12 janvier 2022. Nos alliés de Washington en sont convaincus : la paix mondiale est à nouveau menacée. Heureusement, les États-Unis sont là pour nous protéger comme ils ont déjà su protéger les Orientaux des méfaits de l'islamisme et des talibans. Mais qui faut-il craindre le plus, de Poutine ou de Xi Jinping ? Le premier, dit-on, voudrait envahir l'Ukraine. Le second vise Taiwan...
La Russie et la Chine ont en commun l'expérience du marxisme-léninisme. L'une et l'autre en sont sorties en en payant le prix fort et tout en conservant une pratique autoritaire du pouvoir. Ces deux grands États ont aussi un autre point commun dont nous sommes peu conscients : ils n'ont pour ainsi dire jamais agressé personne (note) ! Tout le contraire du Japon, de l'Allemagne, de l'Angleterre, de la France, de l'Italie, de la Turquie, des États-Unis, de l'Espagne, de la Pologne, de la Suède, du Danemark, etc., etc.
La Russie bénéficie d'un espace immense. C'est un atout mais aussi une fragilité du fait de sa faible densité et de sa situation géographique au coeur de l'Eurasie. Il s'ensuit que tout au long de son Histoire, le pays a dû lutter contre des envahisseurs tous azimuts, des Mongols aux Allemands, en passant par les Suédois, les Polonais, les Turcs, les Français, les Japonais, sans compter les Anglo-Saxons pendant la guerre civile de 1920.
Elle n'a par contre jamais pris l'initiative d'une guerre d'agression... du moins dans le cadre européen. Au XVIIIe siècle, c'est à l'invitation des autres puissances, la Prusse, l'Autriche, l'Angleterre, qu'elle a participé au dépeçage de la Pologne et à la guerre contre la France.
La Russie, dès qu'elle eut repoussé l'oppresseur mongol, au XVIe siècle, s'est seulement appliquée à sécuriser ses confins. Elle a dû repousser l'Ottoman, un vrai agresseur celui-là, avec lequel elle a été en conflit permanent pendant trois à quatre siècles. Elle a aussi pris possession de son hinterland sibérien jusqu'au Pacifique. Elle s'est enfin assuré la maîtrise de l'Asie centrale d'où étaient venus les envahisseurs mongols et turcs. Ensuite, tout au long de son Histoire, elle a cherché des accès maritimes, autant de branchies indispensables à sa respiration : la mer Baltique, la mer Noire, enfin l'océan Pacifique.
Au début du XXe siècle, à l'issue de la Première Guerre mondiale, la Russie a vu ressurgir les démons du passé : tentatives de dépècement de l'empire dans sa partie asiatique, fermeture des Détroits entre la mer Noire et la Méditerranée, et même invasion polonaise. Quand s'est levée en Allemagne la menace hitlérienne, que les démocraties et la SDN n'ont pas su empêcher, Staline, nouveau maître du pays, a pris le parti de négocier, faute de pouvoir résister à une nouvelle agression. S'en est suivi le pacte de non-agression, assorti du partage de la Pologne et complété par une attaque de la Finlande. Toujours l'obsession de neutraliser les confins.
Après l'épreuve de la « Grande Guerre patriotique » (vingt millions de morts et un pays ravagé), Staline aura soin de prendre des gages afin d'éviter le retour des heures sombres. D'où la vassalisation de l'Europe centrale et l'accent mis sur l'armement. Aujourd'hui, après le dépècement de l'ancienne URSS sous l'ère Eltsine, Poutine n'agit pas autrement, toujours mû par la crainte d'une nouvelle dissolution de l'empire.
Il en va de même avec la Chine, quoique pour des raisons opposées. Le « pays du Milieu » (c'est son nom officiel, Zhongguo en mandarin) se caractérise par une forte densité démographique et une situation quelque peu isolée, entre la mer de Chine et les déserts de Mongolie et du Tibet.
