12 novembre 2007

Non-assistance à Belgique en péril

Après que les élus flamands ont rompu avec la tradition belge du compromis, le pays est au bord de la scission. Le triomphe des particularismes en Belgique et, demain, dans le reste de l'Europe, pourrait porter un coup fatal à la solidarité entre les peuples de l'Union...

Pour comprendre l'enjeu actuel, lire notre dossier : Mille ans d'Histoire belge

Voilà plus de cinq mois que le gouvernement belge démissionnaire de Guy Verhofstadt se contente d'expédier les affaires courantes.

Les élections législatives du 10 juin ont consacré le succès du parti chrétien-démocrate flamand (CD&V) d'Yves Leterme et de son allié nationaliste flamand, la NVA, partisans pour la Flandre d'une autonomie aussi large que possible. Depuis lors, la Belgique est en attente d'un gouvernement de coalition qui réunirait les chrétiens-démocrates et libéraux francophones et flamands.

Le conflit dépasse le cadre politicien. Il met en jeu la pérennité de la Belgique, minée par le différend linguistique entre néerlandophones (Flamands) et francophones (Wallons et Bruxellois). Les premiers reprochent aux seconds de ne pas faire d'effort pour apprendre le flamand et craignent que celui-ci ne soit pas marginalisé.

Pomme de discorde

La pomme de discorde est l'arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV), bilingue français/flamand, mais enclavé en Flandre. Si Bruxelles est majoritairement francophone, ce n'est pas le cas des 35 communes riveraines.

Jusqu'ici, 120.000 francophones de la circonscription néerlandophone de Hal-Vilvorde, à la périphérie de Bruxelles avaient la possibilité de voter pour des candidats francophones bruxellois lors des législatives.

Les Flamands du CD&V d'Yves Leterme jugent cette disposition contraire au fédéralisme belge qui prévoit des régions unilingues (Bruxelles excepté). Le 7 novembre 2007, ils ont voté en commission la scission de l'arrondissement, Bruxelles demeurant seule bilingue.

Le vote a secoué le pays car il rompt pour la première fois avec la tradition belge du compromis (jusque-là, les Flamands veillaient à ne pas user de leur majorité numérique pour imposer leurs volontés aux Wallons).

Une lente dislocation

La paralysie de l'État fédéral contribue à renforcer les prérogatives déjà très étendues des régions.

Les séparatistes, très nombreux du côté flamand, s'accommodent de cette situation qui mène tout droit à l'éclatement de la Belgique en deux entités indépendantes, la Flandre et la Wallonie. Deux ou trois obstacles freinent cette évolution : le roi, dernier symbole d'unité nationale, la dette publique et surtout le statut de Bruxelles.

La capitale abrite les principales institutions de l'Union européenne et l'OTAN. Elle est majoritairement francophone mais enclavée en Flandre ! Sans surprise, c'est là que l'on semble le plus attaché à l'unité nationale. Il n'est que de voir les drapeaux tricolores accrochés aux fenêtres pour s'en convaincre.

Les séparatistes mettent en avant l'exemple de la Tchécoslovaquie qui, le 1er janvier 1993, s'est disloquée de façon civile, sans coup de feu ni éclat de voix, sans même un référendum, en deux États, la république tchèque et la Slovaquie. Ils y voient un exemple à suivre et font remarquer que les conflits entre Flamands et Wallons n'ont - pour l'instant - causé aucun mort.

La Tchécoslovaquie, comme son nom l'indique, est une création artificielle de la Grande Guerre de 14-18, qui a rapproché l'ancien et prestigieux royaume de Bohème, élément central du Saint Empire romain germanique, de la pauvre Slovaquie, région des Carpathes, à la périphérie du royaume de Hongrie. Bien que proches par la langue, ces deux entités se sont tourné le dos pendant près de mille ans, y compris sous le régime de l'Autriche-Hongrie. Leur « divorce de velours » était donc inéluctable.

Rien de tel avec les Flamands et les Wallons. Bien que de langues différentes (comme les Canadiens, les Suisses, les Indiens et bien d'autres peuples de par le monde), ils partagent le même destin depuis le haut Moyen Âge. Ils ont brillé ensemble dans le commerce, l'industrie et les arts. Ils ont combattu ensemble les Capétiens puis les Habsbourg d'Autriche.

Les conséquences d'un divorce

Même si une majorité de Belges s'opposent encore à la séparation des deux régions, celle-ci apparaît de plus en plus probable sous la pression de minorités déterminées (l'indépendance des États-Unis, le renversement de la monarchie française en 1792 et la révolution bolchevique de 1917 furent aussi le fait de minorités déterminées !).

Cette séparation aboutirait à la création d'un État flamand, très riche... et très industriel. Autour du port d'Anvers, sur une superficie équivalente à deux départements français, il abriterait six millions d'habitants, soit la plus forte densité de l'Union européenne à part Malte !

La Wallonie (3 millions d'habitants) et Bruxelles (1 million d'habitants) auraient le choix soit de se transformer en un autre État indépendant et, pourquoi pas ? un district européen dans le style de Washington DC, soit de se rattacher à la France. Un mouvement « rattachiste » plaide dans ce sens.

Il n'est pas sûr que les Wallons et même les Flamands y trouvent leur compte.

Partie intégrante de l'Union européenne, pour le meilleur et pour le pire, les Flamands devront continuer de faire acte de solidarité avec les membres les plus pauvres, y compris la Wallonie... L'aide aux États du littoral méditerranéen et l'entrée de la Turquie sous-développée, que nous promettent nos éminents dirigeants, leur feront paraître légère l'aide qu'ils accordent aujourd'hui à leurs concitoyens francophones.

