Elle s'appelait Sarah

Un regard pudique sur la rafle du Vél d'Hiv

Voici, avec Elle s'appelait Sarah (2010), une évocation de la rafle du Vél d'Hiv. Ce film sensible et pudique de Gilles Paquet-Brenner échappe au lourd didactisme de la plupart des films sur la Shoah...

Quelques mois après avoir subi un film lourd et convenu sur la rafle du Vél d'Hiv (16-17 juillet 1942), je n'avais aucune envie de remettre cela avec Elle s'appelait Sarah, d'autant que ce film, à l'opposé du premier, était resté plutôt ignoré des médias conventionnels.

Mais je me suis laissé entraîner par une personne à qui j'ai l'habitude de ne rien refuser... Bien m'en a pris.

Le film est sorti dans les salles françaises le 13 octobre 2010.

Sensible et bouleversant, il entremêle deux histoires, celle d'une fillette juive, Sarah, victime de la rafle avec ses parents, et celle d'une journaliste franco-américaine qui prépare en 2009 un dossier sur ce drame. Nous n'en dirons pas plus pour ne pas gâter votre émotion et votre surprise si vous allez le voir.

L'histoire est inspirée par un roman (en anglais) de Tatiana de Rosnay, que l'on présente comme l'auteur français le plus lu à l'étranger. Le grand mérite du réalisateur Gilles Paquet-Brenner est d'avoir évité les démonstrations didactiques entachées du voyeurisme propres aux films étiquetés «devoir de mémoire» (La Rafle par exemple).

L'enquête de la journaliste sur la mystérieuse Sarah nous tient en haleine jusqu'au bout, tout en autorisant de fréquents retours en arrière.

Le cinéaste procède par touches impressionnistes, en économisant les mots et les gestes. Il ne s'attarde pas sur le Vél d'Hiv et le montre avec les yeux des victimes : plans rapprochés et brefs, au lieu de longs travellings et de vues plongeantes. L'impression n'en est que plus forte.

Témoigner de la Shoah

Elle s'appelait Sarah mérite sans doute de figurer parmi les rares chefs-d'œuvre de nature à sensibiliser les adolescents au drame de la Shoah, sans risque de les rebuter.

Parmi ceux-là figure le court documentaire d'Alain Resnais : Nuit et brouillard, et la chanson qu'il a inspiré à Jean Ferrat (bien que ces œuvres mettent dans le même sac déportés raciaux et déportés ordinaires). Ajoutons le livre témoignage de Primo Levi : Si c'est un homme, ainsi que le film : La vie est belle, une fiction émouvante de Roberto Benigni, propre à sensibiliser les plus jeunes sans les agresser.

André Larané

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Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14

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