La guerre d'Ukraine

L’Ukraine, miroir de nos vanités

24 mai 2023. La guerre d’Ukraine a pulvérisé les grands principes sur lesquels a été bâtie l’Europe des traités de Maastricht (1992) et de Lisbonne (2009).
En plaçant les États sous la tutelle d’institutions supranationales, en élevant les droits individuels au-dessus de l’intérêt collectif, en prônant la libre circulation des hommes et des marchandises, en conduisant une « transition écologique » audacieuse et coûteuse, l’Europe s’était voulue une nouvelle fois à la pointe du progrès et de la civilisation. Elle s’était présentée comme un modèle pour le reste du monde.
Cette arrogance n’est plus. Le soutien à l’Ukraine, tout à fait compréhensible et légitime, nous a conduits à renier nos « grands principes » et nos « valeurs » insurpassables qui devaient ouvrir la voie à une nouvelle humanité débarrassée des archaïsmes du passé…

Le conflit a débuté en 2014 dans les plaines du Donbass, sans que nous y prenions garde. D’abord de faible intensité (deux ou trois dizaines de milliers de victimes « seulement » en huit ans), il a connu un tournant brutal le 24 février 2022 avec l’offensive russe, très vite stoppée par la résistance de l’armée ukrainienne.

Aujourd’hui, en attendant une hypothétique contre-offensive ukrainienne, les combattants s’enterrent dans des tranchées sous un déluge d’artillerie. C’est le retour des pires clichés de la Première Guerre mondiale.

Cette antithèse de notre antienne : « l’Europe, c’est la paix ! » constitue une terrible régression pour les Européens qui vivaient depuis l’effondrement de l’URSS (1991) dans la satisfaction béate d’avoir apporté la paix et la prospérité au Vieux Continent. Nous prenions pour argent comptant la thèse de l’Américain Francis Fukuyama sur La Fin de l’Histoire (1992) et, tels des adolescents attardés, nous tendions à croire que nous étions la génération désignée par le Destin pour inaugurer l’Âge d’Or à coup de bons sentiments.

La gauche radicale reprit à son compte les « luttes intersectionnelles » venues des universités américaines. Au nom de la lutte contre les discriminations raciales, sexistes et autres, elle entreprit de faire table rase du passé. Investissant les cercles du pouvoir, elle prétendit en finir une fois pour toutes avec les frontières et les identités nationales et même sexuelles. On allait voir ce qu’on allait voir !...

On a vu. Il y eut d’abord la pandémie de covid-19. Elle mit en évidence notre grande fragilité industrielle, jusqu'à ne plus pouvoir nous fournir en médicaments de base tels le Doliprane ou en composants électroniques. 

Pour parfaire la démonstration, voici enfin la guerre d’Ukraine. Elle souligne notre extrême dépendance à l’égard du protecteur américain au terme de trois décennies de désarmement. Elle clôt aussi deux décennies de mondialisation à tout va sur le présupposé outrancièrement erroné que « l’effet naturel du commerce est de porter à la paix » (Montesquieu).

La vanité de nos prétentions à changer le monde se lit dans le miroir que l’Ukraine nous tend. Mais nous sommes aveugles à cette révélation.

Le retour de l’Histoire

Nous continuons de militer pour la fin des nations, l’abolition du « patriarcat », la libération de l’individu, la lutte contre le réchauffement climatique ou la biodiversité tandis que, sous la pression des réalités, la classe politique prend des décisions à l'opposé de ces objectifs.

Les écologistes allemands illustrent cette schizophrénie, à l’image de la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock. Née en 1980, cette militante écologiste de la première heure s’indignait que l’on osât offrir aux enfants des jouets guerriers. Aujourd’hui, sans y voir de contradiction, elle est en première ligne dans le soutien à Volodymyr Zelensky. Plus interventionniste que le chancelier Olaf Scholz lui-même, elle a obtenu l’envoi de chars lourds Leopard 2 dans les plaines d’Ukraine où, 80 ans plus tôt, les chars Tigre du IIIe Reich affrontèrent les T34 soviétiques.

Comme elle, nos gouvernants redoublent de discours bellicistes. Instruits par les médias, nous sommes nous-mêmes devenus des experts en stratégie et matériel militaire, qui discutons volontiers de l’efficacité comparée des canons Caesar et des lance-missiles Javelin ou de la révolution tactique des drones. Tout cela sans prendre conscience de notre basculement mental.

