La Grèce joue son va-tout aux élections législatives de ce dimanche 25 janvier 2015. Dépouillé de sa souveraineté et ruiné par la rigueur à la sauce bruxelloise, le pays s'oriente vers une sortie volontaire ou contrainte de l'euro et de l'Union européenne.
L'historien Olivier Delorme, auteur d'une somme remarquable sur La Grèce et les Balkans, revient pour Herodote.net sur la genèse de cette crise.
Lorsqu’en 2008, la crise des subprimes éclata, les États s’endettèrent pour sauver les banques et soutenir l’économie réelle, puis les banques, une fois renflouées, spéculèrent contre la dette des États.
Stabilisée à la baisse autour de 100% du PIB depuis une décennie, celle de la Grèce atteignit ainsi 110,7% en 2008, puis, sous l’effet des attaques spéculatives, 142,8% en 2010. Dans pareille situation, l’intervention de la Banque centrale permet classiquement de casser la spéculation au prix d’une dévaluation et d’un pic temporaire d’inflation. Mais la monnaie unique l'interdit.
Issu des élections d’octobre 2009, le gouvernement socialiste de Georges Papandréou, sans défense face aux spéculateurs, préféra se soumettre aux exigences de Bruxelles plutôt que de prendre le risque de recouvrer sa souveraineté monétaire.
Avec la « stratégie du choc » par ce que les Grecs nomment la « troïka » – BCE, Union européenne (UE), Fonds monétaire international (FMI) ont été réactivés par les médias européens des stéréotypes enracinés dans un imaginaire de très long terme, des croisés à Pierre Loti : le Grec fainéant, fraudeur, voleur...
En transformant un problème politique, économique et monétaire (les malfaçons de l’euro) en question morale, il s'agissait de convaincre l'opinion européenne que les Grecs avaient ce qu'ils méritaient et que les autres peuples n'avaient rien à craindre.
La destruction accélérée de l'État grec
Cette stratégie du choc a conduit, en moins de cinq ans, au démantèlement de fait du droit du travail et du salaire minimum, au licenciement de milliers de fonctionnaires, à la baisse de 30 à 40% des pensions et salaires, à la réduction dans des proportions similaires ou supérieures de toutes les indemnités sociales (chômage, handicap, etc.), au démantèlement du système de santé publique (disparition de plus de 40% des lits, fermeture de dizaines d’hôpitaux, ceux qui subsistent sont hors d’état de fonctionner normalement), à la mise en vente – à prix cassé et à des intérêts étrangers – des infrastructures et services publics, à la liquidation d’un tiers de l’enseignement supérieur et à la privatisation d’un autre tiers…
Innombrables, les conséquences de ces « réformes » ont traumatisé la société : le chômage est supérieur à ce qu’il fut aux États-Unis au pire de la grande dépression (note), avec une baisse récente due à l’accélération de l’émigration des plus qualifiés ; la pauvreté a explosé, un Grec sur trois n’a plus de couverture maladie (note), le taux de vaccination des enfants chute pendant qu’augmentent la mortalité infantile, les troubles psychiques et les suicides.
On ne compte plus les faillites et les fermetures de commerces, le patrimoine archéologique est mis en danger par les suppressions de postes (vols dans les musées, fouilles sauvages…), des écoles ne sont plus chauffées en hiver et nombre de particuliers sont contraints de recourir à des chauffages de fortune au bois, générant incendies et pics de pollution à Athènes…
Dans la région de Skouriès, en Chalcidique, une compagnie canadienne s’est vue attribuer, pour cause d’exploitation aurifère, un permis de saccage écologique au mépris de la résistance des populations réprimée avec une violence extrême. Car l’État de droit est lui aussi victime de la « troïka » : les mesures qu’elle impose sont souvent d’une légalité aussi contestable que les moyens policiers utilisés pour limiter l’exercice du droit constitutionnel de manifestation contre ces mesures…
Depuis cinq ans, la Grèce vit donc un processus d’extinction accélérée de l’État social et de la classe moyenne – les dispensaires solidaires, les soupes populaires, souvent à l’initiative de l’Église, les systèmes locaux de troc ou de circuits courts entre agriculteurs et consommateurs étant loin de compenser les effets d’une paupérisation de masse.
