23 juin 2016

Brexit et la victoire amère de la démocratie

En votant le Brexit contre l'avis des « gens éduqués » (note), les Anglais ont donné le 23 juin 2016 un coup d'arrêt au projet issu du traité de Maastricht d'une Europe supranationale et post-démocratique, autour de la zone euro.
Dernière heure : les Anglais ont spectaculairement confirmé leur choix le 12 décembre 2019 en offrant une large majorité au Premier ministre Boris Johnson, maître d'oeuvre du Brexit. Voici ci-après ce que nous écrivions à l'issue du référendum du 23 juin 2016. Nous n'avons pas à en rougir...

Décidément,  les Anglais ne font rien comme tout le monde : dès l'annonce des résultats du référendum du 23 juin sur le Brexit, le Premier ministre David Cameron a pris acte de son échec personnel et annoncé sa démission en se gardant de critiquer le choix majoritaire de ses concitoyens. C'est la preuve que la démocratie et l'État de droit se portent encore bien sur l'île où ils ont vu le jour il y a quelques siècles. 

On ne peut en dire autant du Continent. En France, il faut remonter à la démission du président de Gaulle au soir du référendum de 1969 pour observer semblable panache.

Confrontés à des échecs répétés et/ou à une impopularité abyssale, nos gouvernants se défendent en se posant en rempart contre le « populisme », ce terme désignant depuis une décennie tout mouvement d'opposition ou tout leader qui a le front de recueillir un soutien massif des citoyens. Dans les cercles dirigeants et les médias afférents, chacun y va de son couplet sur la méconnaissance des grands enjeux par les citoyens de base, trop jeunes, trop vieux, trop ignares, trop provinciaux, trop franchouillards ou trop pauvres. On en viendrait à regretter le bon vieux temps du suffrage censitaire, quand, à l'époque de Louis-Philippe, le droit de vote était réservé aux notables.

Depuis le début du millénaire, le fossé ne cesse de s'agrandir entre les citoyens européens et leurs gouvernants. Nous en voyons la raison dans le retournement brutal du projet européen, ainsi que nous l'avons exposé dans notre précédente analyse.

De l'Europe des petits pas au grand saut dans l'inconnu

Tournant le dos à l'Europe des petits pas de Jean Monnet (Politique agricole commune, Airbus, Arianespace, Erasmus, espace Schengen...), les Français Jacques Delors et François Mitterrand ont choisi il y a un quart de siècle, en 1992, le grand saut dans l'inconnu (supranationalité et monnaie unique) au nom de préjugés idéologiques très contestables : la « concurrence libre et non faussée » devait être un facteur d'équilibre et de prospérité ; la « monnaie unique » devait rapprocher les économies nationales et déboucher sur une fédération.

Confrontés à l'échec dramatique de leurs prévisions, les dirigeants européens n'ont eu de cesse depuis lors de tenter de faire plier la réalité à leurs désirs. Voilà vingt-cinq ans que le projet européen se résume à essayer de sauver envers et contre tout la monnaie unique. C'est au prix de la ruine des États les plus fragiles et de l'émigration de la jeunesse éduquée de Grèce, d'Espagne, du Portugal, de France... Que périssent les peuples pourvu que survive l'euro !

Nous avons détaillé il y a plusieurs années déjà les ressorts de ce désastre : la monnaie unique met dans le même sac des sociétés qui ont des comportements opposés, les unes - l'Allemagne - étant exportatrices et économes par nature, les autres - arc méditerranéen - importatrices et dépensières ; il s'ensuit des déséquilibres commerciaux croissants qu'aucun ajustement monétaire ne vient plus corriger (voir : Comment la monnaie unique tue l'Europe). La monnaie unique ne protège pas pour autant nos économies contre les fluctuations monétaires : l'euro fluctue davantage par rapport au dollar américain et au renmibi chinois que ne fluctuaient le mark et le franc il y a vingt ans...

Il y aurait bien une issue élégante et audacieuse à la crise avec le remplacement de la monnaie unique par des monnaies strictement nationales et une monnaie commune dédiée aux échanges extra-européens, ainsi que nous l'avons exposé dans notre précédent essai. Mais elle reviendrait à reconnaître l'erreur initiale, ce à quoi ne se résignent pas nos dirigeants, qui craignent d'être sanctionnés par leurs concitoyens. D'où leur obstination à écarter tout débat démocratique.

