Le 3 mai 1791, les réformateurs de Pologne font adopter par la Grande Diète une Constitution inspirée des principes libéraux de la Révolution française :
- elle abroge le liberum veto : ce principe vieux de 150 ans permettait à tout participant à la Diète de faire annuler une loi et paralysait de ce fait la vie politique du pays,
- elle déclare également la monarchie héréditaire et non plus élective,
- elle accorde aussi des libertés communales aux villes et place les paysans sous la protection du roi.
La nouvelle Constitution est soutenue par le roi Stanislas II Auguste Poniatowski, fils du palatin de Cracovie, qui est monté en 1764 sur le trône du «Royaume des Deux Nations» (il est roi de Pologne et grand-duc de Lituanie) grâce à la faveur de la tsarine Catherine II.
C'est un tardif sursaut national après que les trois puissants voisins de la Pologne - la Prusse, la Russie et l'Autriche - se fussent appropriés un tiers du territoire.
En souvenir de cette tentative de rénovation politique, les Polonais ont fait du 3 mai leur fête nationale.
Par les traités des 17 février et 5 août 1772, la Prusse, l'Autriche et la Russie procèdent à un partage partiel de la Pologne ; le premier. La Russie met la main sur la Russie blanche ou Biélorussie, l'Autriche sur la Galicie (sauf la capitale Cracovie), la Prusse sur la Prusse occidentale (sauf Dantzig). La Pologne, impuissante, se voit amputée d'environ un tiers de son territoire et de sa population (200 000 km2 sur 700 000 km2 et 4 millions d'habitants sur 12).
Le roi Stanislas II Poniatowski n'en poursuit pas moins ses efforts de modernisation du pays et des institutions. Ainsi crée-t-il un ministère de l'Instruction publique, une première en Europe !
Dans le droit fil de ses efforts, la Grande Diète qui se réunit en 1788 met sur pied le projet de Constitution. Mais, comme en France à la même époque, la perspective d'un supplément de démocratie ne manque pas de soulever de violentes oppositions à l'intérieur même du pays.
Les principaux opposants sont les grands propriétaires de Pologne, les magnats, qu'inquiète le volet social de la Constitution. Ils mettent sur pied en mai 1792 la confédération de Targowica et appellent à leur aide Catherine II de Russie. Celle-ci ne se fait pas prier pour envahir le pays.
L'année suivante, les troupes du roi de Prusse Frédéric-Guillaume II pénètrent à leur tour en Pologne. Russes et Prussiens ont raison de la résistance héroïque des paysans et des bourgeois guidés par un héros de la guerre d'Indépendance américaine, Tadeusz Kościuszko. Il s'ensuit un deuxième partage le 23 septembre 1793.
Le 24 octobre 1795, un troisième et dernier partage du pays a lieu : la région de Varsovie va alors à la Prusse, celle de Cracovie à l'Autriche, la Courlande et la Lituanie étant enfin attribuées à la Russie.
Malgré une tradition d'amitié qui remonte au mariage de Louis XV et au-delà, la France, empêtrée dans la Révolution, n'est pas en mesure d'aider la Pologne. Napoléon s'y essaiera plus tard en créant un éphémère Grand-duché de Varsovie qui lui vaudra le soutien passionné de la noblesse polonaise. Mais sa défaite anéantira les espoirs de la Pologne et il faudra rien moins qu'une première guerre mondiale pour qu'elle recouvre une fragile indépendance... loin du lustre d'antan.
On en viendra à oublier que ce pays, qui donna le jour à Copernic, fut sous la Renaissance l'un des plus avancés d'Europe.
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Les ennuis de la Pologne débutent en 1652 avec le «Liberum veto» par la Diète qui décide que toutes ses décisions, y compris l'élection du souverain devraient être adoptées à l'unanimité !
Cette disposition réduit l'assemblée à l'impuissance et offre aux voisins des prétextes à intervenir à tout va : c'est ainsi que l'Autriche, la Suède, la Russie... imposent chacune à leur tour leur candidat au trône jusqu'à ce que, lassées de ce petit jeu, elles décident de se partager le malheureux pays réduit à l'impuissance.
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