Juin 2006

Corneille oublié, pays déboussolé

Dans le trouble qui est le sien, la France en a oublié de commémorer, ne serait-ce qu'un peu, le 400e anniversaire de Corneille. Dommage ! Car l'auteur du Cid et de Cinna ou la Clémence d'Auguste en aurait remontré à nos puissants, empêtrés dans leurs médiocres combines, au risque de faire perdre à la nation sa place dans le petit peloton des démocraties heureuses.

Pierre Corneille (1606-1684)Il y a 400 ans, le 6 juin 1606, naissait à Rouen Pierre Corneille, l'un des géants de la littérature française, mémorable observateur de l'âme humaine, aussi habile dans la comédie que dans la tragédie (certains critiques n'excluent pas qu'il soit même l'auteur de plusieurs pièces attribuées à son cadet et ami Molière).

Nous lui devons l'adjectif cornélien, qui désigne les tiraillements entre la passion et le devoir. Il est vrai que ces tiraillements ne tourmentent plus les puissants qui nous gouvernent, tout occupés qu'ils sont par la préservation de leurs places, l'accroissement de leur fortuneet la protection de leurs amis et pairs.

Est-ce là la seule raison pour laquelle les Français ont complètement passé sous silence le quadricentenaire de Corneille ? Ou faut-il y voir aussi la secrète rancune des collégiens et ex-collégiens astreints à réciter Don Diègue : «O rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !» ? Serait-ce que les médias sont saturés de commémorations ? Mais il y a quelques semaines, ils ont su célébrer avec faste le 30e anniversaire de la défaite des Verts sur un stade allemand. Alors, pourquoi pas le triomphe du Cid ?...

Oh, sans doute ne fallait-il pas compter sur des festivités joyeuses comme en ont connues nos amis anglais et espagnols autour des 200 ans de Trafalgar et des 400 ans de Don Quichotte... Mais enfin un minimum de mobilisation eut été le bienvenu pour rappeler à chaque Français qu'il a l'honneur d'être le dépositaire de l'une des plus belles et plus riches littératures du monde.

On se serait bien contentés d'une soirée spéciale à la télévision, d'une représentation exceptionnelle du Cid à la Comédie-Française, d'un discours du chef de l'État sous la Coupole de l'Institut et d'une petite fête à Rouen, sous la présidence du maire de la ville et de notre ministre des affaires culturelles.

Cette langue qui nous unit

Oublier Corneille me paraît grave, plus grave peut-être que de renier Austerlitz, car c'est tourner le dos à ce qui fait notre bien commun, à nous Français, à savoir une langue et une culture que nous envient - ou nous enviaient- les autres nations.

Cette langue et cette culture, forgées pendant des siècles à la Cour et dans les salons parisiens, sont de merveilleux outils auxquels nous devons d'avoir pu bâtir un pays prospère et heureux, ce qui ne va pas de soi. Ils nous permettent d'exprimer des idées complexes et nuancées; ils nous ouvrent à la diversité du monde. Grâce à eux, nous pouvons dialoguer, rester soudés et progresser ensemble dans un monde sans compassion pour les faibles.

Y renoncer au profit d'une sous-culture mondialisée et d'un pauvre mélange de basic english et de sabir reviendrait à aborder les compétitions du futur aussi nus et désarmés que les ressortissants des pays andins ou africains... Triste inconséquence alors que tant de gens dans le monde, moins chanceux que nous-mêmes, cherchent à surmonter leur déficit de culture en valorisant jusqu'à l'outrance leur identité religieuse.

Cacophonie

Forte de sa culture et de son Histoire millénaires, la France offre l'exemple d'un pays où il fait bon vivre dans l'ensemble, où l'on travaille avec efficience tout en jouissant des belles choses de la vie à travers une activité associative intense...

Pourtant, si l'organisme est sain, la tête est malade. La France est à la dérive, comme un bateau sans capitaine, sans port d'attache et sans port de destination. La faute en revient en premier lieu sans doute à nos représentantsqui, dans le désir de pérenniser leurs places et leurs privilèges, évitent ce qui nous unit, le débat démocratique autour de l'intérêt général, et flattent ce qui nous divise, les revendications corporatistes et communautaristes...

