Mme Caillaux tire sur Gaston Calmette
Le 16 mars 1914, Henriette Caillaux tue Gaston Calmette, directeur du Figaro, par crainte que son passé sentimental soit étalé sur la place publique.
Ce coup de revolver est le premier d'une série de trois qui entraîneront la France et l'Europe dans la plus grande tragédie de leur Histoire (le second tuera l'archiduc Ferdinand à Sarajevo, le 28 juin, et le troisième aura raison de Jean Jaurès à Paris, au café du Croissant, le 31 juillet de la même année)...
Naufrage de l'Empress of Ireland
Le 29 mai 1914, à 1h45 du matin, le paquebot Empress of Ireland sombre en quinze minutes au large de Rimouski, dans l'estuaire du St-Laurent (province de Québec). Il a été éperonné en plein brouillard par le charbonnier norvégien Storstad.
Moins médiatique que le naufrage du Titanic, la catastrophe n'en fait pas moins 1012 victimes sur 1477 personnes à bord... Notons que l'un des survivants du Empress avait également survécu au naufrage du Titanic en 1912 !
Assassinat d'un archiduc à Sarajevo
Le 28 juin 1914, l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d'Autriche-Hongrie, est assassiné à Sarajevo par un nationaliste serbe. Cet attentat est le prétexte que vont utiliser quelques semaines plus tard les grandes puissances européennes pour s'entredévorer...Course à la guerre
Le 5 juillet 1914, l'empereur allemand Guillaume II assure l'émissaire du gouvernement austro-hongrois de son soutien en cas de conflit avec la Serbie. C'est le début de la course à la Grande Guerre...La France adopte l'impôt sur le revenu
Le président de la République Raymond Poincaré obtient de la majorité parlementaire, hostile à la guerre, qu'elle renonce à abroger la loi du 19 juillet 1913 prolongeant le service militaire à trois ans.
En échange, il lui concède l'impôt progressif sur le revenu. Il est adopté par la Chambre des députés le 15 juillet 1914...
Poincaré et Viviani en croisière
Le président de la République française Raymond Poincaré et le président du Conseil René Viviani partent pour un voyage de deux semaines en Russie et dans les pays scandinaves, avec l'intention de renforcer l'alliance franco-russe.Ouverture du procès Caillaux
L'épouse du ministre des Finances comparaît devant les assises de la Seine pour le meurtre du directeur du Figaro...Ultimatum de Vienne à la Serbie
Un mois après l'attentat de Sarajevo, Vienne remet une note au gouvernement serbe le 23 juillet Elle ne menace la Serbie d'aucune annexion mais en dix points exige de Belgrade l'engagement public de ne plus soutenir les menées terroristes en Bosnie. Elle exige aussi que soient recherchés les responsables serbes de l'attentat de Sarajevo et souhaite que des fonctionnaires austro-hongrois participent à l'enquête.
Le gouvernement serbe a 48 heures pour répondre à ces dix points. Il se dispose à les accepter quand le tsar de Russie s'immisce dans le différent. Sur son intervention, Belgrade rejette l'ultimatum de Vienne... La guerre devient inéluctable.
Ultimatum de Vienne à la Serbie
La note de Vienne est remise au gouvernement serbe le 23 juillet, le jour même où Raymond Poincaré et René Viviani s'embarquent pour le voyage du retour en France. Elle ne menace la Serbie d'aucune annexion mais en dix points exige de Belgrade l'engagement public de ne plus soutenir les menées terroristes en Bosnie. Elle exige aussi que soient recherchés les responsables serbes de l'attentat de Sarajevo et souhaite que des fonctionnaires austro-hongrois participent à l'enquête. Le gouvernement serbe a 48 heures pour répondre à ces dix points. Il est disposé à les accepter. Mais le tsar de Russie s'immisce dans le différent et, sur son intervention, Belgrade rejette l'ultimatum de Vienne.Poincaré soutient le tsar
Le 27 juillet 1914, soucieux de préserver à tout prix l'alliance franco-russe, le président français Raymond Poincaré donne au tsar Nicolas II l'assurance de «seconder entièrement, dans l'intérêt de la paix générale, l'action du gouvernement impérial». Fort de cette assurance, le tsar engage la mobilisation générale en Russie. Elle sera à l'origine directe de la conflagration.Vienne déclare la guerre à la Serbie
L'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie et l'envahit aussitôt. La Russie s'émeut de l'attaque d'un pays ami. Sazonov, ministre des Affaires étrangères, obtient de Paléologue, ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg, l'assurance que Paris sera solidaire de Saint-Pétersbourg en cas de conflit. À Paris, les journaux sont accaparés par le procès d' Henriette Caillaux. La femme du ministre des Finances avait tué quelques mois plus tôt le directeur du Figaro. Elle est acquittée ce jour-là mais son mari, qui prêchait la conciliation avec l'Allemagne, se trouve éliminé pour longtemps de la scène politique.Mobilisation de l'armée russe
Le tsar Nicolas II, pressé par son état-major, décrète la mobilisation générale. Dès le 25 juillet, le Conseil des ministres, sous la pression du ministre des Affaires étrangères Sergueï Sazonov, avait préconisé des mesures préparatoires à la guerre et une « mobilisation partielle » dirigées prioritairement contre l'Allemagne, désignée comme l'instigatrice du conflit. L'affrontement entre l'Allemagne et la Russie était alors devenu quasi-inéluctable.Assassinat de Jean Jaurès
Le soir du 31 juillet 1914, Jean Jaurès est tué d'un coup de revolver dans le café du Croissant, rue Montmartre, à Paris (2e arrondissement), alors qu'il dînait avec deux collaborateurs, Jean Longuet et Pierre Renaudel...
Début de la Grande Guerre
Le samedi 1er août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie. À 4 heures de l'après-midi, tous les clochers de France font entendre un sinistre tocsin. C'est la mobilisation générale...
Premiers morts de la Grande Guerre
Le dimanche 2 août 1914, à Joncherey, sur le territoire de Belfort, le caporal français Jules Peugeot, du 44e RI, et le sous-lieutenant allemand Albert Mayer, du 5e régiment de chasseurs à cheval basé à Mulhouse, échangent des coups de feu. Ils tombent l'un et l'autre avant même la déclaration de guerre.Berlin déclare la guerre à la France
Le 3 août 1914, l'Allemagne de Guillaume II, déjà en guerre depuis deux jours avec la Russie, déclare la guerre à la France et à la Serbie. Elle envahit dès le lendemain la Belgique en vertu du plan Schlieffen. La Grande-Bretagne, à son tour, déclare le lendemain la guerre à l'Allemagne au motif que celle-ci a violé la neutralité de la Belgique. C'est le début de la Grande Guerre.
Défaits dans la « bataille des frontières », les Français commandés par Joseph Joffre lancent la contre-offensive de la Marne, à l'initiative de Joseph Gallieni, gouverneur militaire de Paris. Il s'ensuit la « course à la mer ». Le front se stabilise dans la boue et les tranchées...
Invasion de la Belgique
À l'aube du 4 août 1914, deux divisions allemandes de 60.000 hommes franchissent la frontière germano-belge à Gemmenich. Elles se dirigent vers Liège, première place fortifiée de Belgique, sur les bords de la Meuse...
L'Angleterre entre dans la guerre
Le chancelier allemand Bethmann-Hollweg ayant qualifié de «chiffon de papier» le protocole de 1831 qui garantit la neutralité belge, ses troupes entrent en force en Belgique. L'Angleterre, qui considérait n'avoir rien à faire d'un conflit entre continentaux, ne tolère pas l'invasion d'un pays auquel la lient d'étroites relations politiques et économiques. Le jour même, elle déclare à son tour la guerre à l'Allemagne. C'est une amère surprise pour l'empereur d'Allemagne, petit-fils de la défunte reine Victoria, qui avait espéré que Londres resterait à l'écart du conflit.Vienne déclare la guerre à la Russie
La « bataille des frontières »
Les Français imaginent comme les Allemands une guerre fulgurante et croient encore aux vertus de la cavalerie. Le commandant en chef des armées du nord et de l'est Joseph Joffre applique le plan XVII concocté en 1913, qui prévoit une offensive dans les Ardennes et en Lorraine. Mais il est pris de court par l'offensive allemande en Belgique. Conformément au plan Schlieffen, les Allemands repoussent Belges et Français sur tous les fronts. Joffre organise toutefois une retraite générale en bon ordre.