Oubliées les promesses de paix et de prospérité dont s’était prévalu le traité de Maastricht (1992). Désormais, par une inversion du discours façon orwellienne (« La guerre, c’est la paix ! »), nous justifions l’approfondissement de l’Union européenne (sous tutelle américaine) par son exact contraire : la nécessité de bâtir une économie de guerre avec tous les sacrifices que cela impose.

La première victime sur l’autel de cette nouvelle « guerre civile européenne » est le climat ! Les écologistes allemands ont ainsi entériné sans état d’âme la réouverture de centrales au charbon pour pallier le renoncement au gaz russe. En France, la plus grande confusion règne derrière les annonces proprement irréalistes du gouvernement sur la « transition énergétique » : on subventionne le carburant et le fioul, on importe du GNL américain fortement émetteur de CO2, on relance le nucléaire avec la crainte que l’Union européenne n’y mette le holà, on nourrit une armée de « profiteurs du climat » (experts, installateurs, importateurs) sans garantie de résultat.

Une seule certitude : entre le réarmement, les investissements dans la « transition énergétique », l’aide publique à la réindustrialisation, l’accueil des réfugiés en tous genres et bientôt la reconstruction de l’Ukraine, les États européens vont être submergés par des dépenses contraintes et les ménages vont subir une diminution sévère de leur revenu disponible (alimentation, santé, éducation, culture et loisirs).

Nous avons cru échapper il y a trente ans aux pesanteurs de l’Histoire. La voilà qui nous explose à la figure.

Faut-il en rire ou en pleurer ?

La guerre nous a rappelés des réalités dont nous croyions nous libérer. Pour affronter l’armée russe, le gouvernement de Kiev a mobilisé tous les jeunes hommes, autrement dit les citoyens de sexe mâle. Dans le même temps, il a eu soin de mettre les femmes et les enfants à l’abri (exception faite des femmes volontaires pour le combat).

Rien de nouveau sous le soleil : c’est le schéma qui s’applique depuis que les hommes ont inventé la guerre ! Et c’est aussi l’antithèse de notre « théorie du genre » qui voudrait que le sexe relève du libre choix de chacun. À ce qu’en ont rapporté les médias, un jeune Ukrainien ayant affirmé aux agents recruteurs qu’il « se sentait femme », il a vite compris ce qu’il en était quand il a dû enfiler un uniforme.

S’il ne s’agissait d’une tragédie, nous pourrions rire des contradictions mentales dans lesquelles baignent nos politiques et nos intellectuels. Ils prêtent une oreille bienveillante aux associations transgenres et leur ouvrent la porte des collèges afin que les jeunes générations se laissent convaincre de l’inexistence des différences sexuelles. Mais dans le même temps, ils applaudissent aux exploits virils des jeunes Ukrainiens et bien sûr accueillent sans restriction leurs mères, sœurs, fiancées, épouses et enfants.

Justement, ces millions de réfugiés essentiellement du sexe féminin mettent en évidence une autre contradiction de la « nouvelle Europe », représentée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) : le détournement du droit d’asile.

Jusqu’à la fin du XXe siècle, à droite comme à gauche, chacun convenait de la nécessité de combattre l’immigration illégale et de préserver le droit d’asile : « Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit à l'asile sur les territoires de la république » (préambule de la Constitution française de 1946).

Depuis lors, tout a basculé. En vertu d’un « État de droit » mis à toutes les sauces, la distinction entre immigrants légaux et illégaux a disparu et l’on accorde sans sourciller le droit d’asile à des ressortissants de pays relativement paisibles comme le Bangladesh, la Géorgie ou la Turquie. Dans la plupart des cas, les demandeurs d’asile sont des jeunes hommes qui ne peuvent se prévaloir d’aucune « action en faveur de la liberté » ni d’aucune forme de persécution. Ils arrivent sans perspective de retour et sans avoir jamais eu le souci de combattre l’oppression sur leur terre natale.

C’est tout le contraire de la situation ukrainienne. Tandis que les jeunes hommes sont restés sur place pour résister à l’oppression, les femmes des régions les plus exposées se sont réfugiées dans les pays voisins, voire au Canada où il existe déjà une communauté ukrainienne en situation de leur faire bon accueil. Partout, elles s’efforcent de s’intégrer mais gardent pour la plupart la volonté de rentrer dans leur patrie une fois la paix revenue. C’est le propre de tous les réfugiés de guerre qui cherchent un refuge provisoire au plus près de leur pays afin d’y rentrer sitôt que possible.