Le phénomène s'est spectaculairement aggravé ces dernières années après l' élection par défaut le 5 mai 2002 d'un président de la République en complet déphasage avec l'opinion, puis avec le désaveu massif de la classe dirigeante par le référendum du 29 mai 2005 sur la Constitution européenne, enfin avec le spectable grandguignolesque d'un gouvernement de pieds-nickelés qui casse semaine après semaine les institutions dont il s'est attribué la charge.

Au lieu de rendre la parole au peuple en démissionnant comme dans toute démocratie qui se respecte, président, ministres et députés ont préféré poursuivre leurs palinodies comme si rien ne s'était passé. Ils s'accrochent à leurs postes «comme des moules à leur rocher» quitte à ruiner l'autorité de l'État et ce que la France conserve d'influence en Europe.

Le début de la campagne pour l'élection présidentielle de mai 2007 montre qu'ils n'ont pour la plupart rien appris ni rien retenu de leurs déconvenues. A gauche, l'un des «éléphants» du parti socialiste (Jack Lang) propose rien moins que d'écarter du débat public les thèmes qui fâchent : immigration et sécurité. Belle leçon de courage et de démocratie !

Un autre, bon technicien de l'économie (Dominique Strauss-Kahn), assure que le futur président ne devra s'occuper de rien d'autre que du chômage, de la précarité et de la croissance économique. Comme si ces maux ne puisaient pas leurorigine dans nos faiblesses sociales, politiques et culturelles! C'est comme si un Trissotin soignait la fièvre de son patient par des bains d'eau froide en ne recherchant pas les causes profondes du mal...

A droite, le favori (Nicolas Sarkozy) a parié sur l'émiettement de la société française. Au lieu d'un discours rassembleur, il préfère s'adresser à chaque catégorie en particulier. Aux couches populaires fragilisées par l'incertitude économique et l'effondrement de l'autorité publique, il promet fermeté, sanctions, «retour à l'ordre»... Mais aux islamistes, il promet une renégociation de la loi de 1905 sur la laïcité ; aux tiermondistes, il accorde desrégularisations massives d'immigrés clandestins et pourquoi pas ? le droit de vote pour les étrangers ; aux «bourgeois-bohême» le mariage homosexuel; aux terroristes corses, un référendum sur mesure (rejeté par la population) etc etc.

Aux souverainistes, il affirme être opposé à l'entrée de la Turquie (et du Kurdistan) dans l'Union européenne mais, chef du parti majoritaire, il se garde de censurer le gouvernement lorsque celui-ci entérine le projet d'adhésion. Champion de la sécurité, il impose aux maires de nouvelles responsabilités dans le contrôle des populations, mais voilà que quelques chiens agressent des enfants et il retire aussitôt aux mêmes maires leurs responsabilités concernant le contrôle des chiens dangereux etc etc.

Les choses en sont au point que les jeunes générations ont oublié quel grand pays était le leur. Sermonnées par les «élites» qui fustigent à tout va les témoignages de la grandeur passée, elles ne font plus vraiment la différence entre la France et un pays de l'hémisphère sud, prospérité matérielle mise à part.

Siles échéances électorales sont respectées, souhaitons que la France se donne un(e) Président(e) avec une vision raisonnablement ambitieuse de la Nation. Souhaitons-le pour nous-même, pour nos enfants et... pour le vieux Corneille.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2021-06-22 17:29:46
MOUNIER (19-08-2006 10:17:23)

Bonjour,

Encore un constat du déclin de notre influence et en premier de notre langue: je viens de consulter le site de la bibliothèque vaticane, www.vatlib.it, les deux seules langues proposées sont l'italien et l'anglais. Pourtant n'est-ce pas Paul VI qui disait à Jean Guitton: " Quand à votre langue, elle est celle dont je me sers pour savoir si ma pensée est vraiment une pensée…"
Mais rien n'est perdu, à chacun d'entre nous de s'efforcer de parler un bon français, et de refuser tout charabia anglo-saxon: ne pas aller voir les films dont le titre n'est pas traduit par exemple (si le producteur n'a pas d'argent pour traduire le titre, je n'en n'ai pas pour aller voir le film), reprendre systématiquement tout orateur qui truffe ses propos de termes anglo-saxons(pourquoi dire backgroung, slide, turnover alors qu'existent les mots français), refuser toute conférence ou réunion en anglais lorsque cela ne s'impose pas...


