Curieuse genèse que celle du Chant des Partisans, avec Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Joseph Kessel, Maurice Druon et Anna Marly...
À Londres, où se retrouvent pendant la Seconde Guerre mondiale les chefs de la Résistance, on cherche un indicatif musical pour une nouvelle émission de la BBC, Honneur et Patrie, destinée à délivrer les messages de la France Libre.
Emmanuel d'Astier de la Vigerie rêve d'un chant qui deviendrait la Marseillaise de la Résistance. « On ne gagne la guerre qu'avec des chansons... Il faut un chant qui ait l'air de venir des maquis », dit-il.
Il se trouve qu'une jeune guitariste née à Petrograd, Anna Marly, interprète avec succès dans les clubs de la ville une complainte en russe où il est question de lutte, de bruit sourd et de corbeau, en hommage aux résistants soviétiques.
L'écrivain-journaliste Joseph Kessel est séduit par ce chant. Dès le 14 mai 1943, il le fait jouer ou plutôt siffler sur les ondes de la BBC. Puis, avec son neveu Maurice Druon et quelques amis, il reçoit la musicienne dans un hôtel de la banlieue de Londres. Au terme d'une nuit blanche, le 30 mai 1943, le petit groupe livre un texte sur un cahier d'écolier : Les Partisans : chant de la Libération.
La chanson est aussitôt interprétée à la BBC par la chanteuse Germaine Sablon, compagne de Joseph Kessel.
Le texte, parachuté par les aviateurs britanniques, va devenir le Chant des Partisans, l'hymne officiel de la Résistance française à l'occupation allemande (source : Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes).
Ci-dessous les paroles de ce chant au rythme saccadé, sourd et brutal :
Ami entends-tu
Le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines.
Ami entends-tu
Les cris sourds du pays
Qu'on enchaîne,
Ohé partisans
Ouvriers et paysans
C'est l'alarme !
Ce soir l'ennemi
Connaîtra le prix du sang
Et des larmes.
Montez de la mine,
Descendez des collines,
Camarades.
Sortez de la paille
Les fusils, la mitraille,
Les grenades.
Ohé ! les tueurs
À la balle et au couteau
Tuez vite !
Ohé ! saboteur
Attention à ton fardeau.
Dynamite.
C'est nous qui brisons
Les barreaux des prisons
Pour nos frères.
La haine à nos trousses
Et la faim qui nous pousse,
La misère.
Il y a des pays
Où les gens au creux des lits
Font des rêves.
Ici, nous vois-tu
Nous on marche et nous on tue
Nous on crève.
Ici, chacun sait
Ce qu'il veut, ce qu'il fait
Quand il passe
Ami, si tu tombes,
Un ami sort de l'ombre
À ta place.
Demain du sang noir
Sèchera au grand soleil
Sur les routes.
Sifflez compagnons,
Dans la nuit, la liberté
Nous écoute.
Ami, entends-tu
Les cris sourds du pays qu'on
Enchaîne !
Ami, entends-tu
Le vol noir des corbeaux sur nos Plaines !
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LONGETTI (31-05-2023 15:41:32)
Ce chant des Partisans comme la Marseillaise réveille la flamme du courage, la fierté d'être française d'être fille de 2 grands résistants (un père gravement blessé une mère torturée et déportée) qui n'ont pas hésité de risquer leur vie malgré leur jeune âge pour les valeurs uniques de la France et la Liberté et nous ont donné la France Libre en héritage.
Humbert de Buttet (31-05-2023 14:07:18)
Le chant des partisans paru dans « Les Cahiers de Libération » est imprimé pour la première fois à Auch (Gers), le 25 septembre 1943.
Le chant des partisans écrit par Joseph Kessel et Maurice Druon, chanté par Anna Marly, est imprimé pour la première fois à l’Imprimerie Moderne, au 13 de la rue Lamartine, à Auch.
Pour plus de détails, reportez vous à ce lien : https://www.cercleshoah.org/spip.php?article645
Tous les résistants qui travaillaient dans cette imprimerie ont été déportés:
Marie-Louise Laffargue et Jeanne Daguzan, employées) déportées à Ravensbrück;
Louis RFadix et Charles Borel, typographes, déportés à Flossenburg;
Louis Groullier, imprimeur, déporté à Buchenwald.
Gauquier (25-04-2021 12:44:07)
Des souvenirs et des paroles que jamais nous n'oublierons et des larmes que nous ne pourrons jamais sêcher. Merci monsieur Larané pour cet instant.
Romain (17-10-2016 18:23:09)
Quand j'habitais en France de 54 a 1978 a l'ecole on apprenait le"Chant du depart" et la "Marseillais"mais maintenant c'est fini!!!!J'habite a Londres depuis pas mal d'annees et avoir entendu et lu le"Chant du Depart" m'a mis les larmes aux yeux.
vanos (30-05-2016 10:55:14)
Le titre le dit "chant des partisans", c'est-à-dire le FTP (francs tireurs et partisans -d’obédience stalinienne-) et non des FFL.
Anonyme (08-07-2013 18:55:16)
Monsieur André Larané.
Merci de rappeler ses souvenirs douloureux pour notre pays.
Mais je vous fais un reproche à vous et à beaucoup d'historiens qui distribuent le terme de " Résistant " à tout le monde. Alors que la résistance française face à un ennemi cruel et qui utilisait tout les moyens atroces , la " Résistance Française" et c'est son honneur ne s'est jamais attaquée aux civiles et n'a jamais posé des bombes dans les écoles, cafés , marchés , écoles, maternelles, mariages , enterrements , lieux de prières etc. Les chefs de la résistance comme les hommes combattaient l 'ennemi sans le haïr. Voir la lettre de Manoukian dont est tiré le poème d'Aragon, que Ferré à mis en musique.
Savez-vous que beaucoup d'attentats étaient annulés parce que à la dernière minute des civiles se trouvaient sur les lieux ?
Michel (09-06-2013 18:36:38)
Il y a 69 ans ce chant prenait enfin tout son sens pour ceux qui en avaient leur hymne et y avaient mis leur foi et leur espoir
LABORDE (29-05-2013 20:22:18)
Auraient pu la chanter: Ceux sous la botte des Napoléon.s, des catho-conquistadores, des indochinois, des algériens, des "canakes",et comme si l'histoire était le récit, ou la chanson de l'aventure de la propriété et la géographie, l'endroit où "l'homme" fait la guerre! L'homme est aliéné!
JJ (28-05-2013 17:21:05)
C'est dommage qu'il manque le son.
youssef boutalbi (28-05-2013 03:38:38)
Quelle honte que le Gaullisme soit trahi par ceux-la meme qui lui doivent tout !
youssef boutalbi (28-05-2013 03:37:03)
Quelle honte que le Gaullisme soit trahi par ceux-la meme qui lui doivent tout !
claude (01-03-2011 18:08:11)
a l'entendre ,les frissons parcourent le corps et les larmes ne sont pas loin .CC