Là aussi, nous pourrions sourire de nos responsables politiques et de nos humanitaires qui ne font plus la différence entre d'une part le devoir d’assistance aux réfugiés de guerre et aux réfugiés politiques et d'autre part l’accueil sans limite de tous ceux qui fuient des conditions de vie précaires (note).

Faut-il rappeler à ce propos le discours de Michel Rocard, Premier ministre socialiste : « Il y a dans le monde trop de drames, de pauvreté, de famine pour que l’Europe et la France puissent accueillir tous ceux que la misère pousse vers elles » (citation) ?

Vive la Nation (ukrainienne) !

Les enjeux migratoires nous ramènent aux frontières et aux nations, deux mots qui passent pour des grossièretés aux yeux de beaucoup de militants maastrichtiens et mondialistes. Tordant le droit à l’envi, le Conseil constitutionnel  a ainsi disculpé en 2018 un militant No border qui s’était fixé pour objectif de faire entrer sur le territoire national autant de clandestins que possible à seule fin d’abattre toutes les protections frontalières, à commencer par celles de son pays (note).

Dans le même temps, les honorables membres du Conseil constitutionnel se pâment d’admiration comme tous leurs compatriotes devant les combattants ukrainiens qui protègent leurs frontières au péril de leur vie.

Comme nous n’en sommes plus à une incohérence près, nous défaisons nos États-nations, jugés archaïques et chargés de tous les péchés de la terre, mais nous encensons la nation ukrainienne, son drapeau, son roman national et même sa langue (note).

Le drapeau ciel et or de l’Ukraine est désormais plus présent que tout autre dans l’espace européen, souvent accolé à la bannière mariale de l’Union. Plus fort encore, Kiev a réussi à convaincre les Européens de la nature strictement occidentale de l’Ukraine.

L’Ukraine est une nation jeune, née du rapprochement en 1918 de trois territoires très différents : la « Petite-Russie » à l’Est et la « Nouvelle-Russie » au sud ; la « Ruthénie » à l’ouest, proche quant à elle de l’Europe danubienne. Mais pour les besoins de la cause, les historiens ukrainiens développent depuis 2014 l’idée que leur pays n’a rien de commun avec le monde russe et la Russie (note). Pourquoi pas si cela doit resserrer les liens entre les Ukrainiens ?

Il est tout de même surprenant que nos historiens, si sourcilleux quand il s’agit de l’Histoire de leur pays, souscrivent au « roman national » de Kiev. Cette contradiction et les précédentes illustrent notre refus de voir le monde tel qu’il est. C’est une attitude juvénile qui nous empêche de réagir comme il convient aux défis extérieurs. Souhaitons d’en sortir au plus vite, débarrassons-nous de nos oripeaux idéologiques et replongeons dans le grand bain de l’Histoire avec des objectifs réalistes et cohérents.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2023-05-24 12:15:17
Christian (26-05-2023 16:19:01)

Vanité des vanités, tout n'est que vanité... Le président biélorusse Loukachenko laisse entendre que la Russie a commencé à transférer des armes nucléaires vers son pays, ce qui est strictement contraire aux mémorandums signés à Budapest en 1994, lesquels interdisent la présence d'armes nucléaires en Ukraine, en Biélorussie et au Kazakhstan. Mais quand on lui demande si les armes en question sont déjà dans son pays, il répond "Peut-être, je rentre et je verrai" - admettant ainsi qu'il ne sait plus ce qui se passe chez lui et que la Biélorussie a perdu le peu d'indépendance qui lui restait.

Dans le même temps, le Kazakhstan, le plus grand pays d'Asie centrale, fait savoir qu'il n'est pas intéressé par une quelconque "union d'Etats" avec la Russie, autrement dit qu'il n'est pas disposé à subir le sort de l'Ukraine ou celui de la Biélorussie...

E.NICOLAS (26-05-2023 07:52:01)

Je souscrits tout à fait à cet article dans l'esprit.

JD46 (25-05-2023 20:24:37)

La perte actuelle du bon sens et de la reflexion rendent ce texte précis peu compréhensible pour 80% de citoyens qui "avalent" sans réfléchir les nouvelles quotidiennes des Ukrainiens, du type: "Pluie nocturne de missiles sur une ville, 3 civils blessés dont UNE femme et DEUX enfants ....", " les troupes Ukrainiennes, en RETRAITE, ont capturé de nombreux véhicules russes lors de l'avancée des troupes russes". Personnellement, je ne PEUX pas COMPRENDRE, c'est un défi au bon sens....mais je dois être un débile profond !!!

