L'Histoire en terminale (ES et L)

1 - Le monde de 1945 nos jours

Ce programme reprend et développe des aspects évoqués à la fin du collège. Ici, c'est le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a près de sept décennies.

Nous voyons émerger la société de consommation, y compris dans les anciens pays misérables d'Asie. D'un point de vue géopolitique, les relations internationales ont d'abord été dominées par la confrontation entre États-Unis et URSS. Dans le même temps, nous avons vu monter les revendications du tiers-monde. Aujourd'hui, nous assistons à un spectaculaire rééquilibrage au profit de l'Extrême-Orient et de la Chine.

Introduction : le monde en 1945

La fin de la Seconde Guerre mondiale laisse l'Europe centrale et le Japon plus affaiblis que jamais. Plus de 50 millions d'hommes et de femmes ont payé de leur vie la folie collective.

Parmi eux 6 millions de Juifs exterminés dans le plus grand génocide qu'ait jamais connu le monde. Mais aussi 200.000 victimes des première bombardements atomiques à Hiroshima et Nagasaki.

La fin du conflit se traduit par l'émergence à la première place mondiale des États-Unis. Ils ont mis leur puissance industrielle au service de la victoire sur l'Allemagne et ses alliés, l'Italie et le Japon, tout en limitant leurs pertes militaires à 200.000 hommes environ.

L'autre grand vainqueur du conflit est l'Union soviétique (URSS), dirigée d'une main de fer par Staline. Le pays s'enorgueillit d'avoir versé son sang en abondance pour la victoire sur le nazisme (environ 20 millions de morts côté soviétique, y compris les victimes de la répression).

Les grandes villes d'Europe centrale, d'URSS et de Grande-Bretagne sont en bonne partie détruites par les bombardements. L'Allemagne et le Japon semblent voués à une ruine durable. Les experts ne donnent pas lourd non plus de l'avenir de la France ou encore de l'Italie...

I] Société industrielle, société de consommation

En 1945, au sortir de la deuxième guerre mondiale, les experts et les économistes ne donnent pas cher de l'avenir de l'Europe. Meurtri dans sa chair par deux conflits fratricides successifs, le Vieux Continent souffre aussi de dénatalité depuis le début du XXe siècle. Cette langueur démographique a freiné son redressement après la guerre de 14-18. On peut s'attendre à ce qu'il en aille de même après 39-45.

Mais ô surprise, dès avant la fin du conflit, les Européen(ne)s semblent saisis d'une frénésie de vie. La fécondité se redresse à partir de 1942.

- «Les Trente Glorieuses» :

L'économie mondiale redémarre beaucoup plus vite que prévu après la Seconde Guerre mondiale. En Europe de l'ouest et aux États-Unis, la croissance économique atteint 5% par an en moyenne jusqu'en 1973. L'exode rural entraîne une accélération de l'urbanisation. Le niveau de vie s'élève rapidement avec le développement de la consommation de masse (automobile, électro-ménager, télévision).

Dès la fin de la guerre, les Européens de l'Ouest empruntent avec ferveur aux États-Unis leur modèle culturel (Coca Cola, Hollywood, Elvis Presley...) et leur mode de vie (l'american way of life) fondé sur la consommation de masse (télévision, automobile...). Ces emprunts se prolongent jusqu'à nos jours avec l'internet.

Rajeunie et libérée du fardeau des colonies, l'Europe occidentale reprend très vite sa place comme moteur de la planète, aux côtés des États-Unis. Le Japon lui-même reprend sa place parmi les grandes nations développées dès les années 1960.

Les grandes entreprises occidentales et en particulier américaines dominent l'économie mondiale à l'exception du monde communiste (URSS, Chine et satellites). L'Amérique latine et l'Extrême-Orient amorcent timidement leur développement.

A posteriori, les années 1945-1973 ont été désignées comme «les Trente Glorieuses» du fait de cette prospérité.

