12 novembre 2007

Non-assistance à Belgique en péril

Après que les élus flamands ont rompu avec la tradition belge du compromis, le pays est au bord de la scission. Le triomphe des particularismes en Belgique et, demain, dans le reste de l'Europe, pourrait porter un coup fatal à la solidarité entre les peuples de l'Union...

Pour comprendre l'enjeu actuel, lire notre dossier : Mille ans d'Histoire belge

Voilà plus de cinq mois que le gouvernement belge démissionnaire de Guy Verhofstadt se contente d'expédier les affaires courantes.

Les élections législatives du 10 juin ont consacré le succès du parti chrétien-démocrate flamand (CD&V) d'Yves Leterme et de son allié nationaliste flamand, la NVA, partisans pour la Flandre d'une autonomie aussi large que possible. Depuis lors, la Belgique est en attente d'un gouvernement de coalition qui réunirait les chrétiens-démocrates et libéraux francophones et flamands.

Le conflit dépasse le cadre politicien. Il met en jeu la pérennité de la Belgique, minée par le différend linguistique entre néerlandophones (Flamands) et francophones (Wallons et Bruxellois). Les premiers reprochent aux seconds de ne pas faire d'effort pour apprendre le flamand et craignent que celui-ci ne soit pas marginalisé.

Pomme de discorde

La pomme de discorde est l'arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV), bilingue français/flamand, mais enclavé en Flandre. Si Bruxelles est majoritairement francophone, ce n'est pas le cas des 35 communes riveraines.

Jusqu'ici, 120.000 francophones de la circonscription néerlandophone de Hal-Vilvorde, à la périphérie de Bruxelles avaient la possibilité de voter pour des candidats francophones bruxellois lors des législatives.

Les Flamands du CD&V d'Yves Leterme jugent cette disposition contraire au fédéralisme belge qui prévoit des régions unilingues (Bruxelles excepté). Le 7 novembre 2007, ils ont voté en commission la scission de l'arrondissement, Bruxelles demeurant seule bilingue.

Le vote a secoué le pays car il rompt pour la première fois avec la tradition belge du compromis (jusque-là, les Flamands veillaient à ne pas user de leur majorité numérique pour imposer leurs volontés aux Wallons).

Une lente dislocation

La paralysie de l'État fédéral contribue à renforcer les prérogatives déjà très étendues des régions.

Les séparatistes, très nombreux du côté flamand, s'accommodent de cette situation qui mène tout droit à l'éclatement de la Belgique en deux entités indépendantes, la Flandre et la Wallonie. Deux ou trois obstacles freinent cette évolution : le roi, dernier symbole d'unité nationale, la dette publique et surtout le statut de Bruxelles.

La capitale abrite les principales institutions de l'Union européenne et l'OTAN. Elle est majoritairement francophone mais enclavée en Flandre ! Sans surprise, c'est là que l'on semble le plus attaché à l'unité nationale. Il n'est que de voir les drapeaux tricolores accrochés aux fenêtres pour s'en convaincre.

Les séparatistes mettent en avant l'exemple de la Tchécoslovaquie qui, le 1er janvier 1993, s'est disloquée de façon civile, sans coup de feu ni éclat de voix, sans même un référendum, en deux États, la république tchèque et la Slovaquie. Ils y voient un exemple à suivre et font remarquer que les conflits entre Flamands et Wallons n'ont - pour l'instant - causé aucun mort.

La Tchécoslovaquie, comme son nom l'indique, est une création artificielle de la Grande Guerre de 14-18, qui a rapproché l'ancien et prestigieux royaume de Bohème, élément central du Saint Empire romain germanique, de la pauvre Slovaquie, région des Carpathes, à la périphérie du royaume de Hongrie. Bien que proches par la langue, ces deux entités se sont tourné le dos pendant près de mille ans, y compris sous le régime de l'Autriche-Hongrie. Leur « divorce de velours » était donc inéluctable.