Françoise (25-05-2023 20:15:51)

Bravo pour cet article plein d'humour sur notre société !

Nicole (25-05-2023 10:28:16)

Tout comme MIKE (commentaires du 24/05/23) cet article me met mal à l'aise. Un manque de rigueur dans la réflexion et dans la forme. Un trop grand amalgame de sujets perdent de vue la réalité de cette guerre et de ses prétextes. Reste un agressé et un agresseur...

Christian (25-05-2023 06:32:38)

Il est certain, comme le dit Jihème, que l'Ukraine, dans ses frontières de 1991, présente un caractère "composite" - mais quel pays ne l'est pas ? Il est tout aussi certain que l'Ukraine n'envisage pas de rendre à la Roumanie et à la Hongrie les territoires qu'elle occupe par héritage soviétique.

Mais je ne crois pas que la Russie et la Biélorussie envisagent de rendre à la Pologne les territoires qu'elles occupent indûment grâce au pacte germano-soviétique de 1939. Et je ne crois pas non plus que la Russie envisage de rendre à la Finlande ou à l'Allemagne les territoires qu'elle leur a pris lors de la seconde guerre mondiale (notamment l'enclave de Kaliningrad, l'ancienne Königsberg, majoritairement peuplée d'Allemands jusqu'en 1945).

Tiben (25-05-2023 02:50:50)


Article très bien écrit.
La population devrait lire le mythe de la caverne

Lebrun (24-05-2023 22:51:29)

Rappel, avant l'intervention (guerre) de février dernier, Poutine demandait seulement a) la finlandisation de l'Ukraine b) que l'otan arrête de chercher un ennemi à l'Est en soutenant le réarmement des pays (Groupe de Visegrad) et en réarmant l'Ukraine. Cette demande était explicite. Nos dirigeants au bout de la table, on fait comme s'ils n'entendaient pas une demande raisonnable. Ici, on en paye le prix en GNL. Les russes, ce n'est pas le Kosovo, ni l'Irak, tôt ou tard, il faudra se mettre à la table. Le plutôt, serait le mieux.

Jimpy37 (24-05-2023 21:31:14)

Je m'associe entièrement au propos du 24 mai de Jonas. Depuis des années (des décennies ?), le gouvernement américain encourage les nations européennes à participer plus efficacement à la défense de leur propre continent.
M. Larané, vous qui avez d'habitude une analyse tellement fine et intelligente de notre Monde, je suis "fasciné" de constater combien un anti-americanisme le plus vil peut faire écrire n'importe quoi.
L'impéritie et l'égoïsme ignobles de TOUS les dirigeants politiques européens ont progressivement mené les nations de notre continent au désastre et les Américains viennent désormais ramasser les morceaux à la petite cuillère...

Christian (24-05-2023 17:29:17)

Les historiens ukrainiens qui "développent depuis 2014 l’idée que leur pays n’a rien de commun avec le monde russe" ne valent sans doute pas mieux que leurs confrères russes qui soutiennent que l'Ukraine n'a jamais eu aucune existence distincte en dehors de ce même monde russe, alors que Kiev était déjà la capitale d'un véritable Etat dès 882, bien avant les premières mentions de Moscou dans les chroniques en 1147.

Après la destruction de Kiev par les Mongols en 1240, les territoires correspondant à l'Ukraine actuelle sont passés pour plusieurs siècles sous domination lituanienne ou polonaise et ne sont tombés dans l'escarcelle de la Moscovie qu'entre 1654 et 1667 pour la rive gauche du Dniepr, entre 1772 et 1795 pour la rive droite.

Quant au khanat tatar de Crimée, fondé par les Giray, descendants de Gengis Khan, devenu vassal de l'Empire ottoman en 1475, il fut reconnu indépendant en 1774 par le traité russo-turc de Kutchuk-Kaïnardji. Mais l'encre de ce traité était à peine sèche que Catherine II décréta unilatéralement l'annexion de la Crimée en 1783, dans un geste comparable à celui de Poutine en 2014.

mike (24-05-2023 17:28:19)

