Daniel Lefeuvre (1951-2013), professeur à l'Université Paris-8 (Saint-Denis), bouscule les idées reçues, les mystifications et les erreurs qui polluent notre réflexion sur le passé colonial de la France.
Depuis le début du XXIe siècle monte en France un débat autour du passé colonial avec une question très actuelle : les jeunes Français issus des anciennes colonies (Antilles, Afrique du nord, Afrique noire) doivent-ils se considérer comme des victimes de ce passé ?
Daniel Lefeuvre y a répondu avec un essai court mais solidement argumenté : Pour en finir avec la repentance coloniale.
Il démonte avec les bons vieux outils de l'historien (analyse critique des sources et des chiffres, contexte, comparaisons historiques...), les contrevérités, les trucages et les billevesées des anticolonialistes de salon qu'il appelle les « Repentants ».
Le résultat a de quoi surprendre :
– La conquête de l'Algérie et des autres colonies ? Des guerres ni plus ni moins cruelles que les guerres européennes,
– Le bilan économique de la colonisation ? Une perte nette pour la métropole et un transfert de richesses au profit des colonies très supérieur à l'actuelle aide au développement,
– Les immigrants des anciennes colonies dans la société française ? Une intégration beaucoup plus aisée que ne le fut celle des immigrants d'origine européenne (Italiens, Polonais...) !
La émonstration de Daniel Lefeuvre nous invite à réfléchir sur notre passé et sur... les motivations plus ou moins conscientes des « Repentants » dans leur volonté de victimiser les enfants de l'immigration.
Le premier péché des Repentants, selon l'historien, est l'anachronisme : il consiste à juger les événements du passé selon notre propre grille de valeurs, indépendamment du contexte. « Comment ne pas s'inquiéter des dangers dont cette conception de l'Histoire est porteuse ? » note Daniel Lefeuvre.
« Falsifier l'histoire, c'est tromper les citoyens, c'est fausser leur jugement », dit-il en prenant pour exemple la conquête de l'Algérie, dans laquelle certains, dont le président algérien Bouteflika, voient rien moins que le prélude des chambres à gaz !
Daniel Lefeuvre rappelle la triviale réalité : après la prise d'Alger en 1830, les Français se cantonnent sur le littoral et concluent des traités avec les chefs de l'intérieur. Mais la guerre sainte lancée par Abd el-Kader en 1839 les entraîne dans une longue et difficile conquête.
L'historien en évoque les aspects sombres. Il rappelle ce que furent très précisément les « enfumades ». Il réévalue aussi les pertes des deux côtés en écornant au passage certaines évaluations fantaisistes...
Plus important encore, il rappelle, preuves à l'appui, que les horreurs de la guerre d'Algérie (comme des autres guerres coloniales) n'avaient hélas rien d'exceptionnel. Le mépris de l'ennemi était au moins aussi grand dans les troupes républicaines qui combattaient les Vendéens en 1793 ou dans les armées de Napoléon engagées en Espagne en 1808...
Les guerres coloniales n'anticipent en rien la Shoah. Elles reflètent les moeurs de leur époque et c'est déjà bien assez.
Je ne m'attarderai pas sur les chapitres que Daniel Lefeuvre consacre à l'économie coloniale.
Malgré la propagande distillée par les partis colonistes de la fin du XIXe siècle à l'Exposition coloniale de 1931, les colonies se révèlent un gouffre économique, commercial et financier et il n'y a guère que quelques affairistes liés aux lobbies coloniaux pour en tirer profit.
À la suite de l'historien Jacques Marseille (Empire colonial et capitalisme français. Histoire d'un divorce), Daniel Lefeuvre montre que les colonies n'ont rien apporté à l'économie française et ont plutôt bridé son dynamisme. Tout juste ont-elles permis l'enrichissement de quelques sociétés et affairistes protégés par le gouvernement.
La principale exportation de l'Algérie était le vin, concurrent des vins métropolitains, déjà en surproduction. L'Afrique noire n'arrivait à exporter tant bien que mal qu'un peu de coton et de denrées tropicales, à des coûts bien plus élevés que sur les marchés mondiaux. Même le phosphate du Maroc coûtait plus cher à la France que celui disponible ailleurs.
Retenons le mot d'un économiste belge du XIXe siècle, Gustave de Molinari : « De toutes les entreprises de l'État, la colonisation est celle qui coûte le plus cher et qui rapporte le moins ».
