20 décembre 2010

Henri IV, prince de paix, patron des arts

Dans le cadre de l'année Henri IV (mai 2010-mai 2011), les expositions se multiplient. Celle que présente le Musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye jusqu'au 3 janvier 2011 se signale par l'accent mis sur les édits de tolérance et le rôle de bâtisseur du roi...

Si le musée en tant que tel n'a pas de lien particulier avec le Béarnais - rappelons qu'il couvre la période qui s'étend de la préhistoire aux premiers siècles du Moyen Âge -, le château qui héberge ses collections est, lui, étroitement lié à Henri IV pour deux raisons, qui constituent les deux volets de cette exposition.

Saint-Germain-en-Laye à l'origine de la tolérance

Le premier est le rôle tenu par Saint-Germain-en-Laye dans la résolution des guerres de religion. C'est dans ce château que fut signée la paix de Saint-Germain, qui mettait un terme à la troisième guerre de religion, en 1570. L'édit qui en résulte a par la suite servi de modèle aux différents règlements des conflits jusqu'à l'édit de Nantes, moins favorable toutefois aux protestants.

L'exposition montre des portraits du roi ainsi que des gravures du temps, et surtout des documents, pour beaucoup originaux, comme cette lettre de Jeanne d'Albret à Catherine de Médicis, ou les différents traités de paix. Les explications sont riches, sauf peut-être sur les documents mêmes (on aimerait un commentaire sur le rôle des images dans la guerre de propagande).

Elles font bien apparaître les évolutions paradoxales du temps : renforcement du rôle des Parlements, puisque c'est celui de Paris qui écarte définitivement l'infante d'Espagne de la succession au trône en réaffirmant que la loi salique était une loi fondamentale du royaume, contre les ligueurs. Toutefois, l'opposition des parlements à l'édit de Nantes s'avère vaine.

Surtout, les conflits religieux aboutissent à une relative séparation du religieux et du politique, puisque le roi reconnaît l'existence de deux confessions, bien que les protestants soient étroitement encadrés. L'État se sécularise au sens où ses idéaux ne recouvrent plus ceux de l'Église catholique. Ce faisant, il récupère certaines des prérogatives et on peut alors parler de «sacralisation» de l'État : l'absolutisme est aussi une réponse à la crise de la seconde moitié du XVIe siècle.

Henri IV, bâtisseur de Saint-Germain-en-Laye

Le deuxième volet de l'exposition porte sur les activités de bâtisseur du roi, plus particulièrement à Saint-Germain. Le château actuel, ou «château vieux», car son origine remonte au XIIe siècle, ce qui explique sa forme biscornue, abrita en particulier les enfants royaux qu'Henri IV adorait. En contrebas se trouvait le «château neuf», dont la construction avait débuté sous Henri II.

De cette maison de plaisance, Henri IV fait une merveille en créant des jardins extraordinaires, descendant en terrasses du plateau jusqu'à la Seine, le tout agrémentés de grottes artificielles et de fontaines. Ces dernières permettent à Henri d'arroser ses courtisans, une distraction paraît-il fort prisée par Sa Majesté. Le château à flanc de coteau, avec ses galeries superposées et ses jardins extraordinaires, forme un ensemble unique en Europe. Embelli par la suite sous Louis XIV, lorsque Le Nôtre dirige la construction de la terrasse qui fait aujourd'hui les délices des promeneurs, le château est ensuite détruit peu avant la Révolution par le comte d'Artois. Ce dernier, grand bâtisseur, souhaitait ériger à la place un bâtiment plus moderne, dans le style anglais, mais les fonds lui manquèrent...

Si les deux parties n'ont somme toute qu'une lien ténu entre elles, l'ensemble est de bonne facture, pédagogique et agréable : à côté de «grosses machines» (trop) médiatiques, une exposition agréable et gratuite, ce qui ne gâche rien, que l'on prolongera par la visite du musée même ou par une non moins agréable dans le parc et dans la forêt qui fascinaient les rois.

Yves Chenal

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Publié ou mis à jour le : 2020-05-09 11:37:09

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