Citations et Mots d'Histoire

Le temps des Révolutions

François Mitterrand    (1916 - 1996)

« Il faut laisser du temps au temps »

Comme on ne prête qu'aux riches, François Mitterrand se voit régulièrement attribuer la paternité de la formule ci-dessus, qu'il a effectivement employée.

Il s'agit en fait de la traduction d'un aphorisme espagnol assez courant : «Dar tiempo al tiempo».Il trouve son origine dans une Nouvelle exemplaire de Cervantès, La petite Gitane : «(...) ainsi donnera-t-on du temps au temps lequel souvent accorde une douce issue aux plus amères difficultés».


« Les fusées sont à l'Est, les pacifistes à l'Ouest »

A Verdun, en 1984, François Mitterrand et Helmut KohlExtrait d'un discours prononcé le 20 janvier 1983 par François Mitterrand, président de la République française, devant les députés du Bundestag, à Bonn (capitale de l'Allemagne fédérale). L'enjeu est de taille : les Soviétiques installent dans les pays satellites d'Europe centrale des missiles nucléaires (les SS-20) pointés vers l'Europe occidentale. Face à cette menace, les Américains et leurs alliés de l'OTAN se proposent de répliquer en installer en Allemagne fédérale des missiles tout aussi puissants (les Pershing) orientés vers l'Europe communiste et l'URSS. Les pacifistes et gauchistes occidentaux se mobilisent contre ce projet au nom de l'aphorisme : «Plutôt rouges [communistes] que morts !». Par sa prise de position énergique devant les députés allemands, François Mitterrand a retourné l'opinion occidentale en faveur des Américains et contribué à la reculade soviétique, l'URSS se résignant à démanteler ses SS-20.


SOS Racisme    (1984)

« Touche pas à mon pote ! »

Le 15 octobre 1983, une marche des Beurs contre le racisme réunit 200 000 personnes entre Lyon et Paris. Des mouvements de jeunesse israélites, proches du gouvernement socialiste, se rapprochent de ces jeunes musulmans d'origine maghrébine.

SOS RacismeL'année suivante, le 15 octobre 1984, ils créent l'association SOS Racisme, avec un symbole : une main colorée dressée contre l'adversaire, et un slogan : « Touche pas à mon pote ! » Mais les représentants de la marche des Beurs, dont on craint l'antisionisme coloré d'antisémitisme, s'en trouvent exclus. 

L'opinion publique, ravie, voit dans ce slogan l'expression juvénile de l'antiracisme et la promesse d'une société multicolore et fraternelle. Elle n'en discerne pas le sens véritable : l'affirmation qu'un délinquant devient intouchable dès lors qu'il est un ami (un « pote »). C'est la négation de la justice, de la loi et de l'égalité entre les citoyens.

Après la victoire de l'équipe française en juillet 1998, lors de la Coupe du Monde de football, le slogan est remplacé par l'évocation de la « génération black-blanc-beur ». Brève illusion. Derrière l'apparente générosité du propos, perce le danger du communautarisme.

Par l'emploi du basic english (black au lieu de Noir) et du verlan (beur pour Arabe ou Nord-Africain) et la référence obsédante à des classifications ethniques et raciales, la « génération black-blanc-beur » se met en marge d'une communauté française fondée sur l'adhésion à une culture prestigieuse et aimable. L'islamisation de la jeunesse immigrée et l'islamisme radical pointent leur nez...


Pierre Victurnien Vergniaud    (1753 - 1793)

« Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux : levons-nous ! »
Source : Les Révolutions de Paris

Cette belle formule est fréquemment attribuée à Étienne La Boétie, ami de Montaigne et auteur du Contr'Un ou Discours de la servitude volontaire (1576). Il est vrai qu'il aurait très bien pu l'énoncer...

Dans les faits, elle est bien plus tardive car apparue deux siècles plus tard, comme la devise des Révolutions de Paris, un journal quotidien fondé par Louis-Marie Prudhomme le 12 juillet 1789, deux jours avant la prise de la Bastille !

La citation est donc attribuée soit à Élisée de Loustalot, jeune avocat et principal rédacteur du journal, qui mourra de maladie l'année suivante, à 28 ans, soit à un autre rédacteur du journal, l'avocat Pierre Victurnien Vergniaud.

Né le 31 mai 1753 à Limoges, Vergniaud s'illustrera parmi les chefs de la Gironde mais aussi comme l'un des plus grands orateurs de la Révolution, à l'égal de Mirabeau et Robespierre. Il reprendra la citation ci-dessus dans un discours devant la Convention en 1792. Condamné et guillotiné avec vingt-et-un autres députés girondins le 31 octobre 1793, il a ce mot désabusé : « La Révolution est comme Saturne : elle dévore ses enfants »...


Abdou Diouf    (1930)

« Vous risquez d'être envahis demain d'une multitude d'Africains qui, poussés par la misère, déferleront par vagues sur les pays du Nord. Et vous aurez beau faire des législations contre l'émigration, vous ne pourrez pas arrêter ce flot car on n'arrête pas la mer avec ses bras »

Dans cet entretien donné au Figaro le 3 juin 1991, le président du Sénégal met en évidence le formidable bouleversement que vivent la France et l'Europe et en appelle à l'aide économique de l'Occident pour en limiter les conséquences. Pendant un millénaire, entre 955 et la fin du XXe siècle, le continent s'est développé avec ses propres forces, sans connaître d'immigration, et sa vigueur démographique lui a même permis de peupler de vastes parties de la planète. Depuis 1974, l'effondrement de la natalité et la poussée migratoire des pays du Sud suscitent sur le Vieux Continent la formation de «colonies intérieures» rétives à l'intégration. Avec la multiplication des revendications communautaires et le relâchement des solidarités nationales, on assiste à une modification rapide des relations démographiques, sociales et culturelles dans un sens encore mystérieux.


Julien Dray    (1955)

« Croire que l'euro va créer de l'emploi, c'est du même ordre que penser qu'Aimé Jacquet va nous faire gagner la Coupe du monde »

Ce propos;-) de Julien Dray, dirigeant de la Gauche socialiste, est rapporté par Daniel Cohn-Bendit et Olivier Duhamel dans le « Petit dictionnaire de l'euro », Seuil, avril 1998... Il est facile d'évaluer sa pertinence a posteriori tant en ce qui concerne la monnaie unique que l'équipe entraînée par Aimé Jacquet (on peut voir juste d'un côté et faux de l'autre).

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