Daniel Lefeuvre réévalue la perception des indigènes par les colons. Que n'a-t-on écrit là-dessus ces dernières années, en redécouvrant les « zoos humains » d'il y a 100 ans, ces cirques où l'on venait se repaître de la vue des « sauvages » !
« Sauvages ? » Parlons-en. Ce qualificatif revient fréquemment au XIXe siècle dans la bouche et sous la plume des bourgeois qui évoquent les paysans de notre douce France. Les poncifs que l'on appliquait à l'époque coloniale aux habitants des colonies s'appliquaient aussi aux plus pauvres des Français.
Daniel Lefeuvre cite à ce propos l'oeuvre magistrale d'Eugen Weber : La fin des terroirs (1976). On peut y lire : « Un spécialiste de folklore musical, parcourant le pays de l'ouest de la Vendée jusqu'aux Pyrénées, compare la population locale à des enfants et des sauvages qui, heureusement, comme tous les peuples primitifs, montrent un goût prononcé du rythme »... Après cette lecture, il ne reste plus aux Vendéens et aux Pyrénéens (dont votre serviteur) qu'à rallier le clan des « indigènes de la République » !
À ceux qui aujourd'hui stigmatisent le comportement discriminatoire de la République à l'égard des immigrés et enfants d'immigrés, Daniel Lefeuvre offre un aperçu de l'accueil reçu en d'autres temps par les immigrants européens (Belges, Polonais, Italiens).
En août 1893, à Aigues-Mortes, des voyous font la chasse aux immigrants italiens aux cris de : « Mort aux Christos ! » (Mort aux chrétiens !). Les malheureux sont roués de coups. On relève huit morts. La chronique rapporte ça et là d'autres incidents violents et souvent mortels...
Si l'on s'attarde sur les immigrants européens qui, au tournant du XXe siècle, se sont magnifiquement intégrés à la société française, on ne voit pas, et pour cause, ceux, en nombre équivalent, qui n'y ont pas réussi par le simple fait que, découragés par l'hostilité ambiante, ils sont rentrés au bercail.
Félicitons-nous que la situation actuelle n'ait rien de comparable à celle-là. A rebours des idées convenues, Daniel Lefeuvre considère que les immigrés originaires des anciennes colonies sont somme toute mieux accueillis et mieux intégrés que ne le furent les immigrés européens, prétendûment si proches des « Français de souche ».
L'historien craint en conclusion qu'à trop minimiser le processus d'intégration des Français originaires des anciennes colonies, on ne « persuade ces populations que la République s'est définitivement fermée à elles et qu'il leur faut donc chercher ailleurs les voies de leur réussite ».
La repentance pourrait en définitive réussir là où les colonistes et les racistes d'antan ont échoué, en enfermant les Français originaires des Antilles, d'Afrique du Nord ou d'Afrique noire dans un statut de victimes innocentes et de grands enfants irresponsables et en les convainquant qu'il leur est impossible d'en sortir par leur effort personnel !
Paralysés par le complexe victimaire, ils pourraient alors se détourner de la compétition sociale (« À quoi bon travailler à l'école, acquérir des diplômes et devenir un bon professionnel puisque je serai toujours marqué au fer rouge de la colonisation et de l'esclavage ? »). Ce renoncement marquerait le triomphe des bourgeois « repentants », tartuffes modernes, en facilitant à leurs rejetons la conquête des postes de commandement.
Daniel Lefeuvre recense cinq fautes méthodologiques majeures chez les « Repentants » et les prétendus historiens qui torturent le passé pour l'asservir à leurs présupposés idéologiques :
– l'absence de recul critique dans la reprise de citations isolées : le propos d'un excentrique ne reflète pas nécessairement l'état d'esprit de l'opinion publique,
– l'anachronisme : on assimile les faits de guerre pendant la conquête de l'Algérie à des crimes nazis sans voir qu'ils sont tout simplement de même nature que d'autres faits de guerre commis à la même époque et en d'autres lieux, y compris en Europe,
– la généralisation abusive : sur la base de quatre « enfumades » identifiées, on imagine que ce type d'action était banal pendant la conquête de l'Algérie,
– l'absence de comparaison : on déplore la condition déplorable des immigrés algériens en France après la Seconde Guerre mondiale sans voir qu'elle était en tous points semblable à celle des autres immigrants et de beaucoup de Français pauvres,
– la censure : on fait sciemment silence sur tous les faits qui pourraient contredire la thèse dominante ; ainsi attribue-t-on à la conquête la diminution de la population algérienne entre 1830 et 1870 sans parler de la crise frumentaire très grave qui a sévi en Algérie et au Maroc en 1865-1868.