Du fait de leur démographie - 2% de la population de l'Union européenne -, les Flamands ne pèseront plus d'aucun poids dans les décisions de la Commission européenne... Ils se consoleront avec leurs propres ambassades et leur drapeau devant le siège de l'ONU !

L'effet domino

L'affaire ne se limite pas à la Belgique. Une dislocation de celle-ci relancerait les velléités indépendantistes d'autres régions européennes pour les mêmes raisons : nationalisme exacerbé et refus de solidarité avec les concitoyens plus pauvres.

Par un effet domino, dans les deux ans qui suivraient la naissance d'une Flandre indépendante, on verrait sans doute surgir une Catalogne indépendante puis, peu après, un Pays basque et une Écosse indépendants. Ces trois régions sont, après la Flandre, les plus engagées dans la voie de l'autonomie et de l'indépendance.

La dislocation des États historiques qui ont fait l'Europe s'arrêterait-elle là ? Pas sûr. En Italie comme en France, les mouvements régionalistes seraient encouragés à pousser les feux. Au final, c'est toute l'Europe qui se disloquerait et perdrait ses fondements : la paix et la solidarité.

Les indépendances nouvelles consacreraient la victoire du communautarisme et l'échec de la tentative amorcée il y a un demi-siècle de faire vivre ensemble des peuples de langues et de cultures différentes. Mauvais présage...

« Pour la Belgique comme pour l'Europe, la question, au fond, se résume ainsi : sommes-nous capables de vivre et de travailler ensemble avec nos différences ? Sommes-nous capables de reconnaître ce qui nous unit comme plus important que ce qui nous sépare ? Si Flamands et Wallons - qui partagent beaucoup - n'y parviennent pas, on ne pourra pas être optimiste pour l'avenir de l'Europe », écrit l'éditorialiste de La Croix, Guillaume Goubert (21 septembre 2007).

Dans le même sens, Le Monde (11-12 novembre 2007) écrit : « Obnubilée par ses aspirations régionalistes, la Flandre n'a pas voulu prendre en compte le symbole que représente la Belgique : carrefour des langues et des cultures, le pays a longtemps fait figure de véritable laboratoire pour l'Union européenne et les valeurs qu'elle promeut ». Ajoutons que la Belgique a été, avec Paul-Henri Spaak, pionnière de la construction européenne et du traité de Rome dans les années 1950.

Intervenir ? Laisser faire ?

Autant dire que la situation politique de la Belgique concerne tous les Européens et en premier lieu les chefs d'État et de gouvernement qui siègent au Conseil de l'Union. Il appartient à ceux-ci de soutenir les modérés dans la recherche d'un compromis et d'avertir les ultras qu'ils mettront tout en oeuvre contre le cancer du nationalisme et du communautarisme.

On entend d'ici les objections des tartuffes : l'Europe ne doit pas intervenir dans les affaires intérieures des États membres ; elle doit respecter le suffrage universel !...

Quand, en 2000, le populiste Jörg Haider est entré dans le gouvernement autrichien, Vienne a été mise au ban de l'Union européenne et menacée de sanctions diverses.

Plus près de nous, les Français et les Néerlandais, consultés par référendum, ont rejeté à une écrasante majorité le traité constitutionnel européen. C'était au printemps 2005. Deux ans après, le même traité ressurgit sous l'appellation de « traité modificatif », avec les mêmes composantes à l'exclusion de quelques incongruités (références au drapeau, à l'hymne, à la devise et aux valeurs de l'Europe !). Cette fois, plus question de référendum (sauf en Irlande). Les dirigeants européens, dans leur infinie sagesse, se satisfont d'une ratification par la voie parlementaire.

Ces exemples montrent que les dirigeants européens n'hésitent pas à intervenir dans les affaires intérieures des États membres et savent, quand l'enjeu en vaut la peine, contourner le suffrage universel.

Le sort de la Belgique en vaut-il la peine ? À en juger par le silence assourdissant des instances européennes, on est en droit de croire que non.

ll est vrai que le séparatisme flamand ne met pas en cause la seule chose qui semble compter aux yeux de nos dirigeants, héritiers indignes de Jean Monnet et Paul-Henri Spaak : la libre circulation des capitaux et des marchandises et la « concurrence libre et non faussée ». Que pèsent à côté de ces valeurs-là l'héritage de Charles Quint, Rubens, Memling, Thyl l'Espiègle et Hergé... ?

Joseph Savès
Post-scriptum

La pomme de discorde de l'arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV), bilingue français/flamand, mais enclavé en Flandre, divise encore et toujours la Belgique. Le gouvernement d'Yves Leterme a dû démissionner et des élections législatives anticipées sont organisées le dimanche 13 juin 2010.

Dans une Union européenne moribonde, au bord du collapsus économique, avec des dirigeants aux abonnés absents, le triomphe prévisible des séparatistes flamands fait écho aux succès électoraux d'un parti anti-immigrationniste aux Pays-Bas et des ultranationalistes en Hongrie...

Un « vent mauvais » souffle sur le Vieux continent. Auprès de la tornade qui s'annonce, les Katrina et autre Xinthia feront l'effet de doux zéphirs. À la différence de ces dernières, cette future tornade aura été la conséquence du choix des citoyens, qui n'auront pas su ni voulu se défaire des politiques et des dirigeants défaillants...

Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14
Montreal (07-08-2009 04:10:47)

1) La richesse de la Flandre s'est développée principalement après 1940. Est-ce que la décision des nazis de libérer tous les prisonniers capables de parler une langue germanique (à part une centaine qui n'a pas daigné profiter de l'aubaine, mais pas encore canonisés) y est pour quelque chose?
2) Pourquoi les dirigeants flamands (depuis Eyskens et sa loi unique) se sont toujours opposés à un recensement national? Ils se disent super-majoritaires, quel est leur problème? Est-ce qu'on nous cache qque chose qui arrange bien les séparatistes de tout poil?
3) C'est bien connu, peu de wallons parlent le flamand, mais combien de flamands parlent le wallon? A l'école, on apprend aux petits wallons à parler ABN (Algemeen Beschaafd Nederlands), une langue faite sur mesure par les Néerlandais pour simplifier la grammaire (et surtout les déclinaisons) et intégrer tous leurs dialectes. Qui parle ABN en Flandre, à la maison?
4) Comment la Flandre pourrait-elle prospérer sans Bruxelles/Brussel? Il suffirait d'une menace, en cas de monolinguisme flamand obligatoire dans la périphérie, de monolinguisme francophone des 18 communes. Le pays est fédéral, fédéralisons donc, mais en toute bonne foi (Fourons, Moeskroen, Communes à facilités). De toutes façons, vos petits-enfants ne parlerons qu'anglais ou mandarin
5) Incontournable, chaque wallon peut nommer un chum flamand, et presque chaque flamand (normal, il se disent les + nombreux) peut nommer un chum wallon. Soit un supporter de la même équipe (à la limite, diable rouge est accepté), un buveur de la même bière (multiplicité acceptée), un compatriote à l'étranger (pas grand, la Belgique, fieu), ou cette inévaluable mais inestimable sensation de faire partie d'une même culture, de se comprendre avant de se parler, et de tous aimer Jacques Brel.

Jeanine (21-07-2008 17:03:50)

Bonjour! Je viens de lire les commentaires différents que vous publiez, mais personne ne parle de ce que deviendrait Bruxelles... Imagine-t-on BXL "rattaché" à la France? Moi, je suis wallone, avec des ancêtres flamands. J'ai appris le flamand au Lycée pendant des années, mais je n'ai pas eu l'occasion de le pratiquer. Cependant, si j'avais dû vivre en Flandre, j'aurais appris la langue de la région, sans pour autant abandonner mon français d'origine. Si tous les francophones avaient fait de même,nous n'en serions sans doute pas là où nous sommes, Ce mépris affiché du flamand a donné l'occasion de monter la tête aux naïfs et de provoquer des réactions infantiles... J'ai vécu en Espagne, et ma première initiative a été d'en apprendre la langue: c'était naturel et les espagnols ont été enchantés de mes efforts...et de ma bonne volonté. Pourtant, là aussi, comme en Flandre, il existait un clergé dominant qui n'aimait pas les étrangers... Merci

Jules Boulard (21-05-2008 22:39:32)

Le consensualisme politique appliqué en Belgique durant plusieurs générations, différent des principes dits démocratiques de la majorité, a permis un équilibre, fragile certes, mais pertinent et efficace; il a été cité en modèle.
Les dernières décisions de fédéralisme ont substitué aux groupes politiques qui se rejoignaient sous les mêmes "couleurs" et qui "dialoguaient", deux communautés linguistiques qui ne se parlent plus. La majorité veut imposer sa volonté.
C'est bel et bien irrémédiable. La Wallonie doit se tourner vers la France.
Assurément, le contexte politique français actuel ne trouve pas une approbation unanime chez les francophones de Belgique peu enclins à applaudir les histrions, mais, plus que jamais l'identité des peuples se confond avec leur langue: elle est tout à la fois leur parole et leur mémoire, leur pensée ainsi que la somme de tous leurs combats.
Nos voisins Flamands ont raison quand ils cherchent à valoriser la leur, mais ils la compromettent quand ils l'identifient à un prétendu "droit du sol".
Les dialectes wallons, magré les efforts pittoresques de quelques écrivains sont amenés à disparaître parce qu'ils étaient liés à la vie d'autrefois,la société, son artisanat et ses vieux métier.
Quand il a fallu conquérir notre liberté ainsi que nos droits sociaux, c'est en français que cela s'est réclamé. La langue française est donc notre première patrie.
Nous sommes ainsi solidaires des peuples qui la pratiquent et il faut lutter pour qu'elle reste la langue des droits de l'homme.

Daniel Chartrain (09-12-2007 19:38:05)

Article et avis très utiles pour comprendre la problématique belge.... Notre pays, créé de toute pièce pour satisfaire les deux grandes nations française et allemande, n'a plus lieu d'être. Alors pourquoi pas un rattachement de la Flandre aux Pays-Bas et de la partie wallonne à la France?!

Paul (28-11-2007 15:30:28)

Et si tout ce qui nous arrive, regrettable en l'occurence, n'était que le reflet de la médiocrité des gens au pouvoir: la Royauté tout autant que les politiques. Depuis longtemps, l'un et les autres prêtent le flanc au mépris et à la critique. Plus personne n'a le pouvoir de la parole car tous les grands hommes d'Etat se cachent. Il manque un échelon à la vie politique démocratique qui apparaît inconciliable avec la Monarchie Constitutionnelle. N'est-ce pas là le mal Belge, vouloir allier démocratie et monarchie, eau et feu.

Yves Willemaers (22-11-2007 15:40:22)

Quand on évoque comme M. Yves de Baets un "génocide culturel" et que l'on établit une comparaison avec les événements qui se sont déroulés au Rwanda, on se livre à des excès auxquels aucun historien sérieux ne pourra jamais souscrire.

Le nom que je porte révèle mon origine flamande; mon arrière-grand-père, historien et préfet à l'athénée de Bruges avant la Première Guerre Mondiale, milita pour la reconnaissance de la langue flamande.