Ouverture du canal de Panama
Le 15 août 1914 a lieu dans la discrétion l'ouverture officielle du canal de Panama. L'Europe, qui vient d'entrer dans la plus effroyable guerre de son Histoire, est indifférente à la portée de cet événement attendu depuis plusieurs décennies...Offensive russe en Prusse orientale
Deux armées russes d'un total de 650.000 hommes envahissent la Prusse orientale, vers Königsberg et Dantzig. Ils remportent une nette victoire le 20 août à Gumbinnen. Mais leur élan sera brisé à Tannenberg quinze jours plus tard, le 30 août suivant.Massacres à Morhange, Charleroi et Rossignol
Le 22 août 1914 est la journée la plus meurtrière de la « bataille des frontières » par laquelle débute la Première Guerre mondiale. C'est aussi la journée la plus meurtrière de la Grande Guerre et de toute l'Histoire militaire de la France...
Le Japon dans la Grande Guerre
L'empire du Japon entre dans la guerre par pur opportunisme, en vue de s'emparer des possessions allemandes d'Extrême-Orient. Il occupe dès novembre la concession allemande de Qindao (Chine) puis, un peu plus tard, les îles Marianne. Tout cela sans perte humaine ou presque. Le Japon est le vainqueur le plus heureux de la Grande Guerre (et le seul empire à lui survivre).
« Situation inchangée de la Somme aux Vosges »
Par ce mémorable communiqué du Grand Quartier Général daté du 29 août 1914, au premier mois de la Grande Guerre, les Français découvrent avec stupeur que leur pays a été envahi et que leurs armées battent en retraite sur tous les fronts. Jusque-là, tous les communiqués du quartier général du général Joffre laissaient supposer que l'offensive allemande était contenue, voire stoppée !... Ainsi la guerre moderne amenait-elle avec elle la propagande et le mensonge.
Les Russes défaits à Tannenberg
Le 30 août 1914, moins d'un mois après le début de la Première Guerre mondiale, victoire surprise des Allemands sur les Russes à Tannenberg.
Le général Paul von Hindenburg (67 ans) a quitté sa retraite pour prendre en catastrophe la tête de la IIe Armée, assisté du général Erich Ludendorff. Ils ont attaqué séparément et battu l'armée du général Samsonov et celle du général Rennenkampf...
Premier bombardement aérien
Le 30 août, Paris connaît le premier bombardement aérien de l'Histoire : un modeste monoplan allemand survole la ville et largue une banderole avec la mention : «Parisiens, rendez-vous, les Allemandssont à vos portes» ainsi que quelques bombes qui ont fait deux morts !Le gouvernement français à Bordeaux
La première bataille de la Marne
Le 6 septembre 1914, un mois après la percée allemande en Belgique, le général Joseph Joffre et le général Joseph Gallieni, gouverneur militaire de Paris, lancent sur le flanc ennemi la VIe armée du général Maunoury. Celle-ci oblige les généraux von Kluck et von Bülow à battre en retraite vers l'Aisne.
Grâce à cette contre-offensive de la Marne, les Français échappent à une défaite sans rémission (une seconde bataille de la Marne aura lieu à la fin de la guerre, en juillet 1918).
Course à la mer
Du 17 septembre au 17 novembre 1914, les troupes allemandes et françaises tentent de se déborder l'une l'autre par l'ouest. C'est la « course à la mer ». Mais personne n'arrive à percer le front. Épuisées et meurtries, les troupes allemandes creusent des tranchées et s'y terrent pour éviter de reculer davantage. Les troupes françaises font de même. Le front va dès lors se stabiliser pendant près de quatre longues années...La cathédrale de Reims est bombardée
Le 4 septembre 1914, un mois après le début de la Grande Guerre, les Allemands entrent sans combat dans le fort de la Pompelle, érigé à l'orée de Reims dans les années 1880 et... désarmé en 1913. De cette position, les canons bombardent la ville. Le 19 septembre 1914, la cathédrale Notre-Dame elle-même est touchée. Sa charpente prend feu et le plomb de la toiture entre en fusion. L'édifice va manquer de disparaître. La contre-offensive de la Marne permet aux Français de reprendre le fort dès le 24 septembre 1914 mais jusqu'à la fin de la guerre, quatre ans plus tard, la ville et sa cathédrale n'en finiront pas d'être touchées par des obus. Grâce à un don de John Rockefeller, la cathédrale sera reconstruite dans les années 1920 par l'architecte Henri Deneux, qui concevra pour l'occasion une ingénieuse charpente en « ciment armé ».
Au-dessus de la mêlée
L'écrivain Romain Rolland (48 ans) s'étant retiré en Suisse dès le début de la guerre, il publie le 22 septembre 1914 dans Le Journal de Genève un article lucide : Au-dessus de la mêlée, dans lequel il plaide pour la paix et la sauvegarde de la culture occidentale, ce qui lui vaut le reproche de trahir son pays. Prix Nobel 1916.Albert 1er engage la bataille de l'Yser
Le 16 octobre 1914, après s'être emparée d'Anvers, la IVe armée allemande se heurte aux débris de l'armée belge commandés par le roi Albert 1er (39 ans) en personne, sur les bords de l'Yser...
Première bataille d'Ypres
Dans le cadre de la « course à la mer », la VIe armée allemande tente une première offensive dans les Flandres, sur le saillant d'Ypres. Mais cette première offensive dans les Flandres est repoussée le 20 octobre 1914 par le corps expéditionnaire britannique du général John French (il sera fait 1er comte d'Ypres).
La Royal Navy humiliée à Coronel
Le 1er novembre 1914, tandis que vient de débuter la Première Guerre mondiale, cinq navires allemands, sous les ordres de l'amiral comte Maximilian von Spee, défient l'escadre anglaise de l'amiral Cradock réfugiée dans le port de Coronel, au Chili...La Turquie entre dans la guerre
Le 1er novembre 1914, l'empire ottoman (la Turquie) entre en guerre aux côtés des Puissances Centrales (Allemagne et Autriche-Hongrie) après avoir fermé les Détroits aux navires russes, français et anglais. Les «Jeunes-Turcs», des militants nationalistes qui gouvernent l'empire ottoman au nom du sultan Mehmet V, espèrent par ce biais prendre une revanche sur la Russie.Falkenhayn chef d'état-major allemand
Le 3 novembre 1914, le général Erich von Falkenhayn (52 ans) remplace officiellement le général Helmuth von Moltke, rendu responsable de l'échec de la Marne, à la tête de l'état-major ou Haut-Commandement allemand.Fin de la «course à la mer»
Après l'arrêt de l'offensive allemande sur la Marne, les armées cherchent à se déborder l'une l'autre vers l'ouest. Cette <em>« course à la mer »</em>, entamée le 17 septembre 1914, s'achève deux mois plus tard. À ce moment-là , le front franco-allemand se stabilise dans la boue et les tranchées, de la mer du Nord aux Vosges, sur 750 km. On ne sait pas encore que cette situation va durer quatre longues et terribles années !Pancho Villa et Zapata à Mexico
Le 6 décembre 1914, Pancho Villa et Émiliano Zapata entrent ensemble à Mexico au terme de quatre ans de luttes révolutionnaires mais leur succès est éphémère et ils sont chassés de la capitale mexicaine par le dictateur Carranza.Défaite de la flotte allemande
Le 8 décembre 1914, cinq semaines après l'humiliation de la flotte britannique au Coronel, l'amiral Sturdee rattrappe l'amiral Maximilian Graff von Spee au large des Iles Malouines et détruit son escadre. L'amiral disparaît ainsi que ses deux fils. La haute mer devient dès lors inacessible aux Allemands.Belgrade chasse les Austro-Hongrois
Les Serbes chassent les Austro-Hongrois de leur capitale et, dans la foulée, libèrent complètement leur pays.Offensive de rupture en Artois
Français et Britanniques tentent en Artois, du 16 au 19 décembre 1914, une première «offensive de rupture» du front allemand. C'est un échec sanglant.Naissance d'une Nation au cinéma
Le 8 février 1915, tandis que l'Europe se meurt dans la Grande Guerre, les Américains découvrent le film Naissance d'une Nation (The birth of a Nation)...
