6 novembre 2024. Historique ! La vague populaire qui a ramené Donald Trump à la Maison Blanche a pris tout le monde de court. Gardons-nous de juger la démocratie américaine et tenons-nous-en aux conséquences de cette élection pour l'Europe et ses dirigeants : elles sont proprement cataclysmiques et nous obligent à une révision complète de tous nos choix politiques, culturels, commerciaux, diplomatiques, stratégiques, etc. Y sommes-nous prêts ?...
Ce 6 novembre, aux aurores, alors que les swing States (« États balance ») tombaient l'un après l'autre dans le camp républicain, les radios France Culture et France Inter continuaient d'évoquer sur un ton badin la victoire à venir de... Kamala Harris. Ce déni illustre le désarroi qui a saisi la classe dirigeante européenne face à la victoire de Donald Trump.
Entendons-nous bien. Donald Trump est un homme sans scrupule. C'est un trait qu'il partage avec son homologue russe Vladimir Poutine. Il suffit pour s'en convaincre de visionner l'excellent documentaire de la chaîne Arte : Le Duel, Harris contre Trump.
Mais Trump et Poutine ont aussi en commun d'être des hommes entêtés, qui refusent le compromis et foncent pour ce qu'ils croient être utile à leur cause et à leur pays. Tout le contraire par exemple d'un Emmanuel Macron... ou d'une Marine Le Pen, laquelle n'a même pas eu le cran d'apporter son soutien au candidat républicain qui avait la sympathie de ses électeurs.
L'élection historique de ce 5 novembre 2024 va de ce fait obliger la classe dirigeante européenne à une douloureuse introspection.
Les États de l'Union européenne se sont enfermés dans un piège en sortant du traité de Rome et en inscrivant dans les traités de Maastricht et de Lisbonne le libre-échange ou encore la primauté des droits individuels sur la préservation des États.
En faisant de ces options politiques des obligations constitutionnelles, ils ont restreint le champ de la démocratie et conduit les citoyens à se détourner des urnes. À quoi bon voter dès lors que l'on n'a plus le choix d'une politique ?...
L'Union européenne s'est surtout placée en situation d'extrême faiblesse face aux grandes puissances de la planète, lesquelles s'en tiennent à un guide : leurs intérêts égoïstes. Cette situation était tolérable quand l'Europe pouvait compter sur la bienveillance intéressée de son grand allié américain. Ce n'est plus le cas.
Plongée dans la fosse aux tigres, entre des fauves qui ont nom Poutine, Xi, Trump mais aussi Erdogan, Modi, Lulla, Nétanyahou, etc., elle ne doit s'attendre à aucune bienveillance de leur part et n'a personne sur qui se reposer.
Il n'est plus temps de placer la politique européenne sous l'étendard de « valeurs universelles » dont le rayonnement ne dépasse pas les beaux quartiers des métropoles européennes : droits LGBTQ+++, cancel culture, accueil de toute la misère du monde, dénonciation de toutes les formes de protectionnisme, etc.
Les dirigeants de la Commission européenne et des grands États européens auront le choix soit de renouer avec le réel... soit de quitter la scène.
Les premiers changements attendus sont sur le front du Donbass et la mer Noire. Les États-Unis n'ont objectivement plus aucun intérêt à entretenir la guerre en Ukraine, d'une part parce qu'elle leur coûte très cher, d'autre part parce qu'ils ont atteint leur objectif initial qui était d'affaiblir la Russie ainsi que de priver l'Allemagne de son gaz bon marché, enfin parce que cette guerre les détourne d'enjeux plus importants en Extrême-Orient.
Prenant le contrepied de ses prédécesseurs Bush Jr, Obama et Biden, Trump va donc sans doute très vite convaincre Russes et Ukrainiens de conclure un cessez-le-feu sur la base des accords de Minsk de 2015. C'est l'issue la plus probable que j'avais envisagé en mai 2024 dans Les Causes politiques de la guerre en Ukraine...
L'Ukraine n'aura que ses yeux pour pleurer et rentrera dans le bercail russe auquel l'attachent la Géographie et l'Histoire. Même chose pour la Géorgie et la Moldavie. Au moins peut-on espérer que cette issue mette un terme à l'hémorragie démographique qui a poussé les jeunes ressortissants de ces trois pays à fuir vers l'Ouest.