Monique Selva (14-08-2006 17:40:46)

Quel désolant et bien réel constat. Comment ne pas souscrire à votre analyse devant cette parodie de politique marketing que mènent nos dirigeants sans ambition pour leur pays mais avec le seul goût immodéré d'un pouvoir grisant et pourtant si précaire.

Quelle inquiétude pour les enfants devant "l'acculturisation " de notre pays qui augmente de jour en jour.

L'oubli de Corneille n'est pas un oubli mais une volonté.

Merci pour ce que vous êtes et ce que vous écrivez.

J.DURIVAULT (03-08-2006 11:43:58)

Je souscris entièrement au triste constat dressé par M. Larané.
Je reviens d'un séjour de deux mois en Grèce où je réside une partie de l'année.
Je suis accablé par la lente,inexorable et continue disparition de la France dans cette région d'Europe. Disparition de la langue française dans un pays où il y a encore quelques décennies toutes les élites parlaient français, disparition de la présence culturelle (en particulier télévisuelle) et économique, absence totale d'attractivité de la France pour les jeunes (en dehors du foot, merci Zidane!). Bientôt il faudra s'excuser d'être français dans cet océan scandinavo-batavo-américano-anglo-saxon. Seuls les Italiens arrivent encore à émerger mais pour combien de temps?
Alors,leur parler de Corneille alors qu'ils ne connaissent mème pas Victor Hugo...L'enfant grec,l'enfant aux yeux bleus...
De Gaulle reviens! Mendès reviens! ils sont devenus nuls et lâches.
Gardons tout de même espoir. L'histoire de France n'est faite que d'effondrements et de résurrections.

M Merlaud (23-07-2006 12:41:35)

J'ai savouré la lettre de Monsieur André Larané, tout simplement par la justesse de ses sentiments et comme lui, nous sommes malheureusement témoins d'une "mutation non désirée" de notre cher Pays.
Coincés entre la passion et la raison, nous devons choisir !
Le malheur des français est toujours le même dans ses maux et j'espère que la "décomposition" grandissante de notre système, réveillera sans doute, une majorité suffisante de citoyens responsables.
En tout cas, j'ai confiance dans les propos des lecteurs d'Hérodote.
L'indifférence peut être un crime.

mazars (13-07-2006 15:02:40)

Je n'en dirais pas plus car vos propos sont très pertinents,et hélas la décadence n'apporte pas de commentaires.Bravo pour cette éclairage.
Amicalement

PANTALACCI Simon (13-07-2006 11:04:38)

Oui, Adieu Corneille et Bonjour Le moule made in USA
Corneille oublié, Molière, Fenelon, Bossuet, le Grand
Génie Français s'éteint, mais c'est ainsi depuis un
12 Novembre 1970. De Gaulle mort, la France s'éteignait
aussi avec Corneille. Et sa fierté aussi. Et son histoire
de Jeanne d'Arc à l'appel du 18 Juin. Triste fin comme
le paquebot qui portait son nom. La France est morte,
vive la France.

Jean-Christophe Derré (12-07-2006 23:34:18)

Bravo pour votre édito.
Et oui la France va mal. Est-ce la seule faute de sa classe politique? Certe non! On a les hommes politiques qu'on mérite. Si les citoyens étaient moins sensibles à la démagogie, nos dirigeants seraient plus courageux. Non, décidément non, ce ne sont pas les hommes politiques qui sont la cause de notre malheur, mais plutôt ce romantisme de l'âme française qui nous pousse contre toute raison dans les bras du socialisme. Comment espérer d'une nation qui après toutes les tragédies socialistes que l'histoire récente nous a laissé, après la Russie, les nazis, Cuba, et tant d'autres, persiste à succomber à ce rabaissement de l'homme au rang de classe sociale, à ce militantisme de l'immobilisme, à ces prommesses de victoires faciles sur la pauvreté, la maladie, l'effort et bientôt, pourquoi pas, la mort. "Ne vous demandez pas ce que peux faire votre pays pour vous, mais demandez vous ce que vous pouvez faire pour votre pays" avait lancé Kennedy. Tant que les français rejetterons les raisons de leur décadences sur d'autres, qu'ils soient politiciens, étrangers ou américains, ou sur ces concepts que sont l'entreprise, la mondialisation, les capitalistes, tant qu'ils oublieront les leçons des lumières et la foi dans l'homme, il n'y a pas à esperer.