Démocratie en péril

Plus que quiconque attachés à la démocratie, les Anglais ont choisi le grand large en raison du caractère de plus en plus cassant et antidémocratique des instances européennes, que l'on a vues à l'oeuvre dans la crise des migrants et la crise grecque. 

La rupture du lien entre les citoyens européens et leurs gouvernants s'observe depuis les référendums de 2005 sur le traité constitutionnel, quand, au terme d'un débat public très intense, Français et Néerlandais ont rejeté le traité car ils y voyaient un bric-à-brac qui éloignait les élus des électeurs et les plaçait sous la coupe des groupes de pression. C'est ce qu'a démontré avec prémonition la juriste Anne-Marie Le Pourhiet (Qui veut de la post-démocratie ?, Le Monde, 12 mars 2005).

Les électeurs de 2005 ont rejeté également le présupposé idéologique selon lequel les États européens sont trop petits et doivent disparaître au sein d'une fédération pour espérer peser sur les affaires du monde :
• C'est ignorer que la taille ne fait rien à l'affaire : au XIXe siècle, l'Angleterre, avec dix à trente millions d'habitants, a dominé le monde comme aucun empire avant ou après elle !
• C'est faire à tort de la puissance un objectif en soi : Singapour, la Suisse et l'Islande ne prétendent pas dominer le monde mais n'en affichent pas moins une prospérité enviable.
• C'est enfin croire que les États européens seront plus forts en gommant leur diversité : cette diversité est précisément ce qui a permis aux Européens de bâtir en un millénaire une civilisation plus féconde qu'aucune autre. Le respect de cette diversité est compatible avec l'union ainsi qu'il est dit dans la belle devise de l'Union européenne : « Unie dans la diversité ».

De fait, les dirigeants européens ayant contourné le vote démocratique et imposé le traité constitutionnel sous le nom de traité de Lisbonne, on en a vu les résultats : une Europe plus faible, plus divisée et plus absente que jamais de la scène géopolitique (Moyen-Orient, Israël-Palestine, Afrique, Ukraine...). 

Gagnants et perdants

Que pouvons-nous attendre maintenant du Brexit ? Les Britanniques disposent d'un délai de deux ans pour négocier leur sortie à partir du moment où ils auront invoqué l'article 50 du traité de Lisbonne qui en fixe les modalités. Autant dire qu'ils ne vont pas se presser et laisser traîner les choses. David Cameron a d'ores et déjà annoncé qu'il ne démissionnerait pas avant octobre 2016 et l'on peut penser que son successeur prendra également son temps et ne présentera pas sa demande avant décembre ou même janvier 2017.

Il y va bien sûr de leur intérêt car pendant ce temps et pendant toute la durée des négociations ultérieures (jusqu'en 2019 !), les Européens devront gérer le Brexit toutes affaires cessantes. Ils seront prêts à toutes les concessions pour en finir au plus vite et s'occuper des autres foyers d'incendie : crise grecque et crise de l'euro, crise des migrants, montée de l'euroscepticisme, appel des Néerlandais, des Suédois et même des Français à sortir à leur tour de l'Union.

Maîtres du temps, les Britanniques manifestent par ailleurs une habileté manoeuvrière attestée par quelques siècles d'Histoire. Faisons-leur confiance pour préserver leurs intérêts économiques, commerciaux et financiers tout en recouvrant leur souveraineté nationale. Ils n'ont rien à craindre du côté commercial et douanier : on imagine mal que Bruxelles, prêt à toutes les concessions avec Pékin et Washington, impose par contre de nouveaux droits de douane à Londres. L'enjeu le plus périlleux concerne les banques de la City qui risquent de perdre leur accès automatique à l'ensemble des marchés européens.