Dans l'Union européenne, on peut douter toutefois d'un retour rapide à la raison car les va-t-en guerre ne semblent pas prêts à lâcher les rênes. Vont-ils maintenir à l'égard de la Russie des sanctions qui ruinent l'économie européenne, tout en s'approvisionnant en gaz auprès de dictatures pas moins recommandables (Qatar, Azerbaïdjan) ? Vont-ils continuer à fonder la sécurité de l'Europe sur le bouclier américain et l'OTAN ? Ou bien se décideront-ils à assumer de façon autonome la défense de leurs intérêts et de leurs frontières ? Les États tels que la Pologne ou l'Allemagne vont-ils renoncer à s'armer auprès des industriels américains et accepteront-ils de privilégier les industriels européens ?...
Tandis que le président Trump promet des barrières douanières afin de sauvegarder son industrie et son agriculture, l'Union européenne va-t-elle rester la seule entité dans le monde à entretenir l'illusion du libre-échange ? Va-t-elle mener à son terme l'accord avec le Mercosur (Amérique latine) ? Les agriculteurs européens, plus soumis que leurs homologues américains, tolèreront-ils d'être ainsi détruits par une politique devenue folle ?
L'Union européenne va-t-elle s'accrocher au dogme de la « concurrence libre et non faussée » qui conduit à la ruine des services publics et des industriels ? C'est la SNCF contrainte de supprimer pour cause de « concurrence » de nombreuses dessertes TGV, trop peu rentables. C'est Michelin, dernier fleuron de l'industrie française, contraint de fermer des usines en France à cause des règles bruxelloises qui ont fait flamber le prix de l'énergie (y compris de l'électricité nucléaire française ; il fallait l'oser !). C'est enfin tout le secteur automobile, y compris Volkswagen, fleuron de l'industrie allemande, contraint de licencier et menacé de disparition en raison d'un « Pacte vert » européen aussi inefficace que contraignant.
À ce que disent les commentateurs de l'élection de ce 5 novembre, les hommes noirs américains ont voté massivement pour le candidat républicain, réputé raciste et borné. Notons que de la même façon, en France, les électeurs d'outre-mer ont voté en 2017 et 2022 pour la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen, y compris sur l'île noire et musulmane de Mayotte.
Cela devrait conduire à réfléchir les dirigeants et les militants de la gauche qui ont fait du « racialisme » le moteur de leurs revendications, en lieu et place de la lutte contre le libre-échange, l'ouverture des frontières et l'exploitation des travailleurs du tiers-monde au profit des consommateurs occidentaux.
Et arrêtons enfin de dénoncer les prétendus méfaits de l'Occident au cours de l'Histoire !...
En prenant leurs distances avec les États-Unis, lesquels n'ont plus grand-chose à voir avec les États-Unis de l'après-guerre, la France serait bien inspirée de renouer le lien avec son Histoire et de prendre conscience de la grandeur de son héritage : l'émancipation des femmes (dès le XIIe siècle), l'ouverture sur le monde, la démocratie et le règne de la loi, etc. Sans doute serait-ce pour les Français le principal bénéfice à tirer du tsunami américain.
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Christian (06-12-2024 13:30:02)
Superbe lapsus de notre président dans son allocution d'hier : il dit souhaiter la formation d'un "gouvernement d'intérêt général" (sic). Ah bon ? Il y aurait donc des gouvernements qui s'occupent d'autre chose que de l'intérêt général ?
Christian (30-11-2024 07:12:55)
Alors que la France est peut-être au bord d'une crise gouvernementale sans précédent depuis 1962, elle a bien du mal à s'opposer au projet d'accord de libre-échange avec le Mercosur et continue de perdre des points en Afrique, avec le Tchad et le Sénégal qui viennent de s'ajouter à la liste des pays rejetant la présence militaire française.
Maigre consolation : les "grands fauves" et les politiciens "sans scrupules" ont aussi leur lot de problèmes, comme le montre l'actuelle offensive des rebelles islamistes en Syrie, sans doute encouragée par les difficultés que rencontrent les principaux alliés du dictateur Assad, à savoir la Russie, l'Iran et le Hezbollah...
Sivispacem (17-11-2024 15:36:40)
réponse à Roland Berger (08-11-2024 17:31:05.
L'Amérique profondément chrétienne ? Jesus and my Gun! Les télévangélistes qui pompent l'argent des crédules pour construire à leur profit un empire financier. L'explosion des variantes du prétendu christianisme sur des arguments farfelus (l'ange Moron qui montre le seul vrai Evangile écrit par JESUS himself à Joseph Smith, Russel et consorts qui calcule les fins du monde en série et met au point les Témoins de Jéhovah. Si vous allez dans les petites villes du centre des USA, vous entrez souvent par une allée d'églises les unes à côté des autres ayant toutes des dénominations différentes : combien y a-t-il de vérités dans le christianisme.
Combien de ces "chrétiens" sur-armés ont-ils lu Mathieu 26:52 : Remets ton épée à sa place; car tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée."