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JP FABRE (02-11-2006 10:00:30)
Bravo pour ce livre remarquable et précis qui résume pour le grand public l'ouvrage "Chère Algérie" qui est magnifiquement documenté. Ma question est "Comment expliquer tant d'acharnement à maintenir l'Algérie dite française avec de tels résultats économiques ? Ces livres ne traitent pas correctement ce sujet-là pourtant essentiel.
bahmed (26-09-2006 12:00:42)
C'est encore un ouvrage polémiste de plus qui lui vaudra une publicité imméritée. Je tiens a dire que pour tous chercheurs(Historiens, anthropologues, sociologues ou particuliers avertis), il existe de nombreuses études, sans publicités celles là, qui se trouvent dans nos librairies et plus sûrement dans nos bibliothèques. Pour les plus courageux les archives regorgent de trésors inexploités et de documents inédits.
Dans ce livre que vous présentez, il me semble que l'auteur est un peu systématique et a l'air de renverser des situations d'une manière quelque peu légère : l'exemple de l'émir Abd el-Kader qui serait à l'origine de la conquête de l'Algérie par sa proclamation du Djihad ! C'est un peu fort... un peu trop. Ceci dit son ouvrage est le bienvenu, il s'intègre au débat actuel et invite d'autres auteurs à un droit de réponse... sans esprit polémiste !
Planat (24-09-2006 15:59:21)
Les Algériens se sont trompés de guerre. Ils auraient du lutter pour l'égalité des droits dans un état autonome, soutenu par la France.
Aboussouan Alain (22-09-2006 11:01:12)
Oui, il faut mettre un peu de clarté dans les arguments concernant les bienfaits la colonisation, mais clarté ne veut pas dire parti-pris, or est parti pris tout ce qui devient "tout blanc" ou "tout noir". Des thèses (d'histoire, d'économie...) ont été publiées sur ce sujet, et la conclusion que j'en tire et qu'aucune ne peut prévaloir car l'objectivité est une qualité difficile à sauvegarder quand il s'agit des comportements humains et de la politique des gérants de la conduite des affaires. Je refuse néanmoins que la France (mais c'est aussi le cas pour l'occident) soit systématiquement montré du doigt. Les comparaisons ne valent plus, l'époque de la colonisation dont il est question est derrière nous, depuis il y a eu de la part des "colonisateurs" le droit affiché des peuples, la libéralisation positives des ethnies, l'intégrationn dynamique des flux migratoires, mais il y a toujours des "grincheux", des "mal dans leur peau", ou des victimes de quelqu'un. Ne pas oublier les torts de la colonisations, certes, mais ne pas faire de la colonisation la cause de tous les malheurs des peuples anciennement colonisés.
Pascal Lemarchand (20-09-2006 17:54:14)
Je suis content qu'il y ait un vrai travail sur les rapports colonies/métropole. Cependant, j'ai du mal à croire au fait que les colonies n'aient rien rapporté à la France. Pourquoi tenait-elle autant à son Empire ? En outre, est-ce une spécificité française ou bien tous les empires coloniaux étaient ils "déficitaires" ? J'ai du mal à croire que l'Empire britanique n'ait rien rapporté à la Grande Bretagne. Bref, j'ai l'impression qu'il y a encore beaucoup de questions à se poser avant de comprendre (un peu ?) cette période de l'histoire.
Benoît (20-09-2006 15:46:20)
La France championne de la repentance?!C'est un oxymore !Quand on creuse l'implication de la France dans le génocide rwandais,les relations odieuses entre nos gouvernements successifs et une pléiade de dictateurs africains, les années qui se sont écoulées avant qu'un débat public ait lieu sur la torture en Algérie, la liste est longue, et donne envie de pleurer...
Paul Blanvillain (20-09-2006 12:09:09)
60 millions de consommateurs ou 60 millions de victimes ? Au rythme actuel, chacun pourra bientôt présenter sa requête. L'Histoire offre malheureusement suffisamment d'atrocités pour cela.