Très largement autosuffisant et riche d'une civilisation trimillénaire, il n'a jamais eu grand souci de chercher ailleurs de quoi se substanter. Mais par là-même, sa richesse a attiré de tous temps la convoitise de ses voisins, les barbares Huns, Mongols, Mandchous ou encore Tibétains. Jusqu'aux Japonais qui ont tenté d'envahir la Chine une première fois au XVIe siècle avant de s'y reprendre aux XIXe et XXe siècles.
Au demeurant, quand elle s'est hasardée à sortir de ses frontières, l'armée chinoise s'en est rarement tirée avec les honneurs. Ainsi a-t-elle été battue par les Arabes en 751 à Talas (Kirghizie actuelle), repoussée en Corée en 1950 et au Vietnam en 1979. Dans l'Himalaya, face aux Indiens, les Chinois se limitent à quelques coups de gourdin (parfois mortels, il est vrai).
Pour les dirigeants de la Chine, la géopolitique se limite à un impératif : prévenir toute nouvelle agression. Cela a commencé il y a près de 3000 ans, quand les premiers royaumes du bassin du Fleuve Jaune ont érigé une Grande Muraille pour se protéger des invasions venues de la steppe.
Menacer pour éviter d'être agressé
À partir de ce constat, tout s'éclaire, que ce soit l'attitude de Poutine à l'égard de l'OTAN et de l'Ukraine ou celle de Xi Jinping à l'égard de Taiwan et des États-Unis.
Poutine a commencé de voir rouge en 2014 quand le nouveau gouvernement ukrainien a pris langue avec l'OTAN et l'Union européenne et enlevé au russe, langue de 20% de la population du pays, son statut de langue officielle. Le président russe a derechef occupé le Donbass russophone et annexé la Crimée, terre russe pendant deux siècles, devenue ukrainienne par accident en 1952.
A-t-il sérieusement aujourd'hui le projet d'envahir le reste de l'Ukraine ? Ce serait le symptôme d'une grave perte de sens. L'Ukraine, État pauvre, corrompu et fracturé, ne serait d'aucun profit pour la Russie. Les Russes aspirent à seulement desserrer l'étau de l'OTAN, bras armé de Washington, qui leur rappelle fâcheusement les pires heures de leur Histoire. C'est ce que le vice-ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Riabkov a dû s'efforcer d'expliquer à la secrétaire d’État adjointe Wendy Sherman, à Genève, en ce début janvier 2022. Mais il n'est de pire sourd que celui qui ne veut rien entendre.
Il en va de même de Xi Jinping dans son bras de fer avec Washington autour de Taiwan. Il n'est que de regarder la carte de la région. Sur tout son littoral, la Chine est bordée par des archipels et des îles inféodées à son principal rival du jour, les États-Unis. C'est comme une chaîne qui menace d'enfermer la Chine dans ses frontières terrestres. Difficile à admettre de la part d'une nation qui a tout le temps vécu dans la hantise de l'invasion. Cela explique les tensions actuelles dans la mer de Chine et le caractère intolérable pour les dirigeants de Pékin d'une indépendance formelle de Taiwan. Doublement intolérable car Taiwan fait partie de l'aire chinoise et son indépendance serait le signe que les dirigeants chinois ont perdu la faveur du Ciel, absolu déshonneur.
Les dirigeants américains, qui tiennent encore, pour quelques décennies, les leviers de la géopolitique, sont-ils en mesure de comprendre ces contraintes qui pèsent sur leurs rivaux et néanmoins partenaires ? Au vu de leur expérience passée au Moyen-Orient et en Afghanistan, il est permis d'en douter.