Offensive des Dardanelles
Le 19 février 1915, un bombardement naval annonce la bataille des Dardanelles. Elle aboutira à un dramatique fiasco des armées alliées franco-britanniques.
La « fée verte » prohibée
Le 17 mars 1915, au début de la Première Guerre mondiale, le gouvernement français interdit la production et la consommation des liqueurs anisées extraites de l'absinthe.
L'absinthe a été mise au point par la mère Henriod dans le Val-de-Travers (Suisse) et diffusée en France par Henri-Louis Pernod. Surnommée « fée verte » par Oscar Wilde, elle attaque le système nerveux à cause d'une substance toxique, la thuyone...
Les Turcs repoussent la flotte franco-britannique
Le 18 mars 1915, dans le détroit des Dardanelles, les cuirassés de l'amiral français Émile Guépratte et du vice-amiral britannique de Robek attaquent avec fougue les défenses turques. Leur projet est de s'emparer d'Istamboul. La perte de plusieurs navires ne dissuade pas les amiraux de reprendre l'offensive dès le lendemain mais ils en sont empêchés par leurs états-majors qui préfèrent un débarquement ultérieur. Ce sera l'offensive ratée des Dardanelles.
« Debout les morts ! »
Début avril 1915, sur ordre du généralissime Joseph Joffre, les troupes françaises tentent de reprendre aux Allemands le saillant de Saint-Mihiel, sur la Meuse. Dans le secteur du Bois Brûlé, le 95e régiment d'infanterie, chargé d'une manoeuvre de diversion, réussit à s'emparer d'une tranchée. Pendant qu'on la réaménage, les troupes d'assaut se retirent dans un boyau voisin pour prendre du repos.
Parmi elles figure la compagnie de l'adjudant Jacques Péricard (39 ans). Le matin du 8 avril, quand survient une violente contre-attaque allemande, la compagnie encaisse le choc. Pratiquement encerclée, elle est galvanisée par l'exhortation fameuse de son adjudant : « Debout les morts ! ». L'anecdote sera relatée par l'écrivain Maurice Barrès suite à sa rencontre avec Jacques Péricard.
Ce dernier finira la guerre comme lieutenant. Il proposera en 1921 de ranimer chaque jour la flamme du Soldat inconnu, sous l'Arc de triomphe et, sous l'Occupation, dirigera la Légion française des combattants fondée par le maréchal Pétain. L'un de ses huit enfants est Michel Péricard, réalisateur d'une émission célèbre des années 1960 : La France défigurée. Il fut également maire de Saint-Germain-en-Laye et vice-président de l'Assemblée nationale.
Horreur, les gaz asphyxiants !
Le 22 avril 1915, dans le secteur d'Ypres, sur le front des Flandres, les Allemands emploient pour la première fois des obus au gaz asphyxiant contre les Français et les Britanniques terrés dans leurs tranchées.
À base de chlore, ce gaz sera appelé l'ypérite, d'après le lieu de son premier emploi, ou gaz moutarde d'après son odeur. Cette arme chimique, qui brûle les yeux et les voies respiratoires, est dénoncée par les conventions internationales.
Le génocide arménien
Le 24 avril 1915, 600 notables arméniens d'Istamboul sont assassinés sur ordre du gouvernement. C'est le début d'un génocide, le premier de ce siècle. Il fera un à deux millions de morts dans la population arménienne...
Débarquement franco-britannique à Gallipoli
Le 25 avril 1915, un corps expéditionnaire franco-britannique débarque sur la presqu'île de Gallipoli (Canakale en turc), à l'entrée du détroit des Dardanelles, en Turquie. Le débarquement aboutit à un dramatique fiasco face aux défenses turco-allemandes, sous le commandement du général allemand Liman von Sanders et d'un général turc promis à un grand avenir, Kemal Atatürk.
L'ANZAC DayLes troupes d'Australie et de Nouvelle-Zélande ayant été particulièrement éprouvées, le souvenir de la bataille de Gallipoli est commémoré tous les 25 avril dans leur pays par un jour férié, l'ANZAC Day (ou jour de l'ANZAC, du nom de leur détachement).
Traité secret de Londres entre l'Italie et les Alliés
Le 26 avril 1915 est signé le traité secret de Londres entre les Alliés et l'Italie...
Le torpillage du Lusitania
Le paquebot britannique Lusitania, en provenance de New York, est coulé par un sous-marin allemand pour la raison qu’il transportait des armes à destination des belligérants. Parmi les victimes, de nombreux citoyens américains.
Ce fait divers dramatique va être rappelé deux ans plus tard par le gouvernement américain pour justifier son entrée en guerre contre l’Allemagne et ses alliés...
Les Sud-Africains s'emparent du Sud-Ouest allemand
Le 9 juillet 1915, les Sud-Africains, sous le commandement du général Piet Botha, chassent les Allemands de leur colonie du Sud-Ouest africain (actuelle Namibie).Les marines débarquent à Port-au-Prince
Le 28 juillet 1915, les troupes américaines débarquent à Haïti pour officiellement y restaurer la stabilité et la sécurité. Elles vont y rester pendant près de vingt ans, jusqu'au 21 août 1934.
Le rétablissement de l'ordre par les marines ne vas pas sans mal ni brutalités. Il se heurte en particulier à la résistance des « cacos » d'un certain Charlemagne Péralte...
Premier numéro du Canard Enchaîné
Le 10 septembre 1915, Maurice et Jeanne Maréchal publient le premier numéro du Canard Enchaîné (son titre fait allusion à un autre journal contestataire, L'Homme enchaîné de Clemenceau). Appelé à devenir une institution de réputation mondiale, le journal satirique naît pendant la Première Guerre mondiale, avec la volonté de dénoncer la censure, la propagande, les mensonges et le « bourrage de crâne », selon une formule popularisée par Albert Londres en 1914. Mais sa sortie ne va pas sans difficultés. L'hebdomadaire interrompt sa parution dès le cinquième numéro avant de la reprendre l'année suivante...
Conférence de Chantilly
Joffre organise les 6-8 novembre 1915 une conférence à Chantilly avec les chefs des armées alliées. La conférence prend acte des déconvenues de l'année écoulée. Joffre n'en décide pas moins de lancer une nouvelle offensive sur la Somme pour emporter la décision. Il sera pris de court par l'offensie de Falkenhayn, son homologue allemand, à Verdun, dès février 1916...
Service militaire obligatoire en Angleterre
En 1914, la Grande-Bretagne ne dispose que d'une armée de métier de 300.000 hommes et fait appel au volontariat pour compléter ses effectifs. Patriotisme aidant, 700.000 jeunes Britanniques s'engagent d'eux-mêmes dès les premiers mois de la guerre. Les activités sociales telles que les matches de rugby ou de cricket, pratiquées à grande échelle à l'arrière du front, contribuent à maintenir la cohésion des troupes.
En 1915, les recrutements se font plus difficiles. Pour convaincre les hésitants, l'état-major encourage les « bataillons de copains » : les amis de quartier ou d'école vont ensemble au bureau de recrutement avec l'assurance de combattre côte à côte. Mais cette consolation ne suffit bientôt plus à vaincre les réticences et le gouvernement se résout à instaurer le service militaire obligatoire le 24 janvier 1916. 3 millions de conscrits viennent ainsi s'ajouter aux 3 millions de volontaires.