Cet article me met très mal à l'aise : il oublie l'agression d'un régime totalitaire ultra nationaliste contre un pays voisin reconnu par tous les accords internationaux avec une violence accompagnée de mensonges éhontés. On ne peut déduire de cette agression que les désirs d'union pacifique de l'ensemble européen actuel sont niés. tout au plus peut-on regretter que l'Europe de l'atlantique à l'oural n'ait pu se faire toujours à cause des systèmes dictatoriaux soviétiques ou poutiniens. La coopération est un bel objectif à viser toujours même s'il est difficile à atteindre. Que cette agression pleine de crimes mène à tout mélanger : réfugiés, écologie, égalité des femmes et des hommes, théorie du genre fantasmatique, fin de la fin de l'histoire (qui n'était qu'un titre accrocheur) , tout ce méli-mélo ne me parait pas digne d'Hérodote. Pour l'instant il y a un agresseur prêt à tout et des agressés qui se défendent, quelle qu'ait été leur histoire passée et qu'une leçon dont je crains que vous ne la refusiez, proclamée naguère : Le nationalisme c'est la guerre ! à quoi on peut ajouter que les dirigeants paranoiaques sont un des plus vieux fléaux de l'Histoire. Imagine-t-on un président français décider l'annexion de la Belgique francophone à coups de canons ?

Phil (24-05-2023 16:48:04)

Ne peut-on voir derrière ces contradictions, l’action d’un seul homme, Vlad Poutine qui a réussi en 10 ans à créer un sentiment national ukrainien, à faire accepter par l’Union Europenne l’idée de la candidature de l’Ukraine qui n’était pas envisagée, à jeter des pays neutres comme la Suède et la Finlande dans l’OTAN, à couper la dépendance aveugle de l’Allemagne au gaz russe et pour finir ouvrir la porte à la Chine sur l’Asie centrale des Stans.
Si il y a d’autres pilotes éventuels dans l’avion Russie, ils peuvent se poser des questions la trajectoire

Castel (24-05-2023 15:54:03)

La notion de nation est fluctuante. Il a suffi de 30 ans pour que la Révolution et l'Empire fasse plus pour le sentiment national que les 1300 ans écoulés depuis la chute de l'empire romain d'occident ( en mettant entre parenthèses la réunion forcée de la haute noblesse qui ne concernait que quelques milliers de personnes concentrées à Versailles, autre cause de la chute de Louis XVI qu'ils auraient empêchée s'ils étaient resté chez eux). Et la guerre de 14-18 qui a réuni les provinces dans des tranchées a parachevé l’œuvre bien qu'il n'y ait eu que des hommes à se battre, les femmes ayant pour leur part cultivé la terre et produit les armes dans les usines , ce qui n'était pas rien. Mais l'article est très pertinent dans l'analyse des vents contraires qui montre une Europe déboussolée.

Philippe1961 (24-05-2023 15:49:25)

Cet article me semble bien pessimiste alors que la situation nous offre la possibilité d'ouvrir les yeux et de décider de notre futur. Je préfère voir ce qui est positif; le rappel a des réalités bien plus importantes que le prix du litre d'essence ou le sexe des anges. Il me semble que vivre dans un monde libre, même s'il n'est pas parfait, est bien plus précieux.

Autres point positif, Poutine a réalisé un exploit que personne n'aurait prédit :
Il a ressuscité l'OTAN qui était en mort cérébrale avec l'adhésion prochaine de la Finlande et de la Suède, une énorme défaite géopolitique pour la Russie.

Poutine a créé une identité nationale Ukrainienne imprégnée du sentiment antirusse et donc pro occidental qui effectivement n'était pas historique.

Il a aussi montré que l'Europe était prête à se mobiliser, c'est un message fort à tous les dictateurs potentiels. Elle a compris que la défaite de Poutine est essentielle pour la sécurité et la stabilité du continent européen.


La guerre en Ukraine ouvre une nouvelle ère caractérisée par la confrontation entre les démocraties et les empires autoritaires. Elle nous rappelle que ce monde est dangereux et qu'il existe une volonté de démantèlement des règles mises en place pour encadrer la violence des nations.

On voit déjà apparaitre tous ceux qu'ils ne veulent rien faire, parce que on a rien fait avant ou parce que se serait de la soumission à l'oncle Sam. De la lâcheté en fait.
Une vieille tradition française d'une certaine gauche et d'une extrême droite, qui applaudissaient aux conquêtes du Führer ou celle de Staline explique cette complaisance pour Poutine.
Elle se trouve dans la même attirance pour l'autoritarisme, le gout du chef fort, mais aussi une certaine forme de pacifisme et surtout de soumission.