Sivispacem (17-11-2024 15:21:13)
A ma connaissance, ce sera la première fois qu'un dirigeant d'un pays dit démocratique sera un criminel condamné, un entrepreneur ayant fait nombre de faillites spectaculaires, pour lequel une association de plusieurs psychiatres notamment des généraux ont averti publiquement leurs concitoyens que le candidat était atteint de différents troubles psychiques qui le rendait à leur avis inapte aux postes de commandement et dangereux, avis conforté par les anciens collaborateurs du premier gouvernement Trump comme Mr Bolton, le général Milley, le propre chef de cabinet de Trump, etc. Inutile de dire que cet homme n'a pas les inhibitions d'un personnage politique européen, il est plutôt comme un empereur romain issu d'une civilisation impérialiste et prédatrice qui recouvre ses actes d'agression par un discours mielleux de "liberté" de "démocratie". Quel penseur remarquable a été Mr de Tocqueville dans "De la démocratie en Amérique"
Paul M. (10-11-2024 14:22:24)
Tout ceci nous ramène d'une façon sans doute nouvelle au nationalisme d'autrefois ce qui comme la nuée nous amènera des guerres d'une façon sans doute nouvelle aussi. Que restera t-il de nos rêves démocratiques et des valeurs des lumières sinon nos caddies bon marché et des séries télé. Dommage !
Roland Berger (08-11-2024 17:31:05)
Contrairement à l'Europe qui s'est profondément déchristianisée, sous des dénominations aussi étranges que nombreuses, les États-Unis demeure le pays le plus profondément chrétien, toujours prêt à donner le pouvoir à quelque messie bien publicité, quelle que soit son immoralité chrétienne.
Joel (08-11-2024 10:23:18)
Merci pour cette perspective très intéressante sur les faiblesses européennes, françaises et nos politiques - l'élection de Trump (ou d'autres populistes) met en relief l'echec de nos politiques de cultures universelles, de libre échange à sens unique, bref de manque de pragmatisme et de raisonnement à long terme.
jarrige (08-11-2024 10:13:05)
Hélas! On ne voit pas un homme politique, ou une femme, en France et en Europe, de la trempe d 'un Trump.
hadrien1000 (08-11-2024 08:26:16)
J'approuve ! C'est peut-être la fin des" bisounours" français et européens. Soit on se lamente soit on se réveille. Revenir à une conférence de presse de De Gaulle : "on peut avoir la nostalgie de ce qui était l'Empire, comme on peut regretter la douceur des lampes à huile, la splendeur de la marine à voile, le charme du temps des équipages. Mais quoi, il n' y a de politique qui vaille que de la réalité." Et la réalité c'est Trump, l'impunité des trafiquants et consommateurs de drogue, l'impuissance des enseignants,l'impuissance des policiers, la situation au Moyen Orient...
Bernard (07-11-2024 12:52:56)
La critique des traités de Maëstricht et Lisbonne peut être considérée comme fondée si on considère que les droits individuels ont conduit au populisme actuel qui met la démocratie en danger. Mais ce phénomène est mondial. Il découle du développement des réseaux et de l'information qui conduit chacun à vouloir que soit réalisés ses désirs, sans avoir une vue globale de la situation en fonction des possibilités et contraintes qu'il ne voit pas. Mais le fond du problème ne semble pas dans ces traités, mais dans le fait que notre Europe n'existe pas sur la scène internationale et est incapable de prendre en temps voulu les décisions qui s'imposent.
Roosevelt considérait la France vaincue par Hitler comme déchue et incapable et voulait en faire un protectorat pour lequel il avait fait produire une monnaie qui ne comportait pas les mots "République française". Et pour lui, l'Europe était un protectorat colonial qui devait être dirigé par les USA et être un marché pour consommer les produits US. De Gaulle, avec l'appui d'Eisenhower contre Roosevelt a réussi à ce que Paris soit libéré par des français, et que le lendemain deux divisions US y entrent pour dire aux communistes et à Staline que l'URSS n'irait pas jusqu'à l'Atlantique. Mais l'Otan a été créé comme une promesse de non agression entre les pays européens et un protectorat US devant acquérir des matériels militaires US.
De Gaulle a réussi, sur la base des travaux précédents, à nous doter de l'arme nucléaire et d'une dissuasion, et a retirer les forces françaises de commandements étrangers, sauf si le pays le décidait. Et concernant l'Europe, il est dommage que ceux qui l'ont créée à 6 n'aient été que de bons chrétiens ayant de bonnes intentions et qui ont créé un marché commun et une zone de libre circulation, mais pas une Europe politique, économique et de défense.
