qui à Londres et Bir Hakeim, menait le combat contre le Mal...
Suicide d'Adam Czerniakow, président du ghetto de Varsovie
Le 22 juillet 1942, les Allemands demandent à Adam Czerniakow, président du ghetto de Varsovie, une liste d'enfants en vue de les transférer vers l'Est, dans des camps de travail (c'est le motif officiel).La bataille d'El-Alamein
Le 23 octobre 1942, l'Afrikakorps du maréchal Rommel recule à El-Alamein devant la VIIIe armée britannique du général Montgomery.
C'est le premier coup d'arrêt infligé à l'armée allemande après une guerre éclair qui lui a valu d'occuper la plus grande partie de l'Europe continentale et du bassin méditerranéen. Il a été rendu possible par l'héroïque résistance d'une brigade française à Bir Hakeim, au sud du dispositif britannique...
Les Allemands capitulent à Stalingrad
Le 31 janvier 1943, le maréchal Friedrich Paulus signe la capitulation de la VIe armée allemande à Stalingrad...
Cette métropole industrielle russe située sur la Volga avait renoncé en 1925 à son nom : Tsaritsyne, pour celui du dictateur soviétique ; en 1961, dans le cadre de la déstalinisation voulue par Khrouchtchev, la ville avait changé son nom pour Volgograd, la «ville de la Volga»...
De nombreuses voix s'élèvent en ce début de XXIe siècle pour qu'elle reprenne le nom sous lequel elle s'est illustrée pendant la «grande guerre patriotique» (1941-1945) , fût-il celui d'un dictateur sanguinaire...
Décapitation de la « Rose blanche »
Le 22 février 1943, l'étudiante allemande Sophie Scholl, son frère Hans et leur ami Christoph Probst sont guillotinés pour s'être rendus coupables de résistance au nazisme. Ils avaient formé un mouvement clandestin dénommé La Rose blanche et distribué des tracts dans leur établissement...
Cri d'amour dans la Rosenstraße
Le 27 février 1943, les nazis raflent à Berlin les derniers Juifs de la ville. Il s'agit pour la plupart d'hommes mariés à des femmes de souche « aryenne ». Ils attendent dans un bâtiment de la Rosenstraße d'être déportés dans un camp d'extermination. Mais leurs épouses vont obliger le pouvoir à faire marche arrière...
Découverte du charnier de Katyn
Le 13 avril 1943, la radio allemande annonce la découverte d'un charnier à Katyn, dans une forêt de Biélorussie. Il s'agit des restes de 4.143 officiers polonais, délibérément exécutés par les Soviétiques lorsque ceux-ci, conformément au pacte germano-soviétique, s'étaient emparés en 1939-1940 de la partie orientale du pays. Pendant plusieurs décennies, niant l'évidence, les communistes persisteront à rejeter le crime sur les nazis. Il faudra attendre 1990 pour que les Soviétiques, par la voix de Mikhaïl Gorbatchev, assument la paternité du massacre...
En 2007, le cinéaste Andrzej Wajda a tiré un film témoignage remarquable de ce drame dont son propre père a été l'une des victimes.
Soulèvement du ghetto de Varsovie
Le 19 avril 1943, les 60 000 juifs qui subsistent dans le ghetto de Varsovie se soulèvent contre les SS du général Jürgen Stroop, qui a reçu de Hitler l'ordre de les exterminer. Leur combat sans espoir durera jusqu'au 16 mai 1943. Tous seront dirigés vers les camps d'extermination sauf 7 000 d'entre eux, morts les armes à la main ou qui se seront suicidés comme leur chef, le jeune Mordechai Alinewicz...
Marche de la mort à Auschwitz-Birkenau
Le 18 janvier 1945, 3.000 prisonniers de Birkenau sont poussés vers l'ouest par les SS désireux d'échapper aux Soviétiques. Une poignée de rescapés seront libérés par l'Armée rouge le 9 mai 1945, au terme de cette «marche de la mort» de 498 kilomètres!Libération du camp d'Auschwitz-Birkenau
Le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques découvrent le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, à l'ouest de Cracovie (Pologne). Elles sont accueillies par 7000 détenus survivants et ont la révélation de la Shoah. Les journaux du lendemain restent néanmoins muets sur cet événement et l'opinion publique mondiale ne prendra la mesure de la tragédie que bien après la fin de la Seconde Guerre mondiale...
Le pasteur Dietrich Bonhoeffer assassiné
Le 9 avril 1945, quelques semaines avant la capitulation de l'Allemagne nazie, le pasteur allemand Dietrich Bonhoeffer (39 ans) est pendu dans sa cellule pour avoir dénoncé dès le début la dictature hitlérienne. Il avait aussi tenté d'ouvrir des négociations avec les Alliés par l'intermédiaire de protestants suédois. On lui doit cette formule : « Celui-là seul qui crie en faveur des juifs a le droit de chanter du grégorien ».
