« Islamophobes », les Français ?

Le gâchis algérien

27 août 2023 : tout au long du précédent millénaire, la France et les Français ont témoigné d'une grande ouverture d'esprit à l'égard de l'islam et de la civilisation islamique. D’où vient alors ce sentiment de gâchis qui nous parcourt quand nous évoquons les relations de la France actuelle avec l’Islam et la place des musulmans dans la société française ? La réponse tient en un mot : Algérie ! Depuis bientôt deux siècles, il nourrit les pires malentendus et déboires...

Tout commence par une bêtise : le roi Charles X, en fin de parcours, tente de se refaire une santé en allant occuper Alger, qui fait allégeance au sultan ottoman. Le roi n’en est pas moins chassé du trône et son successeur Louis-Philippe, embarrassé par la conquête, conclut en 1837 un traité avec les chefs traditionnels de l’intérieur qui limite l’occupation à quelques ports du littoral.

Mais l’un de ces chefs, le jeune Abd el-Kader, finit par rejeter le traité et appelle ses compatriotes à la guerre sainte contre les Français. S’ensuit une guerre pénible et brutale cependant que la plaine marécageuse de l’arrière-pays algérois, la Mitidja, est mise en valeur par des colons miséreux venus surtout de Malte, d’Espagne et d’Italie ; c’est l’amorce du peuple « pieds-noirs ».

Après l’épisode éphémère de la Seconde République vient l’empereur Napoléon III, lequel n’hésite pas à se rendre en Algérie pour s’informer de la situation. Conseillé par Ismaÿl Urbain (1812-1884), un métis guyanais converti à l’islam, il se propose de faire de l’Algérie un « royaume arabe » dont il serait le souverain en titre et dans lequel les habitants jouiraient d’une très large autonomie et de droits égaux, à l’image des dominions britanniques (dico).

Mais suite à sa défaite de Sedan, l’empereur est renversé et la IIIe République s’installe aux commandes du pays. D’emblée, elle évacue toute idée d’autonomie algérienne. Le résultat ne se fait pas attendre. Dès le 8 avril 1871, le bachagha El Mokrani proclame la guerre sainte et soulève 250 tribus kabyles contre le gouvernement français.

Pour ne rien arranger, sur une suggestion du très généreux Adolphe Crémieux, le gouvernement accorde dès le 24 octobre 1870 la citoyenneté pleine et entière aux juifs algériens ainsi qu’aux musulmans - rares - qui accepteraient de renoncer à la « loi coranique », autrement dit se couper de leur famille et de leur clan. Le résultat ne se fait pas attendre. Le décret Crémieux va nourrir l’antisémitisme des musulmans mais aussi des « pieds-noirs » qui porteront à la députation, en 1898, le polémiste Édouard Drumont, auteur de La France juive.

Le gouvernement républicain veille malgré tout à ménager les convictions religieuses des Algériens. Alors qu'en métropole, l'opinion se déchire sur la question de la séparation des Églises et de l'État, l'Algérie obtient un régime dérogatoire par le décret du 27 septembre 1907 qui laisse la possibilité au gouverneur général de l'Algérie de subventionner les desservants de l'islam en fonction d'un « intérêt public et national ». La bienveillance ou l'indifférence de l'opinion française à l'égard de l'islam est attestée par l'élection en 1896, à Pontarlier (Doubs), d’un premier député musulman, Philippe Grenier (1865-1944). Ce médecin s’est converti à l’islam après avoir découvert en Algérie les injustices faites aux musulmans et son burnous et ses tenues orientales fantasques n’ont pas dissuadé ses concitoyens de l’élire.

Pendant la Grande Guerre, les autorités manifestent également leur sollicitude à l'égard des soldats musulmans morts pour la France avec un décret qui exige que leur corps soit enveloppé dans un linceul « de cotonnade blanche » et la tombe orientée sud-ouest-nord-est « de façon que, le corps étant placé du côté droit, le visage soit tourné dans la direction de La Mecque ». L'historien Michel Pierre, auteur d'une remarquable Histoire de l'Algérie (Tallandier, 2023) relève aussi des aménagements pour les militaires qui voulaient jeûner pendant le mois de Ramadan. Il note que même les bagnards musulmans, à Cayenne, avaient droit à des rations alimentaires adaptées (sans porc et avec de l'huile au lieu de saindoux par exemple).