C'est déjà une leçon, et c'est maintenant à nous de nous mobiliser pour la société que l'on souhaite construire. A nous de choisir si nous voulons vivre debout ou assis dans nos canapés.

Ninive (24-05-2023 15:36:14)

Tout cela n'est qu'une tragédie organisée par l'OTAN qui a besoin pour exister de faire des guerres par l'intermédiaire de peuples qu'elle oblige.
Derrière cette monstrueuse machine il y a les yankees qui se veulent les maitres du monde et qui pourtant perdent leur pouvoir petit à petit.
Les Russes dans tout cela sont les boucs émissaires et la Chine le devient progressivement elle aussi.
Nous peuples subissons une propagande honteuse de la part de nos dirigeants psychopathes pervers et profiteurs.
Michel Collon vient de publier un livre sur la guerre en Ukraine... c'est à lire.

Carole L. (24-05-2023 15:32:59)

Petit détail à rajouter à l’analyse de sdevef, petit mais important : en 1994, la population ukrainienne a rejeté une proposition de faire du russe la seconde langue nationale. Cette proposition a été acceptée à 90 % par le Donbass. Elle aurait fait de l’Ukraine un genre de pays à la suisse (nation dont la Constitution reconnaît trois langues nationales : l’allemand, le français et l’italien.) La révolte du Donbass a suivi de peu. Il y a tout lieu de penser que ce « petit détail » a fortement contribué à aveugler les décideurs russes quant à la volonté ukrainienne de se défendre. Volonté que même le Donbass partage, qui se bat vigoureusement contre l’envahisseur. L’une des leçons à tirer de ce « petit détail » est donc qu’une langue ne constitue pas forcément une demande de nationalité.

Nadine Diffrang (24-05-2023 15:03:51)

L'Union européenne n'est pas responsable de ce qui se passe hors de ses frontières.

Jihème (24-05-2023 14:59:06)

Il conviendrait d'insister davantage sur le caractère composite de l'Ukraine sortie du système soviétique : non seulement elle comprend la Petite Russie et la Nlle Russie mais elle a reçu en cadeau de Khrouchtchev la Crimée, russe depuis plus de deux siècles après avoir été conquise sur l'empire ottoman et en cadeau de Staline des territoires roumains et hongrois au sud. Le gouvernement ukrainien actuel, qui revendique la récupération de la Crimée et autres territoires actuellement occupés par les Russes, n'envisage pas une seconde de rendre à la Roumanie et à la Hongrie les territoires qu'elle occupe indûment par héritage soviétique. Quant à la Ruthénie et la majeure partie de son territoire occidental, il fut longtemps occupé par la Pologne (ce qui explique la hargne de celle-ci contre la Russie dans le conflit actuel) elle comprend encore beaucoup d'habitants d'origine et de culture polonaise. Cet état de fait aurait dû la conduire sagement à une autre politique intérieure que celle qu'elle à choisie et à à un statut de neutralité internationale que son nom même d'Ukraine, donc de marche frontière entre deux mondes, aurait dû lui inspirer si elle n'avait pas écouté les mauvais génies pleins d'arrière-pensées bien éloignées de ses propres intérêts bien compris

Dom (24-05-2023 14:28:28)

Oui, mais que faire du droit international à l'intégrité territoriale des Pays souverains? Que faire devant un Pays agresseur qui pratique la "terre brulée" et ne s'embarasse pas de la mort de milliers de civils? Faut il se tourner de l'autre coté et laisser un Peuple se faire massacrer? On est tous contre la guerre mais doit on se soumettre à la volonté destructrice en vertu de ce principe?

Mô (24-05-2023 14:27:50)

J'invite les lecteurs d'Hérodote à visionner « Ukraine : l’impérialisme décomplexé de George Friedman » sur le site Internet :
https://solidariteetprogres.fr/actualites-001/ukraine-l-imperialisme-decomplexe.html

Yuki (24-05-2023 13:56:50)

1° La preuve que l'objectif premier de l'EU n'était pas la paix dans le monde, mais entre pays membres, est dans cette citation de Robert Schuman en 1950 : “L’Europe n’a pas été faite, nous avons eu la guerre. (…) La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre (…) devient non seulement impensable, mais matériellement impossible”. La "solidarité de production" fait référence au commerce intra-européen. Bien sûr, la paix à l'intérieur de l'Europe peut favoriser celle du monde (les conflits mondiaux avaient éclaté en Europe). Un tel espoir a pu exister, mais c'est un bénéfice secondaire et contingent à ne pas confondre avec le but principal.