Sabrina PICARD (29-06-2006 11:57:15)

Oui, Corneille est aujourd'hui moins connu des élèves que le chanteur qui porte le même nom. Mais, avant d'être celle des politiques, la faute n'est-elle pas aussi celle des parents et plus encore celle de l'éducation, qui sacrifie la culture française au profit d'une démagogie de classe qui consiste à se plier au bon vouloir des élèves, pour ne point ennuyer ces "chers petits" aux idoles bien différentes de celles de nos parents: Zidane, Lorie ... La glorification de la non-culture y est pour beaucoup: comme les nobles de l'ancien régime pour qui travailler était honteux, aujourd'hui, être cultivé, intéressé, est devenu une tare, au point que la fracture culturelle entre le peuple et les élites s'accroît de jour en jour. Mais que comprendront donc nos enfants quand ils entendront comparer quelqu'un à César franchissant le Rubicon ? ...

Rodolphe Clauteaux (27-06-2006 11:20:01)

Cher Monsieur Larané.
Cela fait maintenant plusieurs années qu'une partie des "éphémérides" que publie chaque mois L'Itinérant, que j'ai créé il y a douze ans, et que je continue d'animer, sont inspirées de vos pages historiques si remarquablement rédigées. J'appréciais donc ce site, et, évidemment, sans le connaître plus que cela, son créateur.
Mais je viens de lire cet éditorial... Corneille oublié ! Fabuleux. L'équipe de rédaction de L'Itinérant est tout à fait d'accord avec ce que vous écrivez.
Alors, où allons-nous ?...
D'un côté des riches de plus en plus riches, de l'autre des pauvres chaque fois plus pauvres... Et entre les deux, des gens comme nous. Impuissants, mais lucides !
Or les peuples ont les dirigeants et l'histoire qu'ils méritent. La France et les Français ne mériteraient-ils plus que les médiocres et la médiocrité ?
"Notre" attitude vis à vis des immigrés et la sécurité semble l'indiquer...
Amitié, et merci encore,
Rodolphe Clauteaux
L'Itinérant

Rebecca Oualid (25-06-2006 10:19:00)

Bonjour,

Là, je suis sans voix... mais où va donc la France ??? De là à oublier de fêter l'anniversaire de la naissance de Corneille ! Je trouve cela choquant, maladroit, stupide et pathétique...
Corneille est un grand écrivain, comme Rousseau, ou Molière, ou bien Diderot... mais de là à l'oublier ! Enfin, la France devrait être fière d'avoir une si belle langue, je n'arrive pas à comprendre... de moins en moins de gens lisent, et moi qui étudie en classe Littéraire, je trouve ça hallucinant que des élèves lisent des résumés ou aillent chercher des abrégés de grandes oeuvres comme Les Confessions de Rousseau.
Enfin, j'espère qu'il reste encore des gens comme vous, M. Larané. Des gens qui pensent aux grands écrivains des siècles précédents...

Sur ce, je suis contente d'avoir lu un article comme celui-ci, et moi je dis que la France va droit au mur... allez savoir pourquoi. (politiquement ?)

Pour information, je suis la fille du dernier qui a écrit le long commentaire et cité nombreuses oeuvres que j'ai lu ou que je lirai bientôt.

Merci encore d'avoir pu rédiger un article comme celui-ci.
Rebecca.

Ferasouder (20-06-2006 22:14:02)

Nous sommes en pleine déliquescence et nous le devons en grande partie aux politiques que nous avons élus. Quand une nation célèbre ses défaites, au lieu de ses victoires (il n'y en a eu pourtant guère depuis Napoléon), quand une nation a honte de ce qu'elle a construit, quand elle a honte d'avoir éduqué des générations d'écoliers indigènes dans ses anciennes colonies, quand on entend que le Président de la République, sous couvert de traité d'amitié, à sens unique, pourrait faire acte de repentance... alors oui, on est tenté de partir vivre ailleurs et de cacher qu'on est Français.