Avènement de Dada
Le 8 février 1916, dans un cabaret de Zurich, le poète Tristan Tzara et ses amis proclament l'avènement de Dada en réaction à l'absurdité de la Grande Guerre. Ce mouvement artistique et littéraire est une ébauche du surréalisme de l'après-guerre.
L'enfer de Verdun
Le 21 février 1916, à 16h 45, l'infanterie allemande se lance à l'attaque contre les positions françaises autour de Verdun, en Lorraine. Aucune bataille, aucune tragédie n'a autant marqué la mémoire des Français que la bataille de Verdun. Elle a duré dix mois et pratiquement tous les soldats de la Grande Guerre y ont participé chacun à leur tour. Le sort de la France s'est joué dans cet affrontement...
«On les aura !»
«On les aura !» écrit Pétain dans le célèbre ordre du jour du 10 avril... À défaut d'avoir les renforts qu'il réclame, le général, qui dirige les opérations françaises sur le front de Verdun, obtient que ses troupes soient régulièrement renouvelées. C'est ainsi que, par rotations successives (le «tourniquet»), toute l'armée française va connaître l'enfer de Verdun !« Pâques sanglantes » à Dublin
Le lundi de Pâques du 24 avril 1916, à Dublin, un groupe d'Irlandais du Sinn Fein et de l'IRB se soulève contre le colonisateur britannique, à l'initiative de Sir Roger Casement et James Connolly. Ils forment ce que l'on appellera un peu plus tard l'Irish Republican Army (IRA)... Parmi eux, Sean Mac Bride, qui deviendra Premier ministre de la République d'Irlande avant de fonder Amnesty International et d'obtenir pour cela le Prix Nobel de la Paix !
L'insurrection annonce l'indépendance de l'Irlande du sud, cinq ans plus tard. Eamon de Valera, rescapé de l'insurrection, deviendra le premier président de la nouvelle République...
Accord secret Sykes-Picot
En pleine guerre mondiale, le Britannique sir Mark Sykes et le Français François Georges-Picot négocient un accord qui prévoit le démantèlement de l'empire ottoman après la guerre et le partage du monde arabe entre les deux Alliés. Les Français se réservent le Liban, la Syrie et la région de Mossoul, au nord de la Mésopotamie ; les Britanniques le reste de la Mésopotamie (Irak) et la Transjordanie. La Palestine doit devenir zone internationale et le port d'Alexandrette (Syrie) acquérir le statut de port franc...
Bataille du Jutland
Le 31 mai 1916, au plus fort de la Grande Guerre, Anglais et Allemands s'affrontent dans le Jutland, au large du Danemark. Appelée bataille du Skagger-Rack par les Allemands, c'est la seule bataille navale importante de la Première Guerre mondiale depuis celle de Coronel, 19 mois plus tôt. Les Britanniques alignent 28 cuirassés, 8 croiseurs de bataille, 8 croiseurs cuirassés, 21 croiseurs légers et 76 destroyers. Les Allemands disposent quant à eux de 15 cuirassés (mais ce sont des pré-dreadnougths sans grande valeur militaire), de 12 croiseurs légers et de 61 destroyers.
Sous le commandement de l'amiral Reinhard Scheer, la flotte allemande remporte une victoire tactique. Elle évite l'encerclement et oblige la Royal Navy, commandée par l'amiral John Jellicoe, à rompre le combat au prix de pertes importantes : 5769 hommes, 3 croiseurs de bataille, 3 croiseurs cuirassés et 3 croiseurs légers. Les Allemands perdent de leur côté 2853 hommes, un vieux cuirassé, un croiseur de bataille et deux croiseurs légers ; le reste de leur flotte regagne ses ports. Il n'en reste pas moins que la Reichsmarine allemande renoncera à partir de là à gagner la haute mer. Elle se cantonnera à la guerre sous-marine.
Folle offensive sur la Somme
Le 1er juillet 1916, à 7h30, débute une gigantesque offensive anglo-française sur la Somme, la plus insensée et la plus sanglante de toutes les batailles de la Grande Guerre de 1914-1918. Son souvenir demeure très vif chez les Britanniques, dont toute une génération de jeunes soldats a été fauchée sur la Somme...Les chars arrivent
Le 15 septembre 1916, à Flers, au cours de la sanglante bataille de la Somme, les Britanniques alignent pour la première fois des chars d'assaut (nom de code : les tanks, ou réservoirs). Ces engins blindés, montés sur chenille (une innovation apparue en 1905 dans le milieu agricole), se montrent capables de franchir tous les obstacles y compris les rideaux de barbelés qui protègent les tranchées. En Angleterre, les chars d'assaut sont promus par le lieutenant-colonel Ernest Swinton, qui rallie à son idée le premier Lord de l'Amirauté, Winston Churchill.
En France, le promoteur des chars d'assaut est le général d'artillerie Jean-Baptiste Estienne (1860-1934), qui a été aussi parmi les premiers à comprendre l'intérêt militaire de l'aviation. Mais les résistances du ministère de l'Armement ne permettront de mettre en ligne les premiers chars français que le 16 avril 1917, dans des conditions au demeurant décevantes. Les Allemands attendront la fin de la guerre pour se laisser convaincre par cette nouvelle technique.
Mort du vieil empereur François-Joseph Ier
Le 21 novembre 1916, en pleine guerre mondiale, s'éteint le vieil empereur d'Autriche, François-Joseph Ier (86 ans), après 68 ans de règne et beaucoup de malheurs familiaux. Son neveu et successeur Charles Ier lui succède et essaie sans tarder de retirer l'Autriche-Hongrie du conflit qui l'entraîne vers sa perte Le vieil empereur décède le 21 novembre 1916, à Vienne. Il entame des négociations secrètes par l'intermédiaire de son épouse Zita, de ses beaux-frères et du pape Benoît XV...
Nivelle remplace Joffre à la tête des armées françaises
Le général Joseph Joffre, vainqueur de la première bataille de la Marne, a vu son prestige écorné par les échecs sanglants de l'année 1915. Le 25 décembre 1916, il est hissé à la dignité de maréchal de France, qui avait disparu à la chute de Napoléon III et est restaurée pour l'occasion. Le jour même, Joffre est remplacé par le général Robert Nivelle comme commandant en chef des armées françaises. Ce dernier se disqualifiera avec l'offensive désastreuse du Chemin des Dames...
Assassinat de Raspoutine
Selon le calendrier grégorien, c'est le 30 décembre 1916 que meurt Gregori Iefimovitch (44 ans), plus connu sous le surnom de Raspoutine (« débauché » en russe)...
Télégramme de Zimmermann
Le 16 janvier 1917, Arthur Zimmermann, secrétaire d'État allemand aux Affaires étrangères, adresse un télégramme secret à son homologue mexicain. Il lui fait part de l'intention de son pays de reprendre la guerre sous-marine dans le conflit qui l'oppose à la France et au Royaume-Uni (elle reprendra en effet dès le 1er février 1917).
Zimmermann propose par la même occasion une alliance au Mexique, avec à la clé, en cas de victoire, l'annexion du Sud des États-Unis.
Le télégramme est intercepté par la Marine britannique et transmis au président américain. Celui-ci le fait opportunément publier dans la presse le 1er mars. Le scandale pousse l'opinion américaine, jusque-là neutraliste, dans la guerre aux côtés des Alliés. C'est chose faite le 6 avril 1917 avec la déclaration de guerre des États-Unis à l'Allemagne.