Rien de tel avec les Flamands et les Wallons. Bien que de langues différentes (comme les Canadiens, les Suisses, les Indiens et bien d'autres peuples de par le monde), ils partagent le même destin depuis le haut Moyen Âge. Ils ont brillé ensemble dans le commerce, l'industrie et les arts. Ils ont combattu ensemble les Capétiens puis les Habsbourg d'Autriche.

Les conséquences d'un divorce

Même si une majorité de Belges s'opposent encore à la séparation des deux régions, celle-ci apparaît de plus en plus probable sous la pression de minorités déterminées (l'indépendance des États-Unis, le renversement de la monarchie française en 1792 et la révolution bolchevique de 1917 furent aussi le fait de minorités déterminées !).

Cette séparation aboutirait à la création d'un État flamand, très riche... et très industriel. Autour du port d'Anvers, sur une superficie équivalente à deux départements français, il abriterait six millions d'habitants, soit la plus forte densité de l'Union européenne à part Malte !

La Wallonie (3 millions d'habitants) et Bruxelles (1 million d'habitants) auraient le choix soit de se transformer en un autre État indépendant et, pourquoi pas ? un district européen dans le style de Washington DC, soit de se rattacher à la France. Un mouvement « rattachiste » plaide dans ce sens.

Il n'est pas sûr que les Wallons et même les Flamands y trouvent leur compte.

Partie intégrante de l'Union européenne, pour le meilleur et pour le pire, les Flamands devront continuer de faire acte de solidarité avec les membres les plus pauvres, y compris la Wallonie... L'aide aux États du littoral méditerranéen et l'entrée de la Turquie sous-développée, que nous promettent nos éminents dirigeants, leur feront paraître légère l'aide qu'ils accordent aujourd'hui à leurs concitoyens francophones.

Du fait de leur démographie - 2% de la population de l'Union européenne -, les Flamands ne pèseront plus d'aucun poids dans les décisions de la Commission européenne... Ils se consoleront avec leurs propres ambassades et leur drapeau devant le siège de l'ONU !

L'effet domino

L'affaire ne se limite pas à la Belgique. Une dislocation de celle-ci relancerait les velléités indépendantistes d'autres régions européennes pour les mêmes raisons : nationalisme exacerbé et refus de solidarité avec les concitoyens plus pauvres.

Par un effet domino, dans les deux ans qui suivraient la naissance d'une Flandre indépendante, on verrait sans doute surgir une Catalogne indépendante puis, peu après, un Pays basque et une Écosse indépendants. Ces trois régions sont, après la Flandre, les plus engagées dans la voie de l'autonomie et de l'indépendance.

La dislocation des États historiques qui ont fait l'Europe s'arrêterait-elle là ? Pas sûr. En Italie comme en France, les mouvements régionalistes seraient encouragés à pousser les feux. Au final, c'est toute l'Europe qui se disloquerait et perdrait ses fondements : la paix et la solidarité.

Les indépendances nouvelles consacreraient la victoire du communautarisme et l'échec de la tentative amorcée il y a un demi-siècle de faire vivre ensemble des peuples de langues et de cultures différentes. Mauvais présage...

« Pour la Belgique comme pour l'Europe, la question, au fond, se résume ainsi : sommes-nous capables de vivre et de travailler ensemble avec nos différences ? Sommes-nous capables de reconnaître ce qui nous unit comme plus important que ce qui nous sépare ? Si Flamands et Wallons - qui partagent beaucoup - n'y parviennent pas, on ne pourra pas être optimiste pour l'avenir de l'Europe », écrit l'éditorialiste de La Croix, Guillaume Goubert (21 septembre 2007).