L.. Martin (18-06-2006 18:31:34)

bravo pour votre article qui fourmille d'idées justes et d'analyses très pertinentes.

alfred duthu (17-06-2006 10:38:57)

Merci pour votre article. On se sent moins seul.. J'ai appris que Corneille n'était pas un vieux mais un tout jeune homme ardent et passionné quand il a écrit le Cid...

Florian Recena (17-06-2006 09:03:03)

"Il y a 400 ans, le 6 juin 1606, naissait à Rouen Pierrre Corneille". Ce jour du 06/06/06 à finalement été attribué à l'antéchrist (!) plutôt qu'à un dieu de la littérature. La sortie du "film 666 la malédiction" a pris l'ascendant sur la diffusion d'une pièce de Corneille jouée par la comédie française... L'inverse aurait été plus bénéfique pour des élèves passant quelques jours plus tard le baccalauréat;-)

Nicole Schuster (13-06-2006 16:47:15)

Excellente manière de remettre Corneille, qui reste vivant à travers la langue française, dans le cadre politico-social actuel. La littérature n'est pas un domaine à part, mais fait partie intégrante du contexte historique d'où elle est issue et sa portée peut s'étendre sur plusieurs siècles. Je ne peux que me ranger à l'opinion de l'auteur qui voit en ce silence sur Corneille un dangereux signe de perte d'identité et un fléchissement des valeurs traditionnelles au profit de valeurs hybrides. J'habite le Pérou et j'assiste de manière quotidienne à cette invasion de l'anglais dans la langue espagnole qui marque une soumission absolue au colonisateur. Je n'oserai même pas mentionner le quechua, que beaucoup souhaiteraient savoir disparu.

André Carrois (13-06-2006 15:28:13)

Pauvre France, triste jeunesse. Nous savions depuis quelques semaines que la date anniversaire de la naissance de Corneille serait occultée. La gent politico - pseudo intellectuelle ne pense qu'à plonger notre pays dans les froids ténèbres de l'Histoire. Nos Présidents et Ministres, dont en particulier un ancien Ministre de l'Inculture, ne figureront pas dans la mémoire collective, dans 400 ans, mais CORNEILLE, Pierre, le vrai y aura toujours sa place. L'obscurantisme du politiquement correct ne durera qu'un temps, car dans la longue histoire de l'Humanité, rien de grand, de beau, de vrai n'a pu être effacé.

Roger (13-06-2006 14:57:59)

"Plus l'offenseur est cher et plus grande est l'offense" !
Que les représentants de la République négligent de commémorer ce génie qui l'a diffusée dans le monde, alors que ses ministres chantent les vertus de la francophonie à chacun de leur voyage à l'étranger, voilà qui ne peut que blesser les adeptes de Descartes face à l'absurdité de la chose.

Leo Henri (13-06-2006 08:49:15)

Bravo à André Larané, et à son équipe, pour cet article clair et net sur la situation de notre cher pays, et sur nos politiciens qui reflètent à l'excès les défauts que nous avons ("Toujours plus", "Encore plus", "On est les meilleurs"...). Cordialement. HL

jerome (12-06-2006 23:44:53)

bonsoir,
et bien moi, malgré mon récent mais assez fort attachement à votre lettre que je recois avec impatience, je ne peux que m'opposer à ces propos politiques qui n'ont je pense rien à faire dans ces pages, où il est question d'Histoire (et je pèse la majuscule...).
merci tout de même.

Herodote.net répond :
La question de ces éditoriaux nous est régulièrement posée. Avec notre sensibilité d'historien, nous nous efforçons d'éclairer l'actualité à la lumière de l'Histoire.
N'aurions-nous pas le droit d'exprimer notre opinion et d'inviter chacun à en débattre alors que les hommes politiques et la presse généraliste ne se privent pas pour leur part de commenter l'Histoire et de l'instrumentaliser ?!
Devons-nous enfermer l'Histoire dans sa tour d'ivoire ?... Mais où s'arrête l'Histoire quand les programmes officiels de la classe de terminale remontent jusqu'à la guerre d'Irak, non encore terminée ?!...