Conférence de San Francisco
Le 25 avril 1945 s'ouvre la conférence de San Francisco. Les représentants des nations libres élaborent la charte de l'Organisation des Nations Unies (ONU). Le même jour, les armées américaines et soviétiques font leur jonction à Berlin. C'est pratiquement la fin des combats en Europe.
Suicide de Hitler
Le 30 avril 1945, Adolf Hitler se suicide dans son bunker de Berlin. Il s'administre du poison. Sa maîtresse Eva Braun l'accompagne dans la mort après avoir conclu avec lui un engagement de mariage. Les derniers fidèles du Führer ont soin de brûler les corps afin qu'ils ne tombent pas entre les mains des Soviétiques. Une semaine plus tard est signée à Reims la capitulation des armées allemandes. C'est la fin dramatique et sans gloire du IIIe Reich...
Capitulation allemande
Le 8 mai 1945, Ã 23h01, au lendemain de la capitulation allemande, les combats cessent officiellement dans toute l'Europe.
La Seconde Guerre mondiale n'a fini toutefois qu'avec la capitulation du Japon, le 2 septembre 1945. Les Américains distinguent ainsi le V-E (Victory-Europe) Day, jour de la victoire en Europe et le V-J (Victory-Japan) Day, jour de la victoire sur le Japon...
La France commémore la CapitulationPour des raisons spécieuses, la France est depuis 1981 le seul pays qui commémore par un jour férié et chômé le 8 mai 1945, fin de la guerre en Europe.
Ni les Anglais, ni les Américains ne chôment le 8 mai. Quant aux Russes, c'est le 9 mai qu'ils célèbrent la capitulation de l'Allemagne nazie et la fin de ce qu'ils appellent la « Grande Guerre patriotique », la cessation des combats ayant été enregistrée ce jour-là à Moscou en raison du décalage horaire.
Fondation de l'ONU
Le 26 juin 1945, à San Francisco, les représentants de 51 pays fondent l'Organisation des Nations Unies (ONU) conformément aux principes de la Charte de l'Atlantique (1941).
La nouvelle institution remplace la Société des Nations (SDN), née en 1920 des suites de la Première Guerre mondiale et établie à Genève. Son siège est fixé à New York, au bord de l'East River, dans la métropole de la principale puissance mondiale...
Une bombe atomique sur Hiroshima !
Le 6 août 1945, la ville japonaise d'Hiroshima est détruite par une bombe atomique, ou bombe à l'uranium 235, de quatre tonnes et demi. Elle a été larguée par le bombardier B-29 du colonel Paul Tibbets. La veille, il avait donné à son appareil le nom de sa mère, Enola Gay, et surnommé son terrifique chargement Little Boy. Cette attaque sans précédent fait 70 000 morts et des dizaines de milliers de blessés dont beaucoup mourront des années plus tard...
Définition du «crime contre l'humanité»
L'accord de Londres du 8 août 1945, qui établit les statuts du Tribunal de Nuremberg, définit le crime contre l'humanité de façon évasive comme «l'assassinat, l'extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout autre acte inhumain commis contre toutes les populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux».Verdict du procès de Nuremberg
Le 1er octobre 1946 est rendu le verdict du procès ouvert à Nuremberg (Nürnberg).
Les quatre juges du Tribunal représentent les quatre pays vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale : États-Unis, URSS, Grande-Bretagne et France (le juge français s'appelle Henri Donnedieu de Vabres).
Sont condamnés à la pendaison Göring, von Ribbentrop, Keitel, Kaltenbrunner, Rosenberg, Frank, Frick, Streichner, Sauckel, Jodl, Seyss-Inquart et Bormann (en fuite ou disparu). Hess, Funk, Dönitz, Raeder, von Schirach et Speer sont condamnés à la prison. Schacht, von Papen et Fritzche sont acquittés.
Une seconde vague de procès a lieu l'année suivante à l'initiative des Américains seuls. L'un d'eux juge les responsables des Einsatzgruppen de la Schutzstaffel (SS). Il débouche le 10 avril 1948 sur la condamnation à mort de 14 inculpés (4 seront effectivement exécutés : Ohlendorf, Naumann, Blobel, Braune)...
Définition du «génocide»
Lors de la première session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le 11 décembre 1946, la résolution 96 définit le «génocide» comme «un déni du droit à la vie des groupes humains», que ces «groupes raciaux, religieux, politiques et autres, aient été détruits entièrement ou en partie».