La Grèce a ainsi perdu un million d’emplois, le quart de son PIB et le tiers de sa production industrielle, tandis que les investissements s’effondraient des deux tiers. Le nombre et le taux des taxes et impôts augmentent mais, situation classique en déflation, les recettes fiscales stagnent ou diminuent. Malgré la baisse des salaires et des cotisations sociales, la compétitivité a reculé, et la dette, que cette politique était censée résorber, est passée de 142,8% du PIB en 2010 à… près de 180%.
Mais, imperturbablement, les experts annoncent un retour à la croissance, la « troïka » exige de nouvelles « réformes » et coupures budgétaires qui alimentent la spirale déflationniste, le gouvernement fait mine de résister avant de céder (note) tout en publiant des bulletins de victoire qui laissent dubitative une population dont les conditions de vie ne cessent de se dégrader.
Les finances seraient ainsi en situation d’excédent primaire (hors service de la dette) mais c'est grâce aux bénéfices des caisses de retraite ! Et le déficit commercial a diminué mais c'est en raison de l’appauvrissement général qui a provoqué la chute des importations.
Le Premier ministre conservateur (depuis 2012), Antonis Samaras, s’est même laissé aller à parler d’une success story grecque et l’on se félicita, à l’automne 2014, d’un record des entrées de touristes… en oubliant que ceux-là venaient nombreux de Russie, que les sanctions de l’UE avaient provoqué la chute du rouble et la faillite des plus gros tour-operators de ce pays, incapables de régler leurs factures en euros alors que leurs clients avaient réglé les leurs en roubles avant la dévaluation, de sorte que des milliers de nuitées resteraient donc impayées en Grèce où, en outre, les agriculteurs ne pouvaient écouler vers la Russie leurs productions interdites d’exportation.
La politique de la « troïka » aura transformé une crise spéculative en crise économique, en dépression puis en crise humanitaire – mais aussi en crise de la démocratie.
De la crise spéculative à la crise de la démocratie
En novembre 2011, le Premier ministre socialiste Papandréou s’était vu interdire par la chancelière Merkel et le président Sarkozy de consulter son peuple par référendum sur l’acceptation du « plan de sauvetage » européen, la seule question autorisée étant l’appartenance de la Grèce à la zone euro.
Présentés au Parlement sous la forme d’une loi à article unique, comprenant des centaines de pages, d’innombrables mesures législatives et réglementaires, les mémorandums de la « troïka » ont dû être adoptés tels quels, sous la menace d’une suspension des crédits, au mépris du droit d’amendement des députés, fondement pourtant essentiel de toute démocratie parlementaire.
Créée sous la pression de l’Allemagne, une Task Force d’experts décide des mesures à prendre en place des institutions démocratiques, ordonne et surveille leur exécution. Dans ces conditions, ni la Nouvelle Démocratie (ND, conservateurs) ni le Parti socialiste panhellénique (PASOK), qui ont alterné au pouvoir depuis la chute de la dictature des Colonels (1967-1974), n’ont pu constituer de majorité lors des élections législatives du 6 mai 2012. Puis ils ont choisi de gouverner ensemble après celles du 17 juin, partageant la responsabilité d’une soumission humiliante à la tutelle euro-allemande, l’impopularité des mesures que celle-ci impose et de l’absence de résultats positifs.
Les élections locales et européennes du printemps 2014 ont marqué un nouveau recul de ces deux partis qui, ensemble, représentent désormais moins du tiers de l’électorat.
À l’automne 2014, les Bourses européennes ont chuté quand le Premier ministre grec a cru pouvoir annoncer une prochaine sortie du « programme d’aide » européen avant de se rétracter devant les nouvelles exigences de la Troïka.
Dans l’impasse, il décida d’anticiper l’élection du président de la République par le Parlement. Il y faut une majorité qualifiée de 200 voix sur 300 lors des deux premiers tours de scrutin ou de 180 voix lors du troisième, faute de quoi le Parlement est dissous. Or, malgré l’appoint de députés indépendants et de deux néonazis, ainsi qu'une tentative au moins d’achat de vote, il a manqué plus d’une dizaine de voix à la coalition gouvernementale, forte de 155 sièges, le 29 décembre 2014. Les électeurs ont été donc convoqués aux urnes le 25 janvier 2015.
