Les serments de Strasbourg (14 février 842) ont été rédigés en langue romane (ancien français) et en langue tudesque (ancien allemand) par le comte Nithard, abbé de Saint-Riquier et petit-fils de Charlemagne. Lui-même serait mort deux ans plus tard, après avoir écrit le récit de la guerre fratricide entre ses cousins : Histoire des fils de Louis le Pieux.
Les serments de Strasbourg témoignent de l'émergence des langues européennes modernes à l'époque carolingienne.
Les serments en version originale (latin) Les serments en français moderne
Les langues populaires ont commencé à être reconnues en Europe occidentale lors du concile de Tours de 813. à l'occasion de ce concile, sous le règne de Charlemagne, les évêques de l'ancienne Gaule ont préconisé l'emploi des langues populaires dans les prêches et les homélies, en lieu et place du latin qui avait depuis longtemps disparu de l'usage commun.
Les serments de Strasbourg sont les premiers documents où le latin cède la place aux langues vulgaires, le roman pour la partie occidentale du « Regnum francorum », le tudesque pour la partie orientale.
Le mot tudesque vient de l'adjectif germanique tiudesc, qui signifie « populaire ». Cette racine se retrouve aussi dans le mot tiudesc-Land qui signifie le « pays du peuple ». Au fil du temps, il se transformera en Deutschland, nom actuel de l'Allemagne (*). Mais malgré l'épisode de Strasbourg, les langues populaires devront patienter pendant sept siècles avant de connaître une consécration officielle !
Extrait du manuscrit de Nithard rapportant le serments de Strasbourg en langue romane. Le texte est rédigé sur parchemin, en écriture dite caroline. Cette écriture cursive, plus simple que l'écriture en capitale des Romains, a été inventée par les moines copistes du temps de Charlemagne, d'où son nom. | |
« Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament, d'ist di in avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si salvarai eo cist meon fadre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fadra salvar dift, in o quid il mi altresi fazet et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai, qui, meon vol, cist meon fadre Karle in damno sit » | « Pour l'amour de Dieu et pour le peuple chrétien et notre salut commun, A partir d'aujourd'hui, en tant que Dieu me donnera savoir et pouvoir, je secourrai ce mien frère Charles par mon aide et en toute chose, comme on doit secourir son frère, selon l'équité, à condition qu'il fasse de même pour moi, et je ne tiendrai jamais avec Lothaire aucun plaid qui, de ma volonté, puisse être dommageable à mon frère Charles. » |
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