Avant de faire de la France le "méchant" de service, les professionnels de la repentance feraient bien de regarder comment cela s'est passé (ou même se passe encore) chez les autres. Certes, comparaison n'est pas raison, les erreurs ou horreurs du voisin n'absolvent les nôtres et il ne s'agit pas de clamer que la France a toujours appliqué à la lettre les Droits de l'Homme et du Citoyen qu'elle a proclamés. Cependant, cela permet de remettre les évènements dans leur cadre et dans leur époque. On peut alors espérer un peu plus d'objectivité (ou moins de subjectivité) qui éviterait bien des réactions faciles et anachroniques.
Félicitations pour votre site.
chaynes regis (18-09-2006 21:24:44)
Il est drôle et curieux de voir que la repentance est à sens unique.On ne la demande pas à l'Arabie saoudite pour s'être etendu de l'Espagne jusqu'a l'Iran,opprimant les Berbéres qui etaient la avant eux,a la Turquie d'etre allé jusqu'a Vienne,Malte et d'avoir massaccés les grecs,serbes,bulgares,kurdes et perpetré le genocide des Armeniens et aujourd'hui la colonisation de Chypre.Les nationalistes algeriens ne demandent jamais repentance a la Turquie de les avoir occupés de 1519 a 1830! Et meme aujourd'hui qui demande des comptes au Soudan pour le genocide des chretiens et animistes du sud(en 20 ans 1 200 000 morts et 3 millions de déplacés),au Mali et en Mauritanie pour l'oppression des Touaregs et l'esclavage des Harittines?
françois jaubert (18-09-2006 16:20:40)
Merci à l`Historien. Je suis las de la Pensée Unique du Politiquement Correct:la Vérité est plus subtile. Ayant passé 20 ans de ma vie à soigner les populations dans cinq pays différents d`Afrique, dont l`Algérie indépendante, je me permet de conseiller à tous les "repentants" de France et d`ailleurs d`aller vivre, je dis bien vivre et non villégiaturer, dans ces régions, d`y rencontrer, dans la confiance et le respect, les habitants de toutes conditions, de parler avec eux du passé et de l`avenir. Moralement opposé au principe de la colonisation, je constate simplement qu`elle a eu lieu et, que de ce passé, nous n`avons pas totalement à rougir: mais je n`ai pas encore tout compris et je retourne chaque année quelques semaines "en brousse" pour connaître l`avis des principaux intéréssés.
Henri2 (18-09-2006 15:56:33)
Autant que je me souvienne, la France ne s'est pas embarquée de but en blanc dans une guerre coloniale de conquête en Algérie, mais est venu détruire un nid de pirates, les barbaresques, qui écumaient la Mediterrannée, capturaient les navires, et envoyaient passages et équipages sur les marchés d'esclaves d'Istamboul.
C'est par nécessité qu'elle a du conquérir l'ensemble du territoire, Abdel Kader n'entendant pas renoncer à ses sources de revenus.
Il est vraisemblable que les dits marchands d'esclaves ont ensuite traversé le Sahara. L'essentiel des esclaves envoyés ensuite en Amérique ont été vendus par eux et par les chefs des tribus noires,aux trafiquants.
Cette culture de la razzia et de l'esclavage perdure encore de nos jours. Si l'Occident n'en achète plus, il n'en est pas de même du Moyen Orient..
LORIDON (18-09-2006 14:54:58)
Je rejoint en tous points madame Michèle Servera.
Effectivement, je demande que le président de la république qui fait cela si bien, demande pardon aux ancêtres de mon épouse, tous protestants des Cévennes. Nous avons réduit ces gens en esclavage en les faisant ramer aux galères (faucher le grand pré, disait-on à l'époque) et elle en a encore les stigmates, ayant de très belles épaules. Et la première fois que je l'ai emmenée en bateau, elle s'est très bien servi des avirons (rare chez une femme...). En tout cas félicitations à André Larané, il a trouvé là un sujet qui s'est largement développé
J Groult (18-09-2006 14:13:05)
2 réponses et compléments aux précédents lecteurs: (Farid), OK mais les autochtones ne s'étaient-ils pas approprié par la FORCE les terres précédemment (630 après JC) d'autres autochtones, les berbères ( kabyles, etc) ? .... d'autre part, l'agri)culture de ces terres nourrit-elle aujourd'hui les peuples en question ? (J.Vilain): remarque de justice mais le ivre en question si je lis bien M. Larané, se situe sur le plan économique, c'est à dire ce qui fait vivre un peuple et ce qui fait qu'il est riche ou pauvre....Le débat est relevé d'un cran par ce livre, il ne faut pas le rabaisser par ce que toutes les personnes qui aiment et connaissent l'histoire, et même les autres grâce aux sujets de prédilection des médias, savent.