L"Europe sans ministre unique des affaires étrangères n'a pas d'existence au plan international et, comme disait Kissinger, "L'Europe, c'est bien, mais à qui dois-je téléphoner ?". Une Europe sans ce ministre unique et sans un ministre unique de la défense et des forces armées européennes et non plus nationales, n'existe pas au plan international et n'existera pas tant qu'elle ne sera pas capable de déployer 5 ou 6 porte-avions porteurs d'armes nucléaires. L'Europe n'existe pas au plan économique et les différents Etats sont des concurrents et non des coopérateurs.
Alors l'Europe n'est qu'un émetteur de normes et de règles paralysantes dont il faudra se dégager Les hommes politiques des pays européens ne veulent pas en fait d'une véritable Europe qui leur ferait perdre leur emploi.
Espérons que les affaires d'Ukraine et de Palestine aient provoqué une prise de conscience et que l'élection de Trump nous contraigne à réagir. Car si en 1930 la France avait un PIB supérieur à celui des USA, notre PIB actuel n'en est que le dixième. Et alors que la population européenne est plus du double de celle des USA, le PIB européen n'est que de 17.000 milliards d'euros quand celui des USA est de 27 milliards.
Il faut se remettre au travail, produire et non importer, arrêter de privilégier les loisirs et l'assistanat, réaliser que les retraités constituent plus du tiers de la population, que les scolaires et étudiants sont plus du tiers, et que moins du tiers, les "actifs" ne peuvent pas faire vivre le pays, l'assistanat, les jeunes et les vieux, en travaillant moins qu'ailleurs et moins longtemps. Et il nous faut construire une Europe qui devienne une réalité politique, économique et militaire, car comme écrivait Thucidide, il faut être fort non pour faire la guerre, mais pour qu'il n'y en ait pas !
Maud (07-11-2024 11:33:37)
Illusion identique pour les démocrates US qui s'acharnaient à croire en la victoire de Harris en jouant à fond le communautarisme alors que les américains souhaitent "manger, se soigner, trouver un emploi décent". Todd il y a 8 ans avait raison, tous dans les indicateurs montraient une possible victoire de Trump. Aujourd'hui la carte détaillée par circonscription publiée par CNN montre un régression des votes démocrates y compris dans leur bastion où ils gagent encore mais avec plus de difficultés. Cela se concrétise par une victoire de Trump en nombre de voix sur l'ensemble du territoire. Trump est entouré d'une équipe bien différente : Musk (innovation, industrie, Kennedy pour la santé, Tulsie Gabbard (ancienne démocrate au parcours très intéressant affaires étrangères
Depuis des décennies les européens ont accepté d'être asservis. Extra territorialité du droit américain (Clinton) Espionnage des leaders européens sans réaction (Merkel), Biden annonçant lui-même qu'il sait comment faire disparaître Northstream (et cela s'est réalisé) pour abattre le dynamisme économique allemand. La encore Todd a vu juste.
Oui il faut réagir et sortir de la servilité. Il est cependant à craindre que les équipes en place aveugles depuis des années soient incapables d'un tel virage à 180°. Y a t il quelqu'un pour les remplacer ?
JEAN PAUL (07-11-2024 11:00:04)
Les américains ont désigné Trump. Peu importe les circonstances ou le système qui a permis cette victoire. Il appartient aux européens de réagir en s'unissant et en finalisant la construction européenne pour devenir une puissance mondiale et peser en fonction du poids démographique et économique qu'elle représente. Sinon nous serons une constellation de petits pays ou tout ira à vau-l'eau.
Françoise (07-11-2024 10:36:22)
Je n'ai jamais suivi M. Larané dans son analyse de la situation ukrainienne : ce pays envahi successivement par ses voisins du Nord, de l'ouest, aspirait à l'indépendance et a cru aux promesses d'une Europe incapable de construire une défense autonome.
Je ne souhaite à personne de vivre sous la domination d'un dictateur comme Poutine.
Par ailleurs, il y a un gouffre entre les classes populaires et les élites occidentales, méprisantes et sûres d'elles-mêmes. Mais je pense que les classes populaires françaises et américaines sont très différentes, c'est pourquoi Mme Le Pen n'a pas d'affinités avec M. Trump. Le RN a des positions très neutres sur le sociétal, pas de remise en cause de l'avortement, par exemple.