En fait, l'histoire de nos anciennes principautés montre que la langue ne fut jamais un obstacle au "vivre ensemble". Ainsi, la principauté de Liège comptait 11 bonnes villes wallonnes et 11 bonnes villes "thioises". Il en allait de même dans le Duché de Brabant. Même la bataille des Eperons d'Or choisie comme fête "nationale" flamande rassembla des combattants venus de Flandre, du Hainaut et de Namur. Plus tard, la résistance à la politique espagnole, autrichienne ou française réunit les habitants de ces provinces dans des luttes communes contre l'autoritarisme des souverains, contre la politique de Joseph II ou celle des révolutionnaires français occupant notre sol. La révolution de 1830 s'inscrit dans cette logique contre un roi qui méprisait les Belges "papistes"...

Cela n'empêche que la Belgique de 1830 adopta une structure jacobine qui imposa un centralisme privilégiant l'usage du français, pratiqué par l'électorat censitaire, au nord comme au sud du pays. On comprend dès lors les frustrations qui résultent d'une situation où ceux qui s'exprimaient en flamand ne se sentaient pas pris en compte. La prose de M. de Baets en témoigne abondamment. Peut-être serait-il utile que ces attitudes de non-respect des populations flamandes durant cette époque de prépondérance du français soient reconnues mais cela ne justifie aucunement les excès auxquels se livrent les nationalistes flamingants à l'heure présente.

Il est clair qu'il y a des frustrations semblables qui s'expriment en Bretagne, en Corse, au Pays Basque, en Ecosse... et qui débouchent sur des volontés d'autonomie ou d'indépendance. Après l'époque des nationalismes vient celle des sous-nationalismes; je ne crois pas que l'une vaille mieux que l'autre. Le progrès humain est du côté de l'acceptation des différences et de la rencontre de l'autre, pas dans les replis nationalistes, encore moins dans les vitupérations haineuses...

A présent, les Flamands représentent 60% de la population belge et ils ont un poids économique nettement supérieur à celui de Bruxelles et de la Wallonie réunis; certains d'entre eux voudraient profiter de cette prépondérance soit pour dicter leurs conditions pour un maintien de l'Etat belge soit pour proclamer l'indépendance de la Flandre.

Il y a plus de trente ans, la Belgique a subi un remaniement constitutionnel qui a organisé le pays en état fédéral dont la structure est extrêmement compliquée. De plus, les partis ne sont pas "transversaux" mais soit flamands soit francophones. Comment, dans de telles conditions empêcher le fossé de se creuser toujours davantage? Après trente ans de fédéralisme et d'évolution séparée, on se demande ce que l'on a encore en commun...

Je reste attaché à ce pays malgré toutes ses contradictions. Suis-je objectif? Je ne puis en être sûr mais je me rattache à une tradition historiographique illustrée par Henri Pirenne qui croyait à l'existence d'une communauté de destin liant les Belges du nord et du sud.

Yves WILLEMAERS Licencié en histoire

Yves de Baets (20-11-2007 12:57:52)

Je ne puis marquer mon accord, ni sur le contenu du dossier 'Mille ans d'histoire belge", ni sur la réaction d'Yves Willemaers. En effet, dans votre 'Histoire de la Belgique'(qui, d'ailleurs, ne débute qu'en 1830), vous passez au bleu le vrai 'mal belge'.

Lorsque la 'révolution' de 1830, fomentée par la France, a été orchestrée, seuls quelques groupuscules francophones s'y sont ralliés. Dans ce mouvement soi-disant spontané, les Flamands ont totalement été ignorés. On ne leur a pas demandé leur avis 'démocratique'.
Il s'en est suivi à l'égard des Flamands, pendant un siècle, une tentative acharnée de génocide culturel et linguistique ('La Belgique sera francophone ou ne sera pas'). Ce n'est qu'en 1932, 102 ans après 'l'indépendance', que le néerlandais est admis comme langue dans l'enseignement moyen, supérieur et universitaire en Flandre. Les Flamands qui voulaient faire des études et acquérir un diplôme, devaient jusqu'alors abandonner leur langue et se 'franciser'. Les entreprises en Flandre étaient donc dirigées par des cadres et des ingénieurs francophones. Les ouvriers étaient Flamands. Même scénario à l'armée où ce n'est qu'en 1932 qu'il fut possible d'étudier en néerlandais à l'Ecole Royale Militaire et de devenir officier. Jusqu'en 1965 l'armée, y compris les unités flamandes, ont été commandées par une majorité d'officiers francophones.

Dans l'enseignement francophone, on inculquait aux 'jeunes gens de bonne famille' que le Flamand était un être rustre, sous-développé et sans culture. Le Flamand était une langue dans laquelle il était impossible d'effectuer des travaux scientifiques, dixit le cardinal Mercier. Le néerlandais est pourtant parlé par plus de 20 millions de personnes dans le monde.

La situation politique actuelle de la Belgique n'est pas due à quelques séparatistes flamands, tel que vous voulez le faire croire dans votre éditorial, mais bien à un relent d'attitude de mépris viscéral pour les Flamands de la part de quelques milliers de francophones radicaux et arrogants qui croient encore pouvoir coloniser la Flandre tel qu'ils l'ont fait pendant plus d'un siècle. Fuyant l'agglomération bruxelloise devenue trop allochtone et pleine d'insécurité, ils se sont installés dans la périphérie flamande sans vouloir admettre qu'ils habitent en Flandre. Les Flamands s'entendent par contre très bien avec les Wallons et vice versa.

Les médias francophones et surtout la télévision francophone belge RTBF, jouent actuellement le rôle qu'à joué 'Radio 1000 collines' au Ruanda et déclenché le génocide. La presse étrangère se fait également surtout l'écho des journaux francophones. C'est l'émission scandaleuse fictive 'Bye-bye Belgium' de la RTBF du 13 décembre 2006 qui a mis le feu aux poudres. Comme au 19ième siècle la Flandre y a été ridiculisée culturellement et linguistiquement (à trois reprises : le Flamand, une 'petite langue').