Après la guerre, le 15 juillet 1926, le président de la République Gaston Doumergue et le sultan du Maroc Moulay Youssef inaugurent en grande pompe la Grande Mosquée de Paris afin de rendre hommage aux combattants musulmans tombés pour la France pendant la Grande Guerre. L'événement est salué par une formule mémorable du maréchal Hubert Lyautey : « Quand s’érigera le monument que vous allez construire, il ne montera vers le beau ciel de l’Île-de-France, qu’une prière de plus dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point jalouses ».

Lyautey a été résident général au Maroc dès le début du protectorat français sur ce pays, en 1912, et d'emblée, il a eu le souci de respecter la culture et les traditions marocaines ainsi que de ménager le sultan. Mieux encore, en pacifiant le pays, il a permis à l'appareil étatique marocain, le makhzen, d'étendre son autorité sur les tribus berbères largement indépendantes des montagnes de l'Atlas. À sa manière, il a contribué à bâtir l'État marocain autour de la dynastie alaouite. La Tunisie, passée sous protectorat français dès 1881, pour cause d'endettement excessif, a suivi une voie similaire. Elle a conservé son souverain et une apparente autonomie.

Rien de tel par contre en Algérie, dont le territoire a été divisé en trois départements mais dont les habitants relèvent du code de l'indigénat, à l'exception des colons européens, des israélites et des rares musulmans qui ont renoncé au statut coranique pour le droit civil français. 

Portée par le désir ardent de convertir l’humanité aux « valeurs de la République » et aux « droits de l’Homme » de 1789, la gauche de gouvernement va dans l'ensemble rester adepte du « colonisme » jusqu’à la fin de la IVe République. En 1957, François Mitterrand, garde des Sceaux dans le gouvernement socialiste de Guy Mollet, enverra ainsi sans sourciller à la guillotine quelques dizaines de combattants algériens FLN (note).

La guerre d'Algérie et ses séquelles

La « Toussaint rouge », le 1er novembre 1954, marque le début d'une guerre d'indépendance très dure et multiforme. Les combats dans le bled mettent aux prises les combattants algériens et l'armée française, laquelle inclut très vite de jeunes appelés du contingent, mal préparés à cette guerilla qui ne respecte aucune « loi » de la guerre. Elle comprend aussi de nombreux supplétifs musulmans, les harkis (dico), qui n'attendent aucune indulgence de leurs coreligionnaires. Enfin, ses officiers, qui ont mal vécu la défaite de 1940 face à la Wehrmacht et plus encore leur propre défaite face au Vietminh, en Indochine, ne supportent pas la perspective d'une nouvelle reculade.

Les indépendantistes algériens sont eux-mêmes divisés entre FLN et MNA et encore très minoritaires parmi les musulmans en 1954. Leur combat et leurs luttes intestines se transportent très vite en métropole, dans les foyers de travailleurs algériens, où chacun est sommé de participer financièrement à la lutte de libération et où se multiplient les assassinats d'opposants. L'indépendance, officielle le 5 juillet 1962,  va laisser beaucoup de rancoeurs des deux côtés de la Méditerranée, aggravées par le repli en métropole de plus d'un million de colons, israélites et harkis.

À Alger, le FLN met la main sur tous les organes du pouvoir et se rapproche de l'Union soviétique. Très vite, sa gestion calamiteuse et corrompue plonge la société dans le chaos en dépit des importantes ressources en hydrocarbures que recèle le Sahara. Il s'ensuit une poussée islamiste et la victoire du FIS (Front islamiste du Salut) aux législatives de 1991. Le FLN ne s'y résigne pas, pas plus qu'il n'accepte de se réformer comme l'y invite l'infortuné Mohamed Boudiaf. Après l'assassinat de celui-ci, le 29 juin 1992, le pays entre dans une décennie de guerre civile à l'issue de laquelle le FLN sort une nouvelle fois vainqueur en 2002.

De son côté, le gouvernement français, sitôt après la décolonisation (1962), a développé le recours à l’immigration de travailleurs étrangers afin de soutenir la croissance économique tout en contenant l’augmentation des salaires. Ce faisant, il a pris modèle sur ses voisins, l’Allemagne et le Royaume-Uni, et signé des accords avec l’Algérie, en 1968, comme avec le Maroc, le Sénégal, etc.

