Les murailles de Montségur, dans les contreforts des Pyrénées, à quelques kilomètres au sud de Lavelanet, ont baigné dans un oubli presque total pendant plus de six siècles, jusqu'à leur redécouverte par un érudit passionné de catharisme, Napoléon Peyrat, à la fin du XIXe siècle.
Depuis lors, le grand public et les historiens se passionnent pour l'histoire des cathares et la croisade des Albigeois, ainsi que pour le dernier et plus tragique épisode de celle-ci : la reddition de Montségur, haut lieu du catharisme pendant 40 ans, après dix mois de siège acharné... Comment ne pas être ému par les 200 religieux cathares qui, refusant de renier leur foi, marchent volontairement au bûcher ?
Équilibre instable
Après vingt ans de violents combats, la croisade contre l'hérésie cathare aboutit en 1229 à la soumission du comte de Toulouse.
Les croisés venus du Nord se voient confirmer la possession des seigneuries dont ils se sont emparés.
Mais leurs exactions suscitent la rébellion de nombreux chevaliers du Midi, dépouillés de leurs biens et traqués bien que bon catholiques.
Ces chevaliers dit faidits (ou en fuite) entrent en résistance au côté des hérétiques.
Malgré le zèle des tribunaux de l'Inquisition, l'hérésie cathare reste vivace dans les villages des Corbières et des Pyrénées et, pendant de longues décennies, Bonshommes et faidits trouvent refuge au pied des forteresses dont le seigneur est acquis à leur cause.
À la lisière du comté de Foix, Montségur est la plus connue de ces «citadelles du vertige», selon la belle expression de Michel Roquebert.
Plus à l'est, dans le rude massif des Corbières, d'autres forteresses ont aussi vécu, quoique de façon moins dramatique, l'assaut des croisés venus du nord de la France.
Il s'agit de forteresses érigées à la frontière avec le royaume d'Aragon, en un temps où celui-ci débordait sur la frange nord des Pyrénées. Ces forteresses vont occasionnellement accueillir des faidits, voire des Bonshommes, mais ne prendront jamais le parti des hérétiques, comme Montségur.
Parmi elles, Peyrepertuse (ci-dessus) et Quéribus. Ces deux géants se font face dans le rude massif des Corbières, dans le département de l'Aude. On peut encore admirer leurs vestiges impressionnants, sur des crêtes rocheuses de part et d'autre du village de Cucugnan qu'a popularisé le conteur Alphonse Daudet (aujourd'hui dans le département de l'Aude).
Peyrepertuse est la mieux conservée de toutes les fortesses des Corbières et sa visite permet de saisir l'art médiéval des fortifications. Elle s'est rendue aux armées de Saint Louis sans résistance en 1240. Elle a été ensuite renforcée et agrandie pour devenir forteresse royale, étant située, de même que Quéribus, sur la frontière méridionale du royaume, face aux terres du roi d'Aragon.
La citadelle de Puylaurens, ci-dessous, est une forteresse du même type que les précédentes. Édifiée du Xe au XIIe siècle sur le point culminant de la vallée de la Boulzane (Aude), elle fut investie et occupée par Simon de Montfort et les croisés dès 1212.
Au XVIIe siècle, après le traité des Pyrénées qui verra la cession du Roussillon à la France et repoussera la frontière bien plus au sud, ces forteresses des Corbières perdront tout intérêt stratégique et seront rapidement abandonnées aux ronces.
À 1207 mètres d'altitude, sur un piton rocheux au milieu des forêts de l'actuel département de l'Ariège, la forteresse de Montségur a été renforcée dès 1204 par le seigneur du lieu, Raymond de Péreille, à la demande de la communauté cathare.
Le seigneur reçoit la demande avec d'autant plus de bienveillance qu'elle est formulée par Esclarmonde, une Bonne femme qui n'est autre que la soeur du comte de Foix.
Les fortifications et les habitations sont construites avec la pierre taillée sur place, dans le piton.
Dans l'enceinte de Montségur vivent une centaine d'hommes d'armes (des faidits) et leurs familles, autour du seigneur du lieu, Raymond de Pareille. À l'ombre des murailles se constitue un véritable village cathare de 600 habitants avec son évêque, ses diacres et ses fidèles.
Cet ordre précaire résistera à un siège de dix mois.
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sumofr (15-12-2016 18:05:19)
On peut aussi préciser que les ruines de ces châteaux telles qu'on peut les visiter aujourd'hui ne sont que les restes des forteresses royales érigées par les architectes de Louis IX et de ses des... Lire la suite