Post-scriptum : un an plus tard, force est de constater que je me suis trompé. Je n'ai pas cru que le président russe attaquerait l'Ukraine le 24 février 2022 car il n'y avait aucun intérêt objectif. Mais chacun commence à comprendre pourquoi il a pris ce risque. Comme l'état-major allemand en juillet 1914 qui a précipité la guerre avec la Russie parce qu'il craignait que celle-ci ne renforce son armée au point de bientôt être en mesure d'écraser l'armée allemande, le président russe a jugé que les Ukrainiens, avec le soutien actif de l'OTAN et des Américains, étaient en voie d'acquérir une supériorité militaire sur les Russes eux-mêmes. Il a craint qu'ils ne soient bientôt en mesure de reprendre le Donbass sécessionniste et la Crimée revenue à la Russie. Il a donc pris les devants. Son analyse a été validée à posteriori par l'ex-chancelière Angela Merkel qui a reconnu le 7 décembre 2022 que les accords de Minsk de 2015 n'avaient d'autre but que de laisser à l'armée ukrainienne le temps de se refaire une santé avant de repartir à l'offensive...
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ED (01-03-2022 15:35:38)
je rejoins les protestations à la teneur de cet article.
la Russie ,pour laquelle j'ai beaucoup de sympathie par ailleurs ,est le plus grand état de la planète. Cet état aurait un besoin organique de disposer d'un glacis de protection à l'Ouest. D'autre part, participer à L'OTAN constituerait en soi une agression. Ces deux notions employées conjointement justifieraient ou au moins expliqueraient l'agression de L'Ukraine par la Russie. Or ces deux notions reposent sur des bases bien fragiles.
L'Otan est tout d'abord une alliance défensive et non pas offensive .Elle permet aux pays qui la constituent de bénéficier de l'aide des autres.Si l'on pousse le raisonnement plus loin, il faut aussi conclure qu'avoir une armée est un acte illégitime pour le pouvoir poutinien. Avoir l'arme atomique, comme la France, constituerait en soi un acte d'agression contre les autres pays et non pas la mise-en oeuvre d'un dissuasion.Pour le glacis, le bouchon géopolitique est poussé vraiment loin.C'est condamner les pays limitrophes de la Russie à être des états tampons, sans indépendance réelle parce que leur voisin a peur pour sa sécurité. Rappelons quand même que les états du pacte de Varsovie ont été mis en coupe réglée par leur puissant protecteur et que l'envoi de chars par Poutine ressort de la même technique qu'à Budapest ou Prague: faire peur plutôt que réellement se servir de leur puissance de feu. Que les ukrainiens ,dans leur désir légitime d'indépendance aient commis des erreurs et des outrances vis-à-vis de Russes ,c'est sans doute vrai mais l'invasion actuelle fait la preuve que sans alliance avec l'ouest, leur indépendance est défendue par un château de papier.Pour ces peuples,Il faut donc choisir entre asservissement et liberté. Que le peuple ukrainien ait choisi la liberté est tout à son honneur et son courage devrait faire l'admiration de tous. La rémanence des lignes de force géopolitiques ne doit pas faire oublier que le monde change et que nous-même avons abandonné notre vieux rêve géopolitique d'annexer la rive gauche du Rhin au grand profit de notre paix avec nos voisins belges et allemands
JIBE (27-02-2022 18:20:24)
La RUSSIE n'a jamais agressé personne !
La RUSSIE au cours de son histoire n'a fait que cela, agresser ses voisins pour agrandir son territoire.
On croit rêver quand on lit l'analyse de monsieur Laramé .C'est du n'importe quoi .Les évènements d'hier et d'aujourd'hui nous prouvent tout le contraire .
C'est l'histoire revisitée .
En m'abonnant à HERODOTE , je croyait que c'était du sérieux mais c'est lamentable de laisser passer de telles âneries.
Yves (10-02-2022 20:03:21)
"Neutraliser ses confins" : en clair, cela veut dire colonisation par la proximité géographique . Et si la France, l'Angleterre etc. avaient été riveraines de pays africains, auraient-ils été autorisés à "neutraliser leurs confins ?"
Humbert (10-02-2022 13:23:23)
"L'Ukraine, État pauvre, corrompu et fracturé, ne serait d'aucun profit pour la Russie."