Mais avec la fin des « Trente Glorieuses » (dico) et le retournement brutal de l’économie et de la démographie, en 1973, cette politique est apparue inappropriée et dans les franges extrêmes de l’opinion publique, elle a réveillé les rancœurs nées de la guerre d'Algérie chez les nostalgiques de l'OAS.  

Le 14 décembre 1973, un commando anonyme se recommandant de Charles Martel (!) commet un attentat à la bombe devant le consulat algérien de Marseille, faisant quatre morts et 22 blessés ! D’autres attentats sont commis dans les années qui suivent au nom du même groupe.

Cet accès de fièvre amène le cinéaste Yves Boisset à produire en 1974 le film Dupont Lajoie, une fiction sur les penchants racistes présumés des Français moyens ! Dix ans plus tard, la « Marche des Beurs » puis la fondation de SOS Racisme marquent l'arrivée sur la scène française de la deuxième génération d'immigrés maghrébins et sa volonté de faire souche dans son pays de naissance.

Dans le même temps, l’émergence du Front national de Jean-Marie Le Pen exprime les appréhensions d’une partie de la population face à l’ampleur de l’immigration. Ces appréhensions sont partagées par le Premier ministre de François Mitterrand, le très populaire et très socialiste Michel Rocard. Le 3 décembre 1989, sur TF1, face à la présentatrice Anne Sinclair, il déclare : « Il faut lutter contre toute immigration nouvelle : à quatre millions… un peu plus : quatre millions deux cent mille étrangers en France, nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde : ce n’est pas possible. »

L'indignation de Michel Rocard, qui restera sans effet, fait suite à l'affaire des « foulards islamiques » du collège de Creil, consécutive à la percée de l’islamisme et du salafisme, depuis les révolutions de Téhéran et de La Mecque, dix ans plus tôt. De plus en plus de jeunes musulmans renouent spectaculairement avec le voile et les rituels musulmans, en reflux jusque-là dans les pays islamiques. En octobre 1989, trois jeunes filles sont exclues de leur collège, à Creil (Oise), pour s’être voilées en classe. Le Conseil d’État rappelle le 27 novembre 1989 le droit des élèves à manifester des convictions religieuses dans l'école, mais établit des limites à l'expression de signes religieux « ayant un caractère ostentatoire et revendicatif ».

La conjoncture internationale et les nouvelles orientations géopolitiques de la France attisent les tensions selon les mots de l'islamologue Jacques Berque : « À la fois inconsolable et soulagée d’avoir perdu l’Algérie, la France, depuis la guerre du Golfe, a abdiqué une politique à l’égard des Arabes et de l’Orient qu’elle menait pour le moins depuis François Ier », écrivait-il dans Le Monde diplomatique en décembre 1994. De fait, tout bascule au tournant du XXIe siècle dans les rapports entre l'Europe occidentale et le monde islamique au sens large cependant que l'immigration en provenance de cette région connaît une forte accélération. 

Le gouvernement algérien, qui sort éreinté de sa guerre contre le GIA (Groupe islamique armé), n'a de cesse d'attribuer la responsabilité de ses échecs à la colonisation française. Sur l’autre rive de la Méditerranée, ce discours ainsi que la faillite des « révolutions arabes » de 2011 nourrisent le ressentiment des enfants de l'immigration algérienne et musulmane en peine de s'insérer à la société française.

Les revendications sur le voile sont relancées et étendues à la restauration hallal dans les cantines, aux prières dans les rues et aux salles de prières dans les entreprises, aux fêtes musulmanes, etc. Elle est défendue par les mouvements islamiques d’obédience étrangère tels les Frères musulmans, trop heureux de marquer leur territoire, de l’autre par les laïcs attachés à la séparation des Églises et de l’État. La virulence des propos empêche tout compromis à l'ancienne, façon IIIe République.

Pour ne rien arranger, les Français sont confrontés à une vague d'attentats antisémites sans précédent dans l'histoire de leur pays (hors occupation nazie), à l'école Ozar Hatorah (Toulouse) en 2012, chez Charlie Hebdo et l'Hypercacher (Paris) en 2015, etc. Les clivages politiques se creusent entre, d'un côté, une gauche radicale qui se veut accommodante avec les mouvements islamistes en fermant les yeux sur leur attitude à l'égard des femmes, des homosexuels et des juifs, et de l'autre une droite extrême représentée par Éric Zemmour et qui fait de la lutte contre l'islamisme et plus largement l'immigration son cheval de bataille.