2° Même si la "théorie du genre" caricature l'égalité de sexe, le raisonnement pour l'une est valable pour l'autre : on peut les suspendre en cas de crise dans un domaine circonscrit (la chose militaire), sans forcément que cela signifie une remise en cause fondamentale. Il en est ainsi de beaucoup de droits ou de libertés.

3° On ne peut qualifier de "bellicisme extrême" le fait pour Annalena Baerbock d'autoriser un tiers (la Pologne) à livrer des armes à un autre pays tiers (l'Ukraine). La guerre étant déclenchée sans que Annalena Baerbock l'ait encouragée d'une manière quelconque, et sachant que le but de guerre de la Russie est la destruction ou l'abdication d'un peuple de sa liberté, il s'agit simplement de fournir les armes qui peuvent permettre à l'Ukraine de survivre. Opposer pacifisme et bellicisme est insuffisant : la troisième attitude, bien plus courante, consiste à ne pas vouloir la guerre quand la discussion existe, mais vouloir gagner la guerre quand soit-même ou un peuple qu'on veut protéger y est confronté. Par ailleurs l'évolution des Verts allemand vers une position churchillienne n'est pas si inédite que cela : ils avaient soutenu la guerre contre la Serbie, déjà en 1999, lorsque la «Luftwaffe», l’aviation allemande, participa directement avec plus de 500 sorties de bombardement contre les positions serbes.

T-Bear (24-05-2023 12:54:04)

Enfin une analyse raisonnable qui remet bien les réalités à leur place. Merci pour votre courage.

monique ménochet (24-05-2023 11:49:30)

merci pour cet article très éclairant sur ce sujet

osmane (24-05-2023 11:31:02)

Cet article attire 2 remarques 1) la Ru's de Kiev historiquement a été le berceau de la Russie.N'eussent été les querelles successorales des Grands Princes et les invasions turco- mongoles ,Kiev serait encore la capitale de la Russie.2) les USA ont trouvé un valet particulièrement complaisant dans la Commission européenne pour faire la guerre à leur place.Le pire est à craindre ,comme vous le démontrez ,pour les nations européennes

Jean MUNIER (24-05-2023 10:55:13)

les Etats ont créé le nationalisme , mais le nationalisme peut créer une nation

Yuki (24-05-2023 10:47:10)

Cette tribune voit des contradiction là où il n'y en a pas.
1° La guerre d'Ukraine ne contredit pas l'antienne "l'Europe c'est la paix". Les pays de l'EU sont en paix entre eux : c'est l'objectif que signifie cette formule.
2° Le fait de défendre l'égalité des sexes dans les situations ordinaires n'est pas incompatible avec la conscription masculine dans des situations exceptionnelles. De même qu'un pays peut être attaché à la défense des libertés peut les restreindre temporairement pour faire face à un danger vital (c'était le cas pour la pandémie). D'ailleurs le taux d'enrôlement des femmes dans l'armée ukrainienne y compris au front n'est pas du tout négligeable, et progresse rapidement, signe de valeurs différentes avec la Russie.
3° Réprouver les jouets guerriers et faire face à une agression par les armes n'est pas incompatible : la guerre est une affaire d'adultes, pas d'enfant. Se défendre ou défendre ses alliés, y compris par la violence, c'est une chose. Vouloir façonner une mentalité guerrière depuis le berceau, c'est autre chose. Aller en guerre par raison ou aller en guerre par passion, c'est toute la différence entre l'Europe pacifique et la Russie impérialiste.

Herodote.net répond :
Dans les années 1950, il n'y avait *aucun* risque que les pays ouest-européens se fassent la guerre. La construction européenne visait avant tout à préserver la paix face à l'URSS.
L'égalité des sexes est acquise en Occident (comme en Russie d'ailleurs). La "théorie du genre" que nous voyons fleurir en Occident n'a rien à voir avec cela mais nie l'existence de deux sexes prédéterminés (sauf pathologie rarissime).
Dans le cas d'Annalena Baerbock, on peut s'amuser de voir comment une pacifiste résolue a basculé du tout au tout vers un bellicisme extrême (elle aurait pu, comme le pape ou même Emmanuel Macron, chercher une voie tempérée).

sdevef (24-05-2023 10:22:59)