- Langueur et crise :

La fécondité européenne commence à se tasser en 1964 puis s'effondre partout en 1973 tandis que la guerre du Kippour, au Proche-Orient jette le trouble dans les esprits. C'est le début d'une nouvelle période de langueur démographique. Il s'accompagne d'un brutal ralentissement de la croissance économique.

En même temps émergent dans les cercles progressistes une critique de la «société de consommation», source d'alinéation, et une prise de conscience des menaces que fait peser l'industrie sur l'environnement naturel et les équilibres écologiques.

Les gouvernements européens renoncent à soutenir la natalité cependant que le Vieux Continent devient pour la première fois depuis près d'un millénaire une terre d'immigration nette, le nombre d'immigrants dépassant - et de loin - celui des émigrants.

Le pétrole devient dans les années 1970 un énorme enjeu politique et économique. Aux États consommateurs d'Occident s'opposent les États exportateurs (Vénézuela et Moyen-Orient). Ces derniers tentent de faire front commun en s'unissant au sein de l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) et en imposant une augmentation du prix du baril de pétrole.

La cherté du pétrole et de l'énergie entraîne à la faillite les entreprises les plus fragiles. Le nombre de chômeurs grimpe très vite. En France, d'une moyenne de 250.000 dans les années 1960, on arrive à deux millions vers 1980 et trois millions dans les années 1990.

Par ailleurs, l'invention du microprocesseur au début des années 1970 entraîne l'informatisation des activités tertiaires (introduction des ordinateurs dans les bureaux) et l'automatisation des activités industrielles (automates et robots pilotent les machines et les procédés de fabrication).

Il s'ensuit un bond en avant de la productivité, c'est-à-dire de la quantité de produits et de services par travailleur. Ce phénomène encourage les économies d'échelles, la concentration des entreprise et la mondialisation des échanges.

- Tensions sociales :

Dans les années 1980, les gouvernements de Margaret Thatcher et Ronald Reagan, au Royaume-Uni et aux États-Unis, inaugurent un nouvel ordre économique mondial fondé sur la libéralisation des échanges et la dérégulation des monnaies, selon les principes néolibéraux formulés par les économistes Friedrich Hayek et Milton Friedmann.

Il ne s'agit plus de stimuler la demande et donc la croissance par l'endettement public, selon l'optique keynesienne, mais d'améliorer la profitabilité des entreprises et leur capacité d'investissement en abaissant leurs coûts de revient (salaires, achats).

Pour la première fois depuis le début de la révolution industrielle, deux siècles plus tôt, les inégalités se creusent. Les tensions sociales s'accroissent cependant que s'effilochent les classe moyennes apparues à la faveur des «trente Glorieuses».

- La montée de l'Asie :

Les pays d'Extrême-Orient tels que la Corée du sud, Taiwan, Singapour, la Malaisie... tirent quant à eux parti de leur main-d'oeuvre bon marché pour développer leurs exportations de micro-électronique et de textiles et accéder au rang de pays modernes, à l'image du Japon, leur modèle.

Avec quelques années de retard, la Chine communiste suit la même voie, du moins dans ses régions côtières, sans renoncer à la forme dictatoriale de son régime politique. Ces pays et régions d'Asie enregistrent dans les deux dernières décennies du XXe siècle des taux de croissance économique souvent supérieurs à 10% par an qui leur permettent de rattrapper l'Occident.

On ne peut pas en dire autant de l'URSS et de ses satellites ou protectorats européens qui patinent et n'arrivent plus à maintenir le niveau de vie de leurs habitants. Les gouvernements communistes européens s'effondrent comme un château de cartes en 1989-1991 du fait de leur impéritie. Sur les ruines s'installent de fragiles démocraties libérales.