Charles 1er échoue à faire la paix
Le 29 janvier 1917, en pleine guerre mondiale, l'empereur d'Autriche Charles 1er de Habsbourg-Lorraine engage des négociations de paix secrètes avec l'Entente, par le biais de l'impératrice Zita, de ses beaux-frères Sixte et Xavier et du pape Benoît XV...L'Allemagne relance la guerre sous-marine
Le 31 janvier 1917, l'état-major allemand joue son va-tout. Au risque de heurter les États-Unis, encore neutres, il proclame la reprise de la guerre sous-marine à outrance et déclare les eaux territoriales britanniques zone de guerre. La guerre sous-marine avait été suspendue par les Allemands dix-huit mois plus tôt après le coulage du Lusitania et la menace par Washington d'entrer en guerre contre l'Allemagne. Il est vrai qu'ils ne disposaient alors que de 25 sous-marins. Ils en ont désormais 150 et espèrent, en coulant l'équivalent de 600.000 tonnes par mois, obliger les Alliés à la capitulation en six mois, avant que les États-Unis n'aient le temps d'entrer dans la guerre.La Révolution de Février en Russie
Le 8 mars 1917, à l'occasion de la Journée des femmes, des travailleurs défilent paisiblement à Petrograd (ex-Saint-Pétersbourg), capitale de l’empire russe. La manifestation se dégrade très vite et entraîne l'effondrement du régime tsariste. Une semaine plus tard, au terme de la Révolution de Février (ainsi nommée d’après le calendrier russe), le tsar Nicolas II abdique et laisse la place à une République russe démocratique. Celle-ci s'effondrera à son tour neuf mois plus tard, laissant le pouvoir aux bolcheviques...
Les Britanniques entrent à Bagdad
Le 11 mars 1917, les troupes britanniques entrent pour la première fois dans Bagdad et en chassent les Turcs après de difficiles combats dans l'ancienne Mésopotamie...
Abdication de Nicolas II
Le soir du 15 mars 1917, le tsar Nicolas II abdique au profit de son frère, le grand-duc Michel. Mais celui-ci décline l'honneur. C'en est fini de la dynastie des Romanov. La Russie devient pour quelques mois une République démocratique.
Les États-Unis entrent dans la Grande Guerre
Le 6 avril 1917, le Congrès des États-Unis vote la guerre à l'Allemagne. Sa décision est motivée par le torpillage du paquebot Vigilentia, le 19 mars 1917 et le souvenir du sort similaire du Lusitania, en 1915. Elle est également motivée par la publication du télégramme secret adressé le 16 janvier 1917 par Arthur Zimmerman, secrétaire d'État allemand aux Affaires étrangères, à son homologue mexicain pour lui suggérer une alliance contre les États-Unis...
Offensive du Chemin des Dames
Le 16 avril 1917, le général Nivelle tente de briser la résistance allemande sur le front de l'Aisne en lançant la désastreuse et dramatique offensive du Chemin des Dames.
Mal préparée, mal engagée, elle va entraîner un profond ressentiment chez les soldats et une reprise en main des questions militaires par le gouvernement...
Apparitions de Fatima
Le dimanche 13 mai 1917, trois enfants de Fatima, un petit village portugais au nord de Lisbonne, sont témoins d'une apparition lumineuse tandis qu'ils gardent leurs moutons...
Pétain remplace Nivelle
Le général Philippe Pétain, héros de Verdun, remplace à la tête des armées françaises le général Robert Nivelle, disqualifié par son échec du Chemin des Dames. Le nouveau commandant en chef, conscient de l'usure des troupes, réprime avec modération les «mutineries» et renonce à toute nouvelle offensive qui serait prématurée. On lui prête la formule : «J'attends les Américains et les chars».Création de Parade... et invention du surréalisme
Le 18 mai 1917, au plus fort de la Grande Guerre, le théâtre du Châtelet, à Paris, crée le ballet Parade. Cette création singulière, qui raconte les tourments d'une troupe de comédiens, a été suggérée à Diaghilev, fondateur des Ballets russes, par le dandy Jean Cocteau qui va en écrire le scénario. Le rideau de scène et les costumes vont porter la signature déjà prestigieuse de Picasso ! La musique est l'oeuvre d'Éric Satie...
Les bolchéviques en conflit avec Kerenski
Le 29 juin 1917, le gouvernement russe, dirigé par le socialiste Alexandre Kerenski, entre en conflit avec les bolcheviques. Une manifestation violente téléguidée par Lénine sert de prétexte à des mesures de répression contre les extrémistes. Lénine abandonne ses partisans et s'enfuit sous un déguisement en Finlande. Quatre mois plus tard, en Octobre, il réussit enfin à éliminer le gouvernement républicain et démocratique issu de la révolution de Février.bataille de Passchendaele
Après trois ans de piétinement dans la plaine flamande, le commandant en chef britannique Douglas Haig lance le 31 juillet 1917 à Passchendaele (ou Passendale), près d'Ypres, une grande offensive en direction des ports belges de Bruges et Ostende...
La dernière mission de Georges Guynemer
Le 11 septembre 1917, l'As de l'aviation Georges Guynemer est abattu par un adversaire allemand après 53 victoires. Il a 22 ans...Mata Hari est fusillée pour espionnage
Le 15 octobre 1917, Mata Hari, de son vrai nom Margaretha Geertruida Zelle, est fusillée pour espionnage dans le champ militaire du château de Vincennes. La danseuse paie ainsi de sa vie son inconscience et sa légèreté. Son procès et son exécution continuent d'enflammer les esprits...
La Déclaration Balfour
Le 2 novembre 1917, en pleine guerre mondiale, le ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Balfour, publie une lettre où il indique que son gouvernement est disposé à créer en Palestine un « foyer national juif ». C'est une concession qui lui a été demandée par le président Wilson en contrepartie de l'engagement des États-Unis aux côtés de l'Entente franco-britannique. Sa déclaration va légitimer 30 ans plus tard la création de l'État d'Israël...La Révolution d'Octobre
Dans la nuit du 6 au 7 novembre 1917, Lénine et les bolcheviques déclenchent la « Révolution d'Octobre »...Désastre italien à Caporetto
Deux ans et demi après leur entrée en guerre aux côtés des Alliés, les Italiens sont confrontés à une première grande bataille du 24 octobre au 9 novembre 1917 à Caporetto, sur l'Isonzo, un cours d'eau alpin. Leurs tranchées sont assaillies par les Austro-Hongrois qui bénéficient de l'appui bienvenu de la XIVe armée allemande du général Otto von Below...
Clemenceau forme un gouvernement de choc
Le 17 novembre 1917, Georges Clemenceau (76 ans) forme un gouvernement de choc pour poursuivre et intensifier la guerre avec l'Allemagne. Dans son discours d'investiture en qualité de nouveau président du Conseil et ministre de la Guerre, il manifeste devant la Chambre des députés sa volonté de conduire une guerre intégrale et de sortir le pays de ses errements. Par ses visites sur le front, il redresse le moral des troupes. Sa détermination lui vaut les surnoms de « Tigre » et « Père de la Victoire ». Avec affection, les poilus qui combattent dans les tranchées l'appellent plus simplement « Le Vieux »...
Indépendance de la Finlande
Le 6 décembre 1917, la Finlande s'émancipe de la Russie et proclame son indépendance en profitant des désordres occasionnés par la guerre de 1914-1918 et les Révolutions russes de 1917...
Les Quatorze Points de Wilson
Le 8 janvier 1918, Woodrow Wilson, 28e Président des États-Unis, énonce un programme en Quatorze Points pour mettre fin à la Grande Guerre.
Il préconise la création d'une Pologne indépendante avec accès à la mer (ce qui revient à couper en deux l'Allemagne) et une instance internationale, la Société des Nations. Ses préconisations inspireront le traité de paix de Versailles...
De la paix de Brest-Litovsk à la guerre civile
Le 3 mars 1918, à Brest-Litovsk, en Biélorussie, les bolcheviques russes signent la paix avec les Allemands et leurs alliés. Ils se retirent de la Grande Guerre, laissant choir la France et l'Angleterre qui s'étaient engagées aux côtés du tsar.
Les Allemands en profitent pour une offensive de la dernière chance sur le front français...
Offensive allemande à Château-Thierry
Le 21 mars 1918, après quatre ans de guerre et au prix d'un gigantesque effort, les Allemands lancent une offensive de la dernière chance. Soucieux d'arracher la décision avant l'arrivée des Américains, ils enfoncent les troupes britanniques du général Douglas Haig autour d'Amiens et arrivent à Château-Thierry.