Pour plus d'objectivité de votre excellent site et une meilleure information des membres d'Hérodote, il faudrait réécrire la partie histoire de belgique depuis 1830 et mieux analyser les causes historiques et actuelles de la situation politique en Belgique.
Une bonne 'critique historique' s'impose.

Pour mieux comprendre la situation actuelle en Belgique.

La frontière linguistique en Belgique est un compromis historique entre Flamands et francophones. La loi fixant cette frontière fut votée au Parlement Belge en 1962, avec une grande majorité, tant Flamande que francophone. C’ était le résultat d’une étude scientifique approfondie effectuée par le « Centre Harmel » (Centre de recherche pour la solution des problèmes sociaux, politiques et juridiques en régions wallonne et flamande).
La Belgique compte depuis lors quatre zones linguistiques : la néerlandaise, la francophone, l’allemande et une zone franco-néerlandaise. La Flandre constitue la zone néerlandaise, la Wallonie la francophone, une région à l’est de la Belgique est d’expression allemande, les 19 communes autonomes de la Région de Bruxelles Capitale forment la zone franco-néerlandaise (appellations françaises en ordre alphabétique :Anderlecht, Auderghem, Berchem-Sainte-Agathe, Bruxelles, Etterbeek, Evere, Forest, Ganshoren, Ixelles, Jette, Koekelberg, Molenbeek-Saint-Jean, Saint-Gilles, Saint-Josse-ten-Node, Schaerbeek, Uccle, Watermael-Boitsforts, Woluwe-Saint-Lambert, Woluwe-Saint-Pierre).

Sur les frontières entre les différentes régions linguistiques, un régime de « facilités linguistiques » a été instauré. Ce régime a pour but de permettre, dans certaines communes, aux habitants d’un autre régime linguistique que celui de la région, de faire chaque fois une demande aux autorités communales et d’obtenir une traduction des documents et communications officielles de la commune. Des cours de l’enseignement primaire sont organisés dans leur langue.

Ces « facilités », qui existent depuis 45 ans (!), sont conçues comme une mesure de transition pour donner le temps d’apprendre la langue de la région dans laquelle on habite ou dans laquelle on vient volontairement habiter.
Dans ce cadre, il est bon de rappeler que ce sont les francophones qui, à l’époque, ont exigé que la Belgique soit divisée en région unilingues, à l’exception de la Région de Bruxelles Capitale ! Ils craignaient en effet que les milliers de Flamands qui s’étaient installés en Wallonie comme mineur de fond ou fermier, n’exigent des droits linguistiques.

Malgré cela, un régime de «facilités» existe aux frontières des zones linguistiques, dans les communes suivantes. Ces communes sont d’ailleurs clairement visibles sur la carte de Belgique jointe à l’article d’Hérodote du 12 novembre 2007 : Non-assistance à Belgique en péril, dans le cadre « Pomme de discorde ».
- sur la frontière linguistique entre la Flandre et la Wallonie : des «facilités» pour les francophones dans les communes de Bever (Biévène), Spiere-Helkijn (Espierres-Helchin), Voeren (Fourons), Herstappe, Mesen (Messines), Ronse (Renaix) ;
- sur la même frontière linguistique entre la Flandre et la Wallonie : de « facilités » pour les néerlandophones à Comines-Warneton (Komen-Waasten), Enghien (Edingen), Flobecq (Vloesberg), Mouscron (Moeskroen) ;
- sur la frontière linguistique entre la Wallonie et la région de langue allemande (la Communauté Germanophone), au profit des francophones : à Amel (Amblève), Büllingen (Bullange), Burg-Reuland, Bütgenbach, Eupen, Kelmis (La Calamine), Lontzen, Raeren, Sankt-Vith (Saint-Vith) ;
- sur la même frontière linguistique entre la Wallonie et la région germanophone, les habitants de langue allemande ont des « facilités » dans les communes Wallonnes de Waimes (Weismes) et Malmédy ;
- dans les communes flamandes suivantes jouxtant la Région de Bruxelles Capitale, les francophones bénéficient de « facilités » dans les communes de Kraainem, Drogenbos, Linkebeek, Sint-Genesius-Rode (Rhode-Saint-Genèse), Wemmel, Wezembeek-Oppem.

Dans toutes les régions citées ci-dessus, les habitants Flamands, francophones ou germanophones, se sont depuis longtemps adaptés à la langue officielle de la région dans laquelle ils habitent, excepté dans la dernière région citée ! Dans toutes les régions, excepté aux abords de la Région de Bruxelles Capitale, les « facilités », introduites il y a 45 ans, se sont tout naturellement éteintes car les habitants d’un autre régime linguistique se sont adaptés et intégrés.

Ce n’est pas le cas pour les communes flamandes « à facilité » des environs de la Région de Bruxelles Capitale. Il y a à cette situation plusieurs causes sociologiques parmi lesquelles la principale est sans doute le dépeuplement du centre de l’agglomération bruxelloise par la population autochtone fortement francisée depuis le 19ème siècle et son repeuplement par des communautés essentiellement magrébines, turques ou africaines.

La bourgeoisie (devenue) francophone de Bruxelles s’est surtout installée dans la périphérie flamande au sud-est de l’agglomération : Kraainem, Wezembeek-Oppem (où l’école allemande attire aujourd’hui une grande communauté allemande des Institutions européennes, OTAN, etc), voire jusqu’au-delà de la frontière linguistique en Wallonie (Brabant Wallon) : Waterloo (très prisé par les Anglais), Lasnes (devenu la commune la plus riche de Belgique !).