II] Confrontation Est-Ouest

La guerre contre l'Allemagne nazie n'était pas encore finie que déjà certains observateurs se demandaient si elle n'allait pas être prolongée par une guerre entre les deux principaux vainqueurs : l'URSS, dictature socialiste sous la férule de Staline, et les États-Unis, qui se présentent comme le fer de lance de la démocratie et de la liberté individuelle dans le monde.

L'acquisition par l'Union soviétique de la bombe thermonucléaire et le triomphe de Mao Zedong et des communistes en Chine continentale font craindre une troisième guerre mondiale entre les deux «Grands» ; une guerre qui serait atomique cette fois.

La guerre aura bien lieu mais de façon non déclarée. C'est une «guerre froide» : course aux armements et à l'espace, affrontements par adversaires interposés (gouvernements du tiers monde pro-américains contre guerilleros pro-soviétiques...).

Les crises internationales se succèdent jusqu'en 1963. C'est le blocus de Berlin (1948), la guerre de Corée (1950), la guerre d'Indochine, la répression à Budapest et la crise de Suez (1956), la guerre au Congo (1960), la crise des fusées à Cuba (1963).

Dans cette dernière crise, Khrouchtchev s'incline devant Kennedy. Le monde respire. Désormais et jusqu'en 1980, Américains et Soviétiques n'agiteront plus le spectre de la guerre nucléaire. Leur compétition se poursuit toutefois au Vietnam puis au Cambodge ; également dans l'espace. Elle reprend avec une certaine intensité en Afghanistan après 1978.

Par les accords d'Helsinki, en 1975, les Européens imposent avec habileté à Brejnev, secrétaire général du PCUS (parti communiste de l'Union soviétique) la reconnaissance des mouvements dissidents. C'est une épine dans la carapace du régime soviétique.

En 1980, le président américain Ronald Reagan engage son pays dans une nouvelle course aux armements plus dispendieuse qu'aucune autre : la «guerre des étoiles». L'Union soviétique, avec une économie en lambeaux, est incapable de relever le défi. Elle ne tarde pas à s'effondrer sur elle-même. La chute du mur de Berlin (1989) et l'éclatement de l'URSS (1991) mettent fin pour de bon à la guerre froide.

III] Le tiers-monde

La fin de la Seconde Guerre mondiale et la rivalité entre Américains et Soviétiques précipitent l'émancipation des peuples non-européens (le «tiers monde»).

En Chine continentale, le parti communiste de Mao Zedong s'empare du pouvoir en 1949. C'est un cinquième de l'humanité qui bascule d'un coup dans le camp de Moscou (avant de s'en détacher dix ans plus tard).

La propagande communiste bénéficie aussi d'un écho bienveillant chez les leaders politiques du tiers monde (les pays pauvres d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du sud) qui combattent l'hégémonie occidentale.

En deux décennies, les empires coloniaux des puissances occidentales s'émancipent (à l'exception du Portugal qui se maintient difficilement jusqu'en 1975 dans ses dernières colonies).

Les Britanniques donnent l'autonomie puis l'indépendance à leurs anciennes colonies : Inde et Pakistan (1947), Afrique noire (années 1950 et 1960). Cette émancipation progressive et planifiée permet à ces pays d'échapper plus ou moins à la tentation communiste ou révolutionnaire.

Ce n'est pas le cas avec l'Algérie et les pays de l'Indochine française, qui s'émancipent au prix de guerres longues et cruelles, avec à la sortie des dictatures dites «progressistes», c'est-à-dire alliées à l'URSS. Même phénomène avec les colonies portugaises d'Afrique, dans les années 1974-1975.

Dans les années 1970, la décolonisation est presque partout achevée. Le monde, qui comptait moins de cinquante nations indépendantes en 1945 en recense près de 200 à la fin du XXe siècle !

États-Unis et URSS n'en continuent pas moins de s'affronter indirectement dans des conflits locaux jusqu'au début des années 1980 : Corée (1950), Cuba (1962), Vietnam (1964-1975), Cambodge et Laos (1978), Cachemire, Afrique, Proche-Orient, Afghanistan...