Les enjeux grecs et européens du 25 janvier 2015
Proportionnelle dans le cadre régional (avec un seuil de représentation de 3%), la loi électorale donne au parti arrivé en tête dans le pays une prime de 50 sièges. De 1974 à 2012 (sauf en juin et novembre 1989), la ND (droite) et le PASOK (socialiste) ont ainsi pu disposer à tour de rôle de majorités absolues. Mais entre sa victoire de 2009 et juin 2012, le PASOK est passé de 43,94% à 12,28% – les sondages lui donnent aujourd’hui autour de 5% –, tandis qu’entre sa victoire de 2004 et juin 2012, la ND est passée de 45,36% à 29,66% (18,85% en mai 2012) – elle serait aujourd’hui proche de 25%.
À droite, cet effondrement a fait apparaître un parti souverainiste (il siège au Parlement européen avec le United Kingdom Independence Party, UKIP) qui a recueilli 10,5% et 7,5% des voix lors des deux scrutins législatifs de 2012 – il serait aujourd’hui entre 3% et 5%.
Dans un pays qui ne connaissait plus d’extrême-droite depuis la chute des Colonels, la Troïka a par ailleurs réussi à faire émerger le parti néonazi Aube dorée. Il se maintiendrait autour de 7% depuis 2012, alors que certains de ses dirigeants et parlementaires font l’objet de procédures judiciaires et qu’ont été mis au jour des liens pour le moins troubles entre ce parti et le cabinet d’Antonis Samaras.
Au centre gauche, Potami (le Fleuve), nouveau parti créé par un journaliste de télévision, pourrait servir d’appoint à la coalition sortante si la ND arrivait en tête. Dissidence de Syriza, la Gauche démocratique (DIMAR, 6,26% en 2012), qui a pâti de sa participation d’un peu plus d’un an au gouvernement ND-PASOK, se situerait autour de 3%. Enfin, le Parti communiste (KKE), figé dans une idéologie intransigeante, devrait réunir autour de 5%.
Mais le principal enjeu est le score de la coalition de la gauche radicale (Syriza) qui, après avoir plafonné durant des années à 5%, a atteint 26,89% en juin 2012.
En 2014, il a décroché la première place aux élections européennes et conquis l’Attique, la région la plus peuplée du pays, aux élections locales. Depuis, tous les sondages le donnent en tête, avec un écart de 3,5% à 7, 5% devant la ND.
Née en 2004, Syriza agrège des forces écologiste, citoyenne, trotskiste, maoïste… qui, en 2014, se sont fondues dans un parti unitaire. Dirigée par Alexis Tsipras, Syriza n’en reste pas moins traversé par des courants contradictoires.
La ligne majoritaire, renforcée par des dissidents du PASOK, assure pouvoir mener une « autre politique » tout en restant dans l’euro, auquel une majorité de Grec reste favorable – sans exclure toutefois une sortie si le coût du maintien s’avérait exorbitant.
Cette politique romprait avec les mémorandums de la « troïka », restaurerait un État social et viserait à obtenir des partenaires européens un accord sur la dette comparable à... celui de Londres (27 février 1953) ! Les États-Unis avaient alors imposé aux Occidentaux bénéficiaires du plan Marshall une réduction de 45% à 60% des différentes dettes de l’Allemagne, assortie d’un rééchelonnement sur le long terme, d’un moratoire de cinq ans et de la limitation des paiements à 5% du revenu de ses exportations – le « miracle allemand » étant en réalité fondé sur ce défaut de paiement organisé par Washington (note).
Depuis 2012, dans cette perspective, Tsipras a multiplié les voyages pour tenter de rassurer les partenaires européens et l’ami américain. Le courant minoritaire de son parti est moins porté aux ménagements à l’égard de l’UE et considère l’euro comme un obstacle aux réformes dont la Grèce a besoin.
Syriza, s’il arrive en tête le 25 janvier, aura vraisemblablement besoin de conclure une coalition, probablement avec les « Grecs indépendants », un parti souverainiste proche de lui mais clairement ancré à droite. Avec ou sans gouvernement stable, Syriza exigera le déblocage par la « troïka », en mars 2015, d'une nouvelle tranche de crédits sans mesures supplémentaires de rigueur.