Les Alliés franco-britanniques vont surmonter le choc en coordonnant leurs armées après la conférence interalliée de Doullens, réunie à l'initiative de Georges Clemenceau...
Conférence interalliée de Doullens
Le 26 mars 1918, à Doullens (Somme), les Alliés désignent le général français Ferdinand Foch (66 ans) comme généralissime des troupes franco-britanniques. Il lui reviendra de faire face à l'ultime offensive allemande...
L'église Saint-Gervais (Paris) bombardée
Lors de leur ultime offensive de la Grande Guerre, les Allemands bombardent Paris avec trois canons géants situés dans la forêt de Saint-Gobain, à 140 km au nord de la capitale. Ils sont surnommés Langer Friedrich (« Frédéric le Long »), en hommage à l'industriel Friedrich Krupp, et Gross Gustav en hommage à son gendre.
L'un de ces canons tire un obus à l'aveuglette le 29 mars 1918. Il atteint l'église Saint-Gervais, pendant les vêpres du Vendredi Saint, occasionnant 91 morts (dont 52 femmes) et 68 blessés parmi les fidèles. L'événement a un retentissement jusqu'en Amérique.
Au total, entre le 23 mars et le 9 août 1918, 183 projectiles font 256 tués et 620 blessés parmi les Parisiens. Ceux-ci vont longtemps confondre ces canons à très longue portée avec un autre canon de bien moindre portée, surnommé Gross Bertha, d'après le prénom de l'héritière Krupp, qui avait bombardé Liège, Maubeuge et Dunquerque à l'été 1914.
Le « Baron rouge » abattu
Le 21 avril 1918 disparaissait au-dessus de la Somme le capitaine Manfred von Richthofen (26 ans), As des As de la Grande guerre (80 victoires confirmées). Surnommé le Baron rouge, ce pilote allemand égale par la bravoure ses homologues français, Georges Guynemer, René Fonck et Roland Nungesser.
Assassinat de Nicolas II et sa famille
Le 16 juillet 1918, dans la nuit, huit mois après la Révolution d'Octobre, le tsar Nicolas II et sa famille sont assassinés sans jugement à Ekaterineburg, à l'est de l'Oural. Quatre- vingts ans plus tard, jour pour jour, leurs restes ont été transportés à Saint-Pétersbourg et ensevelis dans la nécropole impériale de la cathédrale Pierre et Paul. Par ce geste spectaculaire, les Russes ont voulu effacer les cicatrices du communisme !Deuxième bataille de la Marne
Le 18 juillet 1918, après quatre ans de guerre, le généralissime Foch passe à la contre-offensive avec les premières troupes américaines dans la région de Villers-Cotterêts. Pour la première fois sont utilisés à grande échelle les chars d'assaut. Les Allemands sont partout repoussés. Ils subissent leur plus grave défaite à Montdidier, le 8 août, et dès lors engagent une retraite générale.
La Bulgarie se retire de la Grande Guerre
Les troupes bulgares sont enfoncées suite à l'offensive de l'armée d'Orient, aussi appelée armée de Salonique (650 000 hommes dont 210 000 Français), lancée deux semaines plus tôt par le général Louis Franchet d'Esperey. Sofia demande l'armistice dès le 29 septembre 1918. La Bulgarie est la première des puissances centrales à se retirer de la Grande Guerre. L'armée de Salonique atteint le Danube.
Avec l'armistice du 3 novembre 1918 suite à sa défaite face aux Italiens, l'Autriche-Hongrie renonce à son tour à poursuivre le combat. Pour l'armée de Salonique, la route de Berlin est ouverte. Las, le 7 novembre, sous la pression des Anglo-Saxons, le président du Conseil Clemenceau ordonne à Franchet d'Esperey d'arrêter sa progression. L'Allemagne ne sera jamais envahie et n'éprouvera jamais la défaite sur son sol...
Victoire italienne à Vittorio-Veneto
Les Italiens, après avoir éprouvé dans la Grande Guerre une succession humiliante de défaites, lancent une dernière offensive sur la Piave, à l'est de Trévise. Les troupes austro-hongroises, démoralisées et privées de leurs combattants tchèques et yougoslaves, se débandent sans attendre.
Ce triomphe équivoque est mis au crédit du général Armando Diaz, qui a succédé un an plus tôt au général Luigi Cadorna, rendu responsable du désastre de Caporetto, à la tête de l'état-major italien.
La Tchécoslovaquie proclame son indépendance
Le 28 octobre 1918, la Tchécoslovaquie proclame son indépendance sur les ruines de l'empire austro-hongrois.
Cet État slave artificiel est créé à partir de la Bohème-Moravie et de la Slovaquie. Sur les frontières du « quadrilatère de Bohème », dans les monts Sudètes, il compte une importante minorité germanophone d'environ 3 millions de personnes soit plus du quart de la population totale du pays. À l'Est, la Slovaquie compte elle-même d'importantes minorités hongroises et polonaise. Par son hétérogénéité et avec des frontières étirées et indéfendables, le nouvel État va devenir le maillon faible de l'Europe...
Armistice de Moudros
Le 30 octobre 1918 est signé l'armistice par lequel l'empire ottoman se retire de la guerre contre la Grande-Bretagne et ses alliés. La séance se tient sur un cuirassé anglais, en face de la rade de Moudros (Lemnos).
Les 12 000 conseillers militaires allemands quittent aussitôt le pays. C'est également le cas des principaux dirigeants Jeunes-Turcs, dont les ministres Talaat pacha, Enver pacha et Cemal pacha, qui rejoignent nuitamment l'Allemagne pour échapper à l'éventualité d'un procès...
Les Turcs concluent l'armistice à Moudros
Le 30 octobre 1918, les Turcs signent à Moudros, sur l'île de Lemnos, en mer Égée, un armistice avec les Britanniques (ces derniers négligent d'associer les Français à la signature).Mutinerie à Kiel
Le 3 novembre 1918, une mutinerie éclate à Kiel, un important port militaire allemand sur la mer Baltique.
L'étincelle qui a mis le feu fut l'ordre donné le 28 octobre 1918 par l'Amiral Reinhard Scheer d'affronter la Royal Navy dans un ultime combat « pour restaurer l'honneur ». Mais de cela, les marins n'en avaient plus que faire. La mutinerie débute dans le port de Wilhelmshaven avant de gagner la base navale et le chantier naval de Kiel. Elle fait tâche d'huile, gagne l'intérieur du pays et se double d'une exigence de paix immédiate. Les dirigeants s'inquiètent d'une contagion révolutionnaire.
Le roi de Saxe et celui de Bavière abdiquent par lassitude, suivis par toutes les autres maisons royales de l'Empire allemand. Le 9 novembre 1918, c'est au tour de l'empereur Guillaume II d'abdiquer sous la pression des parlementaires. Dans le même temps, le chancelier Max de Bade cède sa place au dirigeant social-démocrate Friedrich Ebert. Celui-ci proclame l'avènement de la République du balcon du palais et entame des négociations avec les Alliés pour un armistice qui mettrait fin à la Grande Guerre...
Max de Bade chancelier d'Allemagne
Le prince Max de Bade est appelé à la chancellerie. Il lui incombe la tâche ingrate de présenter une demande d'armistice aux Alliés.L'Autriche conclut l'armistice à Villa-Giusti
Quand Vienne se résout à se retirer de la guerre, le 3 novembre 1918, l'Autriche-Hongrie n'existe déjà plus. Les Tchèques et les Slaves du Sud ont fait défection et les Hongrois, deux jours plus tôt, ont repris leur indépendance.Abdication de Guillaume II
Honni par les chefs alliés qui voient en lui le responsable de la Grande Guerre, l'empereur allemand Guillaume II se résigne à abdiquer le 9 novembre 1918. Le chancelier Maximilien de Bade se démet également et cède la direction du gouvernement au leader du parti social-démocrate allemande (PSD) Friedrich Ebert.
