Napoléon et de Gaulle

Deux héros français

À travers ce portrait croisé de deux hommes d'État majeurs, l'historien Patrice Gueniffey s'interroge sur la place des personnalités dans l'Histoire et plus particulièrement dans l'Histoire de France...

<em>Napoléon et de Gaulle</em>

On pouvait tout craindre d’un pareil rapprochement entre deux hommes si dissemblables. Généralement, ceux qui admirent l’un méprisent l’autre et réciproquement. Quant à ceux qui tentent le rapprochement en traitant de Gaulle de bonapartiste et en comparant son retour de 1958 au coup d’État du 18 Brumaire, c’est généralement pour dire du mal de l’un et de l’autre en les assimilant à des fossoyeurs de la république.

Patrice Gueniffey ne tombe dans aucun de ces travers. Ce qui rapproche ces deux hommes est dans son sous-titre : deux héros français. Car si l’on peut discuter des points de comparaison entre ces deux figures de l’histoire de France, le terme de héros français ne fait aucun doute.

Partant de là, son ouvrage se présente comme une magistrale réflexion sur la place des grands hommes dans notre histoire, la manière d’enseigner l’histoire et la place de la France dans l’histoire du monde.

Dès son premier chapitre dans lequel il analyse les retours successifs des deux hommes, retour d’Égypte, de Russie, de l’Ile d’Elbe pour Napoléon, d’Angleterre, d’Alger, et de Colombey-les-Deux-Églises pour de Gaulle, l’auteur ne peut s’empêcher de lâcher des réflexions qui, en cette période de campagne électorale présidentielle, éveillent chez le lecteur quelques échos familiers.

Ainsi s’en prend-il à Giscard d’Estaing qui, pour « n’avoir jamais renoncé à la chimère d’une présidence ordinaire », n’aurait réussi qu’à blesser l’orgueil des Français, compromettant ainsi sa réélection. Est-ce vraiment de Giscard dont il s’agit ?

Ou encore cette réflexion sur « la dégradation de la fonction politique, dont la médiocrité de ceux qui l’exercent est à la fois le symptôme et la conséquence » et sur « l’indifférence qui entoure les gouvernants, rançon de leur insignifiance ». Quel contraste avec Napoléon et de Gaulle !

Patrice Gueniffey, auteur d’un Bonaparte (Gallimard 2013), se bat contre ce qu’il appelle un « Alzheimer mémoriel » commencé avec Michelet, poursuivi par l’école des Annales et achevé par nos pédagogues contemporains et qui consiste à faire disparaître les grands hommes de l’histoire de France.

«  Cette dépersonnalisation est d’autant plus singulière, souligne l’auteur, que s’il y a une histoire qui fut toujours racontée à la première personne, y compris par ceux qui y répugnaient, c’est bien l’histoire de France. Rien de moins anonyme que l’histoire de France ». « Guérir des individus » disait Michelet, alors que dans l’histoire de France tout y ramène, constate encore Patrice Gueniffey.

On en oublierait presque les deux héros du livre auxquels l’auteur consacre tout de même une partie non négligeable de son ouvrage. Bien souvent, il ne les compare que pour montrer à quel point ils sont différents.

Ce qui les rapproche sans doute, ce sont les circonstances exceptionnelles qui ont permis à l’un comme à l’autre d’émerger et peut-être comme point commun d’avoir laissé l’un et l’autre la France plus petite qu’ils ne l’avaient prise.

Mais cela importe peu au regard de l’auteur qui voit dans l’un et l’autre, avec une préférence marquée pour Napoléon, moins froid, moins insensible que de Gaulle, le romanesque des personnages, la gloire, l’héroïsme, le patriotisme, le culte de la volonté politique et de l’État, la guerre même et l’esprit de sacrifice, toutes notions qui, comme il le souligne en conclusion, rendent bien pâles « les société infimes et nivelées » qui triomphent de nos jours.

David Victoroff
Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14
Momon (18-04-2017 11:18:19)

Pour ceux des Français dont l’Histoire de France est un des piliers primordial qui soutient notre mémoire Nationale, ils font souvent référence aussi à Charlemagne.
De signaler l’importance des deux personnages qui ont marqué notre histoire depuis le XIX ème et XXème siècle ; Napoléon Bonaparte et De Gaulle peut laisser à penser que tout ce qui fut antérieur s’efface de nos mémoires. Il n’en est rien, même si nos plus jeunes enfants ne reçoivent plus de notre histoire, par l’enseignement qu’ils reçoivent que des fragments épars sans méthode chronologique, pourtant fondamentale pour une bonne mémorisation de notre histoire.
Je crois pouvoir affirmer que Napoléon Bonaparte a un temps rêvé des conquêtes d’Alexandre le Grand, lorsque, dans son élan révolutionnaire il s’est élancé en Egypte (1798-99) et que le général De Gaulle a souvent fait référence à la grandeur de la France prenant pour base de sa réflexion Napoléon Bonaparte sans que le général soit bonapartiste, et que je classerait plutôt comme Royaliste.
Si le premier, Napoléon Bonaparte après ses conquêtes de l’Empire a du se soumettre (1814) aux royaumes qu’il avait combattu et que la France au traité de Vienne (1815) a retrouvait ses frontières d’avant 1789, le général De Gaulle a été confronté à une tout autre situation dont les bases avaient été fixées par les vainqueurs de la deuxième guerre mondiale, « la décolonisation » que dirigeants américains et Anglais jalousaient et craignaient que la France devienne trop puissance à leurs yeux.
Si on peut reprocher au général De Gaulle de ne pas avoir su correctement régler les problèmes de l’Algérie que le précédent gouvernement n’arrivait pas à solutionner, il ne faut pas oublier les comportements de trahison d’une partie des armées, qui après la déroute en Indochine se cramponnaient à l’Algérie sans vouloir reconnaître que cette dernière était depuis 1954 sous l’influence idéologique soviétique et dans l’ombre d’autres pays dont certains étaient nos alliés.
Pouvait-on croire, comme l’a souhaité un temps le général De Gaulle conserver les zones du Sahara pour ses ressources pétrolières et gazières ?
Pouvait-on croire que les algériens auraient consentis à une sorte de cohabitation temporaire alors que leurs dirigeants étaient imbus de l’idéologie communiste ?
Au mieux, le général De Gaulle aurait du prendre plus de garantie sur le sort des français vivants en Algérie et des algériens (Harkis) qui n’avaient pas tournés leurs vestes.
Les massacres qui ont suivis le jour de l’indépendance de l’Algérie à Alger et Oran ne sont pas à compter au débit du général, mais bien aux responsables des armées encore en Algérie, qui n’ont pas eu le courage comme ils l’avaient fait en avril 1962 contre les résidents français d’Algérie et le contingent de tourner les armes contre les nouveaux conquérants.

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