Henri (18-09-2006 13:31:01)
Qu'on le veuille ou non, dés qu'on parle de guerre, on parle des militaires. Or un militaire n'existe pas pour se poser des questions sur les droits de l'homme. Que cela se passe avec les romains, les troupes de Napoléon ou avec les troupes françaises en Algérie ou en Afrique (voir même de nos jours - Rwanda, République du Congo, Irak, Afgahanistan, Palestine ... et tant d'autres !)
Les seuls qui ont en profité ce ne sont que quelques familles "pieds noirs" . Il faut quand même dire que la majorité des 2 000 000 de pieds noirs n'étaient pas vraiment riches (mais quand même plus que les algériens) et qu'ils se sont fait manipuler comme des marionnettes par les gros proriétaires, les politiques et les militaires.
Les pieds noirs s'estimaient supérieurs aux algériens et ne voulaient surtout pas perdre leur statut (bien qu'ils n'étaient en général que de pauvres gens ).
Voilà ce que pense un pied noir qui a été obligé de quitter son pays à cause de ces gens là qui pensent que l'Algérie sans les colons n'aurait pas pu exister.
Farid (18-09-2006 12:35:13)
L'algérie coloniale c'était aussi deux millions d'européens qui vivaient dans les riches plaines d'algérie avec largement plus de droits que les autochtones et s'étaient appropriés les meilleures terres par la force. Les autochtones bossaient pour cette minorité pour des salaires de misère et étaient sous-représentées au parlement d'Algérie. Les colons européens étaient les plus fervents défenseurs de l'Algérie française car ils ne voulaient perdre aucun de leurs privilèges.
Jacques Villain (18-09-2006 12:14:16)
Que le racisme ne soit pas lié à la colonisation, c'est une thèse défendable.
Moins défendable est l'idée que la métropole n'aurait pas tiré bénéfice de la colonisation. Ce sont bien les Marocains qui ont défendu l'Alsace en 1944-45, et nombreux étaient les Africains parmi les hommes que le général Nivelle a envoyés au massacre en 1917.
Cyd (18-09-2006 10:46:16)
Pour expliquer notre goût pour la repentance et la honte systématique des actes de nos ancêtres dans la génération d’après guerre, certain argumente l’explique par la honte de la 2nd guerre mondiale, du pacifisme munichois, la collaboration et finalement la porte ouverte à la Shoah. Tout cela saupoudré de « Révolution Culturelle », phénomène mondiale pendant les années 60, professant la rupture avec les valeurs anciennes et la critique exacerbée du passé.
Au delà de la polémique, les africains du nord et sub-saharien ne font qu’être banalement humain en rejetant leur responsabilité dans leur échec de développement sur les autres. Alors que l’Asie, ayant pourtant subi le joug sclérosant du communisme s’en tire très bien, les africains, à l’image de l’Amérique du sud du XIXème siècle, ne sort d’une guérilla que pour retomber dans un génocide ethnique ou religieux.
Le nazisme et le communisme aussi sont 2 théories désignant des boucs émissaires pour expliquer l’échec et les peuples qui y ont prêté foi en ont été bien punis.
Et je ne suis pas sur qu’abonder dans leur sens par culpabilité mal placé ou par peur de représailles soit rendre service aux africains et moyen-orientaux
Il serait temps que les africains et moyen-orientaux se prennent un peu en main, plutôt que de démontrer par exemple, qu’ils sont des adeptes de la non-violence en défilant avec des kalachnikov et en incendiant des églises.
Pour ce qui est de l’intégration, que tout immigré africain, puisque nous n’avons pas de plaintes pleurnichardes des asiatiques, se demande s’il faut mieux être musulman en France ou chrétien au Moyen-Orient, ou en Algérie…, est ce qu’il faut mieux être un pauvre banlieusard en France ou un riche artisan victime de crime ethnique raciste au Rwanda, Cote d’Ivoirien, Soudan, Mali, Afrique du Sud, Congo etc…..
david (18-09-2006 09:52:08)
il faudrait peut-être rappeler à notre ami Bouteflika que historiquement les arabes sont également des colons en Afrique du nord et je ne crois pas que les populations locales aient été particulièrement bien traitées (il suffit de voir la condition faite encore de nos jours aux kabyles)
BARNAY de MONTGERALDE (18-09-2006 02:42:14)
Comme dit Benoît on marche sur la tête.
