Appendice - Cyclones

Les cyclones, indispensables à la vie sur terre

[Complément à notre article : Mortelles canicules]

Des vents de 295 km/h sans discontinuer pendant trente-trois heures. C’est le nouveau record établi par Irma lors de son passage dans les Antilles en septembre 2017. Le précédent titulaire était le typhon Haiyan. En 2013, aux Philippines, il avait généré des vents de 295 km/h pendant… vingt-quatre heures. Irma a donc battu ce record de 8 heures et dévasté une dizaine de territoires. Le bilan humain s’est élevé à une quarantaine de morts, dont quatorze sur l’île française de Saint-Barthélémy et la partie française de Saint-Martin (dont une moitié est sous souveraineté néerlandaise)

Le typhon Haiyan ravage les Philippines en 2013.

À l’automne 2016, le cyclone Matthew dévasta Haïti, Cuba, les Bahamas et le Sud-Est des États-Unis. Ce cyclone de catégorie 5, avec des vents supérieurs à 250 km/h, a causé des dégâts matériels estimés à 5 milliards de dollars et a entrainé la mort de plus de 1000 personnes, tandis que plusieurs centaines de milliers d’autres furent sinistrés. Ce type de catastrophe est loin d’être un cas isolé.

Chaque année de nombreuses zones tropicales ou subtropicales sont traversées par des cyclones générant des vents extrêmement violents, des pluies diluviennes et le rehaussement du niveau de la mer. À l’origine d’importantes inondations côtières, les cyclones sont la catastrophe naturelle la plus meurtrière, juste après les séismes. Au cours de ces cinquante dernières années, le passage des cyclones a ainsi causé la mort de plus d’un demi-million de personnes dans le monde. Mais malgré leur lourd bilan matériel et humain, les cyclones demeurent indispensables à la vie sur terre.

Un cyclone est une vaste zone de dépression charriant des cumulonimbus où l’air se déplace de manière circulaire, comme un tourbillon. Son sens de rotation diffère d’un hémisphère à l’autre. Au sud de l’équateur, le cyclone tourne dans le sens des aiguilles d’une montre, tandis qu’au nord, il tourne dans le sens contraire. Pour qu’une tempête tropicale soit considérée par les météorologues comme un cyclone, la vitesse de ses vents doit être supérieure à 118 km/h. À noter que les cyclones sont appelés « ouragans » ou « hurricanes » dans l’Atlantique nord et « typhons » dans le nord ouest du Pacifique, où ils sont les plus fréquents et les plus violents.

Le cyclone Matthew dévaste Haïti en 2016.

À la différence des dépressions que l’on rencontre sous nos latitudes et qui se forment au contact de deux masses d’air d’origine différente, les cyclones tropicaux ont pour énergie la vapeur d’eau dégagée par une mer chaude. Pour qu’un cyclone se forme, il faut nécessairement que la température de l’eau soit supérieure à 26,5°C sur 50 mètres de profondeur afin de générer une énergie thermique suffisante.

D’autre part, les zones situées à moins de 5 degrés de l’équateur ne peuvent pas engendrer de cyclone, la force de Coriolis n’y étant pas suffisamment intense pour mettre en rotation une masse nuageuse. On retrouve donc uniquement les cyclones sous des latitudes comprises entre 5 et 35 degrés à l’exception de l’Atlantique Sud et du sud-est du Pacifique où les eaux sont trop froides. Les cyclones se forment donc à la fin de l’été, lorsque les eaux sont les plus chaudes, au-dessus des océans et dans la zone de convergence intertropicale.

Le diamètre d’un cyclone varie entre 500 et 1000 kilomètres et son centre, appelé « œil du cyclone » est une zone calme et sans nuage. Il se déplace à une vitesse allant de 15 à 30 km/h et son mouvement est semblable à celui d’une toupie qui tourne rapidement sur elle-même en avançant lentement. Le cyclone fonctionne comme une gigantesque machine transformant l’énergie thermique (la chaleur) en énergie cinétique (le vent), alimentée par une source chaude, l’eau des océans, et une source froide, la haute atmosphère.

L' ?il du cyclone Irma, septembre 2017.

Sa puissance considérable (estimée à celle de 2500 réacteurs nucléaires !) lui assure une certaine autonomie par rapport au mouvement d’ensemble de l’atmosphère, lui permettant de changer brutalement de direction et même de faire demi-tour. Son carburant étant le flux d’évaporation à la surface des océans qui lui fournit l’humidité nécessaire à la fabrication des cumulonimbus, le cyclone s’affaiblit lorsqu’il pénètre dans les terres.

Les cyclones tropicaux ont une grande utilité sur notre climat. A l’instar des courants marins, ils permettent de réguler le déséquilibre thermique résultant du différentiel d'énergie solaire reçu entre les zones équatoriales et les zones polaires et à l’origine des climats. Ils rafraichissent ainsi les zones tropicales surchauffées et transportent la chaleur et l’humidité vers les latitudes plus élevées.

En contribuant à l’évacuation en altitude, via la condensation nuageuse, d’une partie de l’excédent de chaleur accumulée dans les zones tropicales, les cyclones jouent également un rôle régulateur dans la circulation atmosphérique. De plus, ils exercent une action sur les océans en faisant remonter les eaux froides depuis les couches les plus profondes et avec elles une quantité importante de nutriments qui favorisent la prolifération des poissons.

Les pluies diluviennes engendrées par les cyclones sont indispensables à certaines zones tropicales (en particulier les îles de l’océan Indien) qui sont tributaires des précipitations. Enfin, les cyclones débarrassent l’air des impuretés et les zones impactées des parasites. En 1919, l’épidémie de grippe espagnole qui touchait l’île de la Réunion, prit ainsi fin juste après le passage d’un cyclone.

Julien Colliat
Publié ou mis à jour le : 2019-05-24 07:15:57
OLLIER (21-09-2017 16:08:16)

Merci pour cet article informatif! il est, en effet , important de rappeler les aspects "bénéfiques" de certaines catastrophes naturelles! Difficile à entendre lorsque tant de gens sont dans la souffrance....

Benoit de BIEN (21-09-2017 13:41:36)

Oui très intéressant cette explication des cyclones qui permet de comprendre ce processus naturel et de voir qu'il y a quand même et, aussi, un aspect positif. Merci Monsieur Colliat.

Kozminski (19-09-2017 20:32:33)

Merci pour cet article. au moins l'effet dévastateur est 'compensé' par un certain bienfait.

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