Dans le même sens, Le Monde (11-12 novembre 2007) écrit : « Obnubilée par ses aspirations régionalistes, la Flandre n'a pas voulu prendre en compte le symbole que représente la Belgique : carrefour des langues et des cultures, le pays a longtemps fait figure de véritable laboratoire pour l'Union européenne et les valeurs qu'elle promeut ». Ajoutons que la Belgique a été, avec Paul-Henri Spaak, pionnière de la construction européenne et du traité de Rome dans les années 1950.

Intervenir ? Laisser faire ?

Autant dire que la situation politique de la Belgique concerne tous les Européens et en premier lieu les chefs d'État et de gouvernement qui siègent au Conseil de l'Union. Il appartient à ceux-ci de soutenir les modérés dans la recherche d'un compromis et d'avertir les ultras qu'ils mettront tout en oeuvre contre le cancer du nationalisme et du communautarisme.

On entend d'ici les objections des tartuffes : l'Europe ne doit pas intervenir dans les affaires intérieures des États membres ; elle doit respecter le suffrage universel !...

Quand, en 2000, le populiste Jörg Haider est entré dans le gouvernement autrichien, Vienne a été mise au ban de l'Union européenne et menacée de sanctions diverses.

Plus près de nous, les Français et les Néerlandais, consultés par référendum, ont rejeté à une écrasante majorité le traité constitutionnel européen. C'était au printemps 2005. Deux ans après, le même traité ressurgit sous l'appellation de « traité modificatif », avec les mêmes composantes à l'exclusion de quelques incongruités (références au drapeau, à l'hymne, à la devise et aux valeurs de l'Europe !). Cette fois, plus question de référendum (sauf en Irlande). Les dirigeants européens, dans leur infinie sagesse, se satisfont d'une ratification par la voie parlementaire.

Ces exemples montrent que les dirigeants européens n'hésitent pas à intervenir dans les affaires intérieures des États membres et savent, quand l'enjeu en vaut la peine, contourner le suffrage universel.

Le sort de la Belgique en vaut-il la peine ? À en juger par le silence assourdissant des instances européennes, on est en droit de croire que non.

ll est vrai que le séparatisme flamand ne met pas en cause la seule chose qui semble compter aux yeux de nos dirigeants, héritiers indignes de Jean Monnet et Paul-Henri Spaak : la libre circulation des capitaux et des marchandises et la « concurrence libre et non faussée ». Que pèsent à côté de ces valeurs-là l'héritage de Charles Quint, Rubens, Memling, Thyl l'Espiègle et Hergé... ?

Joseph Savès
Post-scriptum

La pomme de discorde de l'arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV), bilingue français/flamand, mais enclavé en Flandre, divise encore et toujours la Belgique. Le gouvernement d'Yves Leterme a dû démissionner et des élections législatives anticipées sont organisées le dimanche 13 juin 2010.

Dans une Union européenne moribonde, au bord du collapsus économique, avec des dirigeants aux abonnés absents, le triomphe prévisible des séparatistes flamands fait écho aux succès électoraux d'un parti anti-immigrationniste aux Pays-Bas et des ultranationalistes en Hongrie...

Un « vent mauvais » souffle sur le Vieux continent. Auprès de la tornade qui s'annonce, les Katrina et autre Xinthia feront l'effet de doux zéphirs. À la différence de ces dernières, cette future tornade aura été la conséquence du choix des citoyens, qui n'auront pas su ni voulu se défaire des politiques et des dirigeants défaillants...

Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14
Montreal (07-08-2009 04:10:47)

1) La richesse de la Flandre s'est développée principalement après 1940. Est-ce que la décision des nazis de libérer tous les prisonniers capables de parler une langue germanique (à part une cen... Lire la suite

Jeanine (21-07-2008 17:03:50)

Bonjour! Je viens de lire les commentaires différents que vous publiez, mais personne ne parle de ce que deviendrait Bruxelles... Imagine-t-on BXL "rattaché" à la France? Moi, je suis wallone, avec... Lire la suite

Jules Boulard (21-05-2008 22:39:32)

