Le 9 janvier 1934, les Français apprennent la mort par balle de l'escroc Alexandre Stavisky, dit le « Beau Sacha » (48 ans). Ils apprennent par la même occasion qu'il a compromis des élus dans ses combines financières. C'est le début d'une violente campagne antiparlementaire qui va mettre en péril la République...
L'homme était recherché par la police suite à un détournement de fonds au Crédit municipal de Bayonne. Son cadavre est retrouvé dans un chalet de Chamonix.
Il s'agit apparemment d'un suicide mais l'opinion publique soupçonne aussitôt des hommes politiques d'avoir fait assassiner l'escroc pour l'empêcher de dénoncer ses complices.
Le scandale Stavisky est peu de chose comparé à celui de Panama ou à ceux des vingt dernières années (écoutes téléphoniques, Crédit Lyonnais, Elf...).
Il ne met en cause ni un président de la République, ni même un quelconque ministre mais seulement une demi-douzaine de politiciens de second rang qui se sont compromis avec Stavisky dans le trafic d'influence. Son retentissement n'en est pas moins immense.
C'est qu'après les années d'espoir qui ont suivi l'hécatombe de 1914-1918, la France est affectée par une crise à la fois économique et politique.
La mort de Stavisky met brutalement à jour toutes les rancoeurs. Les xénophobes s'en prennent à une politique de naturalisation trop laxiste (Stavisky est un juif d'origine russe). L'Action française royaliste, les ligues populistes de droite et les communistes dénoncent à l'envi la décadence de la IIIe République.
L'indignation populaire entraîne la chute du gouvernement radical-socialiste. Édouard Daladier remplace Camille Chautemps à la présidence du Conseil. Il destitue aussitôt le préfet de police Chiappe, suspect de sympathie avec les ligues de droite.
Le 6 février 1934, Édouard Daladier présente à l'Assemblée nationale le nouveau gouvernement. Dans le même temps, une grande manifestation est organisée à Paris, place de la Concorde, à l'appel des ligues, de l'association d'anciens combattants Les Croix de Feu ainsi que de mouvements communistes, sur le thème : «A bas les voleurs !»
La manifestation dégénère. La police tire. Seize manifestants et un policier sont tués. On compte un millier de blessés.
Trois jours plus tard, une contre-manifestation dégénère à son tour et fait 9 morts. Edouard Daladier doit céder la place à Gaston Doumergue à la tête du gouvernement.
Non sans mauvaise foi, la gauche parlementaire dénonce dans la manifestation du 6 février une tentative de coup d'État fasciste. Elle appelle au rassemblement des forces progressistes.
Par ricochet, l'affaire Stavisky va ainsi contribuer à la victoire du Front Populaire de Léon Blum aux élections législatives de 1936.....
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AlbertV (26-02-2024 11:13:57)
En quelques lignes vous avez parfaitement résumé une affaire extrêmement embrouillée, et d'autant plus complexifiée, qu'elle servit de prétexte et de détonateur à toutes les frustrations poli... Lire la suite