Comment peut on comparer le phénomène immigration à la problématique colonisation.
Les Français ne sont allés ni chez les Italiens, ni chez les Polonais et encore moins chez les Savoyards ou les Bretons.
Par contre ils sont allés chez les Africains toutes régions confondues.
Quoi de plus normal qu'ils viennent chez les Français
P.Fontalbe (18-09-2006 01:44:59)
La France semble avoir la repentance sélective, faisant son mea culpa pour avoir libéré, civilisé et finalement construit l'Algérie, et oubliant ses véritables horreurs comme le génocide vendéen, pour lequel personne ne songe à demander pardon... pour ce qui est de l'Algérie, j'en arrive parfois à me dire que finalement, nous aurions peut-etre mieux fait de la laisser dans l'état où elle était en 1830. Aujourd'hui elle n'existerait même plus, et on n'aurait pas tous ces ennuis.
Pangi (17-09-2006 22:12:27)
Renonçons à tenter de comprendre pourquoi certains intellectuels français règlent éternellement de vieux comptes au dépens des jeunes issus de la colonisation en les matraquant avec l'image de leurs aïeux qui auraient été dominés sans contre-partie. Tels des apprenti-sorciers, ils font le lit d'une guerre ethnique dont les premières escarmouches viennent de se produire. Tous les autres pays ont une Histoire plus équilibrée. Seuls les Français se laissent encore manipuler ... avec les Belges.
Loridon Gérard (17-09-2006 19:09:48)
Tout à fait d'accord avec mr Sauge Merle, il est temps de rappeler notre colonisation par les Romains. Il subsiste de cette guerre de conquête que les jeunes Français se voient encore imposer la langue de ces envahisseurs : le latin !!!
M. Makaya peut se permettre de juger, surtout que lui n'hésite pas à dire, "je n'étais pas bien en France je suis mieux au Canada." Je trouve ce langage estimable contrairement à ceux qui arrivant chez nous se plaignent de tout ce qu'il n'ont pas trouvé. Par contre, sur la colonisation ne soyons pas manichéens. Il est exact que certains groupes financiers se sont servis. Mais ce sont les mêmes qui, avant de faire "transpirer le burnous", faisaient transpirer les gamins de 10 ans au fond des mines.
Et maintenant qu'il n'y a plus de ces sales colons, ce sont toujours eux qui se remplissent les poches... avec une différence, je crois que maintenat ça leur rapporte plus
Enfin, c'est monsieur Coussien qui à raison en spécifiant qu'il n'est pas possible de juger avec notre mode de vie actuel.
Lucien Mandeville (17-09-2006 18:42:38)
Première réaction à votre présentation de l'ouvrage de Daniel Lefeuvre, ce que vous résumez en disant que la guerre de conquête de l'Algérie a été "ni plus ni moins cruelle que les guerres européennes".
Il y a de cela deux ans, des historiens italiens sont revenus sur les opérations militaires françaises de la période révolutionnaire dans l'Italie du Nord et ils les ont caractérisées comme des 'crimes contre l'humanité'. Pour l'Empire, il n'est que de lire la partie des mémoires de Marbot sur les opérations militaires en Espagne ou dans (par exemple) le 'Bugeaud' de Lucas Dubreton les pages consacrées à l'Espagne.
Un célèbre militaire américain, le Général SHERMAN disait après Atlanta, "War is Hell".
Servera Michèle (17-09-2006 18:24:10)
Je suis entièrement d'accord, mot pour mot, avec la réponse d'Yves Sauge-Merle. J'avais d'ailleurs l'intention d'aller devant la cour de justice européenne pour demander à l'Italie de reprendre tout ce que les Romains nous ont imposé à nous pauvres Gaulois et Gauloises !
Il y a quelques années, j'ai pu consulter les premiers numéros (vers 1890 je crois) de l'Auvergnat de Paris, journal des immigrés auvergnats dans la capitale. Ce journal a été créé d'ailleurs pour venir en aide à ces provinciaux sales, illetrés et puants qui faisaient la honte des quartiers parisiens. Je croyais lire un journal quotidien de nos jours parlant en langage beaucoup moins hypocrite que le nôtre de nos immigrés actuels.
Je pense d'ailleurs qu'aucun journaliste actuel n'oserait employer le vocabulaire dont usaient les journalistes d'il y a un siècle.