Pour les raisons exposées ci-dessus, nous croyons que le Brexit aura à moyen terme des conséquences plus dommageables pour l'Union européenne que pour le Royaume-Uni lui-même :

- Grexit :

Dès le mois de juillet, Bruxelles et Francfort vont une nouvelle fois se pencher sur le cas de la Grèce. Le jeune, beau, fougueux et charismatique Tsipras s'est couché l'an dernier devant les Allemands dans la crainte de voir son pays expulsé de l'Union. Pour quel résultat ? La Grèce est plus pauvre que jamais et qui plus est engluée dans le drame des migrants. Après le précédent britannique, sa sortie de l'Union européenne n'est plus un tabou.

- Isolement international :

En situation de divorce conflictuel avec le Royaume-Uni, cinquième puissance mondiale et principale puissance militaire et diplomatique du continent, l'Union européenne ne va plus être en état de discuter avec qui que ce soit sur la scène internationale pendant les deux ou trois années à venir. Traité de libre-échange avec les États-Unis, conflit ukrainien, échanges avec la Chine sont autant de domaines dans lesquels elle devra faire profil bas. Au Kremlin, il en est qui doivent avoir un sourire en coin.

- Rupture franco-allemande :

L'axe franco-allemand avait une signification réelle en 1963, quand la France était prospère et présidée par le général de Gaulle et l'Allemagne réduite à sa moitié occidentale et gouvernée par le sage Adenauer. Rien de tel aujourd'hui. Au président français pourrait s'appliquer le mot cruel de De Gaulle concernant le dernier président de la IIIe République : « Comme chef d'État, deux choses lui avaient manqué : qu'il fut un chef, qu'il y eut un État ». C'est bien, semble-t-il, l'avis de la chancelière allemande qui, déjà, prend ses distances avec François Hollande et évite de le rencontrer en tête-à-tête.

- Écosse :

La sécession de l'Écosse punira-t-elle les Anglais de leur insolence ? Rien n'est moins sûr aujourd'hui. Avec des redevances pétrolières en très forte baisse et surtout la perspective d'une crise majeure de l'Union européenne, les Écossais vont y réfléchir à deux fois avant de rompre leurs amarres avec l'Angleterre et de remonter sur le Titanic.

Qu'on nous pardonne ces insolences. L'Histoire, heureusement, n'est jamais écrite à l'avance et nous réserve toujours des surprises. Il n'empêche qu'aujourd'hui, nous voyons se poursuivre le processus de décomposition amorcé en 2015. Puissent nos dirigeants actuels et futurs en prendre toute la mesure afin d'y mettre un coup d'arrêt.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2021-08-07 21:33:28
Romain (01-03-2020 19:44:16)

Bien. Tous les commentaires negatifs me font rire car moi, ne Francais mais ayant travaille en 1973 en Angleterre (ecole hoteliere de Strasbourg!!), j'avais ete recu par des Anglais qui etaient content. Naturalise "British" en 1982, j'ai vote contre l'Europe car en 2004= 28 pays !!!!!! HEUUUUU!!!

jarrige (02-02-2020 12:32:30)

L' Histoire est faite. Les Anglais ont non seulement confirmé mais amplifié leur vote de juin 2019 aux Législatives de décembre 2019. C'est une victoire du peuple, malgré tous les efforts déployés, et il y en a eu, pour le faire "bien voter".
Cette victoire, incontestable, (ça c'est un acquis historique), aura-t-elle de mauvaises suites ? Effectivement la question se pose. Pour ma part je fais le pari que le peuple anglais redressera son pays.

Michel (19-12-2019 17:25:00)

Pour l'Histoire il faudra attendre encore un peu, non ?

Michel (19-12-2019 17:23:37)

Il me semble qu'au Royaume-Uni le Parlement joue un très grand rôle et que le 1° Sinistre en 2016 a l'air d'avoir voulu d'abord régler quelques comptes avec lui...
Regardons la carte des dernières élections : Ce ne seraient pas les classes populaires par peur fantasmée des migrants qui auraient porté bojo au pinacle ?
Et puis les US ne sont-ils pas très proches de lui ?
Certes l'élargissement de la CEE s'est fait de manière totalement irresponsable car dicté uniquement par des considérations économique à court terme qui sont en train de se retourner contre les membres restants!

BONHOURE (17-12-2019 15:14:30)

C'est là un "cours d'anti Europe" et rien d'autre.
Bien sûr, l'Europe unie a été bâclée et nous en supportons les conséquences maintenant.
Il n'est pas trop tard pour corriger le tir. Mais y aura-t-il quelqu'un capable de le faire? Pas dans le "panei" des politiques actuels, je pense.