Le consensualisme politique appliqué en Belgique durant plusieurs générations, différent des principes dits démocratiques de la majorité, a permis un équilibre, fragile certes, mais pertinent e... Lire la suite

Daniel Chartrain (09-12-2007 19:38:05)

Article et avis très utiles pour comprendre la problématique belge.... Notre pays, créé de toute pièce pour satisfaire les deux grandes nations française et allemande, n'a plus lieu d'être. Alo... Lire la suite

Paul (28-11-2007 15:30:28)

Et si tout ce qui nous arrive, regrettable en l'occurence, n'était que le reflet de la médiocrité des gens au pouvoir: la Royauté tout autant que les politiques. Depuis longtemps, l'un et les autr... Lire la suite

Yves Willemaers (22-11-2007 15:40:22)

Quand on évoque comme M. Yves de Baets un "génocide culturel" et que l'on établit une comparaison avec les événements qui se sont déroulés au Rwanda, on se livre à des excès auxquels aucun hi... Lire la suite

Yves de Baets (20-11-2007 12:57:52)

Je ne puis marquer mon accord, ni sur le contenu du dossier 'Mille ans d'histoire belge", ni sur la réaction d'Yves Willemaers. En effet, dans votre 'Histoire de la Belgique'(qui, d'ailleurs, ne débute qu'en 1830), vous passez au bleu le vrai 'mal belge'.

Lorsque la 'révolution' de 1830, fomentée par la France, a été orchestrée, seuls quelques groupuscules francophones s'y sont ralliés. Dans ce mouvement soi-disant spontané, les Flamands ont totalement été ignorés. On ne leur a pas demandé leur avis 'démocratique'.
Il s'en est suivi à l'égard des Flamands, pendant un siècle, une tentative acharnée de génocide culturel et linguistique ('La Belgique sera francophone ou ne sera pas'). Ce n'est qu'en 1932, 102 ans après 'l'indépendance', que le néerlandais est admis comme langue dans l'enseignement moyen, supérieur et universitaire en Flandre. Les Flamands qui voulaient faire des études et acquérir un diplôme, devaient jusqu'alors abandonner leur langue et se 'franciser'. Les entreprises en Flandre étaient donc dirigées par des cadres et des ingénieurs francophones. Les ouvriers étaient Flamands. Même scénario à l'armée où ce n'est qu'en 1932 qu'il fut possible d'étudier en néerlandais à l'Ecole Royale Militaire et de devenir officier. Jusqu'en 1965 l'armée, y compris les unités flamandes, ont été commandées par une majorité d'officiers francophones.

Dans l'enseignement francophone, on inculquait aux 'jeunes gens de bonne famille' que le Flamand était un être rustre, sous-développé et sans culture. Le Flamand était une langue dans laquelle il était impossible d'effectuer des travaux scientifiques, dixit le cardinal Mercier. Le néerlandais est pourtant parlé par plus de 20 millions de personnes dans le monde.

La situation politique actuelle de la Belgique n'est pas due à quelques séparatistes flamands, tel que vous voulez le faire croire dans votre éditorial, mais bien à un relent d'attitude de mépris viscéral pour les Flamands de la part de quelques milliers de francophones radicaux et arrogants qui croient encore pouvoir coloniser la Flandre tel qu'ils l'ont fait pendant plus d'un siècle. Fuyant l'agglomération bruxelloise devenue trop allochtone et pleine d'insécurité, ils se sont installés dans la périphérie flamande sans vouloir admettre qu'ils habitent en Flandre. Les Flamands s'entendent par contre très bien avec les Wallons et vice versa.

Les médias francophones et surtout la télévision francophone belge RTBF, jouent actuellement le rôle qu'à joué 'Radio 1000 collines' au Ruanda et déclenché le génocide. La presse étrangère se fait également surtout l'écho des journaux francophones. C'est l'émission scandaleuse fictive 'Bye-bye Belgium' de la RTBF du 13 décembre 2006 qui a mis le feu aux poudres. Comme au 19ième siècle la Flandre y a été ridiculisée culturellement et linguistiquement (à trois reprises : le Flamand, une 'petite langue').