Comme déjà en juin 2012, le président de la Commission européenne, la chancelière allemande et son ministre des Finances Schäuble ont multiplié les menaces pour le cas où les Grecs porteraient Syriza au pouvoir. Au vu de la dégradation sociale et économique du pays depuis 2012, il n'est pas sûr que ces menaces fassent encore effet.
La chute brutale de la bourse d’Athènes lors de l’annonce de l’élection présidentielle (-12,8% le 9 décembre 2014) laisse en tout cas prévoir qu’un gouvernement Syriza ne disposerait d’aucun répit.
Qu’adviendrait-il si – comme à Chypre lorsqu'en 2013, le Parlement refusa les mesures de rigueur associées au « plan d’aide » euro-allemand – la BCE décrète une manière de blocus, suspendant son alimentation en billets ainsi que les transactions entre les banques grecques et celles de l’eurozone ? Où la Grèce trouvera-t-elle les 20 milliards qu’elle doit payer à ses créanciers en 2015 ? Un défaut grec serait-il vraiment indolore pour les autres États de la zone euro ?
Quant à une victoire étriquée des partisans de la politique de la « troïka » le 25 janvier, elle ne réglerait rien. Elle ne ferait qu’enfoncer un peu plus le pays dans la déflation, la crise humanitaire, le désespoir. Elle ne ferait que retarder les échéances sans rien régler, augmenter les risques de contestation violente ou d’aventure hors des sentiers de ce que la Troïka a laissé subsister de démocratie.
Sur le site Internet du Point, le 3 janvier 2015, l’économiste Bertrand Chokrane estime que le résultat des élections sera de peu d’importance puisque, quel que soit le vainqueur, « la Grèce fera de toute façon défaut en 2015. (…) La Grèce ne paiera pas, tout simplement parce qu'elle en est incapable. Le traitement d'austérité drastique, infligé au mépris de la science économique, qui a été imposé à la Grèce en est la cause. »
La réalité, c’est en effet qu'après bientôt cinq ans de traitement euro-allemand digne des médecins de Molière enchaînant purges et saignées, il n’y a plus de bonnes solutions. Notre aveuglement risque de déboucher sur une catastrophe dont nous aurions tort de croire qu’elle restera limitée à la Grèce.
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Liger (25-03-2021 07:50:39)
On doit savoir que l'Allemagne n'a pas versé un centime de réparations à la Grèce alors que le IIIe Reich a perpétré de multiples crimes et pillages entre 1941 et 1944 :
- au moins 60'000 Juifs grecs ont été déportés et la plupart exterminés, tragédie évoquée par le poète Iakovos Kambanellis dans La ballade de Mauthausen, remarquablement mise en musique par Mikis Theodorakis ;
- au moins 300'000 autres Grecs sont morts de faim ;
- d'autres, y compris de nombreux vieillards, femmes et enfants, ont été massacrés dans le cadre de la répression de la Résistance ;
- de nombreuses destructions ont été perpétrées, y compris l'incendie de bourgs et de villages dans le style d'Oradour-sur-Glane ;
- le Troisième Reich a forcé la banque centrale grecque à lui prêter 476 millions de Reichsmarks, somme qui ne sera jamais remboursée ; en Grèce, un rapport confidentiel a évalué récemment à 11 milliards d'euros la somme que les Allemands lui doivent 70 ans après tandis que le Bundestag estime de son côté qu'il y a en aurait pour 8,25 milliards : on le voit, que l'évaluation soit grecque ou allemande, la somme reste très importante ;
- l'occupant nazi a réquisitionné, pillé, volé tout ce qu'il pouvait, notamment les maigres ressources agricoles de la Grèce.
Il faut garder cela à l'esprit, notamment lorsqu'un dépité allemand a osé évoquer l'idée que la Grèce devrait donner des îles en compensation de l'aide des pays de l'UE, notamment l'Allemagne, lors de la crise grecque à partir de 2008. Certes, il n'est pas question de nier la scandaleuse gabegie pratiquée par les gouvernements grecs successifs (à condition de ne pas occulter la lourde coresponsabilité des banques, comme Goldman-Sachs, et des hiérarques de l'UE) ; mais, compte-tenu de cet effroyable passé, on aurait pu espérer que tous les responsables politiques et économiques allemands fissent preuve d'une élémentaire décence…
Qui est responsable de la crise de 2008 ?