Philippe Marquette (16-12-2019 10:07:34)

La sortie du Royaume-Uni de l'Europe est sans doute un signe de l'échec de l'Europe qui se fait en dépit du bon sens.
Ce n'est qu'un avis, je souhaite, après avoir voté contre l'Europe en 2005, que cela se réalise. Le commentaire d'Alain Minc, bardé de diplôme mais absolument nuisible dans toutes ses activités professionnelles reflète bien la dérive technocratique de ce machin.
Le chœur des médias est aussi quelque chose d'inquiétant pour la démocratie.
L'histoire n'est pas encore écrite, on voit cependant avec l'affaire grecque la panique qui se saisit des eurolâtres quand il s'agit de la sortie volontaire ou involontaire d'un membre de l'UE.

Gadbin (15-12-2019 17:09:19)

BOF!!!! Ce n'est pas de l'histoire

Rémy Volpi (15-12-2019 16:33:54)

Joseph Savès pratique ce qu'en anglais on nomme "self-fulfilling prophecy", ou prophétie auto-réalisatrice, qui peut se résumer ainsi :a) la construction européenne, qui, dès la déclaration Schuman était prévue pour être une fédération, n'est pas une bonne chose; b) sabotons son élaboration (non à la CED en 1954, non au référendum constitutionnel en 2005 ;c) nous obtenons alors une Europe de Frankenstein, monstre qui échappe à ses créateurs et qui, chauve-souris désarticulée, finit par s'autodétruire. d) nous avons donc vu juste.
En réalité une Europe unie selon le mode fédéral, le seul qui a fait ses preuves dans l'efficacité du "un dans le multiple," s'impose si ce petit cap de l'Asie entend rester digne et autonome dans un monde composé désormais d'Etats- continents aux dents longues et aux pratiques machiavéliennes. Certes, de petits pays - Andorre, San Marino, le Lichtenstein, Monaco, l'Islande, la Suisse - vivent paisiblement sans subir d'agressions. Il reste que, lorsque l'on représente un enjeu substantiel et que l'environnement international se fait menaçant, il est infiniment préférable d'avoir les épaules larges (rappelez-vous des tribulations de la Pologne en 1939).
C'est - peut-on déjà dire c'était? - le propos de la construction européenne fédérale, c'est-à-dire une entité pourvue d'un gouvernement supranational souverain, démocratiquement élu et contrôlé, en charge des affaires d'envergure continentale, à commencer par la politique extérieure et la défense. De plus, après avoir été le "continent des ténèbres" durant la première partie du XXè siècle, l'Europe, pointe avancée de l'aventure humaine, se doit d'être vis-à-vis du reste du monde, un espace modèle de paix, de prospérité et d'éthique. Au lieu de cela, comme le démontrent l'ineptie du Brexit et la montée du national-populisme, on affectionne un retour au statu quo ante des Etats-nations souverains, avec son corolaire, celui des relations internationales anarchiques et le risque mortel d'une apocalyptique montée aux extrêmes. Quant aux prétendus méfaits de l'euro, rappelons quand même que 19 dévaluations du Franc au cours des Trente Glorieuses n'ont pas miraculeusement empêché la désindustrialisation de notre pays, et que les affres financiers de certains membres et en particulier la Grèce sont imputables à l'impéritie de leurs dirigeants et aux pratiques interlopes généralisées (fraude fiscale, détournement de fonds, etc...).

Joseph Savès répond :
Il y a différentes façons de bâtir une fédération ou une confédération viable, entre le modèle suisse (plusieurs langues et cultures) et le modèle étasunien. Affaire d'opinion. Mais permettez-moi une remarque sur la monnaie unique et la France : la désindustrialisation de celle-ci n'a débuté qu'au début du XXIe siècle avec la mise en place de la monnaie unique ; comme nous le montrons par ailleurs, les réajustements de taux de change (appelés à tort dévaluations) ont au contraire permis à l'industrie nationale de résister à la concurrence étrangère (et en particulier allemande).

Jef (15-12-2019 14:05:18)

"le Royaume-Uni, cinquième puissance mondiale et principale puissance militaire et diplomatique du continent" : les reste est de la même eau...