André DEL SOCORRO (12-06-2006 22:51:23)

Vos articles, dont j'apprécie beaucoup la pertinence, les réactions des lecteurs et les propos entendus dans les réunions me font penser que nous sommes nombreux à regarder la décadence de notre pays et l'incompétence cynique de nos dirigeants avec lucidité. C'est quelque peu rassurant, puisqu'il semblerait que de plus en plus de Français prennent conscience de cette triste évolution. En attendant l'arrivée d'un homme providentiel, merci de servir de catalyseur à cette prise de conscience.

Rouchouse (12-06-2006 20:46:28)

Pourquoi faut-il que l'on se fasse insulter, le mot n'est pas trop fort, si dans une conversation on ose timidement défendre le latin?
Gérard Rouchouse
Professeur agrégé.

fournier (12-06-2006 19:33:30)

La France officielle a "oublié" Corneille, c'est vrai. Mais déjà diverses manifestations ont eu lieu et d'autres sont prévues. A ma connissance :
Madame Carrère d'Encausse a présidé une séance solennelle en l'honneur du "doyen" de l'Académie Française et son texte se trouve sur internet. Deux conférences se sont tenues à Paris, église Saint Roch, où Corneille est inhumé, les 11 mai et 7 juin.
La ville de Rouen et le Musée Corneille ont réalisé un remarquable congrès et des journées d'études autour du 6 juin.
La paroisse Saint-Roch (Paris 75001) où Corneille est inhumé, à Paris, a réalisé une remarquable exposition qui sera ouverte durant tout l'été pour les visiteurs étrangers et qui sera au coeur des journées qui, en septembre, d'une part proposeront aux scolaires et aux étudiants des visites et des "officiels" dont le ministre de la Culture et l'Académie Française, et d'autre part des visites guidées au grand public.
contact : jacquesfournier@noos.fr

François Missonnier (12-06-2006 19:00:40)

Bravo, Monsieur Larané, je partage totalement votre opinion et j'ai développé les mèmes idées dans mon édito du 9 juin de mon hebdomadaire. Puis-je ajouter néanmoins un point amusant, la famille de notre ministre de la culture, Monsieur Donnedieu de Vabres, posséde une propriété à Varengeville-sur-mer, à 60 kilomètres de Rouen, village dont il avait tenté de prendre la mairie en son temps ; ce cher Corneille aurait dû se rappeler à son bon souvenir!
François Missonnier
La Gazette du Gers

Hugues (12-06-2006 17:58:02)

Merci à Monsieur Larané pour cet article.
J'adhère totalement à son article et forme le même voeu que lui pour l'élection de 2007, avec malgré tout une certaine interrogation sur le nom du potentiel candidat qui pourrait répondre à nos voeux!!!
Il est imposible à M. Chirac et à nos politiques de glorifier ceux qui ont fait la France et dans le même temps faire acte de "repentance" permanente en cherchant à humilier et culpabiliser le "Petit Blanc" sur son passé soit-disant honteux.
Hugues D

DRUTEL Laurent (12-06-2006 17:42:19)

Je rejoins les remarques de Pierre Au, mais cela ne m'étonne pas. La culture française et la langue française sont en nette perte de vitesse, et nos dirigeants qui n'en ont même pas conscience, ne font rien. Si le Général et André Malraux voient cela, ils doivent se retourner dans leur tombe. Sans être un fada de Corneille, que j'ai apprécié lors de mes études, c'est quand même un géant de notre littérature. Mais,à l'heure actuelle, il vaut mieux parler de José Bové que d'un simple scribe que fut Corneille, pas le chanteur, mais l'autre. Merci en tout cas de m'avoir rappelé cette date prestigieuse!

