14 septembre 2024. En 1845, tous les États de l’Ancien Monde (Europe, Asie, Afrique) étaient des monarchies, à l’exception de la Suisse... et de Saint-Marin. Les républiques, au nombre d’une dizaine se rencontraient seulement en Amérique. Encore ce continent comptait-il un empire de taille, le Brésil !
Nous n’en sommes plus là. Sur les 197 États reconnus aujourd’hui par l’ONU, on ne compte plus que 44 monarchies, dont 15 qui relèvent du Commonwealth britannique et ont pour monarque le roi Charles III Windsor ! Ainsi que nous le montrons dans le tableau ci-après, ces monarchies rassemblent au total 575 millions de sujets en 2021. C’est environ 7% de la population humaine.
Nous n’en sommes plus là. Sur les 197 États reconnus aujourd’hui par l’ONU, on ne compte que 44 monarchies, dont 15 qui relèvent du Commonwealth britannique et ont pour monarque le roi Charles III Windsor ! Ces monarchies rassemblent au total 575 millions de sujets en 2021. C’est environ 7% de la population humaine.
Les monarchies (du grec monos : seul, et arkhein : commander) désignent le gouvernement d'un État par une seule personne, conformément aux lois en vigueur et sans limitation de durée. Elles se distinguent sur ce dernier point seulement des républiques, lesquelles se définissent par l’élection du chef de l’État pour un mandat de durée limitée, soit par les représentants du peuple (IIIe et IVe Républiques françaises), soit par les citoyens eux-mêmes (Ve République). La Suisse fait exception car la fonction de chef de l’État est ici détenue par le Conseil fédéral.
Inaugurées par un coup d’État, les dictatures échappent à cette classification même si les unes se veulent monarchiques (Franco, Horthy), les autres républicaines. La plupart finissent par sombrer ; quelques-unes arrivent à se légitimer par le vote (Bonaparte) et parfois à se démocratiser (Espagne). Exceptionnellement, elles peuvent se transformer en une vraie monarchie héréditaire (Réza chah Pahlévi, Iran) ou une parodie de monarchie (Kim Il-Sung, Corée du nord).
• Au total, sur les trente monarques actuels, douze sont en Europe occidentale. À l’exception d’un seul (je vous laisse deviner lequel), ils exercent leur fonction dans le cadre d’un régime constitutionnel parlementaire - et plus démocratique que la plupart des républiques.
• L’espace arabo-musulman constitue, après l’Europe, le deuxième conservatoire de la monarchie, avec huit monarchies, sans compter le sultanat de Brunéi, à l’autre extrémité de l’Asie.
Notons encore deux monarchies arabes : la Jordanie et le Maroc. Sans être des modèles de démocratie, ces monarchies constitutionnelles sont tout à fait remarquables par leur stabilité en dépit d’un environnement très agité. La Jordanie est une création artificielle des Britanniques et remonte tout juste à l’entre-deux-guerres. La monarchie marocaine est quant à elle l’une des plus anciennes de la planète et fait remonter ses origines au VIIIe siècle.
• L’Asie compte par ailleurs cinq monarchies très particulières, par leur ancienneté.
À tout seigneur tout honneur : la plus ancienne de toutes est le Japon. L’Empire du Soleil Levant fait remonter ses origines à une déesse, excusez du peu. C’est en 660 av. J.-C. qu’un descendant de la déesse Amaterasu serait monté sur le trône sous le nom de Jemmu Tenno. Son lointain descendant règne aujourd’hui de façon très symbolique sur 120 millions de sujets, soit presque autant que le roi d’Angleterre. Mais il n’a aucun pouvoir et, pire que cela, il est si contraint par le protocole que d’aucuns le présentent comme le seul prisonnier politique au monde qui n’ait pas droit à la compassion d’Amnesty International !
La Thaïlande est l’autre grande monarchie asiatique. Plus fragile que la précédente, elle n’échappe pas aux coups d’État militaires, mais, comme l’Angleterre, elle a bénéficié du prestige de son précédent souverain, Bhumibol, lequel a régné 70 ans et 4 mois (1946-2016), soit seulement trois mois de moins qu’Elizabeth II.
Le Cambodge, éphémère république « populaire » du Kampuchea, est redevenu une monarchie en 1993. Le souverain actuel, élu en 2004 suite à l’abdication de son père Norodom Sihanouk, n’exerce aucun pouvoir et le pays, havre du capitalisme mondialisé, est gouverné d’une main de fer depuis 35 ans par le Premier ministre Hun Sen, ancien militant khmer rouge.
Notons encore la Malaisie, une fédération qui regroupe plusieurs sultanats, les sultans se relayant pour assumer la fonction honorifique de chef de l'État.
S’il fallait enfin élire le monarque le plus aimable, nul doute que nos regards se porteraient vers le Bouthan, un micro-État bouddhiste de l’Himalaya, dont le roi Jigme Singye Wangchuck a inventé il y a cinquante ans le BNB (Bonheur National Brut), un indicateur destiné à remplacer le PNB usuel (Produit National Brut). Ce roi a aussi doté son pays d’une Constitution très démocratique avant d’abdiquer en 2006 au bénéfice de son fils aîné (ci-contre).