Joseph Savès répond : effectivement, avec un PIB de 3600 milliards de dollars, le RU est encore la 5e puissance mondiale (https://foxirama.com/pays-les-plus-riches-du-monde-classement-pib/") et avec un budget militaire de 60 milliards de dollars, elle est très largement en tête de tous les pays européens en matière de défense (https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9penses_de_d%C3%A9fense_des_pays_de_l%27OTAN)

MARION (25-07-2016 17:49:22)

Bonjour,
Je viens de m'abonner et je le regrette après avoir lu cet article, un site centré sur l'histoire n'est pas un site de politique, je recherche des éclairages pas des thèses subjectives colériques, c'est désolant comparé à d'autres éléments informatifs que vous proposez.

Desavoy (19-07-2016 11:53:55)

M. SAVES est fidèle à ses opinions!Nous verrons bien si l'Histoire lui donnera raison. J'en suis moins sure, Hérodote ne devrait pas faire l'histoire avant de l'avoir vécue. Dans ce domaine les plus grand hommes ont été désavoués...

Farrar (29-06-2016 12:22:21)

Avant de vanter les vertus de la démocratie du référendum britannique sachez que des milliers de citoyens britanniques résidant dans des pays de l'Union Européenne autre que le Royaume Uni n'ont pas eu le droit de vote.

Gérard (28-06-2016 13:09:02)

Bonjour! Excellentissime "portait" de la franc-maçonnerie, et je sais de quoi je parle: je suis moi-même un ancien frère du G.O.

Bravo aussi pour ce tableau du Brexit! J'ajouterais moi que, côté britannique-exit, on a "trop chargé la mule" populiste - crainte d'une invasion des migrants - et on a trop oublié les avantages financiers apportés par l'Europe. En fait, les British, toujours tentés par le grand large, ont refusé les décisions ou les indécisions de Bruxelles, le monstre-citadelle de fonctionnaires engendré par l'Europe. Monstre qui bien souvent aussi irrite les Francais, mais de là à tourner le dos à l'Europe, quand même pas !

Yves Petit (28-06-2016 01:49:57)

Bravo aux Britanniques qui ont su braver les arguments de peur. Je n'ai aucun doute que les Britanniques, qui ont conquis la moitié de la planète, sauront très bien s'occuper de leurs propres affaires.

L'union Européenne, comme toutes les ententes de libre-échange partout dans le monde existent surtout pour faciliter la vie aux banquiers, financiers et aux grands manufacturiers. Ceux-ci veulent moins de réglementation, moins de frontière, moins de gouvernements...dans un seul but - augmenter les profits.

Pierre-Jean (27-06-2016 23:28:30)

Cet éditorial m'inspire plusieurs réflexions :

1) Entre le populisme et le suffrage censitaire, il y a le suffrage universel et la démocratie représentative. Le populisme consiste à aller vers le peuple -ce que devraient faire tous les partis et qu'ils ne font pas- mais pas à lui raconter des sornettes car à ce moment-là le populisme vire à la démagogie.

A ce sujet, comme vous le faites remarquer, Mélenchon a changé de discours sur les migrants ; il était prêt à les accueillir par conviction mais quand il a vu que son électorat y était défavorable, il a vite changé d'avis. Finalement, il fonctionne de la même manière que les autres : le chef est à la remorque de ses troupes. Hollande-Mélenchon, c'est le capitaine de pédalo et le retropédaleur.

2) Je ne suis pas sûr que la monnaie unique et "le saut dans l'inconnu" soient la source de tous les maux. Je crois que c'est l'Europe elle-même qui a fabriqué ses eurosceptiques et ses europhobes par la domination de l'économie sur le politique, par un élargissement naïf et sans fin qui l'affaiblit plutôt qu'il ne la renforce, par son fonctionnement bureaucratique et technocratique. Il faudrait aussi rediscuter les limites du pouvoir de l'Europe par rapport aux souverainetés nationales et redonner du poids au principe de subsidiarité.