Lambil (07-11-2024 01:20:56)
Merci pour votre article, M. Larané, votre conclusion me paraît pertinente. En revanche, votre introduction m'a surpris : mettre Trump et Poutine sur le même pied me paraît inadéquat, je m'explique. La grande historienne bruxelloise Anne Morelli écrivait que ce qui distingue un dictateur d'un démocrate, c'est sa capacité à garder ou à rendre le pouvoir (Mme Harris semble avoir repris cette idée dans son discours tardif ce 6/11). En 2020, Trump a donné les clés de la Maison Blanche à Biden même s'il contestait les résultats, c'est donc un démocrate, fantasque et showman certainement. Poutine lui, s'est arrangé avec Medvedev pour alterner les postes de président et premier ministre, pour garder le pouvoir. Mais que penser de M. Macron qui, après le désaveu des élections législatives anticipées, garde le pouvoir, alors que De Gaulle avait démissionné ? Les représentations de la réalité seraient elles trompeuses, comme pour Magritte ?
Dans cette élection US, le parti démocrate, dominé par une élite orgueilleuse (pour rappel Obama est le seul prix Nobel à avoir massacré un autre prix Nobel, un hôpital de MSF), a commis beaucoup d'erreurs : tricherie aux élections de 2020 en Pennsylvanie (reconnu par un juge fédéral), harcèlement judiciaire contre l'ancien président dont il voulait la ruine et l'enfermement, choix tardif d'une candidate vice-présidente sans passer par la case des primaires, par exemple. Le vote populaire remporté par M. Trump me semble avoir manifesté son raz-le-bol de cette façon limite et dédaigneuse de faire de la politique.
Le peuple renvoie ses juges démocrates à une introspection sévère. C'est ça l'Amérique !
Bien à vous.
Andre (06-11-2024 22:56:12)
Belle analyse, mais pourquoi y glisser des affirmations presque diffamatoires en prétendant que Trump a l’amour pour son pays et non Macron. Par ailleurs si le cas Ukrainien est évidemment complexe, pourquoi le simplifier en laissant le pays aux russes. Bizarrement pas un mot sur l’incidence de cette élection sur les rapports entre l’Europe et Israël. Dommage, car pour l’essentiel, évidemment vous avez raison.
Philippe (06-11-2024 21:19:18)
Votez Larané ! ;-))
Cher Monsieur Larané, je plaisante. Je ne vous souhaite en effet aucun mal.
Eusébius (06-11-2024 19:58:27)
MR Larané, vous écrivez : "Il n'est plus temps de placer la politique européenne sous l'étendard de « valeurs universelles » dont le rayonnement ne dépasse pas les beaux quartiers des métropoles européennes". La solution serait-elle alors d’adopter la real politic la plus cynique, celle que vous condamnez chez poutine, Xi, Trump, Erdogan, etc.. ?
Je trouve par ailleurs curieuse votre conclusion (le rappel des grandes valeurs françaises) qui semble prendre à contre-pied ce que vous semblez préconiser pour répondre aux voyous qui nous environnent.
Concernant le problème ukrainien, vous rattachez non sans raison ce pays à la Russie par son histoire et sa géographie. Il y a cependant un problème qui est aussi d’ordre historique. Depuis 200 ans à peu prés on reconnait aux peuples, d'abord très difficilement certes, le droit de disposer d’eux-mêmes. Or aujourd’hui les ukrainiens sont majoritairement (mais non unanimement, nous en sommes d’accord) désireux de se détacher au moins politiquement du voisin et cousin russe. Faut-il donner raison à Mommsen contre Renan et Fustel de Coulanges ? L'historien que vous êtes n'ignore pas cette grande controverse qui a agité les esprits au XIXè siècle. Peut-on vous demander de préciser votre position sur cette question ?
Herodote.net répond :
Les relations interétatiques doivent être fondées sur le respect des intérêts de chaque État, pas sur la volonté de promouvoir et imposer à autrui nos valeurs (démocratie, croyances, sexualité, etc.). Mais nous devons cultiver pour nous-mêmes les valeurs dont nous avons hérité.
Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes doit être manié avec les plus grandes précautions. Son application inconsidérée après la Première Guerre mondiale a été en bonne partie à l'origine de la Seconde...
Benoit (06-11-2024 19:40:33)
Totalement d'accord avec cette analyse.
Espérons que l'evidence du péril pour l'Europe que l'arrivée au pouvoir de Mr Trump représente va amener nos dirigeants européens à se concerter pour enfin changer de paradigme.
Mais rien n'est moins sûr, malheureusement, notamment du côté de nos amis d'outre Rhin, si habitués à la protection de l'OTAN et aux bénéfices pour leur industrie si exportatrice de l'extension sans fin de traités de libre échange avec le monde entier.
Roland Peccoud (06-11-2024 18:29:04)
Il me semble, en lisant ces commentaires qu'il y ait unanimité pour souhaiter que la France et l'Union européenne aient une politique réaliste : favoriser la production européenne et assurer notre propre défense. Cependant, pour partager cet idéal, il faut dépasser le chauvinisme national et accepter de payer les productions européennes un peu plus cher que celles produites dans les pays où les travailleurs sont exploités sans vergogne.
patd1952 (06-11-2024 18:26:00)
C'est la défaite du wokisme, du mondialisme et de la déconstruction.
