Neanderthal

Une autre humanité

Marylène Patou-Mathis, directeur de recherche au CNRS, montre dans cet ouvrage que le Neandertalien n'est pas la brute que l'on a longtemps cru mais tout simplement un autre nous-même (Neanderthal, une autre humanité (Perrin, Tempus, 2006-2010, 9,50 €)...

Neanderthal

Publié en 2006, le livre a été réédité en 2010 après la découverte par des généticiens de l'institut allemand Max-Planck de gènes neanderthaliens chez les Européens et Asiatiques actuels. Ainsi pouvons-nous mieux comprendre la véritable nature de cet être si peu étranger.

Marylène Patou-Mathis, directeur de recherches à l'Institut de paléontologie humaine (Paris), réussit avec brio à renverser la mauvaise réputation que nos aïeux ont faite à l'homme de Neanderthal.

C'est que les premiers fossiles neanderthaliens ont été découverts en 1856, soit trois ans avant l'exposé par Charles Darwin de la théorie de l'évolution des espèces et l'on a d'abord cru que leurs traits grossiers relevaient d'une espèce de singe...

À la fin du XIXe siècle, avec le succès des idéologies raciales, on a vu dans Neanderthal une espèce humaine inférieure, vaincue par une espèce supérieure, la nôtre. Pour que cela fût vrai, il fallait que Neanderthal ait bien l'air d'une brute et l'on s'est appliqué à le représenter de la sorte.

La passion de la paléontologie

La préhistorienne fait litière de ces préjugés et nous révèle un Neanderthal différent d'homo sapiens, ni inférieur ni supérieur mais autre. Il fabrique des outils en os, en pierre ou en bois, prend soin des faibles et des infirmes et enterre ses morts, preuve d'une réflexion métaphysique.

C'est un amateur de chair animale et un chasseur émérite. C'est aussi un cannibale occasionnel, comme à vrai dire la plupart des communautés humaines primitives, qui ont ritualisé l'ingestion de la chair d'autrui. Il n'est pas interdit de penser qu'il est moins porté à la guerre qu'homo sapiens. Pratique-t-il une forme d'art ? Les peintures rupestres que l'on connaît ne sont l'oeuvre que d'homo sapiens mais peut-être découvrira-t-on un jour des grottes ornées par Neanderthal ou peut-être s'exprimait-il tout simplement sur des supports éphémères (bois, écorce, corne...) ?

Marylène Patou-Mathis (Institut de Paléontologie humaine, 2010)Marylène Patou-Mathis étaie ses assertions sur ses recherches à partir des trouvailles archéologiques (ossements, matériaux retrouvés dans les abris...). Elle a aussi évalué ses hypothèses à l'aune de ses expériences de terrain. Ainsi a-t-elle fréquenté les actuels Bushmen d'Afrique australe. Elle nous a confié dans son entretien radiophonique qu'elle a goûté à tous les plats favoris de ces chasseurs-cueilleurs, avec une petite préférence pour les sauterelles grillées. Elle s'est aussi initiée à la taille d'outils en pierre (selon la technique dite Levallois, pratiquée par Neanderthal).

Cette nouvelle vision de Neanderthal est confortée par les découvertes génétiques publiées le 7 mai 2010 qui démontrent que des croisements ont eu lieu au Proche-Orient entre Neanderthal et l'homo sapiens venu d'Afrique il y a 80 000 ans, de sorte que les Européens et Asiatiques actuels compteraient environ 4% de gènes neanderthaliens.

L'homme de Neanderthal se serait éteint il y a 30 000 ans, sans doute de manière naturelle. Ses effectifs, qui n'ont jamais dépassé quelques dizaines de milliers pour toute l'Europe, se seraient étiolés avec le refroidissement climatique : contraints à un nomadisme de plus en plus ample, les petits groupes n'auraient pas surmonté le surcroît de mortalité infantile et maternelle.

Marylène Patou-Mathis prolonge ses réflexions dans un essai à paraître début 2011. Cet ouvrage à caractère plus historique ou sociologique porte sur l'altérité, ou comment, à partir du siècle des Lumières, les Occidentaux en sont venus à établir des hiérarchies au sein de l'espèce humaine et ont cessé de voir les sociétés comme simplement différentes les unes des autres.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2021-06-09 12:37:33
Annick OULD-ROUIS (31-03-2016 14:22:01)

Bonjour,
C'est un sujet de grande importance qui éclaire encore un peu plus à la fois notre origine et notre destin, et ce dernier qui sait dans une nouvelle évolution? S'imposent de plus en plus à nous, grâce à ces découvertes, fruits de recherches récentes en ethnologie, archéologie, anthropologie et génétique, des nécessités essentielles, éthiques et spirituelles, de gérer au mieux le patrimoine que nous avons construit au fil de centaines de milliers d'années et nos relations encore plus anciennes avec tous les éléments du monde d'où nous sommes issus, à l'échelle de la Terre et de l'Univers.
Cordialement à tous et merci.

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net