L'Histoire interdite, révélations sur l'Histoire de France (204 pages, octobre 2008, Tallandier, 17,90 €) bouscule les conventions sur des sujets de premier choix : Alésia, Jeanne d'Arc, Corneille, Napoléon, Dreyfus...
Écoutez là-dessus le débat radiophonique entre l'auteur, Franck Ferrand, et le directeur de la rédaction du magazine Historia, Pierre Baron...
Voici, avec le livre de Franck Ferrand, un bol d'air bienvenu : agréable à la lecture et accessible à tous les publics, L'Histoire interdite est une mine de discussions pour vos prochaines soirées en famille ou entre amis. C'est aussi une manière inhabituelle mais efficace de sensibiliser des collégiens ou des lycées à l'Histoire de France.
L'auteur est connu comme écrivain d'Histoire avec des succès de librairie (La Cour des Dames) et comme chroniqueur sur Europe 1.
Son talent de conteur s'exprime pleinement dans ce livre inclassable dont il a fait une affaire personnelle.
Parmi les énigmes qui ont excité sa curiosité au fil de ses études et de ses enquêtes, il en a sélectionné cinq et, sur celles-là, appelle les lecteurs à se faire leur propre jugement sans céder au conformisme des sommités universitaires ou médiatiques.
Vous-même pouvez réagir et donner votre opinion dès maintenant sur le blog de Franck Ferrand (non sans avoir d'abord écouté le croustillant débat entre l'auteur et Pierre Baron).
La première énigme concerne Alésia. L'empereur Napoléon III, passionné par la guerre des Gaules, avait demandé à une commission d'identifier l'emplacement de la bataille et celle-ci, sur la foi de maigres indices, avait opté pour Alise-Sainte-Reine, en Bourgogne.
C'est devenu une vérité officielle si bien que l'actuel gouvernement se dispose à investir plusieurs millions d'euros sur le site.
Or, Franck Ferrand rappelle les objections de plusieurs érudits qui, se fiant aux écrits de Jules César et à ses indications topographiques, plaident pour un site plus convaincant, dans le haut Jura, à Chaux-des-Crotenay.
Il suffirait de quelques fouilles sur ce site pour éclaircir l'énigme une fois pour toutes, avec de bonnes chances de découvrir sur place un site archéologique gaulois exceptionnel.
Qu'attendons-nous ?
Comme tout un chacun, l'auteur a vibré au récit de Jeanne d'Arc sans manquer de s'interroger sur les circonstances de la rencontre hautement improbable de la bergère et du dauphin, le futur Charles VII. Il a trouvé la réponse à ses questions dans l'analyse lumineuse de l'historien Philippe Erlanger (Charles VII et son mystère, 1945)...
Si Jeanne d'Arc a pu se faire présenter à la cour, auprès du dauphin, c'est que la belle-mère de celui-ci, Yolande d'Aragon, avait soutenu dans l'ombre cette jeune paysanne intelligente et convaincue d'être mandée par Dieu pour restaurer les droits du dauphin. N'est-il pas temps que le rôle de cette femme, en tous points remarquable, soit enfin reconnu par les biographes de Jeanne ?
L'une des causes qui tient le plus à coeur à Franck Ferrand est sans doute celle du «grand Corneille» (le dramaturge, pas le chanteur !). Son 400e anniversaire a été boudé par les pouvoirs publics sous des prétextes inavouables en 2006.
C'est d'autant plus dommageable que Pierre Corneille est sans doute le plus grand auteur de théâtre français. Si l'on en croit l'intuition du poète Pierre Louÿs et, plus près de nous, l'analyse lexicologique de ses textes, il est vraisemblable qu'il est non seulement l'auteur des oeuvres qu'on lui connaît (du Menteur au Cid) mais aussi des chefs-d'oeuvre attribués à son jeune ami, le comédien Molière (des Précieuses ridicules au Malade imaginaire). Le moment n'est-il pas venu de lui rendre la place qui lui revient au panthéon des lettres ?
La mort de Napoléon suscite des interrogations à la mesure du personnage.
Est-ce bien son corps qui repose dans la crypte de Saint-Louis-des-Invalides, se demandent certains historiens au vu de quelques irrégularités commises à Sainte-Hélène autour de sa première tombe ? Nous pouvons clore le débat par un infime prélèvement d'ADN, note Franck Ferrand. Mais est-on prêt à accueillir la vérité et que deviendrait la crypte des Invalides, nécropole des gloires militaires de la France, s'il s'avérait que son hôte le plus illustre est un imposteur ?
Parmi toutes les questions qui ont attisé sa curiosité, l'auteur de L'Histoire interdite a retenu celle que soulève l'historien Henri Guillemin à propos de l'Affaire Dreyfus. Celle-ci est venue de ce qu'un officier juif ayant été faussement condamné pour espionnage, les militaires se sont enferrés dans leur jugement contre l'évidence.
Selon la thèse d'Henri Guillemin, ils auraient été pris à leur propre piège, un piège destiné initialement à protéger un haut gradé de l'armée et qui aurait abouti à l'arrestation de Dreyfus du fait de l'excès de zèle d'un officier du renseignement. Ne vaudrait-il pas la peine que les spécialistes de l'Affaire se penchent sur cette hypothèse ?...
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PROVENZALE (02-11-2008 23:43:12)
Il est temps que l'on mette fin à diverses escroqueries intellectuelles officielles. En ce qui concerne l'affaire d'Alesia, je lisais en 1977, dans le bulletin de l'Association Générale de Prévoyance Militaire (AGPM), un article remarquable de André WARTELLE (Professeur de langue et de littérature grecques à l'Institut Catholique de Paris) ; cet article mentionnait les travaux de André BERTHIER (conservateur en chef aux Archives Nationales) travaux mettant en évidence la réalité du lieu d'Alésia et le plaçant dans le haut Jura, aux Chaux-des-Crotenay. Muni des écrits de Cesar, d'une carte d'état-major et des écrits de Monsieur BERTHIER, je suis allé plusieurs jours sur ce site, plus exactement le site de Syam-Cornu. Et, sans être historien patenté, je me suis rendu compte que, pour le moins, il serait temps de sortir des vérités "officielles" et de se demander sérieusement si André BERTHIER avait raison ?
Et que dire du mensonge d'Etat sur le site de Gergovie ? que Paul EYCHART, professeur de dessin, a très bien replacé sur les Côtes de Clermont, dans la banlieue de Clermont-Ferrand...