3) Quant à la Grèce, elle s'est effectivement couchée devant l'Europe, mais elle nous avait bien trompé pendant des années... La mésaventure de Tsipras doit d'ailleurs faire réfléchir sur la capacité des partis de la gauche de la gauche à exercer une autre politique lorsqu'ils arrivent au pouvoir... surtout quand on est membre de l'Union européenne. Podemos et Mélenchon devraient y réfléchir à deux fois... Je crains qu'il y ait peu de chance que si Mélenchon arrive au pouvoir, il soit davantage en mesure de réorienter l'Europe que Hollande.

4) Quant aux Anglais, la démocratie a parlé : il serait un peu contradictoire qu'ils cherchent à jouer la montre puisque l'Europe leur est aussi insupportable. Comme d'habitude ils veulent the butter and the money of the butter... Quant à savoir qui perdra le plus de l'Europe ou de la Grande-Bretagne, il suffit d'écouter les avis contradictoires des experts pour comprendre que personne ne connaît la réponse.

Yvon (27-06-2016 17:43:47)

D'accord avec Philippe: je suis choqué de trouver ici un point de vue aussi violemment subjectif et aussi peu "historicisé"; si Herodote évolue ainsi.....!

Michel Psellos (27-06-2016 11:40:01)

Le résultat du référendum anglais a provoqué depuis quelques jours un déluge de commentaires sur le « Brexit », considéré comme acquis puisque décidé par le peuple anglais. Mais ce qu’a fait le peuple anglais, le même peuple anglais pourrait le défaire par un nouveau référendum, comme l’ont fait avant lui le peuple danois lors de deux référendums successifs en 1992 puis 1993 sur le traité de Maastricht, et le peuple irlandais en 2008 puis 2009 sur le traité de Lisbonne.
-
L’Ecosse va vouloir organiser, même sans l’accord du Parlement de Westminster, son propre référendum de maintien dans l’UE qui se traduirait par sa sortie du Royaume-Uni : cette sécession est inacceptable pour les anglais après les nombreuses guerres anglo-écossaises qui ont fait au moins 1 million de morts, et après que les Stuart aient occupé le trône anglais pendant plus d’un siècle. Lorsqu’il se précisera, ce coup de force devrait provoquer des violences dans la rue en Ecosse ou à Londres.
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Le nouveau Premier ministre anglais pourrait alors convoquer d’ici 12 à 18 mois un 2ème référendum anglais sur la sortie de l’UE, après que les esprits se seront dégrisés et auront constaté les dégâts en Ecosse et dans les négociations avec l’UE sur les modalités de sortie. Son résultat pourrait bien être positif comme ceux des 2èmes referenda au Danemark et en Irlande : le Royaume-Uni ne serait alors jamais sorti de l’UE, puisqu’il y aurait renoncé avant que les négociations aboutissent dans le délai de 2 ans.
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Les amateurs de droit public auront remarqué que la démission de David Cameron avec effet retardé de 3 mois est une procédure parfaitement incongrue, justifiée par un « risque de chaos » qui n’existe pas : un Premier ministre démissionnaire expédie d’habitude les affaires courantes en attendant l’élection de son successeur par le groupe parlementaire dans un délai d’une dizaine de jours, ce qui n’a provoqué aucun chaos lors du remplacement de Margaret Thatcher par John Major, pas plus que le remplacement de Gordon Brown par David Cameron quelques jours après les élections générales n’avait provoqué de chaos.
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Le but de cette procrastination est de laisser aux conservateurs le temps de se ressaisir, pour ne pas élire Boris Johnson à la tête du gouvernement : son élection serait inévitable aujourd’hui, elle ne le sera plus dans 3 mois quand le dégrisement aura commencé à produire ses effets. Un nouveau Premier ministre conservateur peu marqué sur l’affaire européenne pourra convoquer un 2ème référendum lorsque la situation tournera au vinaigre, pour demander aux électeurs si c’est vraiment ce qu’ils veulent.
-
Comme un train, un référendum peut en cacher un autre.