Il est encore trop tôt pour présumer de la suite. Sans doute les Français seraient-ils bien inspirés de regarder de l'autre côté de la Manche comment leurs cousins britanniques tentent de gérer les bouleversements démographiques auxquels ils sont également confrontés...

Publié ou mis à jour le : 2023-08-27 09:25:33
S. Duplessis (23-09-2023 19:22:54)

Je ne vois pas pourquoi l’Angleterre serait un exemple à suivre. Le scandale des jeunes filles violees par des musulmans, ignorées pendant des années par la police par peur de paraître “islamophobe” démontre la lâcheté des réactions.

B. Cochin (02-09-2023 06:35:11)

Pour comprendre le Maghreb (l'Occident : Tunisie, Algérie et Maroc) dans le temps long de l'histoire, il est indispensable de lire le livre du Maréchal Juin publié en 1957 "Le Maghreb en feu". Toute l'histoire de ce début du XXIème siècle y est contenue en filigrane. Il fait litière de toutes les passions sur la "colonisation algérienne" qui ne put avoir lieu car le pays était inexistant, jusqu'à son nom (Berbérie puis le nom Algérie créé par les Français), sans aucun Etat depuis l'antiquité ni ressources aucunes et toujours en guerre interne de tribus. La France y a fait une oeuvre exceptionnelle et unique en la créant de toute pièce, dans toutes ses dimensions politiques, économiques, sociales, industrielles... et magnifiquement (Alger la Blanche), sur ses propres fonds. L'Algérie est débitrice de milliards si l'on parle en chiffres et non le contraire. Les révolutionnaires s'en sont emparé au détriment de la population avec les résultats qu'on voit aujourd'hui et des revendications qui n'ont aucun lieu d'être. Le pays doit entièrement son existence à la France. Il n'a pas su ni voulu capitaliser sur l'acquis et le pouvoir s'est spécialisé dans la revendication pour échapper à ses propres déficiences et corruptions et donner une (mauvaise) cause au peuple.

Jonas (31-08-2023 14:11:22)


L' Algérie malgré sa richesse insolente, a une population pauvre , qui ne trouve son salut que dans l'immigration au péril de sa vie pour fuir la misère et la " hogra" le mépris des dirigeants corrompus et incapables de gérer et de diriger un pays au sous-sol gorgé d'hydrocarbures.
Pendant que l'Inde pays anciennement colonisé , réussit son alunissage avec sa fusée Chandraan-3,. Les dirigeants corrompus du FLN , rendent la France responsable de tous les maux dont souffrent leur pays , afin de faire diversion.
Malgré sa richesse en hydrocarbures , qui lui rapporte des milliards de dollars , le PIB de l'Algérie est d'à peine 4.279 dollars et est classée pour son IDH, à la 115 eme place. Cela n'est pas la faute de la France, mais de la corruption et de l'incompétence des dirigeants FLN.
Je rappelle pour mémoire , que l'ancien Premier ministre de Boutéflika AHMED OUYAHIA , avait appelé la diaspora algérienne à venir aider leur pays sans aucun résultat :> ( 27 juin 2018).

Christian (31-08-2023 03:38:52)

On dit souvent que l'Angleterre a mieux réussi sa colonisation que la France, mais je n'en suis pas sûr. Les Anglais se sont peut-être plus vite résignés que nous à abandonner leurs colonies, mais c'est surtout valable pour l'Inde et le Pakistan, qui sont devenus indépendants dès 1947 alors que nous nous sommes accrochés à l'Indochine jusqu'en 1954. C'est déjà moins évident pour l'Afrique noire où l'indépendance des colonies britanniques s'étale de 1957 (pour le Ghana) à 1980 (pour le Zimbabwe).