• L’Afrique australe compte enfin deux monarchies traditionnelles : le royaume d'Eswatini, un micro-État enclavé en Afrique du Sud et dont la dynastie remonte aux guerres zouloues du XIXe siècle, ainsi que le royaume du Lesotho, qui a une forme très particulière de monarchie élective et à durée déterminée (cinq ans).
Monarchies « absolues », monarchies constitutionnelles ; hérédité ou élection
Les formes monarchiques sont tout aussi diverses que les formes républicaines. Il en est de très autoritaires, dans lesquelles le pouvoir du souverain n’est limité que par le bon vouloir de son entourage proche et la crainte d’un soulèvement populaire. C’est le cas de l’Arabie séoudite et de l’émirat du Qatar, où tous les pouvoirs sont entre les mains du souverain. Les autres monarchies de la péninsule arabique ont des formes constitutionnelles, avec des textes qui encadrent plus ou moins le pouvoir du souverain. C’est le cas du sultanat d’Oman, de l’émirat du Koweït, du royaume de Bahreïn et des Émirats arabes unis.
Les autres monarchies autoritaires ou « absolues » de la planète sont le sultanat de Brunéi, un richissime micro-État pétrolier au nord de l’île de Bornéo, et le royaume d’Eswatini.
La transmission de la couronne, lorsque le titulaire vient à décéder ou abdiquer, est soit héréditaire, soit élective, soit consultative.
Au début du Moyen Âge, en Europe, la plupart des monarchies étaient électives, y compris la dynastie capétienne : pendant trois siècles, le roi en exercice eut soin de faire élire de son vivant son fils aîné pour successeur jusqu'à ce que l'hérédité entre dans les habitudes.
C’est seulement au XIXe siècle que se généralisa en Europe la transmission héréditaire de père en fils (primogéniture mâle) : à la mort du souverain, l'aîné de ses garçons monte sur le trône (dans certains pays comme le Royaume-Uni, si le souverain défunt n’a pas de fils survivant, c'est sa fille aînée qui lui succède). Deux exceptions : le Saint-Siège et la co-principauté d'Andorre.
Notons qu’il n’y a plus de femme régnante depuis la mort d'Elizabeth II le 8 septembre 2022 et l'abdication de Margrethe II de Danemark le 14 janvier 2024.
Les monarchies du reste de la planète sont héréditaires, à l’exception du Cambodge et de l’Arabie séoudite. Cette monarchie a été fondée dans le sang en 1932 par Ibn Séoud et, jusqu’à ce jour, se sont succédés sur le trône ses différents fils, désignés à chaque fois par un conseil de famille. Le successeur de l’actuel roi pourrait être son fils Mohammed ben Salmane, mais rien n’est acquis.
Nul ne sait ce qu’il adviendra de ces monarchies dans les prochaines décennies. Une seule chose est sûre : il n’y en aura pas de nouvelles… même si l’actuelle Corée du nord se montre tentée par le principe du pouvoir à vie doublé de sa transmission héréditaire.
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Christian (07-10-2022 10:00:37)
Dossier très intéressant. Il manque juste dans la liste des monarchies la Malaisie (monarchie fédérale élective), le Lesotho (ex-Basutoland) et deux Etats océaniens, Tonga (monarchie héréditaire) et Samoa (monarchie élective dont le statut est plus flou).
Didier (19-09-2022 17:57:01)
La conclusion de l'article est que , faute d'etre relayées par le Parlement, les aspirations populaires s'expriment dans la rue, ou par le désengagement civique, la culture du cynisme et le contournement de la loi. Admettons ce diagnostic très partiel .
Et le remède serait de développer les pouvoirs des députés et sénateurs alors que ce sont eux qui chaque jour promeuvent la culture du cynisme et le contournement de la loi, notamment sur les réseaux sociaux, voire enfreignent la loi pour leur intérêt personnel , notamment via les prises d’intérêts illégales ou les achats de votes…On croit rêver.
On n’en sortira pas sans un renforcement massif des interventions des chambres régionales des comptes et des peines de prison exemplaires et rapides et sans que ces politiciens se préoccupent plus des dossiers que de faire le buzz.
marmot (14-09-2022 15:30:40)
C'est le culte de la personnalité à son paroxysme, surtout avec tous ces médias qui monopolisent l'information depuis bientôt une semaine avec le décès de Elizabeth Alexandra Mary Windsor, alias Elisabeth II.
Je crois qu'il y a des choses bien plus importantes et sérieuses que de parler d'une personne qui a vécu dans le faste toute sa vie, alors qu'une majorité de personnes souffrent et soupirent de l'injustice de ce monde corrompu.
Toutes ces monarchies ont imposées un régime totalitaire et colonisateur sur de nombreux peuples, leurs ont fait subir l'esclavage et leurs jougs, en dévastant les richesses de nombreux pays et la France et l'Angleterre ne font pas exception.
L'histoire est là pour nous le rappeler, notamment, pour ceux qui font des recherches, au-delà des livres scolaires qui occultent bien souvent la vérité et se content de glorifier ces monarchies.
Merci à herodote.net pour toutes ces informations historiques, qui nous ouvrent les yeux sur des vérités que le monde, les médias dirigés par des milliardaires, y compris la presse people, se chargent de nous endormir avec des funérailles et enterrements à rallonge.
On a tendance à oublier le pauvre malheureux qui meure dans une totale indifférence.