Des Lumières à l'Âge industriel

L'évolution politique de la France (1815-1914)

De la défaite de Napoléon 1er en 1815 à celle de Napoléon III en 1870, la France connaît une succession rapide de régimes politiques, de la Restauration monarchique au Second Empire en passant par la monarchie de Juillet et la Seconde République.

Avec l'avènement de la IIIe République, elle met en place progressivement une démocratie stable et durable.

 

Quelles raisons expliquent les multiples crises politiques entre 1815 et 1871 ? Comment parvient-on ensuite à un régime politique solide ?

I] 1814-1848 : les dernières monarchies royales
I-1) Le retour des Bourbon (1814-1830) :

La chute de Napoléon 1er entraîne le retour de l'ancienne dynastie royale. Louis XVIII règne de 1814 à 1824, puis Charles X règne de 1824 à 1830. Ils sont les frères cadets du roi Louis XVI, qui a été guillotiné en 1793. C'est la Restauration.

La monarchie est désormais constitutionnelle et non plus absolue : Louis XVIII et Charles X s'obligent à respecter la Charte de 1814, qui réserve au roi le pouvoir exécutif (la mise en oeuvre des lois, autrement dit le gouvernement) et à la Chambre des députés le pouvoir législatif, autrement dit, celui de faire et voter les lois.

I-2) Échec de la Restauration (1830) :

Charles X tente de revenir à la monarchie absolue : il supprime la liberté de la presse et dissout la Chambre des députés. Mais les 27, 28 et 29 juillet 1830, le peuple de Paris se soulève et le chasse. C'est la «Révolution des Trois Glorieuses» (parce qu'elle a duré trois jours).

La Liberté guidant le Peuple

La Liberté guidant le Peuple (Eugène Delacroix, 1831, musée du Louvre, Paris)


Dès 1831, Eugène Delacroix (1798-1863) a tiré un chef-d'oeuvre romantique de la Révolution de 1830 avec cette peinture allégorique : La Liberté guidant le Peuple (1831, musée du Louvre). L'allégorie de la Liberté, sous la forme d'une femme du peuple, entraîne derrière elle toutes les classes sociales, de l'étudiant au gamin des rues. Plus tard, Victor Hugo s'inspirera de cette toile dans son roman Les Misérables.

I-3) La «monarchie de Juillet» (1830-1848) :

Le duc Louis-Philippe d'Orléans, cousin des précédents rois mais connu pour ses idées libérales, est porté sur le trône par les meneurs de la Révolution de juillet 1830 : ainsi débute la «monarchie de Juillet». Le nouveau souverain, par la Charte constitutionnelle de 1830, accorde davantage de pouvoir que précédemment à la Chambre des députés.

La France connaît sous le règne de Louis-Philippe 1er une longue période de paix et de relative prospérité, en dépit des nombreux attentats qui visent le souverain et de révoltes ouvrières comme celle des canuts, à Lyon.

II] 1848-1851 : une Seconde République éphémère
II-1) La «Révolution de Février» (1848) :

Louis-Philippe 1er devient de plus en plus autoritaire à partir de 1840. Il laisse son Premier ministre gouverner et ne consulte plus les assemblées. L'opposition libérale et républicaine contourne l'interdiction de manifester en organisant des banquets ! L'interdiction de l'un d'eux entraîne un soulèvement du peuple parisien les 24 et 25 février 1848.

Le roi, plutôt que de faire intervenir la troupe, choisit l'exil. À l'issue de cette «Révolution de Février», les révolutionnaires proclament la République. Le chef du gouvernement provisoire n'est autre que le vieux poète romantique Alphonse de Lamartine.

II-2) La démocratie en marche :

La IIe République se donne pour emblème le drapeau tricolore, un héritage de la Révolution française et de la Première République (1792-1806). Elle adopte la devise «liberté, égalité, fraternité».

Le 2 mars 1848 est adopté le suffrage universel. Il concerne tous les hommes d'au moins 21 ans (il n'est plus nécessaire de payer un minimum d'impôts pour voter).

Le 27 avril 1848, est par ailleurs aboli l'esclavage dans les colonies à l'initiative du ministre Victor Schoelcher (les Anglais avaient déjà pris une mesure similaire quinze ans plus tôt).

Mais avec l'arrivée à la Chambre de députés conservateurs, la Seconde République durcit sa politique sociale. Il s'ensuit des révoltes ouvrières en juin 1848, réprimées dans le sang.

En décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er, élu au suffrage universel direct, devient le premier président de la République française.

III] 1851-1870 : le retour de l'Empire

Le 2 décembre 1851, empêché par la Constitution de se faire réélire, il commet un coup d'État et rétablit l'Empire. Lui-même devient le 2 décembre 1852 Empereur des Français sous le nom de Napoléon III (le nom de Napoléon II est réservé au fils de Napoléon 1er, qui n'a de fait jamais régné).