J'apprenais à l'école que l'Ukraine a toujours été le grenier à blé de la Russie.
Qu'est ce qui a changé ?
Christian (24-01-2022 05:25:48)
Mon avis est que les torts sont partagés entre les Etats-Unis et les pays occidentaux d'une part, la Chine et la Russie d'autre part.
Vis-à-vis de la Russie, les pays occidentaux ont surtout péché par arrogance en humiliant (consciemment ou non) la Russie et en installant l'OTAN, non seulement dans les anciens pays communistes d'Europe centrale (y compris les pays baltes), mais aussi en tentant de l'élargir à d'anciennes républiques soviétiques telles que l'Ukraine et la Géorgie. Cela rappelle un peu la manière dont les Alliés ont humilié l'Allemagne après le première guerre mondiale, avec toutes les conséquences catastrophiques que l'on connaît.
Vis-à-vis de la Chine, les pays occidentaux ont surtout péché par naïveté avec la restitution de Hong-Kong (1997) et de Macao (1999), puis avec l'entrée de la Chine à l'OMC (2001), en croyant (ou en faisant semblant de croire) que la Chine allait tenir ses engagements en matière de normes démocratiques et sociales...
Yves Potier (16-01-2022 17:44:47)
Si, généralement, j'apprécie beaucoup la qualité des articles d'Hérodote, cette fois, je suis étonné de la position "peace and love" manifestement prise dans la rédaction de cet article qui veut ignorer les attitudes irrédentistes tant géographiques que "soft power" des dirigeants actuels de la Russie et de la Chine. Est-il besoin de citer les plus flagrantes? La liste est bien connue, bien longue et l'actualité nous apporte trop régulièrement de nouvelles affaires pour commencer à les reporter dans mon petit commentaire. Retrouver la gloire surannée de leurs empires est l'ambition de leurs autocrates dirigeants agissant en sous-main, appliquant des méthodes opposées à nos valeurs démocratiques.
Il serait urgent que l'Union Européenne s'unisse et fasse front pour sauver ce qui peut l'être de notre indépendance.
tollet (15-01-2022 05:04:24)
vous avez recours à une notion d'aire chinoise, fondée tant sur l'histoire que sur la langue pour expliquer la politique expansionniste du président chinois. N'est ce pas un concept un peu redoutable quand on pense à quoi ont servi le recours au Saint Empire Romain-Germanique et à l'usage de la langue allemande avant la seconde guerre mondiale.
Quant à la gestion des fleuves de l'Asie du sud-est, dont presque tous prennent leurs sources en Chine - Irrawaddy, Mékong, Fleuve Rouge,- ils sont asséché par la politique chinoise de construction de nombreux barrages au grand détriment des pays riverains
Francis (14-01-2022 20:37:18)
Le parti pris pour la Russie et la Chine est trop exagéré.
La Russie n'a peut être pas fait de conquêtes extérieures par la guerre, mais ne s'est pas privée de coloniser, au sens strict du mot, des territoires entiers comme la Sibérie, et au passage asservir, anéantir le peuple autochtone ; ne s'est pas privée d'envahir les pays de l'Est pendant 50 ans, physiquement et idéologiquement.
La 2° guerre mondiale n'est pas une excuse pour l'envahisseur, comme vous semblez le suggérer.
Pour la Chine, la passé a été très contrarié, là aussi cela n'excuse pas l'autoritarisme du parti au pouvoir, ni la volonté de confrontation avec tous les voisins.
Vous êtes bien trop indulgent avec ces régimes autoritaires et liberticides.
La volonté de destruction de la démocratie serait elle le motif de votre argumentation partisane ?