Il faut également savoir que la composition de la Région de Bruxelles Capitale, les « 19 communes », est déjà le résultat du transfert d’un certain nombre de communes flamandes vers Bruxelles et son agglomération. En 1921, les communes flamandes de Laken, Neder-over-Heembeek et Haren ont été fusionnées avec la commune de Bruxelles. Sint-Pieters-Woluwe (Woluwe-Saint-Pierre) fut également jointe à Bruxelles, mais comme commune autonome en 1921. En 1954, nouvelles extension officielle de l’agglomération Bruxelloise avec les commune, à l’époque encore essentiellement flamandes, Evere, Ganshoren et Berchem-Sainte-Agathe, qui font maintenant toutes les trois partie des « 19 communes ».

La ville de Bruxelles (y compris les trois communes annexées en 1921) ne compte que 146.000 habitants dont 50.000 de nationalité étrangère (34 %).
La Région de Bruxelles Capitale compte environ 1.031.215 habitants dont environ 428.000 belges (ou naturalisés belges) francophones (environ 42%), 150.000 belges néerlandophones (environ 14,50 %) et 278.000 habitants de nationalité étrangère (56,50 %).

Dans les six communes flamandes « à facilité », jouxtant la Région de Bruxelles Capitale, la populations est la suivante : Drogenbos : 4.878, Kraainem : 13.152, Linkebeek : 4.759, Sint-Genesius-Rode : 17.919, Wemmel : 14.769, Wezembeek-Oppem : 13.519. La population, qui est devenue à majorité francophone, surtout par suite de l’émigration hors de Bruxelles et par l’octroi des « facilités », comporte également un très important pourcentage d’étrangers qui s’adaptent volontiers à la langue de la région : le néerlandais.
Les communes de Kraainem, Wezembeek-Oppem et Sint-Genesius-Rode perdent cependant des habitants et sont en régression.

La Flandre, la Wallonie et la Région de Bruxelles Capitale sont des entités politiques (sous-états) au sein de l’état fédéral Belge, avec leur propre gouvernement et leurs propres décrets.
Une plus grande autonomie de gestion de ces entités reste souhaitable. Prenons pour exemple la Catalogne, l’Ecosse ou les états, « Länder » et villes-états (Berlin, Hanovre, Brème) de l’Allemagne fédérale.

Certains petits partis politiques francophones exigent que la Flandre cède une partie de son territoire pour à nouveau élargir Bruxelles. Au sein d’un état fédéral, c’est une exigence hautement déloyale. Ils estiment que Bruxelles est étouffé dans un carcan. Mais Berlin, qui est une ville située au milieu de l’état du Brandebourg, est-elle étouffée ? Et Washington DC (District of Columbia), bordée frontières des états du Maryland et de la Virginie ?

L’heure n’est plus aux négociations de 1938 ayant mené aux « Accords de Munich ».

Yves Willemaers (19-11-2007 18:32:32)

De tout coeur, je tiens à vous féliciter pour le dossier relatif à la Belgique que vous avez mis en ligne. C'est une excellente synthèse de la question et qui me paraît tout à fait honnête et objective. Pour infliger un démenti à certains intervenants, la mobilisation du dimanche 18 novembre a manifesté de façon éclatante qu'il existe en Belgique un "vouloir vivre ensemble". La création de l'état belge, en 1830, était l'aboutissement d'une longue histoire commune qui remonte à l'époque bourguignonne et bien au-delà. Si la Belgique n'est pas un Etat-nation mais une terre de rencontres, c'est bien là sa richesse. Etre Belge était jusqu'ici un art, celui de s'accorder malgré ses différences. N'est-ce pas cela qui a conduit tout naturellement la Belgique à jouer un rôle important dans la construction européenne, étant elle-même un microcosme européen?

Guy Poizat (13-11-2007 16:02:31)

Le royaume de Belgique est une fiction de l'Histoire née du Congrès de Vienne, destinée à neutraliser la place-forte que représentait Anvers à l'époque, "ce pistolet braqué contre le ventre mou de l'Angleterre". Si la royauté a été confiée à Léopold Ier, un traîneur de sabre Saxe-Cobourg-Gotha ayant servi les coalitions anti-napoléoniennes, c'est dans le seul but d'écarter la candidature de Nemours, afin d'éviter un éventuel retour du péril français. La lecture des ouvrages de François Perrin, ancien professeur de Droit Constitutionnel à l'Université de Liège, jette un éclairage très objectif sur cette nation introuvable que représente la Belgique. Des historiens "officiels" tels Pirenne ou Kurth ont, en leur temps, tenté d'officialiser l'image d'une Belgique éternelle, au passé commun et solidaire. Rien n'est plus contestable : à l'image de tous ces Etats artificiels issus du Congrès de Vienne, la Belgique est un patchwork de régions ayant vécu leur histoire de façon séparée. Je n'en prendrai pour seul exemple que la Principauté de Liège, qui aura connu un sort indépendant de celui du reste de la "Belgique" pendant plus d'un millénaire, sous la houlette de Princes-Evêques, pour la plupart d'origine allemande ! A signaler que je suis né à Liège et en prétends connaître un peu l'Histoire... Tout nous sépare des Flamands, l'avenir le confirmera inéluctablement et le seul problème est Bruxelles où, en l'absence d'un référendum linguistique honnête, on perpétue l'illusion du bilinguisme, alors que les francophones l'emportent largement. Quant à nous, Wallons et francophones, ne craignons pas de nous tourner vers ce qui nous unit par la langue, la culture et une partie de notre Histoire (Liège fut en son temps département de l' Ourthe), c'est-à-dire la France. Un retraité liégeois heureux de finir ses jours en Languedoc-Roussillon.

Remacle (13-11-2007 08:51:50)

Je n'ai jamais éprouvé de satisfaction particulière à être né belge, je n'en ai aucune honte non plus évidemment, pas plus que je ne nourris le regret de n'être pas né mandchou ou patagon.
Je prétends qu'il n'y a pas plus de peuple flamand qu'il n'y a de peuple wallon, je prétends qu'il n'y a pas de différence culturelle non plus.