SAUGE- MERLE yves (17-09-2006 17:53:16)
Dommage que je ne sache pas très bien écrire mais j'abonde parfaitement dans votre sens et je me demande si nous ne devrions pas demander aux Romains réparation pour nous avoir colonisés ?
Isidore Guy Makaya (17-09-2006 17:37:11)
Bonjour, je suis Français, originaire d'Afrique et j'ai immigré au Canada il y a tout juste 1 an. Je me sens mieux "intégré" ici au Canada qu'en France.
Ma réaction sur le bilan du colonialisme est qu'on saisit le colonialisme dans le temps, les bénéfices économiques sont évalués à l'époque, et néglige une bonne part de ce que rapporte la position française en Afrique depuis la décolonisation. Le privilège d'avoir des monopoles sur les ressources naturelles des pays colonisés, cela n'entraîne t-il pas des rétombées éconmiques substantielles qui dépassent de loin les investissements faits pendant la colonisation ?
D'autre part, je trouve que c'est une manière un peu malhonnête de compartimenter l'histoire, en présentant un "colonialisme d'État" et un "colonialisme des hommes d'affaires". L'État n'a t-il pas présenté des conditions favorables au colonialisme ? S'il y a eu des pillages des richesses par des individus, l'État ne peut pas se dédouaner en disant qu'il n'a pas donné d'ordre à ce propos. Souvent les gens qui étaient envoyés en colonie servaient la France, au minima,ils profitaient de leur situation pour se remplir les poches ou commettre des exactions. Bien sûr, leurs richesses,les bénéfices qu'ils engrangeaient ne rentraient pas dans les caisses de l'État, mais le réinvesstissement de ces bénéfices dans les circuits de l'économie française contribuait en dernière analyse à amélorer les conditions de vie des Français dans l'ensemble. Et c'est sur ce point qu'on peut dire que le colonialisme a profité à la France.
Benoît (17-09-2006 17:25:42)
Cet article est navrant... Je trouve le titre même du bouquin encensé scandaleux ! Comment ? La France ne doit pas se repentir de ses guerres coloniales ? Pourquoi ? Parce qu’elles lui auraient coûté plus que rapporté ? Mais c'est absurde ! De quelle richesse parle t’on ici : « un transfert de richesses au profit des colonies» ? !
Dans cet autre paragraphe il semble que la France a été contrainte malgré elle à prendre possesion de l’Algérie : « Daniel Lefeuvre rappelle la triviale réalité : après la prise d'Alger en 1830, les Français se cantonnent sur le littoral et concluent des traités avec les chefs de l'intérieur. Mais la guerre sainte lancée par Abd el-Kader en 1839 les entraîne dans une longue et difficile conquête. » On marche sur la tête !
Je suis déçu de ces propos….
Henri FABRE (17-09-2006 11:58:11)
Enfin ! Merci de prendre la parole pour remettre les choses à leur place ! 18 mois de guerre d'Indochine (à Hanoï la seule succursale de l'institut Pasteur) et 7 ans en Côte d'Ivoire (à construire lycées et écoles avant l'Indépendance) ! Les enfants étaient scolarisés, les dispensaires étaient nombreux, dans les exploitations forestières on replantait les arbres, l'un d'entre eux Houphouët BOIGNY était notre ministre de la santé... et aujourd'hui, devenus indépendants se battent en se traitant entre eux de "sales nègres" ... en français, la langue que l'on a appris à leurs enfants (47 dialectes différents en basse côte !)
Merci, oui vraiment un grand merci que je traduis comme un soufflet magistral à tous ces politiciens qui nous représentent et qui cautionnent ces énergumènes incapables de revenir chez eux après avoir appris sur nos bancs !
Henri Simon FABRE
Bruno Coussieu (17-09-2006 11:54:31)
Pour une fois je lis un article qui dés le départ pose le vrais problème de compréhension.
A savoir que nous jugeons des faits anciens avec une mentalité d'aujourd'hui.
On ne parle pas assez des découvertes médicale contre toutes les maladies tropicales.
ni de la mise en valeur des terres par les colons.
Il est quand même vrais que l'on ne fait pas de révolution ou de guerre d'indépendance avec des gens heureux?
Donc quelque part il y a eu un problème.
André de Giuli (17-09-2006 11:36:55)
Aux Belges Polonais et Italiens ont peut encore ajouter. les Savoyards et les Niçois.