Seuls les U.S.A. pouvaient renverser ces tendances toxiques de l'histoire occidentale récente. On ne peut que s'en réjouir et remercier le peuple américain d'avoir donné une majorité confortable aux républicains pour "réparer" son pays comme l'a si bien dit Donald Trump. C'est tout l'Occident qui devrait en bénéficier. mais gare à la capacité de nuisance des dirigeants européens qui ne vont pas renoncer si facilement. Merci pour votre article.
CAL (06-11-2024 17:53:10)
cet article est vraiment parfait bravo M. LARANE
palef (06-11-2024 17:52:13)
Que les US mettent fin à la guerre qu'ils ont déclarée à la Russie en 2014 en Ukraine est ce qui peut se faire de mieux. Et vivement que les North stream soient réparés et que le gaz de nos alliés naturels russes reviennent nous chauffer à bon marché.
Que Trump passe sous silence le climatisme et le décarbonisme, purement idéologiques et criminels vu les milliers de milliards gaspillés, c'est de la sagesse.
Rien que ces deux mesures permettront -peut-être- à l'UE d'échapper au suicide.
Que Trump mette l'UE face à ses responsabilités en matière de défense est une bonne chose, pour autant que soit privilégiée l'industrie européenne...
JANDOT (06-11-2024 17:38:09)
Comme toujours, cette analyse percutante de Mr Larané tape là où ça fait mal en stigmatisant l'angélisme de l'Europe qui se prévaut de valeurs morales si séduisantes dans les amphis de nos facultés mais engendreuses de faiblesse mortifère.
Nous manquons cruellement en Europe de politiciens rudes, formés et éduqués par la vie réelle plutôt que par de brillants intellectuels salonnards.
Réveillons-nous !
Notre monde n"est pas celui des "Bisounours" !
Doc7538 (06-11-2024 16:49:30)
Pour "Libération", si K. Harris a perdu, c'est à cause des "actions illégales" d'Elon Musk... Ca veut tout dire...
Le roux yves (06-11-2024 16:48:17)
Tout à fait d'accord avec cet article de Mr Larané . Mais comment se fait -il que les thèses de certains politiques comme Enrico Letta , Mario Draghi , Thierry Breton ou Macron n'aient pas plus d'écho ? Il nous faut un leadership " courageux capable de convaincre les européens et surtout agir et ne pas se laisser manipuler par les populistes comme Orban et consorts.
JM KAËS (06-11-2024 16:45:10)
QUEL DOMMAGE !!
Oui, M. Larané, quel dommage d’avoir si mal commencé votre article en comparant Trump avec Poutine et en les traitant tous deux de « voyous sans scrupules ». Autant je suis d’accord pour Trump, autant je ne le suis pas du tout pour le Président Russe : certes c’est un autocrate, certes il a emprisonné des adversaires politiques, mais en tant qu’historien vous ne devez pas oublier pourquoi la Russie est intervenue en Ukraine. Rappelez-vous le massacre de plus de 50 syndicalistes à Odessa par de vrais nazis ukrainiens, la révolution de Maïdan détournée par les mêmes qui ont mis Zelensky au pouvoir, les bombardements des Russophones du Donbass depuis 2014 par toujours les mêmes. Et ceux-ci ont fini par se révolter et par demander l’aide du grand frère russe, qui a fini par les rejoindre et leur porter secours en février 2022. C’est l’honneur de Poutine d’avoir fait cela, non par voyouterie mais pour porter secours à ses frères. Certes il y a eu des bavures, ainsi jamais l’armée russe n’aurait dû s’attaquer à Kiev, ce qui lui a d’ailleurs coûté cher. Mais Poutine, en véritable chef d’Etat, a vite compris son erreur et s’est contenté des 4 régions du Donbass qui ont d’ailleurs massivement adhéré par référendum à la grande Russie. Non, Trump et Poutine ce n’est pas du tout pareil, et je regrette que vous ayez eu l’idée saugrenue de les mettre sur le même plan.
Pour le reste de votre article, absolument rien à redire, tout est dit et parfaitement dit. L’Europe et la France n’ont plus vraiment de grand allié et c’est tant mieux, c’est une chance pour les démocraties occidentales de pouvoir enfin respirer et de s’allier avec qui bon leur semble. Il me semble d’ailleurs que la Russie serait un allié de poids face aux USA et à la Chine. Il ne faudrait surtout pas laisser passer cette dernière chance de ne plus dépendre des seuls USA et se rapprocher de pays qui constituent les BRICS, puissance montante de la planète.