Avant de parler de l'Ukraine, il faut faire un peu d 'histoire!
L'Ukraine actuelle n'est pas une nation, c'est une création artificielle de Staline en 1924. Toute la partie ouest, la Galicie a été longtemps polono-lituanienne, puis, plus récemment, partie de l'empire austro-hongrois. L'est a , de tous temps, été russe, tout comme le sud (Odessa a été fondée par Catherine II). Kiev a longtemps fait partie de l'empire russe. La Crimée, donnée par Kroutchev à l'Ukraine, dont il était originaire, dans les années 1950, fut russe après avoir été tatare si l'on remonte loin dans le temps.
Tout comme les créations des occidentaux après la première guerre mondiale, comme la Yougoslavie, les pays artificiels ont vocation un jour ou l'autre à exploser, le plus souvent violemment (la Tchécoslovaquie est le seul contre-exemple).
Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer le rôle des Américains dans cette histoire: il est de notoriété publique désormais que la CIA a été derrière la révolte de Maïdan.
Merkel et Hollande ont avoué récemment que les accords de Minsk 1 et 2 n'avaient pour seul but que de gagner du temps pour permettre à l'Ukraine de se réarmer avec le concours encore une fois des Américains.
Dans ce contexte, la position de Poutine de préserver les populations russes de ce faux pays se comprend mieux, quelles que soient les réserves que l'on peut avoir sur la méthode employée.

Sorini (24-05-2023 10:16:20)

magnifique analyse

Jonas (24-05-2023 10:05:23)

Je rappelle , à toutes fins utiles , que plusieurs présidents des Etats-Unis , avaient insisté , pour que les pays européens augmentent leur budget militaire et pouvoir se défendre . A part la France , aucun ne la fait , donc les Américains ne sont pour rien dans le désarmement de l'UE. Concernant la Russie de Poutine.

Depuis le début de son installation au Kremlin , Poutine en tant qu'ancien du KGB , avait une haine de l'Occident et une revanche a prendre , car il n'a jamais accepté , l'effondrement de l'URSS sue elle-même sans intervention étrangère.C'est une première. Il s'est joué de la naïveté et de l'aveuglement des hommes politiques occidentaux qui se sont crevés les yeux , pour ne pas voir la réalité de la politique impériale de Poutine.
Massacre et destruction de Grozny lors de la seconde guerre en Tchétchénie. invasion et occupation de 20% du territoire de Géorgie. Bombardements sans aucune distinction entre islamistes et militants pacifiques En Syrie afin de soutenir le dictateur Bachar Al-Assad. Invasion de la Crimée en 2014 , sans aucune réaction occidentale , puis la guerre non déclarée à l'Ukraine. Sans parler des agissants de la milice criminelle Wagner en Afrique et ailleurs. Milice soutenue er financée par Moscou.
Pendant ce temps , les hommes politiques occidentaux , voulaient profiter des dividendes de la paix, en diminuant les budgets de la défense. Puis en désindustrialisation leur pays et en supprimant les frontières, pour accueillir sans contrôle tous les immigrés.

Guiral (24-05-2023 10:04:58)

Bonjour,

Des contradictions européennes à la hauteur de la manipulation que nous subissons.

A quand une Europe européenne et souveraine ?

Continuons à avoir peur de notre souveraineté et nous ne serons plus que le pushing-ball de nationalismes exacerbés. Même si quelques-uns de ces nationalistes se disent nos amis.

Méfions nous il y a plus de faux amis que de vrais.

Cordialement

Christian (24-05-2023 09:50:21)

L'Ukraine est peut-être le miroir de nos vanités, mais que dire de la vanité de Poutine qui imaginait ne faire qu'une bouchée de l'Ukraine, à l'image de ses prédécesseurs soviétiques qui n'avaient mis que quelques jours à écraser la Hongrie en 1956 et quelques heures à soumettre la Tchécoslovaquie en 1968 ? Au lieu de cela, l'Ukraine résiste à l'envahisseur depuis quinze mois et des rebelles russes pro-ukrainiens effectuent maintenant des incursions sur le territoire sacré de la Sainte Russie, dont on pensait qu'il était mieux protégé. On accusera évidemment ces rebelles d'être nazis, violeurs et drogués, ce qui leur fera quelques points communs avec certains membres du groupe Wagner.
Herodote.net répond :
Nous ne parlons pas dans cet article des visées militaires de Poutine. Nous nous intéressons simplement (si l'on peut dire) aux répercussions de la guerre sur la politique européenne.

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