Ils s'affrontent aussi dans la course à l'espace et dans la course aux armements.

IV] À la recherche d'un nouvel ordre mondial

Les années 1970 constituent un tournant :
- la guerre du Kippour entre Israël et les pays arabes entraîne un embargo sur le pétrole et une crise économique en Occident,
- la fin de la guerre du Vietnam, désastreuse pour les États-Unis, fait douter les Américains de leur vocation de «gendarme du monde»,
- l'URSS s'épuise dans sa volonté de concurrencer les États-Unis sur tous les fronts (baisse du niveau de vie, hausse de la mortalité infantile...).

- Des conflits multiformes :

Dans les années 1980, avec la fin de l'équilibre de la terreur entre les États-Unis et l'URSS, des tensions politiques jusque-là cachées émergent en Europe, en Afrique et en Asie.

L'Europe renoue avec la guerre en Yougoslavie. L'Asie centrale turcophone devient une zone d'instabilité chronique favorable à la prolifération de mouvements terroristes.

Victime de la faillite des gouvernements issus de la décolonisation, de la crise économique et des guerres interethniques ou tribales, l'Afrique noire n'en finit pas de s'appauvrir. Elle connaît un génocide au Rwanda.

Les États-Unis s'imposent, non sans contestations, comme l'unique superpuissance mais doivent désormais faire face presque seuls à l'affirmation de l'islamisme.

Ce courant contestataire triomphe en Iran en 1979 avant de se diffuser dans les pays pauvres à majorité musulmane. Il débouche sur l'attentat du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center (New York) et le Pentagone (Washington), attentat filmé en temps réel et sans précédent par son caractère médiatique.

- La fin du tiers-monde :

À l'ancienne opposition entre tiers-monde, Occident et monde communiste succède un monde plus hétérogène que jamais où se côtoient :
- de vieux pays industrialisés (Europe occidentale, États-Unis, Japon), encore dotés de solides atouts (éducation, niveau de vie) mais voués à une croissance lente,
- une modernité d'avant-garde dans les nouveaux pays industrialisés (Corée du sud, Taiwan, Singapour, Chine côtière...),
- des pays autrefois très pauvres et aujourd'hui fermement engagés dans la voie du développement (Inde, Brésil...),
- des pays instables, inaptes à faire fructifier les ressources tirées de leur sol ou leur sous-sol (Algérie, Côte d'Ivoire, Venezuela...),
- des sociétés démunies de tout, y compris d'un État digne de ce nom (Somalie, Congo, Afghanistan...).

- Un monde multipolaire :

Les Occidentaux prennent la mesure du renversement occasionné par les progrès économiques de la Chine post-maoïste, mais aussi de l'Inde, de la Turquie, du Brésil et de la plupart des grands pays d'Asie et d'Amérique latine.

Tandis que ces pays entrent avec avidité dans la société de consommation, Européens et Américains voient leur pays se désindustrialiser et les classes moyennes se désintégrer sous l'effet de la concurrence étrangère. C'en est fini de l'État-providence qui a accompagné la croissance économique de l'après-guerre.

Pour aller plus loin

- Assistez au dénouement de la guerre du Vietnam [récit]

- Traversez les moments forts de la guerre froide [dossier]

- Revivez l'effondrement de l'Union soviétique (URSS) [dossier]

- Remontez aux origines des drames qui agitent aujourd'hui le Moyen-Orient [dossier]

Des outils pour comprendre
- Se repérer dans le temps :


Frise chronologique de l'Histoire (1945-2007)

Vérifier les connaissances

- Quels étaient les principaux chefs d'État présents à la conférence des pays non-alignés de Bandoung ? [réponse]

- À qui doit-on l'expression «tiers-monde» ? [réponse]

- Quels sont les principaux événements de l'année 1989 ? [réponse]

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14

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