Le roux yves (06-11-2024 16:06:52)
Tout à fait d'accord avec cet article de Mr Larané . Mais comment se fait -il que les thèses de certains politiques comme Enrico Letta , Mario Draghi , Thierry Breton ou Macron n'aient pas plus d'écho ? Il nous faut un leadership " courageux capable de convaincre les européens et surtout agir et ne pas se laisser manipuler par les populistes comme Orban et consorts.
bernarpena (06-11-2024 15:49:12)
La démocratie américaine sort renforcée par cette victoire d'un politicien populiste face aux élites mondialistes et à l'idéologie "woke". Puisse cet événement historique analysé avec lucidité et objectivité par M. Larané amener nos dirigeants européens à voir le monde autrement et changer de politique.
Nanasse47 (06-11-2024 15:35:34)
Enfin allons-nous pouvoir assister au réveil de notre classe politique déconnectée du réel! arrêter de soutenir à fond perdu une Ukraine devenue exsangue par l'aveuglement des élites occidentales, allons nous enfin reprendre des relations normales avec la Russie, sortir des contraintes absurdes liées à l'UE (tarif européen de l'électricité, arrêt de cette folie des éoliennes qui nous coûtent horriblement cher, sortir de la dogmatique du libre échange qui nous appauvrit, et avoir une vision plus réelle de la géopolitique d'aujourd'hui???? Merci à Trump de nous obliger à ces réveils!
Jihème (06-11-2024 15:19:48)
Dans ses grandes lignes, je suis d'accord avec les perspectives avancées par M. Larané, mais pas sur tout :
- Quand vous dites :"Entendons-nous bien. Donald Trump est un voyou sans scrupule. C'est un trait qu'il partage avec son homologue russe Vladimir Poutine. Il suffit pour s'en convaincre de visionner l'excellent documentaire de la chaîne Arte : Le Duel, Harris contre Trump", là je ne suis pas d'accord ! Trump est un drôle de type, vulgaire et combinard, peut-être, mais son premier mandat n'a pas été si négatif, quand on pense à toutes les procédures engagées contre lui pour l'empêcher de gouverner. Ce voyou avait à la fois une vision et une sacrée capacité de résilience !
- Et Poutine, également voyou : certes, ce n'est pas un tendre et il gouverne "à la russe" sans faire de sentiment quand il fallait taper fort. Mais il faut avoir connu la Russie vers la fin de l'ère Eltsine, où tout partait en débandade et laissait présager de la destruction de la Russie en tant que fédération. A sa manière, il a rétabli la verticale de l'Etat et son unité dans un contexte difficile, contre les oligarques et les séparatistes et il a restauré la Russie rendant la fierté à son peuple.
- Et si vous vous fiez à Arte pour donner une version neutre et équilibrée de la situation internationale ou dans le match Harris/Trump, alors là, c'est comme si, pour l'objectivité, vous faisiez confiance aux chaînes du service public français !
- Enfin, pour pousser la Russie et l'Ukraine à un accord de paix sur la base des accords de Minsk, il faut connaitre la composition ethno-culturelle de l'Ukraine et son histoire pour bien voir que, au point où en est le conflit sur le terrain, les accords de Minsk, dont l'Ukraine n'a pas su saisir la chance sous les mauvais conseils de ses prétendus alliés, semblent totalement dépassés. L'UE et ses Etats les plus engagés vont devoir revoir leurs positions sous un angle plus réalistes, sauf à décider la folie de devenir des acteurs directs dans cette guerre qui, pour la France, va totalement contre nos intérêts bien compris.
Michel (06-11-2024 15:19:01)
Excellent article mais pourquoi tant de précautions oratoires en préambule ?
Pépé (06-11-2024 14:40:48)
pierreetsue@gmail.com. L’Europe et le Canada doivent cesser d’accepter le grand pyromane américain comme le gendarme de la planète. A long terme, l’Europe aurait plus d’affinités avec la Russie post-poutine…
Irat56 (06-11-2024 14:33:09)
Bravo M. Larané. Votre analyse est, je crois, pertinente, et les risques que nous courons avec une Europe autoritaire qu'on nous a imposée vont être bien réels!. Je ne crois pas nos dirigeants actuels, empêtrés dans une idéologie mortifère capables de résister à une tempête trumpiste! Mais...je ne suis pas de gauche! ;-)kl
Yves Petit (06-11-2024 14:07:18)
Je suis Canadien et nous savons que le fou Trump tentera d'imposer tarifs et de limiter les importations mais comme avec tous les dirigeants de pays, ce sont les financiers et les industriels qui tirent les ficelles. Trump avait promis de construire un mur entre les EU et le Mexique en 2016...il n'a rien fait. Il sera terrible sur la politique sociale et environnementale mais sur les grands enjeux mondiaux, industriels, militaires, financiers et industriels le manipuleront comme un pantin.