C'est une sorte de " triangle maudit ", à savoir :
- les gouvernements grecs depuis au moins l'adhésion de ce pays à l'UE pour avoir, entre autres, largement gaspillé les ressources provenant des fonds européens et truqué les comptes du pays afin de pouvoir rejoindre l'euro ;
- les hiérarques de l'UE pour avoir fermé les yeux sur ce truquage ; car qui peut croire que l'entrée dans l'euro se fait sans plus de formalités que l'achat d'une place de cinéma et que ces armées de fonctionnaires communautaires surdiplômés et surpayés n'étaient pas capables de connaître la vérité des comptes ?
- les banques, enfin, cyniques, rapaces et prédatrices, qui ont prêté sans mesure à la Grèce : tout particulier ou entreprise voulant emprunter de l'argent à une banque se voit demander des justificatifs innombrables et les refus de prêt sont nombreux, comme le savent en particulier maintes PME ; et que dire de Goldman Sachs, maître d'œuvre du trucage des comptes de la Grèce ?
Ces agissements de la banque Goldman Sachs incarnent ce " triangle maudit " ;
- à la demande du gouvernement grec de l'époque,
- cette banque a truqué les comptes publics de la Grèce
- et les fonctionnaires de l'UE " n'ont rien vu ".
Qui subit les conséquences de cette crise et des turpitudes l'ayant causé ?
- d'abord le peuple grec qui paie chèrement et parfois très douloureusement son insouciance ; mais, à part disons les 10 % les plus instruits ou conscients en matière économique, peut-on blâmer le Grec moyen de n'avoir pas déchiffré la réalité des comptes et les complexités monétaires derrière les annonces triomphales de leur Gouvernement et des hiérarques de l'UE ?
- par contre quelles sanctions ont été infligées aux hauts responsables et fonctionnaires de l'UE coresponsables de cette crise ? Aucune. Et lorsque José Manuel Durão Barroso, président de la Commission européenne du 22 novembre 2004 au 31 octobre 2014 fut embauché en juillet 2016... par Goldman Sachs, il y eut une certaine émotion dans certains médias, quelques vagues marmonnements gênés de quelques responsables de l'UE et rien d'autre ;
- encore pire, pour autant que je sache, la banque Goldman Sachs n'a pas du tout été sanctionnée ! Quand on se souvient que les États-Unis infligèrent en 2014 à la BNP une monstrueuse amende de 9 milliards de dollars pour non-respect des embargos américains sur le Soudan, l'Iran et Cuba, il y a de quoi être effaré : zéro sanction pour avoir fraudé les autorités de l'UE et avoir contribué au déclanchement d'une crise catastrophique pour les Grecs et coûteuse pour les contribuables des États membres de l'UE ! Imagine-t-on la sanction qui aurait été prononcée et appliquée par le gouvernement des États-Unis si la Deutsche Bank ou la Société Générale avaient contribué au maquillage des comptes de la Californie ou d'un fonds de pension étasunien ?
Dure avec les faibles, lâche face aux puissants : la terrible crise grecque aura eu le mérite de révéler un des traits essentiels de l'UE.
Laurent Berenger (03-02-2015 10:41:00)
Moi je ne dis pas merci à Hérodote. Cette chronique est un article de journaliste pas une étude historique. J’attends d’un historien autre chose que le discours ambiant qui passe sous silence les causes réelles de l’état actuel de la Grèce et qui stigmatise la méchante Europe coupable de tous les maux mais qui a effacé tout de même 107 milliards de dette. Je partage entièrement l’opinion de Iegna qui s’est exprimée le 21 janvier sur les responsabilités écrasantes des politiques qui ont été menées dans ce pays. Que la monnaie unique soit de nature à déresponsabiliser donne-t-il le droit à un pays de faire n’importe quoi ? et à un historien de taire ces faits pour accabler une Union Européenne (« purges et saignées », « aveuglement ») qui fait de réels efforts quoiqu’on en dise ?
