02 juillet 2019

Europe : une hirondelle fait-elle le printemps ?

« Une hirondelle ne fait pas le printemps », disions-nous autrefois quand ces oiseaux migrateurs rythmaient la vie de nos campagnes : l’arrivée d’Afrique d’une seule hirondelle n’annonçait pas forcément les beaux jours. Mais qu’en est-il quand nous en voyons venir non pas une mais deux ou trois comme aujourd’hui à Bruxelles ?...

Les nominations d’Ursula von der Leyen, de Christine Lagarde et Charles Michel à la présidence de la Commission, de la Banque Centrale Européenne et du Conseil européen annonceraient-elles un printemps européen au sortir de la pire saison qu’ait connue l’Union (Brexit, crise migratoire, effacement géopolitique...) ? Ces personnalités atypiques et inattendues, désignées au forceps, renoueront-elles le lien entre les citoyens et les instances européennes ?

- Une mère de famille nombreuse à la Commission :

Si les eurodéputés ratifient le choix du Conseil européen, Ursula von der Leyen (60 ans) succédera à Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européennen.  Issue de l’aristocratie allemande, élevée en Belgique et donc francophone, catholique, mère de sept enfants, l’heureuse élue laisse espérer à Bruxelles autre chose que l’habituel théâtre d’ombres. Il ne serait que temps.

Au cours du dernier demi-siècle, il n’y a que Jacques Delors qui ait brillé à la tête de la Commission européenne, de 1985 à 1995. L’explication tient à la différence entre la cooptation entre pairs (mode de désignation du président de la Commission) et l’élection par les citoyens : par l’élection, les citoyens cherchent la forte personnalité qui saura les guider et les protéger ; par la cooptation, les dirigeants européens cherchent une personne qui ne leur fera pas ombrage et ne les gênera pas. En général, ils n’y réussissent que trop bien...

- Une avocate à la Banque :

La proposition de nommer Christine Lagarde (63 ans) à la tête de la BCE est aussi de nature à surprendre. D’abord parce que la postulante n’est ni économiste ni banquière. Avocate de renom aux États-Unis, elle est entrée en politique en 2007 quand Nicolas Sarkozy, qui admirait sa maîtrise de l’anglais, lui a offert le ministère de l’Économie et des Finances. Elle a ensuite succédé à Dominique Strauss-Kahn à la tête du Fonds Monétaire International (FMI), à Washington. La voilà donc en passe de poser ses valises à Francfort, où elle succédera à Mario Draghi, après  Jean-Claude Trichet et Wim Duisenberg. La nouvelle Banquière saura-t-elle trouver les mots et les idées pour concilier rigueur monétaire, justice sociale et protection du tissu industriel ? Nous en saurons davantage dans les prochains mois.

- Un expert en missions impossibles au Conseil européen :

Enfin, last but not least, il y a Charles Michel (44 ans), ex-Premier ministre de Belgique, proposé pour présider le Conseil européen plus haute instance de l’Union. Dans ses précédentes fonctions, il a acquis l’habitude de débrouiller les situations les plus inextricables et son savoir-faire sera des plus utiles dans le panier de crabes des réunions de chefs d’État et de gouvernement. Il a aussi la réputation d’être soupe au lait, ce qui ne lui sera pas inutile pour renvoyer dans leurs cordes ses encombrants parrains français et allemand. Avec lui, les comptes-rendus de réunions seront sans doute plus pimentés qu’avec son prédécesseur, le Polonais Donald Tusk. Ne boudons pas notre plaisir.

Où sont passés les écologistes ?

Tenus à l’écart des tractations bruxelloises, les cocus de l’affaire sont les Verts qui ont fait les grands titres de nos confrères après les élections européennes du 26 mai 2019. Leur succès relatif a laissé croire à une véritable poussée du mouvement écologiste. Double illusion : d’une part, les élus écologistes cultivent mieux que quiconque l’art de la division ; d’autre part, beaucoup d’électeurs, surtout parmi les plus jeunes, ont voté écologiste parce que « c’est sympa et ça ne mange pas de pain » : on est pour la paix, la tolérance et bien sûr l’écologie. Quant à savoir comment atteindre ces objectifs, on laisse ça aux autres…

Or, s'il est bien vrai que le réchauffement climatique est la menace principale des prochaines décennies, on ne la surmontera que par des choix politiques clairs et courageux. Il faudra bien que les partis, y compris les écologistes, se prononcent sur ces choix : devons-nous augmenter fortement le prix de l’énergie ou nous contenter de mesures cosmétiques comme interdire les pailles en plastique ou faire la grève des cours ? Pouvons-nous augmenter le prix de l'énergie sans appauvrir les catégories les plus modestes ? Devons-nous ouvrir davantage les frontières de l’Union aux hommes, aux marchandises et aux capitaux ? Ou devons-nous au contraire resserrer les liens de solidarité entre les Européens, favoriser les circuits économiques courts et protéger les citoyens les plus fragiles contre les bourrasques extérieures ?...

Souhaitons que les nouvelles têtes de l’Union dégagent des réponses à ces questions de fond, quitte à brusquer la classe politique et les citoyens.

André Larané

En savoir plus avec Herodote.net
Kantatiskiwa (03-07-2019 21:41:02)

Sans doute un premier paragraphe sévère à l'égard de la mouvance écologiste. Mais hélas, regardons derrière nous, pas totalement sans fondement. Ce n'est pas une question d'âge, ni une remise en cause du vote des jeunes; juste un constat objectif sur les 20 dernières années de vie politique.
Les vraies questions sont dans le deuxième paragraphe et je doute que les écologistes soient à même , hélas !, d'y répondre de manière cohérente et sinon unanime du moins majoritaire.

kernet.eric@orange.fr (03-07-2019 20:57:00)

je lis toujours avec intérêt les éditoriaux mais quelle n'a pas été ma surprise de lire le paragraphe concernant les écologistes . ce paragraphe est la parfaite démonstration que le rédacteur ... Lire la suite

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