Opium (13-01-2022 17:25:00)
Concernant la Chine, le régime communiste devient un régime nationalo-communiste qui par sa propagande interne vise à une politique nationaliste agressive. Elle est moins communiste et plus nationaliste à l’exclusif avantage de l’ethnie des Han :
Les gains territoriaux obtenus par la Chine depuis 1949 :
- Le Tibet en 1959
- Territoire de l’Aksai-Chine en 1962 au détriment de l’Inde
- L’annexion et l’armement des Iles de Mer de Chine méridionale contrevenant au droit international
- Acquisition de 143.000 km2 de terres dans la région du Pamir au détriment du Tadjikistan en 2011. Accord visant à éteindre la pression de la Chine sur ces terres.
Les conflits non encore réglés :
- Les Iles Senkaku appartenant au Japon et que la Chine dénomme Diaoyutai
- Taïwan dont le caractère « ancienne province chinoise » est des plus controversé
- Une partie de l’Aranuchal Pradesh au nord Est de l’Inde.
Les gains territoriaux ne sont pas tout, il y a aussi la route de la soie, l’achat de terres partout dans le monde, l’installation de bases militaires bien loin de Chine (Djibouti et base « secrète » u Tadijkistan), l’avance d’argent auprès de multiples Etats qu’ils ne peuvent rembourser (voir le Monténégro) avec des contrats qui prévoient des abandons territoriaux plus ou moins en mode location pour de longues durées.
« L’encerclement » de l’Empire du milieu c’est de la propagande. Si les chinois avaient été moins agressifs, ils n’auraient pas en retour des réactions de défense de leurs voisins et des USA.
Bernard (13-01-2022 10:47:03)
Je pense qu'il faut nuancer cet article :
Historiquement, ces 2 empires se sont montrés peu enclins à se projeter dans des guerres lointaines : la Russie parce que sa démographie ne lui impose pas, la Chine parce que son isolement géographique le rend difficile. Ils ont plutôt tendance à grignoter leurs voisins pour assurer leur sécurité. Le problème est que c'est un jeu sans fin et Staline l'a poussé jusqu'au cœur de l'Europe.
D'un point de vue plus contemporain, la structure du pouvoir au sein de ces empires. Toujours aussi pyramidal, l'empereur de droit divin a été remplacé par un Président/Secrétaire Général autoritaire mais qui a besoin d'un minimum d'assentiment de son opinion publique. Or, ces 2 empires ont été humiliés (par l'effondrement de l'URSS et les guerres de l'opium). Ces dirigeants tirent une part de leur légitimité d'un désir de revanche soigneusement entretenu. C'est une puissante motivation. Il en est une autre : c'est la présence à leurs frontières d'un peuple culturellement proche qui constitue un contre-modèle (on le voit avec Hong-Kong).
Il y a quand même 2 raisons qui limitent leur agressivité : pour la Russie, ce sont les moyens économiques, pour la Chine c'est l'âge de sa population. Ils seront donc limités dans leurs ambitions mais c'est tout à fait compatible avec leur stratégie millénaire de grignotage de leurs voisins : Dombass et Taïwan.
BELPAIRE (13-01-2022 10:44:47)
Bonjour Monsieur Larané,
Je m'étonne lorsque, dans votre article, vous accusez Le Tibet d'avoir agressé la Chine, je vous serais reconnaissant de développer cet épisode.
Cordialement,
B.BELPAIRE
Herodote.net répond : avant de se convertir au bouddhisme, les Tibétains figuraient parmi les peuples barbares qui menaçaient régulièrement la Chine. C'est ainsi qu'ils ont participé à la défaite de l'armée chinoise à Talas en 751. https://www.herodote.net/L_Empire_chinois_dans_toute_sa_puissance-synthese-3086-154.php
Serval (12-01-2022 21:34:27)
Vous ne considérez donc pas la guerre russo-finlandaise de 1939 comme une agression à l'encontre de la Finlande?
PhC (12-01-2022 21:19:00)
Cet article est bien trop simplificateur et fait des deux puissances en question des sortes d'innocents planétaires face aux méchants occidentaux impérialistes. Le parti pris prorusse (et, dans la foulée, prochinois) est trop flagrant et ne peut entraîner que les convaincus. Cela ne veut pas dire qu'il faille applaudir à la politique des Occidentaux et à l'impuissance européenne à s'émanciper du parapluie américain – ce qui leur permettrait de dialoguer beaucoup mieux avec la Russie.