Quant aux suites immédiates de l'indépendance, elles ont été particulièrement sanglantes entre l'Inde et le Pakistan (énormes transferts de populations, guerres du Cachemire et du Bangladesh), en Birmanie (conflits ethniques et dictature militaire), au Moyen-Orient (conflits israélo-arabes, guerres civiles en Irak et au Yémen) et en Afrique (apartheid en Afrique du Sud, guerres du Biafra et du Soudan, dictatures sanglantes comme celle d'Amin Dada en Ouganda), etc.

orace369 (30-08-2023 07:41:30)

Bonjour,
bof !
On ne me fera pas croire que telle opinion ethnique est issue d'une succession de faits inconnus et anciens si la situation du moment présent ne favorise pas cette opinion. Ces faits souvent n'ont de retentissement que bien plus tard et après que les contemporains soient morts.
Donc aujourd'hui, " islamophobes ", probablement et le " gâchis algérien " n'est pas de la responsabilité de la France ni même des actes de la France mais uniquement de l'Algérie.
Notre culture ne repose-t-elle pas sur la responsabilité individuelle et l'action de l'individu, donc du groupe concerné. Les pleurs de crocodiles sont lassants.
Depuis plus de soixante ans, il y a encore des français qui n'ont pas compris cela et qui bientôt expliquerons l'Algérie à cause des romains en 140 avant notre ère.
Cette manière de dire confine à une tendance coupable d'acceptations des fautes à visée politique et à nier les apports des colonisations, qu'elles soient par exemple, romaines, anglaises ou françaises à l'image des textes que les grands hommes de l'Algérie ont commis, du style : " La France nous a fait faire un bond de mille ans " ou " nous avons fait une énorme bêtise en repoussant les français ".
Faut-il donc que les français aient si peu de cervelle comme ceux qui les ont combattu et savent-ils que les villages refaits étaient plus beaux qu'ils n'ont jamais vu à leur époque ?
Et combien de temps encore, allons-nous donner libre cours aux thèses que l'on dit racistes alors que ce qui existe est la bêtise et la pauvreté quand parallèlement on prône un mondialisme qui échoue et échouera ?
Salutations

Françoise (30-08-2023 05:53:01)

J'avais lu que Napoléon III avait proposé la citoyenneté pleine et entière aux algériens à condition d'accepter le Code Civil français. Les imams et les rabbins y étaient très hostiles car c'étaient leurs pouvoirs sur leurs communautés qui étaient remis en question. Mais les juifs, conseillés par les juifs français, ont accepté. La III° République traînait les pieds, la pugnacité de Crémeux l'a emporté. Les juifs qui, jusque là, était un groupe opprimé comme non musulman, ont bâti des écoles et ont engendré , en une une génération, enseignants, avocats...
Cette réussite a suscité beaucoup d'amertume chez les musulmans, certes. Mais l'antisémitisme préexistait.

ajperlaigue (30-08-2023 04:05:05)

Bonjour,
Vous reprenez la citation de Michel Rocard, souvent évoquée, concernant "l'impossible accueil
de toute la misère du monde". J'avais le souvenir que la citation complète, souvent tronquée à dessein, se complétait par "mais elle peut y prendre sa part". Ce qui est tout de même nettement différent. Est-ce moi qui me trompe ? Cordialement

Herodote.net répond :
Non, non et non ! Lisez notre commentaire de texte sur la citation de Rocard : https://www.herodote.net/Citations_suivantes-citations-0-294.php. Vous verrez que la fameuse incise "nous avons pour devoir de prendre notre part de la misère du monde" n'est pas de lui mais de la Cimade.

Paul (28-08-2023 09:11:24)

Bien des maux de note société plongent leurs racines dans cette phase de la colonisation que l'on a considérée comme une action civilisatrice pour imposer nos "valeurs" tout en exploitant les potentialités économiques de ces territoires par l'intermédiaire des multinationales ... Mais le mode de décolonisation engagée par la France depuis de Gaulle n'a -t- il pas amplifié encore le fossé entre l'ex métropole et les anciens pays colonisés ? Les différentes étapes de la "France-Afrique" conduites par les gouvernants successifs ont été des échecs qu'il faudra bien faire examiner sans complaisance car elles ont nourri l'exaspération et les rancoeurs. Le mode d'action engagé par la France tranche de celui mis en oeuvre par les autres puissances coloniales du monde. Leurs relations avec les ex pays colonisés ne semblent pas aussi conflictuelles que celles qui existent entre la France et "ses" anciennes colonies. N'est il pas surpenant de constater comme le rappelait Le Monde que 78% des coups d'état qui ravagent le continent africain se situent dans les ex colonies françaises ? Une distinction qui illustre que le modèle de démocatisation dont la France se veut le promoteur n'a vraiment pas pris racine dans ces pays. Il est vrai que s'opposer aux putchs militaires tout en s'appuyant dans d'autres pays sur les putschistes ayant bénéficié d'un appui de la France n'est guère cohérent et ne peut inspirer confiance.