Pour plus d'objectivité de votre excellent site et une meilleure information des membres d'Hérodote, il faudrait réécrire la partie histoire de belgique depuis 1830 et mieux analyser les causes historiques et actuelles de la situation politique en Belgique.
Une bonne 'critique historique' s'impose.

Pour mieux comprendre la situation actuelle en Belgique.

La frontière linguistique en Belgique est un compromis historique entre Flamands et francophones. La loi fixant cette frontière fut votée au Parlement Belge en 1962, avec une grande majorité, tant Flamande que francophone. C’ était le résultat d’une étude scientifique approfondie effectuée par le « Centre Harmel » (Centre de recherche pour la solution des problèmes sociaux, politiques et juridiques en régions wallonne et flamande).
La Belgique compte depuis lors quatre zones linguistiques : la néerlandaise, la francophone, l’allemande et une zone franco-néerlandaise. La Flandre constitue la zone néerlandaise, la Wallonie la francophone, une région à l’est de la Belgique est d’expression allemande, les 19 communes autonomes de la Région de Bruxelles Capitale forment la zone franco-néerlandaise (appellations françaises en ordre alphabétique :Anderlecht, Auderghem, Berchem-Sainte-Agathe, Bruxelles, Etterbeek, Evere, Forest, Ganshoren, Ixelles, Jette, Koekelberg, Molenbeek-Saint-Jean, Saint-Gilles, Saint-Josse-ten-Node, Schaerbeek, Uccle, Watermael-Boitsforts, Woluwe-Saint-Lambert, Woluwe-Saint-Pierre).

Sur les frontières entre les différentes régions linguistiques, un régime de « facilités linguistiques » a été instauré. Ce régime a pour but de permettre, dans certaines communes, aux habitants d’un autre régime linguistique que celui de la région, de faire chaque fois une demande aux autorités communales et d’obtenir une traduction des documents et communications officielles de la commune. Des cours de l’enseignement primaire sont organisés dans leur langue.

Ces « facilités », qui existent depuis 45 ans (!), sont conçues comme une mesure de transition pour donner le temps d’apprendre la langue de la région dans laquelle on habite ou dans laquelle on vient volontairement habiter.
Dans ce cadre, il est bon de rappeler que ce sont les francophones qui, à l’époque, ont exigé que la Belgique soit divisée en région unilingues, à l’exception de la Région de Bruxelles Capitale ! Ils craignaient en effet que les milliers de Flamands qui s’étaient installés en Wallonie comme mineur de fond ou fermier, n’exigent des droits linguistiques.

Malgré cela, un régime de «facilités» existe aux frontières des zones linguistiques, dans les communes suivantes. Ces communes sont d’ailleurs clairement visibles sur la carte de Belgique jointe à l’article d’Hérodote du 12 novembre 2007 : Non-assistance à Belgique en péril, dans le cadre « Pomme de discorde ».
- sur la frontière linguistique entre la Flandre et la Wallonie : des «facilités» pour les francophones dans les communes de Bever (Biévène), Spiere-Helkijn (Espierres-Helchin), Voeren (Fourons), Herstappe, Mesen (Messines), Ronse (Renaix) ;
- sur la même frontière linguistique entre la Flandre et la Wallonie : de « facilités » pour les néerlandophones à Comines-Warneton (Komen-Waasten), Enghien (Edingen), Flobecq (Vloesberg), Mouscron (Moeskroen) ;
- sur la frontière linguistique entre la Wallonie et la région de langue allemande (la Communauté Germanophone), au profit des francophones : à Amel (Amblève), Büllingen (Bullange), Burg-Reuland, Bütgenbach, Eupen, Kelmis (La Calamine), Lontzen, Raeren, Sankt-Vith (Saint-Vith) ;
- sur la même frontière linguistique entre la Wallonie et la région germanophone, les habitants de langue allemande ont des « facilités » dans les communes Wallonnes de Waimes (Weismes) et Malmédy ;
- dans les communes flamandes suivantes jouxtant la Région de Bruxelles Capitale, les francophones bénéficient de « facilités » dans les communes de Kraainem, Drogenbos, Linkebeek, Sint-Genesius-Rode (Rhode-Saint-Genèse), Wemmel, Wezembeek-Oppem.