La seule différence, et elle est importante j'en conviens, est celle de la langue. Mais c'est un fait de circonstance bien manipulé par le clergé catho.
Le hasard et la géologie ont fait que sur ce territoire, en fait très petit, les ressources ont été distribuées de telle sorte que la Wallonie est devenue industrielle et la Flandre agricole. Avec comme conséquence prévisible le détachement progressif de l'église pour la Wallonie. En réaction à cela le clergé flamand, craignant de perdre ses ouailles, a maintenu son bon peuple paysan dans les patois locaux et rejeté le français l'accablant de la responsabilité de la misère flamande. Misère que le bon peuple wallon ouvrier connaissait de son côté au moins autant.
Je parle bien de patois locaux car à ce jour nombre de Flamands ne se comprennent toujours pas entre eux et l'algemeen beschaaf nederlands (ABN), qui est de création assez récente, répondait bien à une nécessité. Ce que la presse flamande et les politiques flamands se gardent bien de dire, c'est que tous ceux qui en Flandre accablaient le bon peuple en français étaient des bourgeois flamands pur jus.

J'ai passé toutes mes études secondaires en pension à l'Athénée royal de Rösrath, près de Cologne. Dans cet athénée se retrouvaient tous les fils et filles de militaires casernés en Allemagne, flamands comme wallons. Seuls les cours étaient dispensés en français ou en néerlandais selon l'origine ou le choix des élèves ou de leurs parents.
J'affirme qu'en 6 ans je n'ai pas le moindre souvenir de revendications de type "communautaire" pas plus du côté flamand que du côté wallon. Nous chantions tous ensemble "Eerste couplet van de potje met vet", nous chahutions tous ensemble, et quand l'aumônier venait le matin dans la salle d'études chercher son contingent pour la messe avant le petit déj, toute la salle d'études résonnait de "croââ, croââ", tous les samedis matins nous retrouvaient dans les pissoirs, en cercle autour du dernier mégot que l'on se passait, Flamands et Wallons unis.
Ma sœur, qui m'a suivi quelques années plus tard dans ce même pensionnat, a connu les salles d'études et cours de récréation partagées en deux, côté wallon côté flamand, alors que nous ne demandions rien. Et si les flamands apprenaient mieux le français que nous n'apprenions le néerlandais, ce n'est ni plus ni moins qu'à cause du rayonnement de la langue. Et cela, c'est un fait incontestable et ce n'est la faute à personne. Que certains en aient développé un complexe, cela me semble évident aussi.

La situation que nous connaissons aujourd'hui a donc été voulue par certains milieux flamands et encouragée par l'apathie des Wallons et de leurs responsables politiques.
Il me semble que nous sommes arrivés à un point de non retour.

Les Flamands (à tort, à mon avis) ne veulent plus de la Belgique (petite par la taille, mais grande par le courage, comme on disait dans le " Pourquoi pas") et on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif. Il faut donc bien admettre que le Belgique explosera bientôt et les combats d'arrière-garde ne servent à rien. Mieux vaut nous demander ce que nous voulons devenir.
Rattachés à la France, à coup sûr ça pourrait être bien, mais devenir une espèce de sous-Français régentés par l'élite parisienne auto proclamée "élite" ne me semble pas non plus un sort extrêmement enviable.
Personnellement, je préfèrerais être rattaché à la Toscane. On verra.

Camille (13-11-2007 08:48:01)

L'Europe a-t-elle à gagner à remplacer les grands Etats par des micro-Etats ou des régions autonomes ? "Small is beautiful" disent certains Anglo-Saxons. C'est aussi ce que pensaient les citoyens de l'Autriche-Hongrie quand celle-ci a été démantelée en 1918-1919. On ne peut pas dire que les résultats aient été à la hauteur de leurs espérances.
A contrario, on pourrait dire aussi que jamais l'Allemagne n'a été aussi féconde que lorsqu'elle a été divisée en 350 principautés après les traités de Westphalie.
L'Union européenne, dont on constate chaque jour l'impuissance, sera-t-elle apte à faire face aux défis à venir de l'immigration, de la mondialisation, des enjeux technologiques, si elle n'a en-dessous d'elle qu'une myriade de petits Etats sans crédibilité ?

Robert Bastien (13-11-2007 08:36:56)

Votre texte sur la Belgique m'a beaucoup déçu par son conservatisme, ce désir maladif de souhaiter que les institutions que l'on connaît soient immuables. Pourquoi les Belges seraient-ils mieux dans un pays uni que vivant dans deux ou trois entités juridiques ? Rien n'est moins sûr.
Souhaitons que cette manie de regrouper les gens dans de grands ensembles cessera sous peu.
Tout comme la Communauté européenne est une grave erreur, vous citez le Canada comme endroit où vivent des personnes parlant des langues différentes. N'avez-vous jamais entendu parler du désir de se libérer de 40% au moins de la population québécoise du joug canadien et de vivre enfin libres dans un pays le Québec, en français.
Que se passera-t-il quand la mode aux grands ensembles s'essouflera et que les peuples d'Europe voudront récupérer leur liberté et en même temps qu'une démocratie perdue dans le grand nombre.
La liberté passe par la partition des grands ensembles et le retour à la démocratie.
Les intérêts des personnes bénificiant de ces grands ensembles s'opposeront alors au peuple. Y aura-t-il guerre civile pour mettre fin à la Grande Europe quand cette idéologie aura vécu.
RB

Bernard DR (13-11-2007 08:35:29)