Dans le même temps, de sa propre initiative, Philipp Scheidemann, autre leader du PSD, proclame du balcon du Reichstag l'avènement de la République allemande. Il appartiendra à une assemblée constituante réunie à Weimar trois mois plus tard d'en poser les fondations.
Pour les sociaux-démocrates comme pour les chefs de l'armée, l'urgence est de prévenir la contagion révolutionnaire qui menace d'emporter le pays après la Russie. Dès le lendemain, les militaires répriment les mouvements spartakistes apparentés aux bolchéviques russes cependant que les gouvernants civils engagent les négociations d'armistice avec les Alliés.
Un armistice met fin à la Grande Guerre
Le 11 novembre 1918, un armistice met fin à la Grande Guerre, qui a meurtri l'Europe comme aucune autre. On veut croire que cette guerre restera la dernière de l'Histoire, la « der des der ».
La commémoration de l'Armistice demeure depuis 1919 un moment fort de la vie civique en France et chez ses alliés tout en étant pratiquement ignorée de l'autre côté du Rhin, pour des raisons compréhensibles. Cette commémoration prend la forme d'un jour chômé et de manifestations collectives : soit que l'on se recueille devant les monuments aux morts et la tombe du Soldat inconnu, soit que l'on arbore un coquelicot comme au Canada ou en Angleterre.
Naissance de la Yougoslavie
Le 1er décembre 1918 naît officiellement le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes...La Roumanie triomphe
Le 1er décembre 1918 naît une grande Roumanie sur les décombres de l'Autriche-Hongrie et de l'empire ottoman. Elle succède au royaume issu du congrès de Berlin quarante ans plus tôt et constitué seulement des anciennes provinces ottomanes de Valachie et Moldavie.
Au début de la Première Guerre mondiale, le pays, sorti vainqueur des guerres balkaniques, demeura d'abord dans une prudente neutralité, le roi Charles 1er de Hohenzollern-Sigmaringen penchant plutôt pour l'Allemagne dont il était originaire et les citoyens et le Premier ministre Ion Bratianu plutôt vers la Russie et la France, auxquelles les rattachaient des liens affectifs et intellectuels.
Au terme de tractations secrètes et après l'avènement d'un nouveau souverain, Ferdinand 1er, la Roumanie déclare enfin la guerre le 27 août 1916 à l'Autriche-Hongrie. Mal lui en prend. Son armée est très vite bousculée et Bucarest évacuée. La révolution bolchévique et la défection russe la convainquent enfin d'ouvrir des préliminaires de paix à Buftea le 5 mars 1918. La paix avec les Puissances centrales, dont la Bulgarie, est signée à Bucarest le 7 mai 1918. La Roumanie cède la Dobroudja à la Bulgarie.
Mais en novembre 1918, quand la défaite des Puissances centrales est consommée, la Roumanie revient dans la guerre aux côtés des Alliés ! De la sorte, elle va pouvoir se ranger dans le camp des vainqueurs et s'étendre à la Transylvanie et à la Bessarabie... Le 1er décembre est aujourd'hui fête nationale.
Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht assassinés
Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht (48 ans l'un et l'autre) sont arrêtés à leur domicile. Les militaires, les Freikorps (« corps-francs »), les amènent à l'hôtel Eden, où siège l'armée. Les deux militants sont interrogés avant d'être conduits en prison. Mais avant même le départ de Rosa Luxemburg, celle-ci est frappée à la tête par un gradé, puis tuée par balle ; il en va de même pour son ami Karl Liebknecht. Pour masquer les causes de ces morts, les militaires se débarrassent du corps de Rosa Luxemburg en le mettant à l'eau, puis inaugurent un cercueil vide le 25 janvier.
Ex-animateurs du groupe révolutionnaire Spartakus, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht avaient fondé le 30 décembre 1918 le Parti communiste allemand (KPD) et tenté d'importer en Allemagne la Révolution russe à la faveur des troubles consécutifs à la défaite de leur pays et à l'armistice.
Ayant déclenché une grève générale le 6 janvier 1919, leur tentative de soulèvement est écrasée par le ministre de la Défense, le social-démocrate Gustav Noske, au cours de la « Semaine sanglante » du 11 au 15 janvier 1919. Dans la foulée est mise en place une République parlementaire par l'Assemblée constituante allemande.
Naissance de la République de Weimar
L'Assemblée constituante allemande se réunit le 6 février 1919 au théâtre de Weimar. Elle fonde la République et lui donne un Président ou Reichspresident en la personne de Friedrich Ebert...
Première liaison aérienne commerciale
La première liaison aérienne régulière, pour le transport du courrier, est établie le 8 février 1919 par un bimoteur Farman F60 Goliath. Il relie en 3 heures et demi Toussus-le-Noble, près de Paris, à Kenley, près de Londres. Vitesse maximale de l'appareil : 150 km/h. On est encore dans l'époque héroïque de l'aviation...
Notons pour l'anecdote que cinq ans plus tôt, le 1er janvier 1914, une première « liaison commerciale » pour le transport de voyageur(s) avait eu lieu entre St Petersburg et Tampa, en Floride (21 miles), avec un Benoist XIV de deux places, avec le pilote... et son passager payant.
Attentat contre Clemenceau
Ce matin du 19 février 1919, alors que Georges Clemenceau quitte son domicile de la rue Benjamin Franklin pour gagner le ministère de la Guerre, un jeune anarchiste de 23 ans tire neuf balles sur sa voiture. L'une d'elles atteint le président du Conseil entre les poumons. Non mortelle, elle ne sera jamais extraite.
L'assassin, un ouvrier du nom d'Émile Cottin, est prestement condamné à mort et sa peine commuée en dix ans de détention. Il se fera tuer en Espagne en 1936... tout comme Raoul Villain, l'assassin de Jean Jaurès. Lui avait été acquitté de son crime deux semaines après la condamnation de Cottin ! De ces deux jugements si contrastés, il en était résulté une rupture de l'Union sacrée qui avait rapproché la droite et la gauche pendant la guerre...
Les Coréens manifestent pour l'indépendance
Le 1er mars 1919, les Coréens défilent en masse à Séoul, capitale du pays, pour réclamer leur indépendance. Un gouvernement est bientôt constitué en exil à Shanghai, sous la présidence du docteur Syngman Rhee. Quelques années plus tôt, le 22 août 1910, le « royaume du Matin calme », précédemment vassal de la Chine, avait été annexé par le Japon.
Dictature de Bela Kun en Hongrie
Le 21 mars 1919, le communiste Bela Kun installe à Budapest, capitale de la Hongrie, une république des Soviets. Inspiré par l'exemple de Lénine, le jeune leader va instaurer une dictature sanglante qui, heureusement, ne durera que trois mois. Elle aura pour effet de favoriser la prise de pouvoir par Miklos Horthy de Nagybanya, amiral d'un pays désormais sans accès à la mer et qui se proclamera Régent d'un royaume sans roi. C'est à lui qu'il reviendra de signer le traité de Trianon avec les vainqueurs de la Grande Guerre.
Mussolini crée les « fasci »
Le 23 mars 1919, à Milan, Benito Mussolini crée les premiers Faisceaux italiens de combat (Fasci italiani di combattimento). Ces groupes paramilitaires formeront l'embryon du parti fasciste...
Zapata tombe dans un guet-apens
Le 10 avril 1919, le révolutionnaire indien Émiliano Zapata est assassiné à Cuernavaca à l'instigation du président mexicain Carranza...
arrestation de Landru
Le 12 avril 1919, la police parisienne arrête un homme respectable de 51 ans, Henri-Désiré Landru. Il va se révéler être un redoutable tueur en série. Son procès va soulever les passions du fait de l'horreur de ses crimes et plus encore de son sens de la répartie…
Le massacre d'Amritsar
Le 13 avril 1919, 20.000 Indiens manifestent à Amritsar pour dénoncer les difficultés économiques du moment, demander l'abolition des lois Rowlatt qui permettent d'emprisonner sans jugement tout agitateur et exiger l'autonomie de la colonie des Indes, évoquée deux ans plus tôt par le secrétaire d'État lord Montagu.