mcae.fr (28-08-2023 07:40:18)

Napoléon III est le seul à avoir appliqué la politique coloniale dans toutes son horreur. La confiscation des terres, pour une agriculture d’exportation vers la France, a conduit à la famine de 1866-1868 : 820 000 morts sur une population estimée à 4,2 millions, près de 20 %. La révolte qui s’ensuivit a mobilisé 250 tribus, un tiers de la population, et sera écrasée dans le sang comme la commune de Paris.

Il n’y avait pas de raisons objectives à la lutte entre le MNA et le FLN qui avaient les mêmes buts et les mêmes méthodes.
Le massacre du MNA par le FLN, le massacre des maquisards par l’armée des frontières de Boumédiène (lourdement équipée par les occidentaux), le remplacement de la république démocratique du GPRA par une dictature, la prise en main du pays par une bourgeoisie algérienne, (qui n’a pas participé à la guerre, mais qui a été inscrite avec effet rétroactif sur la liste des résistants, en mars 1962, et qu’on a appelé les marsiens : https://www.algerie360.com/guerre-dalgerie-la-commemoration-des-marsiens/), la prise de contrôle du gaz algérien par les occidentaux, laissent des questions sans réponses, comme le rôle de la CIA dans la création du FLN
Un questionnement sans doute illicite, puisque 60 ans après, les archives sont toujours couvertes par le secret.

L’explication de la ghettoïsation des banlieues par le regroupement familial n’est pas crédible.
Il faut chercher la cause dans l’arrêt de la construction des HLM, et la mondialisation de la France par les lois Giscard qui a fabriqué le chômage de masse et la fracture sociale. Les familles maghrébines, qui avaient fui le fiasco social du FLN pour venir en France à la recherche d’une vie meilleure (et que nous avons trahi) ont été poussé par le chômage vers les économies parallèles, tandis que la fracture sociale, depuis les années 70, fait baisser le pouvoir d’achat des Français, lentement mais inexorablement.
Il suffit de revenir sur les lois Giscard pour retrouver une France prospère et solidaire.

Québécois de Montréal, mais no (28-08-2023 01:49:08)

Partout, absolument partout où ces gens de l'Algérie immigrent les problèmes se pointent. Et comme les démocraties sont gouvernées par des personnes élues... Des quartiers entiers, en plus de constitués des ghettos ethniques, portent au "pouvoir" un député qui leur fait les "beaux yeux"... Le résultat (ou les résultats si vous voulez) sont de toujours pliés devant les revendications de ces gens. Quelques fois, cela prend du temps, mais les résultats finissent toujours par être un "beau petit oui". Ici à Montréal (île de Montréal) et à Laval (île Jésus) des quartiers entiers sont maintenant ghettoïsés, d'autres sont en bon chemin de le devenir. Et devinez avec qui les problèmes d'intégration se manifestent le plus. La réponse est simple comme bonjour: les algériens. Et plus, il y d'algériens dans un quartier, plus les résidents autres qu'algériens (ce qui inclus les marocains qui foutent le camp) déménagent ailleurs... Pourquoi croyez-vous.

Titophil (27-08-2023 18:11:19)

Je ne mets pas de mot sur le plaisir que j’ai à vous lire chaque semaine
Je suis très attristé du ressentiment que je ressens moi même vis à vis des Maghrébins dont les têtes de gondole sont là resultante de votre rappel historique.
Votre conclusion m’émeut quand même. Je crains, que la civilisation que nous fûmes pleinement et que nous sommes encore dans nos campagnes préservées, je crains qu’il ne faille des siècles pour l’engendrer (ce que nous fîmes) et je crains encore plus que les peuples qui nous rejoignent, qui viennent d’une époque antérieure à notre renaissance, et en dépit de la magie et de la féerie qui les entourent, ne soient pas éligibles à un saut temporel d’une telle sorte pour nous rejoindre.
Plus grave, l’islam a un problème fondamental avec le capitalisme qu’il conchie :ses prescriptions contradictoires rendent fous ses adeptes lorsqu’ils sont chez nous.
La dissonance cognitive est supportable pour des gens civilisés
Pour les autres, la seule violence, y compris contre soit même, est le remède le plus accessible.
Non ?
Merci pour votre travail qui fait penser
C’est la seule manière de ne pas désespérer
Vous nous renouvelez le monde.