Michelle Héraud (12-06-2006 17:38:09)

Merci pour votre courageux article. Moi non plus je ne savais pas - ou plutôt je n'avais pas réalisé que c'était l'anniversaire de Corneille, un des plus grands génies de notre littérature ! Il est en effet lamentable de l'avoir passé sous silence ! Je salue avec bonheur votre objectivité. Merci L

Pierre (12-06-2006 17:33:12)

Qu'il faille payer pour consulter la totalité de votre site est bien normal, le prix en reste bien modique en regard de sa qualité.
Merci pour cet article qui fait une bonne synthèse sur les perspectives des échéances futures.
Ne devrait-on pas aussi dénoncer la déchéance du vecteur que représente les télévisions publiques ou privées. Les politiques eux-mêmes deviennent complices de ces exhibitons "people" cherchant à en partager l'audimat.
Le nivellement par le bas que l'on constate en matière de média comme de discours politique participe à la révolte qui surgit de plus en plus fréquement dans les rues.
Il serait temps que les chaînes télévisées donnent du temps aux "intelligences" qui circulent sur le web et que les politiques retrouvent le langage du "parlé vrai".

Pimmie (12-06-2006 15:24:01)

Bonjour,
Une petite voix venant d'un autre pays francophone, très proche géographiquement, culturellement et historiquement du vôtre (je vous le laisse deviner). Personne n'y a non plus évoqué l'anniversaire de la naissance de Pierre Corneille, peut-être parce qu'il n'était pas belge (zut, je vous ai soufflé la réponse). Les intérêts politiques y sont me semble-t-il encore un peu moins élevés que chez vous, je le crains. Il y a peu, la ministre chargé de l'enseignement a suggéré de supprimer les cours de latin dans l'enseignement secondaire, sous le prétexte qu'il s'agirait d'une matière "élitiste". Sous les huées, elle a dû renoncer à ses projets, mais le message est bel et bien passé. Plus récemment, le recteur d'une grande université a pourfendu l'idée d'un examen d'entrée en faculté et lui a préféré l'instauration d'un tirage au sort, ici aussi parce que selon lui l'examen d'entrée serait "élitiste". Faut-il croire qu'en ce pays, on n'aime rien qui dépasse un peu?
Enfin, détrompez-vous les amis, je suis sûr que la plupart de nos jeunes connaissent très bien Corneille, et possèdent même l'intégralité de son oeuvre. Corneille, c'est bien ce jeune chanteur très télégénique, non...? ;o)

Guy (12-06-2006 15:00:00)

Ah.... Gérard Philippe. Quelle prestance et quel charisMe dans son interprétation "Le Cid"
" A moi Comte, deux mots"
Et Don Gormas : " Jeune présomptueux". Réponse cinglante que vous devinerez sans peine.
Pardonnez à un "vieux barbon" de 76 ans d'évoquer ainsi mes années de la "communale" où M. Auba nous faisait apprendre par coeur - ce qui ne s'oublie jamais -. Comment voulez-vous qu'aujourd'hui au temps des affaires !! Drut - Vmeaistea

Pierre Au (12-06-2006 13:17:35)

Merci Monsieur Larané,
Après avoir lu cette page, j'en avais des larmes aux yeux.
je ne savais pas que c'était l'anniversaire de Corneille mais je pense que je ne l'oublierai jamais plus après vous avoir lu.
Merci pour votre courage et votre objectivité.
Pierre A.

Cyrille (12-06-2006 13:06:01)

Bien sur nos politiques ne sont pas à la hauteur. Mais qui les a élus ? qui, d'élections de quartier en élections régionales, a sélectionné les présidentiables d'aujourd'hui ? Qui a manifesté contre les réformes de bons sens et de ce fait, éliminé les rares hommes politiques réformateurs ? La question aujourd'hui n'est pas de savoir qui de la gauche ou de la droite est le meilleur, les 2 systèmes fonctionnent (système libéral anglo-saxon et système socialiste nord européen sont au plein emploi) la question, c'est combien de fainéants en France? Et on peut répondre: beaucoup. Cette fameuse génération 68 qui a stérilisé l'économie française en 30 ans par manque d'investissement en réussisant en plus à doubler la dette alors que leurs parents des 30 Glorieuses l'avait divisée par 4.
Les hommes politques d'aujourd'hui ne sont que le reflet fidèle des Français, comme le veut la démocratie. Changeons les Français et alors nous changerons de dirigeants.