L'éclatement de l'Europe en plusieurs petites entités est un souhait des lobbies économiques: il faut y voir un désir de réduire l'influence des Etats (plus ils sont petits, moins leur influence est grande, moins ils ont à dire) pour laisser faire le "tout à l'économie", l'ultramondialisme. Le marché global n'a que faire des Etats et voudrait les réduire à de la figuration. Le séparatisme en est un moyen le plus évident.

xerxes (12-11-2007 22:49:57)

Bravo pour cet article qui précise bien cette absurdité qui devrait faire honte à tous les européens de bonne volonté. Le paradoxe de ce début de ce XXIème siècle est dramatique. Le problème Flamands/Francophones est la preuve par neuf que les mélanges éthniques/linguistiques etc. ne fonctionnent plus et ne seront plus acceptés par les individus. Hélas, on ne tolère plus rien et les sociétés "multiculturelles" ont du souci à se faire pour un proche avenir. La mentalité des séparatistes les entraîne vite vers la violence et hors la loi (voir l'exemple de 200 séparatistes corses qui se comportent en terroristes assassins et coûtent des milliards d'euros chaque année à la métropole). Malheureusement, il n'y a plus que la voie des urnes qui puisse amener une solution incontestable, sinon on viendra toujours nous reprocher d'avoir imposé une solution "antidémocratique" et la violence s'installera. Si la Wallonie et Bruxelles se rattachent à la France, ce sera un moindre mal pour eux ; et si les Flamands ont envie de devenir les "peaux-rouges" de l'Europe, après tout, c'est leur affaire.
Alors, certes, les autres mouvements autonomistes en profiteront pour vendre leurs élucubrations intellectuelles, mais peut-on faire le bonheur des gens malgré eux, je ne le crois pas ! Et puis, je vous trouve bien sévère pour les chefs d'Etats dont je ne pense pas qu'ils se désintéressent du problème, je suis même persuadé du contraire. Le problème est que, quelle que soit la position qu'ils prennent, elle sera bonne pour certains, mauvaise pour d'autres. On comprend qu'ils y regardent à deux fois avant de se prononcer. Le cas de l'Autriche ne me semble pas être un bon exemple ; en effet, Haider était de droite et faisait donc l'unanimité contre lui, nombre d'européens étant obnubilés par la peste brune en oubliant les ravages incommensurables du choléra rouge.

Jean de Crombrugghe (12-11-2007 22:47:12)

Je suis Belge, avec des ancêtres flamands, wallons, et même français ayant fui la Révolution.
Sachez que la Belgique est encore loin du divorce. Comme vous l'avez dit, les Flamands et les Wallons sont liés depuis de longues années. Nos ancêtres se sont mariés en ne tenant pas compte d'une hypothétique frontière virtuelle.
Je me permets aussi de vous signaler que très peu de Wallons son pour un rattachement à la France. Je ne suis d'ailleurs pas certain qu'ils aient à y gagner, ni que ça intéresse la France.
Concernant une éventuelle séparation de la Belgique, poussée par des groupes extrémistes, je pense que les autres états membres de l'Union Européenne verraient ça d'un très mauvais œil : que dire alors aux Basques, aux Corses, aux habitants du nord de l'Italie dont certains veulent aussi une séparation ? Que dire alors aux Européens si un des pays fondateurs se scindait pour des problèmes de langues... Et pour continuer, ne devrait-on pas séparer les "minimexés" des autres ? Car le soutien d'une région à une autre est aussi invoqué. Il faut quand même savoir qu'à un moment de notre Histoire, la Wallonie a soutenu la Flandre et l'a aidée à se développer ...
Encore une petite précision : le vote "historique" qu'il y a eu à la Chambre d'une communauté contre une autre est un vote qui ne saurait se réaliser. La Constitution de la Belgique est ainsi faite qu'un vote à la Chambre doit être approuvé par le Sénat puis par le gouvernement et le Roi. Et comme il n'y a pas de gouvernement...

Non, sincèrement, la Belgique a déjà traversé des crises grave, des périodes ou les gouvernements démissionnaient l'un après l'autre, et elle les a toujours surmontées.

Bernard Duthoit (12-11-2007 22:35:56)

Serait-ce vraiment une catastrophe si les grands pays européens se scindaient en petites régions? La manière jusqu'ici de faire une grande nation est qu'un peuple dans cette nation en puissances, plus fort que les autres, oblige ses voisins à l'union sous sa domination : Prusse, Castille, Angleterre, mais ce temps où la force est reine, semble résolu, il serait peut-être plus facile de faire une Europe égalitaire avec nombre de petits pays de force analogue. On prétend souvent que la France et l'Allemagne sont la locomotive de l'Europe, ce sont surtout les Français et les Allemands qui le disent, mais je sais pour y avoir vécu toute ma vie que par exemple les Suédois n'aiment pas ça du tout et n'ont pas l'impression d'adhérer à une grande Europe et d'y participer pleinement, mais plutôt malgré eux de se faire absorber par des géants facilement arrogants.

Jacques Vernin (12-11-2007 21:06:35)

Lu votre article intéressant sur la Belgique.
Mais non, l'UE n'est pas toujours passive. regardez le Kossovo. L'Ue a bel et bien pris position, pour imposer le découpage de la Serbie!

Tramoni (12-11-2007 19:14:41)

Vous êtes très partial; quand un couple ne s'entend plus, il divorce; c'est le cas de la Flandre et de la Wallonie. La Wallonie a déjà été française sous la Révolution et l'Empire ; elle redeviendra française, c'est son destin. Quant à l'Europe fédérale qui se bâtit contre les peuples, elle ne résistera pas aux grandes catastrophes qui se préparent, elle se disloquera. A défaut d'être publié car j'ai remarqué que vous exerciez non pas une modération mais une censure, vous m'aurez au moins lu et je ne suis pas le seul à penser comme cela.

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