Musée de la Libération de Paris

Leclerc et Moulin déménagent chez Rol-Tanguy !

À la faveur du 75e anniversaire de la Libération de Paris, un musée de la Libération s’installe dans l’un des deux pavillons Ledoux de la place Denfert-Rochereau.

Il ne s’agit pas à proprement parler d’un nouveau musée mais du déménagement en ce lieu des collections relatives au maréchal Leclerc et à Jean Moulin. Elles étaient auparavant visibles dans deux grandes salles d’exposition, au-dessus de la gare Montparnasse, près du lieu où fut signée la capitulation des forces d’occupation allemandes.

Le choix de ce nouvel emplacement tient à deux raisons :

• C’est à partir de l’abri souterrain situé sous ledit pavillon que le colonel Rol-Tanguy, chef des FTP-FFI parisiens, organisa le soulèvement du 20 au 25 août 1944.

• Le pavillon bénéficie d’un emplacement plus accessible que le précédent musée ; il est aussi visible des très nombreux touristes qui font la queue devant l’autre pavillon Ledoux pour descendre dans les « catacombes ».

Ajoutons que le nouvel établissement sera gratuit comme tous les musées de la Ville de Paris.

Autant dire que Leclerc et Jean Moulin devraient bénéficier d’une visibilité accrue en cette magnifique demeure, chef-d’œuvre classique de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, érigé à la veille de la Révolution pour le prélèvement de l’octroi sur la « barrière d’Enfer ».

Place Denfert-Rochereau (Paris) : à gauche le musée de la Libération de Paris, à droite l'entrée des catacombes, au centre la réplique en bronze du Lion de Belfort (photo : Pierre Antoine)

Dans les méandres de l’Histoire

Le principal inconvénient du nouveau musée tient à son intitulé officiel : « musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin ». C’est beaucoup pour un espace de 2500 m2.

En charge de la muséographie, la conservatrice Sylvie Zaidman a tenté de faire cohabiter des collections sans guère de lien entre elles. Mission quasi-impossible. 

Tout en servant la même cause, Leclerc, Jean Moulin et Rol-Tanguy ont suivi des parcours très différents ; les deux premiers ne se sont jamais rencontrés ; quant à Leclerc et Rol-Tanguy, ils ne se sont vus que pour signer l’acte de capitulation avec le général allemand von Choltitz (au grand désappointement de De Gaulle qui n’a pas apprécié qu’un communiste entré tardivement en résistance se propulse ainsi à l’avant-scène).

Dans le musée de la dalle Montparnasse, les deux collections avaient chacune leur salle et l’on pouvait suivre d’un côté le parcours de Leclerc et de la France Libre, de l’autre celui de Jean Moulin et de la Résistance.

La présentation est ici beaucoup plus sophistiquée et l’on a du mal à ordonner ses idées au fil des salles. Autant dire qu’il vaut mieux être déjà averti et par exemple avoir lu les pages d’Herodote.net relatives à ces épisodes et ces personnages de la Seconde Guerre mondiale pour ne pas se perdre dans les méandres du musée !

Salle du musée de la Libération de Paris dédiée aux exploits de Leclerc en Afrique (photo : Pierre Antoine)

La guerre, l’Occupation et la Résistance sont présentées à travers des photos, des affiches, des objets du quotidien, des fac-similés, des vidéos et des bandes sonores. Viennent s’y ajouter les souvenirs relatifs à Leclerc, Moulin et Rol-Tanguy, généralement des donations de leurs proches : le revolver de Rol-Tanguy, les skis et une valise de Moulin, une selle de méhara ayant appartenu à Leclerc ainsi que sa canne et sa vareuse. Au total trois cents objets environ.

Le musée n’oublie pas d’exposer la propagande vichyste et allemande, efficace et omniprésente : elle rendait difficiles et d’autant plus courageux les engagements dans la Résistance.

Affiches de propagande vichyste dans le musée de la Libération de Paris (photo : Pierre Antoine)

Au cœur de l’insurrection

Le quartier général du colonel Rol-Tanguy sous le pavillon de la place Denfert-Rochereau (photo : Pierre Antoine)L’aspect le plus surprenant est la descente dans l’abri souterrain de Rol-Tanguy, à 20 mètres sous terre, par un escalier de 86 marches.

Cet abri de défense passive avait été aménagé en 1938 pour diriger les services de la ville (eau, gaz, électricité…) en cas de bombardements. Il disposait notamment d’un réseau téléphonique autonome qui se révélera utile aux résistants pour échapper aux oreilles allemandes.

En quête d’un lieu discret d’où il pourra coordonner les actions contre les troupes d’occupation, Henri Rol-Tanguy se voit proposer cet abri par des agents municipaux et s’y installe sans attendre, avec son état-major, au total une douzaine de personnes, y compris son épouse Cécile.

Quelques chaises, tables et lits de camp constituent tout l’ameublement de ce QG (quartier-général) improvisé. Des estafettes et même des journalistes de la Résistance y font des apparitions furtives.

Après la capitulation allemande, le local a été abandonné aux « cataphiles » qui hantent les catacombes et souterrains de Paris. Débarrassé de ses graffiti, il est aujourd’hui revenu à son état initial et les visiteurs pourront même se replonger dans ces journées fatidiques et rencontrer Rol-Tanguy en personne grâce à des lunettes de « réalité augmentée » ! De quoi agrémenter ce bref voyage hors du temps.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2019-08-25 00:08:46

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