Dans toutes les régions citées ci-dessus, les habitants Flamands, francophones ou germanophones, se sont depuis longtemps adaptés à la langue officielle de la région dans laquelle ils habitent, excepté dans la dernière région citée ! Dans toutes les régions, excepté aux abords de la Région de Bruxelles Capitale, les « facilités », introduites il y a 45 ans, se sont tout naturellement éteintes car les habitants d’un autre régime linguistique se sont adaptés et intégrés.

Ce n’est pas le cas pour les communes flamandes « à facilité » des environs de la Région de Bruxelles Capitale. Il y a à cette situation plusieurs causes sociologiques parmi lesquelles la principale est sans doute le dépeuplement du centre de l’agglomération bruxelloise par la population autochtone fortement francisée depuis le 19ème siècle et son repeuplement par des communautés essentiellement magrébines, turques ou africaines.

La bourgeoisie (devenue) francophone de Bruxelles s’est surtout installée dans la périphérie flamande au sud-est de l’agglomération : Kraainem, Wezembeek-Oppem (où l’école allemande attire aujourd’hui une grande communauté allemande des Institutions européennes, OTAN, etc), voire jusqu’au-delà de la frontière linguistique en Wallonie (Brabant Wallon) : Waterloo (très prisé par les Anglais), Lasnes (devenu la commune la plus riche de Belgique !).

Il faut également savoir que la composition de la Région de Bruxelles Capitale, les « 19 communes », est déjà le résultat du transfert d’un certain nombre de communes flamandes vers Bruxelles et son agglomération. En 1921, les communes flamandes de Laken, Neder-over-Heembeek et Haren ont été fusionnées avec la commune de Bruxelles. Sint-Pieters-Woluwe (Woluwe-Saint-Pierre) fut également jointe à Bruxelles, mais comme commune autonome en 1921. En 1954, nouvelles extension officielle de l’agglomération Bruxelloise avec les commune, à l’époque encore essentiellement flamandes, Evere, Ganshoren et Berchem-Sainte-Agathe, qui font maintenant toutes les trois partie des « 19 communes ».

La ville de Bruxelles (y compris les trois communes annexées en 1921) ne compte que 146.000 habitants dont 50.000 de nationalité étrangère (34 %).
La Région de Bruxelles Capitale compte environ 1.031.215 habitants dont environ 428.000 belges (ou naturalisés belges) francophones (environ 42%), 150.000 belges néerlandophones (environ 14,50 %) et 278.000 habitants de nationalité étrangère (56,50 %).

Dans les six communes flamandes « à facilité », jouxtant la Région de Bruxelles Capitale, la populations est la suivante : Drogenbos : 4.878, Kraainem : 13.152, Linkebeek : 4.759, Sint-Genesius-Rode : 17.919, Wemmel : 14.769, Wezembeek-Oppem : 13.519. La population, qui est devenue à majorité francophone, surtout par suite de l’émigration hors de Bruxelles et par l’octroi des « facilités », comporte également un très important pourcentage d’étrangers qui s’adaptent volontiers à la langue de la région : le néerlandais.
Les communes de Kraainem, Wezembeek-Oppem et Sint-Genesius-Rode perdent cependant des habitants et sont en régression.

