Pour ceux qui ont lu les récits des survivants du Goulag et de la Kolyma, le nom Magadan fait frémir. Cette ville portuaire de 100 000 habitants, sur l’océan Pacifique, face à la péninsule du Kamtchatka, était en effet le point majeur d’accès aux différents camps de travail de l’Extrême-Orient russe, disséminés notamment le long du fleuve Kolyma qui se jette dans l’océan arctique.
La ville est encore aujourd'hui très isolée du reste de la Russie. Elle ne dispose d'aucune voie ferrée et l'on n'y accède que par bateau ou avion. Dans le port, deux remorqueurs accueillent les navires : ils ont pour nom Soljénitsyne et Vyssotski, qui ont tous deux leur statue à Vladivostok : Soljénitsyne sur le port pour rappeler son retour dans la patrie et Vyssotski dans un jardin public.
Sur la berge, un quai délabré qui a reçu les milliers de déportés promis au Goulag, aujourd’hui utilisé par quelques pêcheurs à la ligne. À l’opposé, à proximité de la route empruntée par les déportés vers le nord, la statue mémorial du Goulag, Маска Скорби (« le masque de la désolation, de la douleur »).
Entre les deux, une ville sillonnée de larges avenues, aux bâtiments rénovés et en cours de restauration, rattrapée par notre société de consommation et qui semble vouloir oublier son passé. Une affiche vante « la ville de l’or », métal extrait des mines de l’arrière-pays par les déportés. Encore aujourd’hui, les magasins spécialisés dans les bijoux et objets précieux ne manquent pas, affichant en devanture : Or, Argent, Bijoux.
La ville se signale aussi par une cathédrale orthodoxe monumentale et un imposant mammouth (le permafrost de cette région en est plein) en ferraille de récupération.
Le passé perdure dans le musée d’histoire de Magadan. Comme dans bien des musées locaux en Russie, il couvre les différents aspects de la région : géologie et minéralogie, ethnographie, nature et animaux, et bien sûr, histoire. La muséographie est moderne et agréable à l’œil.
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Jacques Groleau (10-02-2021 11:53:22)
"Belle" illustration ce que fut le "paradis communiste"... Hélas, les camps de "rétention" n'ont toujours pas disparu de la surface de la planète, je crains même qu'ils ne continuent à se développer, et plus particulièrement chez les "héritiers" de Marx.