Atlas

L'Afrique en cartes

Alors que l’Afrique et le monde noir s’installent au cœur de l’actualité, avec les disputes autour de la colonisation et de l’esclavage et l’irruption au grand jour des diasporas installées en Europe, voici des ouvrages qui renouvellent son Histoire...

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L’Atlas des Afriques est paru le 9 juillet 2020. Ce hors-série du Monde et La Vie (186 pages grand format avec nombreuses photos et cartes, 12 euros) dresse un portrait bienveillant du continent noir. Il vient un an après la publication d’un ouvrage plus spécialement destiné aux étudiants, Atlas historique de l’Afrique aux éditions Autrement (96 pages, 24 euros), sous la direction de François-Xavier Fauvelle et Isabelle Surun.

François-Xavier Fauvelle, titulaire de la chaire Afrique ancienne au Collège de France depuis 2019, s’est fait connaître du grand public en 2013 avec Le Rhinocéros d’or, un recueil de toutes les « traces » archéologiques de l’Afrique ancienne. Ce livre a marqué en 2013 le renouveau de l’historiographie africaine.

Les Noirs de l'Afrique, Maurice Delafosse (1922)Il faut avouer qu’à part le très complet Atlas historique de l’Afrique de Bernard Lugan (éditions du Rocher, 2001), nous n’avons trouvé auparavant rien de très innovant depuis le remarquable essai du professeur Maurice Delafosse : Les Noirs de l’Afrique (1922) qu’Herodote.net s’est fait un devoir d’offrir en accès libre à ses lecteurs.

Le Rhinocéros d'or est curieusement sous-titré Histoires du Moyen Âge africain. Sans doute parce que ses 34 récits concernent la période qui s'étire du VIIe siècle (l'apparition de l'islam) au XVe siècle (l'arrivée de Vasco de Gama), neuf siècle qui correspondent au Moyen Âge européen. La similitude est renforcée par l'emploi d'un vocabulaire emprunté à celui du Moyen Âge européen : royauté, royaume, État, administration etc. Il ne faudrait pas pour autant penser qu'il y a eu un Moyen Âge africain, pas plus qu'il n'y a eu un Moyen Âge chinois ou amérindien.

Le « Moyen Âge » est en effet un concept strictement européen qui désigne une période de relatif déclin consécutive à l'Antiquité. Or, il n'y a pas d'Antiquité africaine, du moins au sud du Sahara...

Nous ne savons à peu près rien de l'Afrique subsaharienne dans la période antérieure, et pour cause, puisque jusqu'au début de notre ère, une grande partie de l'Afrique que l'on dit aujourd'hui  « noire » n'était encore peuplée que de chasseurs-cueilleurs aborigènes tels les Khoisan à peau cuivrée (aussi appelés Hottentots en Afrique australe).

Le Rhinocéros d'orCes Aborigènes aujourd'hui en voie d'extinction sont sans doute les plus anciens représentants de l'Homo sapiens africain, avant que n'apparaissent les noirs actuels quelque part au bord du golfe de Guinée il y a environ 30 000 ans. Ce sont aussi leurs lointains ancêtres qui, en traversant l'isthme de Suez il y a plus de 70 000 ans, se sont unis à l'Homo neanderthalensis du Moyen-Orient pour engendrer les Eurasiens actuels. 

La période décryptée par François-Xavier Fauvelle correspond donc aux débuts de l'Histoire en Afrique subsaharienne et non pas à un quelconque Moyen Âge. À la lecture du Rhinocéros d'or, elle apparaît étonnamment similaire à la Gaule d'avant la conquête romaine. De même que la Gaule nous est connue à travers les écrits de quelques voyageurs gréco-romains et quelques traces telles que le magnifique tombeau de Vix ou l'oppidum de Bibracte, l'Afrique subsaharienne des premiers siècles (VIIe-XVe siècles) nous est connue à travers les chroniques arabes et quelques archéologiques comme l'oppidum de Zimbabwe ou des bibelots d'origine asiatique, témoins de quelques échanges avec l'océan Indien. Ainsi en va-t-il du rhinocéros d'or, une petite statuette en bois d'origine sans doute chinoise, recouverte de feuilles d'or par des artisans locaux. Comme la Gaule dont les franges méridionales ont été très tôt romanisées, l'Afrique sahélienne a été dès le VIIe siècle soumise à l'influence islamique, pour le meilleur et le pire (la traite saharienne associée à la castration des mâles).

L'Afrique que donne à entrevoir l'historien paraît au demeurant assez similaire à l'Afrique des indépendances avec des gouvernants qui exportent pour leur plus grand profit les ressources de leur pays, avant-hier : or, esclaves, ivoire... aujourd'hui : main-d'oeuvre et matières premières.

Justement, on retrouve cette Afrique des indépendances dans les Atlas précités, didactiques et lumineux, à ceci près que l'un et l'autre font l'impasse sur la traite saharienne qui a transféré plus de dix millions d'êtres humains dans les plantations du Moyen-Orient en dix siècles... Dans L'Atlas des Afriques (hors-série Le Monde / La Vie), retenons en particulier les entretiens avec des penseurs et des historiens du continent noir qui, tous, soulignent le désir d'en finir avec le ressassement du passé et l'envie d'offrir à l'Afrique un mode de développement endogène, qui ne soit pas à la remorque du monde occidental ! 

Publié ou mis à jour le : 2020-11-01 07:20:58

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