Jean Pierre (27-01-2015 08:27:41)
Je compatis aux souffrances qu'à endurées le peuple Grec et je me réjoui de ce résultat en espérant qu'il n’aggrave pas la situation du pays comme cela fût le cas au Portugal après la chute de Salazar. Cette affaire démontre la main mise sur nos économies par des banquiers sans scrupules. Le comportement du peuple grec n'est pas non plus irréprochable. Cela provient-il d'un "affrontement" Nord-Sud à venir?
essai (26-01-2015 22:09:16)
essai
Alaindelos (26-01-2015 18:56:40)
Je trouve l'article très partial et partiel. L'entrée de la Grèce, dans son état de déliquescence administrative de l'époque, au sein du processus européen, entrée due à Giscard d'Estaing au nom de "la mère de la démocratie etc." a été une erreur monumentale. L'entrée de la Grèce dans l'euro a été une malhonnêteté : les analystes avaient prévenu les politiques que les chiffres de la Grèce étaient truqués : mais la politique a décidé d'ignorer ces alertes. La réforme des impôts, l'institution d'un cadastre, un arrêt des fuites de capitaux, soumettre l'eglise à un régime moins caricatural : rien n'a été fait pour tenter de revenir à une démocratie réelle. La Grèce est malade de l'incurie et de la corruption de ses dirigeants et du népotisme des grandes familles qui ont mis en coupe réglée le pays. Les malheureux grecs ont, enfin, rejeté les anciens partis politiques. Encore un effort pour leur demander de rendre des comptes ! En attendant, taper sur la troïka est complètement démagogique. Oublie t on le processus de décision dans l'Union ? ce n'est pas la commission qui décide mais le conseil des ministres et, que je sache, aucun pays ne s'est opposé à la mise en oeuvre des actions menées par la troïka et pourtant ils en ont le droit et le pouvoir. Quels sont les débiteurs de l'état grec ? essentiellement des états et, au deuxième rang, la France. Chaque Français a prêté 600€ a l'état grec. (en fait la France a prêté et en divisant par le nombre de Français ...). Veut on annuler la dette, la repousser ? Il s'agit "simplement" de dire quelle est la position de la France. Sans oublier que nous sommes dans un régime de monnaie unique...
Jacques (22-01-2015 12:32:03)
Mise au point remarquable, analyse impeccable, claire, du côté des victimes.
Merci à Hérodote.
legna (21-01-2015 12:03:21)
On est très bien informé sur les méfaits de la troïka à l'égard des grecs depuis quelques années. mais quid de l'argent versé par l'Europe à la Grèce depuis son adhésion à l'UE et des détournements de celui-ci; quid de l'impéritie, voire de l'incurie et de la corruption des dirigeants grecs bien avant la catastrophe, quid de l'absence ou de la médiocrité de l'esprit civique grec (15% y paient leurs impôts et passent aux yeux des autres pour des chrétins); quid de l'absence de mouvement grec populaire pour une véritable réforme politique et sociale qui obligerait les quelques riches à mieux contribuer aux dépenses publiques (armateurs, église); quid de la tricherie (sur laquelle oui les européens ont fermé les yeux) qui a permis aux grecs d'entrer dans la zone euro (et d'en payer malheureusement le prix plus tard); quid enfin d'une analyse qui ne ferait pas fi des responsabilités d'un peuple pour comprendre sa situation présente et ne se contenterait pas d'accabler l'étranger de tous les maux. En Grèce tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, et leurs voisins, les allemands bien sûr toujours plus que les autres, très méchants. Partielle et partiale est cette analyse, par conséquent peu pertinente.
Herodote.net répond :
Vos remarques sont justes et nous ne les nions pas. Bien au contraire. Nous montrons que les Grecs sont tels depuis 1830. Le sachant, les Européens n'auraient jamais dû les admettre dans l'euro.
Ce que l'on constate maintenant, c'est que les Grecs se corrigeaient d'eux-mêmes quand ils avaient la drachme : s'ils trichaient trop avec le fisc, la dette publiqur s'envolait et la drachme était dévaluée autant que nécessaire jusqu'au retour à l'équilibre.