Ghils (12-01-2022 21:14:16)
Votre analyse est pertinente. Je ne vois toutefois aucune nécessité impérieuse pour la Chine d'annexer Taïwan, qui a pris une orientation politique très différente de la Chine continentale et est devenue par certains aspects plus chinoise que la Chine, où toute une partie de l'héritage culturel a été détruit et l'histoire confisquée par une narration officielle et totalitaire. La stratégie d'un vieil empire comme la Chine est d'autre part différente de celle du colonialisùe européen : sa masse démographique et sa puissance ont peu à peu absorbé les régions voisines, de la Mandchourie au Tibet et d'une partie de la Mongolie au Xinjiang (Turkestan oriental), tous assimilés aux Han.
Une comparaison qui vaut ce qu'elle vaut serait par exemple la volonté de la France d'envahir ou d'annexer la Belgique et la Suisse francophones, l'Espagne de reconquérir le Portugal, la Flandre d'annexer la Flandre du nord ex-flamande, etc. La communauté historique ou culturelle est distincte de la création des Etats, qui souvent intersectent ces communautés. Enfin, pour ce qui est de l'encerclement, l'Europe de l'est a longtemps été phagocytée par la Russie, ce qui constituait une menace autrement plus agressive pour l'Europe centrale et occidentale que l'indépendance d'une Ukraine faible et hors de l'OTAN.
Poerre (12-01-2022 21:01:55)
C’est bien beau de présenter les Américains et l’OTAN comme mal intentionné, c’est même la réalité. Mais il faut aussi penser aux régimes russes et chinois qui ne respectent pas les droits de l'homme, encore moins les aspirations politiques de ces petits pays. On a vu ce qui est arrivé à Hong-Kong.
jmpoux33 (12-01-2022 20:39:35)
"... sa richesse a attiré de tous temps la convoitise de ses voisins, [les] ... Tibétains." Je ne comprends pas, ce n'est pas plutôt la Chine qui a envahi le Tibet pour l'annexer ?
Jlp (12-01-2022 20:35:31)
Si je comprends bien, l'histoire confirme la politique constamment defensive de la Russie et de le Chine, dans leur espace respectif.
Il faut dénoncer vigoureusement l'attitude des états Unis qui , avec l'Europe, s'oppose à une vassalisation de l'Ukraine par la Russie, et de Taïwan, par la Chine, qui sont légitimée par l'histoire...
Je pense que les autorités de ces deux grands pays vont beaucoup apprécier cette thèse de la plate-forme herodote.net!
Tilsit (12-01-2022 20:21:18)
La Russie s'en tire un peu trop à bon compte dans cet article. Repousser l'Empire Ottoman certes, mais vouloir le passage des détroits sous Catherine II qui appelait Istanbul Tsargrad (et qui a induit plus tard la guerre de Crimée), l'extension de la Russie par des Etats tampons au temps de l'URSS, la poussée des frontières vers l'Ouest de la Pologne en 1945, auparavant la guerre de 1920 avec Toukhachevsky, la conquête de l'Afghanistan en 1979. Ne pas oublier le grignotage de la Roumanie et de la Moldavie, le maintien d'une république fantôche en Transnistrie , la guerre de 1939 contre la Finlande et l'annexion de la Carélie et du golfe de Mourmansk. L'annexion des iles Kouriles en 45 au détriment du Japon. Monsieur Larané est vraiment trop bon avec la Russie.