Le Second Empire est d'emblée un régime autoritaire : les opposants sont exilés, la liberté de presse est supprimée et les élections sont limitées.

Sous le règne de Napoléon III, cependant, la France s'engage résolument dans la révolution industrielle

En 1870, l'Empereur se laisse entraîner dans une guerre contre la Prusse et ses alliés allemands : l'armée française et l'empereur lui-même sont capturés à Sedan le 2 septembre 1870. Deux jours plus tard, à Paris, les républicains proclament la IIIe République.

IV] 1871 : la Commune

Le 18 mars 1871, des Parisiens qui se méfient de la République forment leur propre gouvernement : c'est la Commune, qui proclame la liberté d'expression totale et des règles de vie fondées sur le partage des richesses.

Le chef du gouvernement provisoire, Adolphe Thiers, a choisi par tactique d'abandonner Paris aux insurgés et de se réfugier à Versailles. Au bout de six semaines, il envoie l'armée reprendre Paris et liquider l'opposition socialiste et ouvrière. La répression est terrible. C'est la «Semaine Sanglante» (environ vingt mille morts et de très nombreux prisonniers condamnés à la déportation).

V] 1871-1914 : la République s'installe
V-1) Les Français s'accoutument à la République :

Dans les dix années qui suivent son installation, la IIIe République affronte un courant monarchiste très puissant, surtout dans les campagnes. Mais peu à peu, grâce à des actions politiques modérées, les dirigeants convertissent les Français aux vertus de la République, autrement dit d'un régime présidé par un élu, pour une durée limitée (et non par un souverain héréditaire).

La République française se donne un hymne, La Marseillaise, et une fête nationale, le Quatorze-Juillet.

V-2) Les réformes de Jules Ferry :

Jules Ferry (1832-1893)Jules Ferry, ministre de l'instruction publique et deux fois président du Conseil des ministres, fait voter des lois qui renforcent la démocratie.
En 1881 sont votées les lois sur la liberté de réunion, de la presse.

En 1884 les syndicats sont autorisés et les maires sont désormais élus par les habitants de la commune. Il encourage aussi l'instruction laïque et la rend gratuite et obligatoire de 6 à 13 ans.

Il encourage aussi les expéditions coloniales en Afrique et en Indochine, au nom de la «mission civilisatrice» de la France.

VI] La République en crise
VI-1) L'affaire Dreyfus :

Le capitaine Alfred Dreyfus, issu d'une famille juive, a été envoyé au bagne en 1895 sous l'accusation d'avoir livré des renseignements à l'Allemagne, pays hostile. En janvier 1898, l'écrivain Émile Zola prend sa défense dans un article mémorable : «J'accuse...». Il apporte la preuve que des militaires haut placés ont condamné Dreyfus par erreur mais ont préféré le maintenir au bagne plutôt que se déjuger.

C'est le début d'une Affaire retentissante qui va faire émerger des préoccupations nouvelles pour les droits de l'Homme mais va réveiller aussi l'antisémitisme (l'hostilité aux juifs).

VI-2) La séparation des Églises et de l'État :

Méfiants à l'égard de l'Église catholique, qu'ils soupçonnent de menées antirépublicaines, les républicains au pouvoir se veulent laïcs et même anticléricaux.

En 1905, ils abolissent le Concordat signé en 1802 entre la France et le Saint-Siège. Ils votent la loi de séparation des Églises et de l'État : désormais, l'État ne salarie plus les ministres du culte, qu'ils soient catholiques, protestants ou juifs (ce sont les seules religions représentées en France à cette date). Il revient aux fidèles de couvrir par leurs dons les besoins du culte.

Pour aller plus loin

- Parcourez l'Histoire de la Seconde République, entamée dans l'enthousiasme, achevée dans la contrition [dossier]

- Voyez comme la France a changé et s'est modernisée sous le Second Empire [dossier]

- Suivez l'Affaire Dreyfus, qui tint la France en haleine pendant plus de dix ans  [dossier]

- Accompagnez la IIIe République tout au long de ses jeunes et difficiles années  [dossier]

Des outils pour comprendre
- Napoléon III réaménage Paris avec le préfet Haussmann  :

Fiche pédagogique : Napoléon III et le préfet Haussmann réaménagent Paris

- Remettre les régimes à leur place  :

Fiche pédagogique : remettre les régimes à leur place (1814-1914)

Vérifier les connaissances

- Qui fut qualifié de «roi-bourgeois» ? [réponse]

- Quel est le premier président de la République française qui a terminé normalement son mandat ? [réponse]

- Que désigne la laïcité ? [réponse]

Antoine Vergnault
Publié ou mis à jour le : 2020-05-02 18:43:58

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net