Un fauteuil sur la Seine

Quatre siècles d’histoire de France

Auteur des Croisades vues par les Arabes (1983), de Léon l’Africain (1986) et de Samarcande (1988), prix Goncourt en 1993 avec Le Rocher de Tanios, Amin Maalouf nous invite avec Un fauteuil sur la Seine à revisiter l’histoire de l’Académie française.

Un parcours qui se fera à partir d’un point de vue bien singulier : celui du 29e fauteuil qu’il occupe depuis 2011. Son livre retrace de main de maître le destin des 18 « immortels » qui l’ont précédé, redonnant vie aux personnages et aux époques ainsi traversées.

<em>Un fauteuil sur la Seine</em>

De 1634 jusqu’à 2016, soit près de quatre siècles, le 29e fauteuil de l’Académie française n’a accueilli que 19 « immortels ». Élu en 2011, Amin Maalouf nous replonge dans l’histoire de la vénérable institution du quai Conti à travers les vies, parfois tumultueuses, des 18 « immortels » qui l’ont précédé et les péripéties qui ont accompagné chaque scrutin.

Par la même occasion, il retrace de façon saisissante la texture si particulière et à jamais perdue de chaque époque. Toujours passionnant, clair, soucieux de garder l’attention de son lecteur, il nous rappelle aussi que la vénérable institution doit son existence avant tout à l’amour des lettres et à l’amitié.

Les fondateurs de la future Compagnie étaient en effet de simples amis, une petite dizaine parmi lesquels Valentin Conrart, fils d’une riche famille calviniste et grammairien hors pair. 

En 1629, il crée à Paris un cercle littéraire mais dans un temps où il est difficile de communiquer, sauf à se déplacer soi-même ou envoyer des coursiers, ce cénacle décide de choisir un lieu et de s’y réunir régulièrement à date et heure fixes, en toute discrétion cependant. Toute réunion non autorisée par le pouvoir royal est en effet proscrite.

Quand le Cardinal s'en mêle...

La qualité des débats attira toutefois l’attention de l’abbé de Boisrobert, un familier du cardinal de Richelieu… lequel s’empressa de demander aux participants s’ils « ne voudraient point faire un corps et s’assembler régulièrement sous une autorité publique ». C’en était fini du caractère privé de la Compagnie, l’Académie française venait de naître.

Le premier élu du 29e fauteuil fut l’écrivain Pierre Bardin. Amin Maalouf en dresse un portrait amical bien que ses ouvrages n’aient guère marqué les mémoires. Très vite, l’institution verse dans la polémique.

Le troisième élu, François-Henri Salomon de Virelade, un volubile avocat de vingt-trois ans, n’a-t-il pas été préféré à Corneille, au motif que ce dernier n’était pas domicilié à Paris ? Un choix qui doit tout, en réalité, à la terrible jalousie du cardinal de Richelieu. Outré de constater que ses vers étaient moins appréciés que ceux de l’auteur du Cid, il aurait pesé de tout son poids dans cette élection.

Parmi les élus qui se succèdent au fil du XVIIIe siècle, Amin Maalouf fait une place à part à Voltaire en rappelant utilement ce que lui doit la société du spectacle actuelle. À la fin de sa vie, sa célébrité est telle qu’il est littéralement acclamé par la foule lors de son retour à Paris, le 30 mars 1778, après vingt-huit ans d’absence dus essentiellement à la crainte d’une incarcération.

Amin Maalouf rappelle justement que « cette manière de traiter un personnage célèbre comme une idole vivante était inconnue jusque là. (…) On pourrait presque dire que l’accueil fait à Voltaire lors de son dernier séjour à Paris fut l’acte de naissance d’un comportement social appelé à un grand avenir. »

La Révolution abolit l'Académie française

Quelques années plus tard, la Révolution aurait pu mettre un terme définitif à la succession des occupants du 29e fauteuil. Un décret de la Convention, daté d’août 1793, dissout en effet l’Académie française. Jean-Pierre Claris de Florian, grand défenseur de la langue occitane dont le renom parviendra jusqu’à Frédéric Mistral, l’auteur de Mireille, aurait donc pu être le huitième et dernier occupant du 29e fauteuil. Mais non.

Vanessa Moley
Publié ou mis à jour le : 2019-04-30 15:52:50
PdlB (16-10-2016 14:53:53)

Ce livre se lit avec un grand plaisir. Son auteur parvient avec beaucoup de subtilité à nous rendre l'ambiance du temps propre à chaque prédécesseur, à mettre en avant leurs spécificités. La richesse de la langue alliée à un scénario clair rend la lecture facile. On lit un livre d'histoire sans s'en rendre compte. A conseiller à des lecteurs qui ont peur des livres d'histoire !

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