Doc7538 (06-11-2024 13:58:49)
5 millions d'électeurs de différence entre les 2 candidats, est ce vraiment un raz de marée?? (sur 140 ou 150 millions, je ne sais pas)
Marc Blasband (06-11-2024 13:57:08)
D'autres défis menacent l'humanité, en Europe, mais aussi en Amérique, en Afrique, en Asie, en Océanie. La 6ème extinction des espèces. Le réchauffement climatique. La décroissance indispensable. La catastrophes coûtent des dizaines de milliers d'euros. Vous n'en parlez pas, Trump non plus. Même déni. Une remarque intéressante; les électeurs choisissent souvent le plus fort en gueule.
Herodote.net répond : Notre média est très engagé sur la question climatique comme vous devez le savoir. Mais vous avez raison : elle était absente de cette élection... comme des dernières elections en France. La majorité des électeurs américains et français s'en contrefichent.
Cepavrai (06-11-2024 13:52:22)
je suis d'accord avec M. Larané lorsqu'il brosse avec un certain brio, une vision du monde qui montre surtout que dans notre temps actuel les rapports de force politiques se fondent sur la capacité des classes dirigeantes à faire valoir aux yeux de tous, la domination dans l'univers des états qu'elles tiennent en main. Quand je dis "classes dirigeantes", j'abuse d'un terme facile, car la liste des noms cités par M. Larané laisse supposer qu'il s'agit surtout de quelques personnalités "marquantes": XI, Poutine, Trump, Erdogan et consorts. Les électeurs ont choisi la force c'est (à mon avis) clair, mais qu'en est-il des "valeurs démocratiques"? Puisque le vote de chaque individu est secret (personne ne doit savoir pour qui je vote, je suis caché par mon vote) cela ressemble fort à l'anonymat qui prévaut sur internet (je suis caché par mon écran). Par conséquent, la masse des opinions qui soudain se compactent autour de "l'homme fort" et, sans contexte, "patriarcal", correspond-elle vraiment à une "opinion démocratique"?
Gallus (06-11-2024 13:38:00)
D’accord avec votre analyse sauf sur Marine Le Pen, je crois que son objectif étant 2027, et échaudée par toutes ces attaques sur ses supposés liens avec Poutine, elle n’a aucune raison de prendre des risques non nécessaires - Je ne crois pas non plus que Trump soit le voyou sans scrupules que vous décrivez, surtout quand on voit les attaques des médias du monde entier; Trump malgré son côté fantasque et sa logorrhée démesurée, est parfaitement clair sur son programme et ses idées..( les insultes sans fin dont les médias et journalistes le couvrent ne montre que leur faiblesse…cela devient insupportable, sans compter qu’en face ce n’est pas des prix de vertus)et nous savons qu’il fait ou essaye de faire ce qu’il dit…..bien au contraire de nos politiques de droite ou de gauche qui n’ont que mépris pour le peuple. Enfin je vois mal comment après tous ses morts la Russie puisse accepter un simple retour aux accords de Minsk dont tout le monde sait maintenant que cela été une pantomime des occidentaux pour gagner du temps. Ensuite, vu l’urgence de la situation, je suis pessimiste….je ne vois pas les Sanchez, Macron, VDL etc. changer d’idéologie du jour au lendemain, sans compter toutes les carrières et intérêts personnels qui dépendent de cette idéologie. Enfin il faut un minimum de force pour se remettre en question..l’UE l’a t’elle? Peut-on revenir sur cette catastrophique Europe de Maastricht.
SAEZ (06-11-2024 13:30:54)
André Larané fait preuve ici, une fois de son plus, de son discernement dans sa compréhension intelligente de l'évolution du monde. Tout à fait d'accord avec ses conclusions !
Guitou (06-11-2024 13:09:11)
On ne peut pas critiquer le résultat des élections américaines car le peuple américain est très différent, il est très libéral et ne veut surtout pas payer pour les gens qui ne travaillent pas....alors ne pas s'étonner... Cela relève de la décisison du peuple américain que l'on se doit de respecter même si cela ne plait pas à certains...
Sylvie (06-11-2024 12:52:45)
En total accord avec cet article.... au plaisir d'en discuter!
Ouallonsnous ? (06-11-2024 12:29:49)
Quel bel ode aux vaincus de l'ordre Atlantiste et européiste Mr Laramé !!!!