Jean Grandemange (12-06-2006 12:57:14)

Bonjour,
Vous savez que je vous en veux un peu d'avoir rendu payant une partie de votre site mais, là, je suis tout à fait de l'avis de Marie et partage complètement sa désolation de voir TOUS les jeunes aujourd'hui ignorer complètement l'existance, non seulement de Corneille mais de Lamartine, de Musset, de Daudet, etc et d'être incapable d'en citer le moindre texte, la moindre phrase ....
Je vous renouvelle toute ma sympathie.

orlando de rudder (12-06-2006 12:42:17)

Cela fait longtemps que je m'insurge sur mon blog (orlandoderudder.canalblog.com) contre la haine souveraine qui fait que tout ce qui emploie plus de cinq mots "fait chier"... Que je lutte contre la tyrannie du foot qui compte plus que l'art, la vie, les lettres, l'amour et répand la haine... Que je vomis les profs et "sociaux" qui pensent que Corneille est "trop compliqué" pour les élèves... Que je beugle contre le massacre de notre culture, de notre bien-être affectif par la jouissnce des oeuvres constructives plutôt que par la consommation compulsive!

Aussi, je vous remercie de cet article!

Nous avons besoin de vertus plus hautes!

Saintptitlouis (12-06-2006 12:08:47)

Bravo, respects.

On s'attend à avoir un site d'histoire, et on a un engagement politique.

Je suis d'accord avec l'ensemble du contenu de ce document, cela dit je n'approuve pas l'intervention. Et seulement pour une question de principe.
Quitte à déposer des articles engagés, j'avoue que je préférerais les lire dans une rubrique spéciale, avec un thème css spécial.

Votre site est très bon, il serait dommage de lui donner une envergure politique déplacée.

Herodote.net répond :
Avez-vous bien noté que l'article ci-dessus figure sous l'en-tête Libres opinions? Il s'agit bien d'un commentaire libre (éditorial) et non d'un article d'Histoire. Nous faisons comme vous la distinction entre ces deux approches.

Marie (12-06-2006 10:47:42)

Monsieur Larané,
Je vous ai vu faire de superbes articles, mais là, vous vous dépassez ! Félicitations pour la justesse et l'équilibre de vos vues. Ceci dit, "et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là" (V.Hugo), je fus la seule dans mon entourage, mais j'y ai bien pensé : oui j'avais inscrit sur mon ordinateur, pour qu'il me le rappelle, que le 6 juin était l'anniversaire de naissance Pierre Corneille : je n'ai pas de grand mérite puisque c'est mon auteur préféré. Cela étant, je suis toute aussi triste que vous de voir que même la Comédie française, et même l'ACADÉMIE française n'ont pas réagi. Il y a sans doute près de 40 ans que voir "Le Cid" à la Comédie française est un rêve de ma vie. Je doute que je puisse le voir un jour : Gérard Philippe n'est plus là et qui aurions-nous pour le remplacer ? La langue de Corneille et la manière d'exprimer ses sentiments sont sublimes ! Mais je vais vous raconter une anecdote qui est bien révélatrice de la situation où nous sommes : j'ai eu l'occasion, il y a quelques années, d'aller voir Le Cid, non pas joué, mais récité sur scène ; et j'y avais invité une jeune personne qui, bien qu'ayant fait ses études secondaires et supérieures non universitaires, me semblait avoir quelques lacunes dans sa culture générale. Après quelques minutes de la récitation de la pièce, j'ai constaté qu'elle s'agitait fortement sur son fauteeuil puis elle s'est tournée vers moi et m'a demandé : "mais quelle langue parlent-ils (NB : les acteurs) ? Je ne comprends rien du tout à ce qu'ils disent". Croyez-moi, je ne me suis jamais remise de cet incident...
Oui, Pierre Corneille, Jean Racine et Jean-Baptiste Poquelin constituent les plus riches trésors de la France, mais les Français préfèrent les exploits sanglants du Petit Caporal ou l'affaire Clearstream. "O tempore, o mora". Et en plus, il ne faut pas s'en plaindre parce qu'on vous condamne à la vindicte publique et à l'ostracisme en vous traitant de "réactionnaire", l'insulte ultime, la condamnation sans appel. Bonne chance à la France ! On continuera à l'AIMER à travers Corneille, Marie de France, Genevoix, Renoir, Monet et les autres, mais on a cessé de l'admirer.

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