1er juillet 2004 : Michaël Moore renouvelle avec Fahrenheit 9/11 le film de combat. Ce long film décousu se regarde sans ennui en ne traitant que de choses désagréables et (à peu près) vraies. Une gageure. Il peut convenir aux adultes ouverts d'esprit... ou par avance convaincus de l'impéritie du président George W. Bush.
Je m'attendais au pire en allant voir Farenheit 9/11. Michaël Moore a plagié le titre du chef-d'oeuvre de Ray Bradbury, Fahrenheit 451, et ce détail à lui seul reflète l'absence de scrupules du personnage.
En définitive, j'ai découvert un film d'un genre inédit. Ni une fiction, ni un documentaire, mais un film de combat au rythme haletant, mêlant humour, fantaisie, dérision, tragédie et polémique.
J'en arrive à comprendre les jurés du festival de Cannes qui ont attribué à Fahrenheit 9/11 la Palme d'Or 2004.
On peut cependant reprocher au scénario d'être décousu. Il est difficile de déceler le fil conducteur qui mène de l'évacuation de la famille Ben Laden après les attentats du 11 septembre 2001 (une rumeur invérifiée) au recrutement de nouveaux soldats dans la petite ville de Flint.
Le réalisateur fait feu de tout bois (y compris la douleur de la mère d'un soldat tué en Irak) avec une obsession: convaincre chacun de la duplicité et de l'incompétence du président George W. Bush (Doubleyou pour les intimes).
Avouons-le. Ce dernier semble faire tout son possible pour aider le réalisateur. Ainsi n'oubliera-t-on pas les longues minutes durant lesquelles le président américain reste immobile, le regard dans le vague face à une salle de classe, juste après avoir été informé des attentats contre les tours du World Trade Center.
En bon polémiste, Michaël Moore fait mouche grâce à un choix judicieux des images, d'habiles montages et une avalanche de données qu'il est impossible d'évaluer en temps réel et dont beaucoup apparaissent franchement tendancieuses (ainsi n'est-il en rien démontré que les liens anciens entre la famille Bush et l'Arabie séoudite aient influé sur la politique du président).
Cela dit, il n'apporte rien de nouveau dans le débat concernant la politique étrangère de Washington. Tous les faits qu'il cite ont déjà été relatés dans les médias, qu'il s'agisse des liens anciens entre les dirigeants américains et les princes séoudiens ou des mensonges concernant les prétendues armes de destruction massive de l'Irak...
Percutant mais outrancier, Fahrenheit 9/11 pourrait avoir un résultat politique inverse au but recherché par le cinéaste en entraînant des citoyens indécis à faire acte de solidarité avec le président....
Si George W. Bush devait être battu aux élections du 2 novembre prochain, il le devrait sans doute moins à ce film qu'à son propre entêtement à manipuler et truquer les informations sur le terrorisme dans un but électoral.
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