Avec l'euro, cette auto-régulation par la monnaie n'existe plus, avec les conséquences que l'on voit en Grèce mais aussi en France, en Espagne etc. Faut-il en conclure que les Grecs - et nous - sont des irresponsables ? Ou qu'il faut corriger l'euro, monnaie transnationale fondée sur une idéologie insensée dont nous commençons, en France, à percevoir les effets néfastes.
Thierry (19-01-2015 14:22:26)
Bonjour,
La meilleure chose pour la Grèce, c'est de sortir rapidement de ce carcan (FMI-UE-BCE), elle ne pourra jamais payer sa dette, ni recouvrer sa liberté avec cette mafia américano-européenne qui vît du désordre des autres, en pratiquant chantage, obligations, contraintes et vassalité. L'Europe était un beau projet qui a été sabordé par les Anglais et les Américains et les élites politiques des Etats, notamment pour la France qui sont trop atlantistes. L'idéal aurait été de faire deux Europe. Une Latine et une Germanique. - L'erreur dans cette complainte grecque c'est, la persistance à vouloir combler un retard irrattrapable et à s'aligner sur l'exclusivité du camp atlantiste. -Nous le savons, le marché trans-atlantiste s'imposera bon gré mal gré et nous serons dans la soumission à cet empire, qui décide de t out pour les autres. Cette subordination est insupportable. On le voit avec la Grèce aujourd'hui, elle est malmenée par le kapo allemand qui exige des efforts disproportionnés. Du style, la mule surchargée, bloquée et qu'on tape dessus à bras raccourci avec la schlague pour la faire lever et avancer ! Les Allemands responsables de deux guerres mondiales feraient mieux d'en rabattre ! - Personnellement, je rêve d'une Grèce redevenue souveraine, qui s'engage au côté de la Russie de Poutine, dans l'esprit d'une autre Europe, celle qui n'est pas alignée à ce monde anglo-saxon interventionniste et prédateur. - D'autant que les valeurs spirituelles et culturelles entre la Russie et la Grèce sont communes. Cette idée malicieuse, serait un beau pied de nez à ce monde de prédations et d'exigence que représente cette mascarade américano-européenne.
Francis Durner (19-01-2015 13:53:18)
Ce qui me choque c'est le mépris de l'union européenne pour les libertés des peuples en de surcroit pour la Grèce berceau de la démocratie si les politiques en Europe
ne change nous allons vers des catastrophes annoncés une balkanisation
une Yougoslavie puissance 10.
Et un changement le 25 janvier ne serait t' il pas profitable à toute L'Europe?
Pierre Gilles (19-01-2015 11:33:21)
Bonjour,
Cet article me parait traiter la situation de la Grèce avec un éclairage très monochromatique et un style largement polémique.
Dire, par exemple, que le pays est dépouillé de sa souveraineté est exagéré ; la perte de souveraineté est partielle, c'est la contrepartie de l'adhésion à l'Union et à la participation à la monnaie unique, qui ne sont d'ailleurs pas obligatoirement liées l'une à l'autre.
Je n'ai pas trouvé dans l'article de M.Delorme de réponse aux questions que je me pose : le taux de fraude à l'impôt est-il différent de ce que l'on constate dans d'autres pays de la zone Euro ? les cartes bancaires sont-elles acceptées dans les restaurants et chez les commerçants ? les gouvernements grecs ont-ils fourni des comptes sincères lors de leur adhésion à l'Euro ? toutes les institutions et sociétés grecques apportent-elles leur contribution aux finances publiques ?
J’apprécierais qu'Hérodote nous apporte d'autres contributions sur la situation en Grèce, qui nous permettraient de nous faire une opinion plus complète.
Bien cordialement.
Claude Delaforge (19-01-2015 05:56:22)
Faire commencer cette affaire en 2008, à la crise des subprimes est peut-être un peu court ?
La genèse de la crise actuelle remonte pour moi à l'entrée, basée sur des fausses déclarations du gouvernement, de la Grèce dans l'Union Européenne et, plus encore, dans l'euro.
La légèreté des pays de l'Union à l'époque, qui ont cru ce qu'ils ont voulu croire, et la vieille habitude grecque de régler ses problèmes financiers à coups de banqueroutes (combien déjà dans l'histoire ?) ont conduit à cette situation ubuesque où, comme dans Molière, on est en train de tuer le malade pour le soigner.