COLLIN (27-08-2023 18:00:20)

L'exemple anglais est certainement très intéressant.
Mais une grande partie de leurs immigrés vient d'Extrême Orient. Leur culture est totalement différente.

Constant (27-08-2023 16:43:34)

Certes,nombre d’erreurs tragiques ont contribué aux situations que vous évoquez. Toutefois, il convient de distinguer l’ensemble des musulmans pacifiques de l’islam politique. Lequel , progressivement gangrène notre société. Et ce avec l'accord tacite d’une certaine gauche. Dans l’indifférence générale.
Ne pas l’évoquer serait une injure aux 276 personnes assassinées par les sectaires de l’islamisme radical - de Mohammed Mehra, à Charlie Hebdo, le Bataclan, la Promenade des Anglais, Samuel Paty, etc.

loup craintif (27-08-2023 13:44:33)

Le regroupement familial, instauré par Giscard en 1974 (dans l'une de ses dernières interviews il reconnaîtra cet acte comme l'une de ses plus grande erreur), l'accord de 1968, qui accorde aux algériens une situation très privilégiée quant aux conditions d'immigration et toujours en vigueur, expliquent en partie la situation actuelle.
Les dirigeants algériens, après plus de 60 ans d'indépendance pointent toujours la responsabilité française pour dissimuler leur gestion catastrophique.
L'importation d'un "prolétariat de rechange" par un certains nombre de municipalités de gauche en France et en Belgique (Moelenbeck), pour des raisons électoralistes ne doit pas être oubliée.
La situation politique et économique de nombreux pays musulmans (incluant le Sahel)
ont eu pour conséquence, depuis une quinzaine d'année une forte immigration issue de ces pays.
Cette immigration a également permis de maintenir de bas salaires pour certains emplois pénibles peu qualifiés, dont les français de souche ne voulaient plus.
Par ailleurs, contrairement aux pays anglo-saxons, la France, au lieu d'une intégration exige une assimilation, sous tendue par une laïcité mal comprise.
Contrairement aux populations européennes chrétiennes (Italie, Espagne, Portugal, Pologne, Arménie...) le vivre ensemble est souvent en échec...

HdeP (27-08-2023 13:11:43)

Intelligent et equilibré, l’histoire vue sans préjugé

Roand Berger (27-08-2023 12:35:43)

L'Algérie, je veux bien, mais la « merde » vient des extrémistes des religions que les autres membres de ces religions tolèrent ou encouragent discrètement.

Jules Gilles BOULARD (27-08-2023 11:55:05)

Etude fort intéressante, notamment par le rappel des péripéties historiques. Mais elle m'amène à des conclusions mitigées : y a-t-il quelque chose de pire que la collusion entre religions et politiques ? D'autre part, n'y aurait-il pas à dire aussi sur le sort réservé aux harkis ? Enfin, ne faudrait-il pas demander aux Irlandais ce qu'ils pensent du dernier paragraphe ? J'approuve que l'on ose aborder des sujets aussi sensibles, et d'ailleurs chaque cours d'histoire devrait commencer par la formule "Aujourd'hui nous allons étudier telle erreur et ses conséquences..."

Romain (27-08-2023 09:37:11)

J'ai trouvé un très bon livre écrit par Vo Nguyen Giap sur la bataille de Dien Bien Phu en 1953-54 et sur une page nous pouvons lire le désastre du régiment "algérien "qui se sont rendus au Viet Cong sans tirer un coup de fusil et ont donné tous leurs armes,vehicules,tanks et le reste ; deux officiers francais ont aussi déserté personne ne sait ou?? mon livre est a votre disposition mais il a été publié à Hanoï en anglais en 2008 (Giap est décédé en 2012)
Bonne journée
Romain

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