Ghils (12-01-2022 20:04:08)
Votre analyse est pertinente. Je ne vois toutefois aucune nécessité impérieuse pour la Chine d'annexer Taïwan, qui a pris une orientation politique très différente de la Chine continentale et est devenue par certains aspects plus chinoise que la Chine, où toute une partie de l'héritage culturel a été détruit et l'histoire confisquée par une narration officielle et totalitaire. La stratégie d'un vieil empire comme la Chine est d'autre part différente de celle du colonialisùe européen : sa masse démographique et sa puissance ont peu à peu absorbé les régions voisines, de la Mandchourie au Tibet et d'une partie de la Mongolie au Xinjiang (Turkestan oriental), tous assimilés aux Han.
Une comparaison qui vaut ce qu'elle vaut serait par exemple la volonté de la France d'envahir ou d'annexer la Belgique et la Suisse francophones, l'Espagne de reconquérir le Portugal, la Flandre d'annexer la Flandre du nord ex-flamande, etc. La communauté historique ou culturelle est distincte de la création des Etats, qui souvent intersectent ces communautés. Enfin, pour ce qui est de l'encerclement, l'Europe de l'est a longtemps été phagocytée par la Russie, ce qui constituait une menace autrement plus agressive pour l'Europe centrale et occidentale que l'indépendance d'une Ukraine faible et hors de l'OTAN.
Romulus (12-01-2022 18:06:30)
Bien ecrit cet article car mes recherches n'etaient pas sur les finances mais le nombres de civils decedes dues au nombre incroyable de bombardement en Euope,Asie et le reste depuis que l'amerique est rentree dans les conflits mondiaux qu'ils ont perdus!!!!
jacques40 (12-01-2022 17:40:07)
Excellent résumé de motivations par Opiniondissidente, et un article clair et net auquel on aura du mal, chez les De mauvaise foi mêmes de contrer les arguments.
Les Ukrainiens sont assez peu aimables politiquement mais ne sont pas défendables "contre" la Russie dont """Kiev""" est la Fondation!
La Chine communiste 49- révisée 78 ne parit guère aimable et les "51 peuples NON HAN" du Pays, se souviennent encore de leurs origine langues et traditions...Je veux bien trouver Confucius et Lao Tseu
fort intéressant voire aimables....mas LA Chine ?????
Je doute
Opiniondissidente (12-01-2022 17:14:17)
Je partage totalement cette analyse. On peut y ajouter que le budget militaire annuel de la Russie est de l'ordre de 60 milliards de dollars et celui de la Chine de 200 milliards de dollars environ. Les États-Unis quant à eux ont un budget de plus de 700 milliards et les dépenses militaires cumulées des pays de l'OTAN sont l’équivalent de la moitié des dépenses militaires mondiales. (Source STOCKHOLM INTERNATIONAL PEACE RESEARCH INSTITUTE )Si on évoque souvent « le Petit Livre Rouge de Mao on parle rarement du « Grand Échiquier » de Brezinski. Celui-ci fut le conseiller spécial des présidents étatsuniens. Son petit livre constitue leur feuille de route étatsuniens pour leur permettre de conserver à « L'Empire » le rôle de gendarme (voleur ? ?) du Monde. Brezinski préconise ainsi de manœuvrer pour détacher notamment l’Ukraine de la Russie, dans le but d’affaiblir cette dernière. Par ailleurs pour se venger de la défaite du Vietnam Brezinski fut avec Kissinger à l'origine de l'opération de soutien aux talibans contre le régime afghan républicain et laïc soutenu par la Russie. Ces deux larrons tels des Docteurs Frankenstein modernes portèrent ainsi dans leur sein le monstre Bin Laden. Les Afghans leur doivent ainsi plus de 40 ans de guerre. Enfin on ne saurait oublier que les États-Unis, ont attendu bien longtemps avant de s’engager effectivement dans la libération de l’Europe sous la botte nazie. Si on reproche souvent à Staline le pacte germano-soviétique (échange de machines-outils allemandes, qui furent bien utiles par la suite, contre matières premières russes), les États-Unis où les pronazis étaient nombreux (Ford, Lindberg etc.) n’ont pas eu besoin de pacte pour commercer avec l’Allemagne nazie jusqu’à leur entrée en guerre, en 1942.