La Flandre, la Wallonie et la Région de Bruxelles Capitale sont des entités politiques (sous-états) au sein de l’état fédéral Belge, avec leur propre gouvernement et leurs propres décrets.
Une plus grande autonomie de gestion de ces entités reste souhaitable. Prenons pour exemple la Catalogne, l’Ecosse ou les états, « Länder » et villes-états (Berlin, Hanovre, Brème) de l’Allemagne fédérale.

Certains petits partis politiques francophones exigent que la Flandre cède une partie de son territoire pour à nouveau élargir Bruxelles. Au sein d’un état fédéral, c’est une exigence hautement déloyale. Ils estiment que Bruxelles est étouffé dans un carcan. Mais Berlin, qui est une ville située au milieu de l’état du Brandebourg, est-elle étouffée ? Et Washington DC (District of Columbia), bordée frontières des états du Maryland et de la Virginie ?

L’heure n’est plus aux négociations de 1938 ayant mené aux « Accords de Munich ».

Yves Willemaers (19-11-2007 18:32:32)

De tout coeur, je tiens à vous féliciter pour le dossier relatif à la Belgique que vous avez mis en ligne. C'est une excellente synthèse de la question et qui me paraît tout à fait honnête et o... Lire la suite

Guy Poizat (13-11-2007 16:02:31)

Le royaume de Belgique est une fiction de l'Histoire née du Congrès de Vienne, destinée à neutraliser la place-forte que représentait Anvers à l'époque, "ce pistolet braqué contre le ventre mo... Lire la suite

Remacle (13-11-2007 08:51:50)

Je n'ai jamais éprouvé de satisfaction particulière à être né belge, je n'en ai aucune honte non plus évidemment, pas plus que je ne nourris le regret de n'être pas né mandchou ou patagon. J... Lire la suite

Camille (13-11-2007 08:48:01)

L'Europe a-t-elle à gagner à remplacer les grands Etats par des micro-Etats ou des régions autonomes ? "Small is beautiful" disent certains Anglo-Saxons. C'est aussi ce que pensaient les citoyens d... Lire la suite

Robert Bastien (13-11-2007 08:36:56)

Votre texte sur la Belgique m'a beaucoup déçu par son conservatisme, ce désir maladif de souhaiter que les institutions que l'on connaît soient immuables. Pourquoi les Belges seraient-ils mieux da... Lire la suite

Bernard DR (13-11-2007 08:35:29)

L'éclatement de l'Europe en plusieurs petites entités est un souhait des lobbies économiques: il faut y voir un désir de réduire l'influence des Etats (plus ils sont petits, moins leur influence ... Lire la suite

xerxes (12-11-2007 22:49:57)

Bravo pour cet article qui précise bien cette absurdité qui devrait faire honte à tous les européens de bonne volonté. Le paradoxe de ce début de ce XXIème siècle est dramatique. Le problème ... Lire la suite

Jean de Crombrugghe (12-11-2007 22:47:12)

Je suis Belge, avec des ancêtres flamands, wallons, et même français ayant fui la Révolution. Sachez que la Belgique est encore loin du divorce. Comme vous l'avez dit, les Flamands et les Wallons... Lire la suite

Bernard Duthoit (12-11-2007 22:35:56)

Serait-ce vraiment une catastrophe si les grands pays européens se scindaient en petites régions? La manière jusqu'ici de faire une grande nation est qu'un peuple dans cette nation en puissances, p... Lire la suite

Jacques Vernin (12-11-2007 21:06:35)

Lu votre article intéressant sur la Belgique. Mais non, l'UE n'est pas toujours passive. regardez le Kossovo. L'Ue a bel et bien pris position, pour imposer le découpage de la Serbie! ... Lire la suite

Tramoni (12-11-2007 19:14:41)

Vous êtes très partial; quand un couple ne s'entend plus, il divorce; c'est le cas de la Flandre et de la Wallonie. La Wallonie a déjà été française sous la Révolution et l'Empire ; elle redev... Lire la suite

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