Le général Dyer réprime brutalement la manifestation, faisant 379 morts. C'est la rupture...
Les étudiants se soulèvent à Pékin
Le 4 mai 1919, trois mille étudiants chinois manifestent à Pékin, sur la place Tien An Men. Ce « Mouvement du 4-mai » réclame la démocratie et dénonce les « 21 conditions » présentées par le Japon à leur gouvernement...
Les Grecs entrent à Smyrne
Le 15 mai 1919, l'armée grecque débarque à Smyrne, une cité à majorité hellénophone sur le littoral oriental de la mer Égée, revendiquée par le gouvernement d'Athènes. Il s'ensuit des violences contre les habitants turcs.
Les Alliés présents sur place s'abstiennent d'intervenir. Quant au sultan Mehmet VI, il fait tout ce qu'il peut pour s'attirer la bienveillance des vainqueurs, à la grande indignation de l'opinion turque.
Apprenant le débarquement des Grecs en Anatolie, Moustafa Kémal (38 ans), héros de la guerre relégué comme inspecteur militaire en Anatolie (la Turquie d'Asie), décide d'organiser la résistance. Il entre en rébellion contre le sultan et rassemble les troupes qui lui restent en vue de sauver la Turquie dont les Alliés préparent le dépeçage par le traité de paix de Sèvres...
La flotte allemande se saborde à Scapa Flow
Le 21 juin 1919, la flotte de guerre allemande se saborde pour ne pas subir de déshonneur lors de la signature du traité de Versailles soumettant l'Allemagne au bon vouloir de ses vainqueurs. La fière Kriegsmarine de l'empereur Guillaume II avait été désarmée et rassemblée dans la rade britannique de Scapa Flow, dans les îles Orcades, au nord de l'Écosse, par les vainqueurs de la Grande Guerre. Son sabordage met un terme final à la rivalité navale entre l'Allemagne et la Grande-Bretagne, qui fut l'une des causes de la Première Guerre mondiale.Paix bâclée à Versailles
Le 28 juin 1919, dans la Galerie des Glaces du château de Versailles, là même où fut proclamé le IIe Reich allemand en 1871, un traité entre l'Allemagne et les Alliés règle le conflit qui débuta à Sarajevo 5 ans plus tôt, jour pour jour.
Pour la forme, les représentants de 27 pays alliés font face aux Allemands. Mais le traité a été concocté en cercle fermé par quatre personnes seulement : le Français Georges Clemenceau, le Britannique David Lloyd George, l'Américain Thomas Woodrow Wilsonsans oublier l'Italien Vittorio Orlando. À la signature du « Diktat », le comte de Brockdorff-Rantzau lit une longue protestation au nom de l'Allemagne ; c'est le début d'un grand malentendu entre le principal vaincu de la guerre et les Alliés...
L’Allemagne est amputée du huitième de son territoire et du dixième de sa population. Elle est par ailleurs soumise à des limitations de souveraineté humiliantes et tenue pour seule responsable de la guerre !
Dans les mois qui suivent, d’autres traités sont aussi conclus avec les autres vaincus de la Grande Guerre. La carte du continent européen en sort complètement transformée avec la disparition de quatre empires, l'allemand, l'austro-hongrois, le russe et l'ottoman, au profit de petits États nationalistes, souvent hétérogènes, revendicatifs... et impuissants…
Traité de Saint Germain-en-Laye
Le 10 septembre 1919, près de trois mois après le traité de Versailles entre les Alliés et l'Allemagne, le traité de Saint Germain-en-Laye met fin officiellement à l'Autriche-Hongrie.
Les Alliés refusent aux Autrichiens de langue allemande le droit de s'unir à l'Allemagne. Cédant à la pression des indépendantistes tchèques, ils créent une petite Autriche indépendante de 7 millions d'habitants. Trop petite pour être viable, avec une capitale démesurée de 2 millions d'habitants, Vienne. 17 ans à peine s'écouleront avant qu'Hitler ne décide de la rattacher au IIIe Reich.
Entrée de D'Annunzio à Fiume
Dans la nuit du 11 au 12 septembre 1919, le poète nationaliste italien Gabriele D'Annunzio (56 ans) fait une entrée triomphale à Fiume à la tête de 287 arditi (« hardis » en italien, un corps spécial de l’armée italienne) et de quelques centaines de carabinieri. Fiume (aujourd'hui Rijeka, en Croatie) est alors une ville yougoslave à majorité italonophone que les Alliés réunis en congrès à Paris ont refusé de rattacher à l'Italie en dépit des promesses faites secrètement à celle-ci en 1915 en contrepartie de son entrée dans la Grande Guerre.
« Mieux vaut vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton, » clame le poète. Faute d'être soutenu par le gouvernement italien, il proclame l'indépendance de la ville et la dirige en dictateur quelque peu ubuesque. Seule l'URSS va reconnaître le nouvel État. En septembre 1920, à l'instigation de son entourage, d'Annunzio publie la charte du Carnaro, un énoncé de principes sociaux plutôt très progressistes (égalité des sexes, assurances sociales, retraite, etc.). Désireux de mettre un terme à ce désordre, l'Italie et la Yougoslavie en viennent à signer le traité de Rapallo quatorze mois plus tard, le 12 novembre 1920.
Le Bloc national au pouvoir
Le 16 novembre 1919, les élections amènent à la Chambre des députés une majorité conservatrice, le Bloc national, avec beaucoup d'anciens combattants (la Chambre est dite « bleu horizon », de la couleur de l'uniforme).
Cette coalition est due à l'initiative du président du Conseil Georges Clemenceau et du président de la République Raymond Poincaré, avec deux objectifs : la lutte contre le bolchévisme et l'intransigeance vis-à-vis de l'Allemagne. Elle englobe quatre groupes parlementaires (l’Entente républicaine, l’Action républicaine et sociale, la Gauche républicaine démocratique et les Républicains de gauche) qui ont fait partie de l'union sacrée pendant la Grande Guerre. Mais les socialistes en ont été exclus en raison de leurs compromissions avec les bolchéviques russes et les radicaux s'en sont exclus du fait de l'absence des socialistes !
Atteinte dans sa vitalité par le carnage de la Grande Guerre et son contrecoup sur la natalité, la France peine à retrouver sa prospérité d'antan et compte sur les réparations allemandes pour la sortir d'affaire. Alexandre Millerand, nouveau président de la République, et Raymond Poincaré, qu'il a appelé à la Présidence du Conseil, font occuper la Ruhr pour garantir leur versement. C'est un échec que les gouvernements successifs doivent compenser par de fortes augmentations d'impôts et que les électeurs sanctionnent lors du scrutin du 11 mai 1924 en remplaçant le Bloc national par le Cartel des gauches.
Traité de Neuilly avec la Bulgarie
Le 27 novembre 1919, les Alliés vainqueurs de la Grande Guerre signent à Neuilly un traité de paix avec la Bulgarie.
À l'origine de la seconde guerre balkanique (juin-août 1913), la Bulgarie avait agressé par surprise les Grecs et les Serbes. Mais ceux-ci, aidés par les Roumains, eurent vite fait de la vaincre. Par la paix de Bucarest, le 10 août 1913, elle dut céder la plus grande partie de la Macédoine tout en conservant un accès à la mer Égée avec le port de Dedeagatch. Désireuse de prendre sa revanche sur la Serbie, la Bulgarie se rangea à l'automne 1915 du côté des Empires centraux, contre l'avis du leader agrarien de gauche Staamboliski. Vaincue, elle fut contrainte de signer un armistice dès le 29 septembre 1918. Enfin, par le traité de Neuilly, elle dut céder à la Roumanie la Dobroudja méridionale et à la Grèce son accès à la mer Égée. Stamboliski, nommé Premier ministre en 1920, tentera de grandes réformes sociales avant d'être renversé par un coup d'État nationaliste. Après s'être alignée une nouvelle fois sur l'Allemagne, la Bulgarie tombera pour finir sous la coupe de Staline.