BOURENE (27-06-2016 09:40:24)

Intéressante analyse mais qui me laisse perplexe. Qu'appelle-t-on démocratie ? Le vote de la majorité ? Mais le vote à partir de quoi ? Dans le cas des référendums je me demande si le vote ne va pas vers les "idées" du plus habile dans la présentation ou du mieux "menteur" (parmi ces mensonges, le fait que les fonctionnaires européens ne paieraient pas d'impôts ; je suis un ancien fonctionnaire européen, et mon salaire a toujours été amputé d'environ 20% d'impôts!). On peut toujours me rétorquer que les gens voient bien la situation dans laquelle ils sont; oui, mais quelle est la profondeur de leur analyse de leur situation ? Combien de fois voit on au soir d'élections les gagnants crier de joie et quelques années plus tard avouer qu'ils se sont trompés ... Malheureusement je n'ai pas de solutions, mais arrêtons de faire croire que du moment que le processus est déclaré démocratique il est bon ! A N.D. des Landes un référendum vient d'avoir lieu (inutile puisque la justice avait tranché, mais qui doit l'emporter : l'Etat dit de droit ou le résultat dit démocratique ?) mais déjà les opposants à cet aérodrome indiquent qu'ils ne suivront pas la "volonté du peuple" (alors que je suis presque certain que la majorité d'entre eux s'est réjouie du Brexit ...).
Quant au fait que Cameron se retire après son échec, c'est le moins qu'il pouvait faire, lui qui a lancé ce référendum uniquement pour conforter sa position interne sans faire aucun cas de l'Europe !

Danielle Lapierre (27-06-2016 00:32:26)

Excellent article. Déjà le Président de Goldman Sachs dit qu'il faut contourner le vote des Anglais. Quant à Soros, lui qui a mis à genoux la Banque d'Angleterre, qui a spéculé sur la dette grecque, en vrai " philanthrope qu'il est, prétend donner des leçons à l'UE. Même pas honte!

effel80 (26-06-2016 22:38:48)

Le coup d'arrêt au projet européen est bien antérieur à Maastricht ; c'est l'entrée de la Grande Bretagne dans la CEE. Et maintenant sa sortie a de bonnes chances d'achever ce qu'elle est devenue. Après tout pourquoi imaginer que les Anglais qui ont combattu durant 1000 ans toute possibilité d'unité européenne en auraient brusquement accepté le dernier avatar. Ils l'ont coulé d'abord en le transformant et lui imposant son financiarisme, puis, maintenant qu'il n'y a plus de projet mais seulement des banques qui, elles, continueront à la mode anglaise , en le délitant. Bien joué.

J. de Sens (26-06-2016 22:29:28)

Quelle tromperie des média d'annoncer l'Apocalypse sans l'Angleterre! Comment avons-nous pu survivre jusqu'en 1973! C'est paraît -il leur métier...Son histoire me persuade cependant que la GB saura exploiter à son avantage cette situation : business as usual et indépendance politique! Avec la bénédiction de l'UE .
Cependant, quid de la position de la France seule face à l'Allemagne sans l'arbitre anglais de l'équilibre européen? Vers une hégémonie germanique si longtemps désirée? Iden pour l'influence libérale anglaise face à la tendance étatique continentale?
Bravo pour votre article frappe au coin du réalisme et du bon sens.

J. de Sens (26-06-2016 22:25:37)

Quel tromperie des média d'annoncer l'Apocalypse! C'est paraît -il leur métier...Son histoire me persuade que la GB saura exploiter à son avantage cette situation : business as usual et indépendance politique! Avec la bénédiction de l'UE .
Cependant, quid de la position de la France seule face à l'Allemagne sans l'arbitre anglais de l'équilibre européen? Vers une hégémonie germanique si longtemps désirée? Iden pour l'influence libérale anglaise face à la tendance étatique continentale?
Bravo pour votre article frappe au coin du réalisme et du bon sens.

Philippe (26-06-2016 22:18:00)

Bonjour,
Ces éditoriaux politiques, partiaux et non étayés, me gênent. Je préfère quand Herodote s'occupe de nous faire découvrir l'Histoire de manière documentée, avec un minimum d'honnêteté intellectuelle et présentant des opinions diverses. Pour la politique, je m'adresse ailleurs.
Cordialement.

andré (26-06-2016 21:30:12)

Décapant ! Mais vous n'analysez pas les conséquences d'une chute de la livre...

andré (26-06-2016 20:57:46)

Décapant ! Mais vous n'analysez pas les conséquences d'une chute de la livre...

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