Du Moyen Âge aux temps modernes

4a - Vers la modernité (fin XVe-XVIIe siècles) : bouleversements culturels et intellectuels

Introduction

La Renaissance est une période qui correspond à la fin du Moyen Age, entre les XV et XVIe siècle, jusqu’au XVIIe siècle pour certains historiens. Elle se caractérise par une phase de transformations progressives dans différents domaines où les élites, ceux qui dirigent et accèdent aux savoirs, se tournent vers les penseurs antiques, les philosophes comme Platon, Aristote, pour réfléchir aussi sur leur temps.

C’est une période de grande effervescence en matière de découvertes scientifiques, artistiques et géographiques, qui touche aussi la spiritualité de l’époque et s’accompagne de crises religieuses.

En quoi la Renaissance constitue-t-elle une période particulière, d’avancées ou de transformations des sociétés de l’époque ? En quoi demeure-t-elle une continuation du Moyen Âge ?

I) Une pensée humaniste liée aux arts

A) Savoir et foi

« L’homme est créé à l’image de Dieu » rappellent les humanistes, penseurs et savants qui tentent de concilier le discours religieux et la réflexion scientifique. Ainsi, il est une créature perfectible, qui peut s’élever vers Dieu par la connaissance, c’est ce que rappelle Pic de la Mirandole dans De la dignité de l’homme. Les humanistes sont favorables à une liberté de pensée plus grande que ne l’autorise l’Église de l’époque. Ils s’inquiètent par ailleurs des abus et des dérives de celle-ci, les comportements de certains prêtres, les richesses trop visibles de l’Église leur posent problème par rapport au message chrétien.

B) La diffusion des idées

Nées en Europe et d’abord en Italie, les idées des humanistes vont bénéficier d’une invention extraordinaire qui va permettre leur diffusion presque partout. Au milieu du XVe siècle, Gutenberg met en effet au point l’imprimerie à Mayence en associant différentes techniques. Les savants et érudits peuvent ainsi mieux diffuser leurs ouvrages grâce à des imprimeurs qui sont parfois eux aussi des humanistes : Josse Bade, Aldo Manunce…En parcourant l’Europe, en échangeant des milliers de lettres, les humanistes favorisent la diffusion de leurs idées. Didier Érasme, surnommé le « prince des humanistes », est très célèbre en son temps, les princes et monarques l’invitent, lui demandent conseil. Il échange des milliers de lettres dans toute l’Europe.

Cependant, pour vivre décemment, la plupart des humanistes doivent avoir un métier ; ils sont souvent professeurs de langues anciennes. Ainsi, Pic de la Mirandole, très jeune, connaissait parfaitement le latin, le grec et l’hébreu. Ils doivent aussi pour pouvoir s’adonner à leurs recherches bénéficier de la protection d’un mécène qui peut favoriser par ailleurs la création de bibliothèques. C’est le cas par exemple de Laurent de Médicis à Florence, de François Ier en France.

C) L’art, le beau, le bon

Comme les humanistes, les artistes de la Renaissance s’intéressent à l’homme sans pour autant délaisser les sujets religieux. C’est en Italie que se trouvent dès le XVe siècle les peintres, sculpteurs les plus fameux comme Léonard de Vinci ou encore Michel-Ange. L’art du portrait se développe, grâce à la maîtrise de techniques nouvelles comme la perspective, les tableaux deviennent plus réalistes. La représentation des paysages devient un thème important de la peinture de l’époque. Il s’agit de donner aussi une représentation de la Création en s’approchant de la perfection du réel.

Les artistes sont aussi protégés par des mécènes. Maximilien de Habsbourg est le mécène d’Albrecht Dürer, le duc de Sforza était celui de Léonard de Vinci avant François Ier. Ces deux artistes comme d’autres sont des érudits, qui excellent dans différents domaines au-delà de leurs arts et s’intéressent aux innovations techniques de leur temps.

II) Le temps des découvertes

A) Des découvertes scientifiques

De nouveaux instruments apparaissent au sein du monde scientifique, comme la lunette astronomique, le microscope. Les mathématiques sont considérés indispensables à la compréhension du monde par les savants.

La dissection de cadavres permet de mieux comprendre l'anatomie humaine (Léonard de Vinci et Vésale). On découvre que la Terre n'est pas au centre de l'univers (Copernic, Kepler et Galilée). Bien souvent ces découvertes se font en dépit des interdits de l’Église, Galilée doit subir un procès en 1633.

La Renaissance est aussi marquée par le perfectionnement, la généralisation de l’utilisation de divers objets, outils, qui vont favoriser les découvertes géographiques. La boussole est introduite en Europe par les Arabes et de plus en plus utilisée par les Italiens, l’astrolabe permet de se repérer par rapport aux astres et autorisent ainsi les marins à plus facilement s’éloigner des côtes. Le gouvernail d’étambot rend les navires plus maniables, les Portugais mettent au point un navire plus rapide et plus sûr : la caravelle. En s’appuyant sur des géographes de l’Antiquité comme Ptolémée, les marins font dessiner des cartes des côtes, les portulans.

B) Découvertes de nouvelles terres

Ces découvertes scientifiques arrivent au moment où les Européens cherchent de nouvelles routes vers l’Asie, pour le commerce des épices notamment. Il s’agit notamment d’accéder aux Indes par la mer, en contournant l’Afrique ou bien comme le pense Christophe Colomb en ouvrant une nouvelle voie vers l’Ouest.

En 1492 au service du roi d’Espagne, il débarque ainsi aux Antilles, en pensant qu’il a réussi à trouver un passage vers les Indes. Il meurt sans savoir qu’il a en réalité découvert un autre continent plus tard appelé Amérique. Magellan, réalise lui, le premier tour du monde en bateau, entre 1519 et 1522, découvrant un passage difficile au sud de l’Atlantique vers le Pacifique. La période comprend bien d’autres explorateurs célèbres : Vasco de Gama, John Cabot, Jacques Cartier…

Outre le commerce, ces découvertes géographiques sont motivées aussi par la recherche de l’or. Les Européens croient qu’il existe par-delà les mers des royaumes où le métal précieux est très abondant comme le rappelle le mythe de l’eldorado : pays que recherchent les conquistadores en Amérique du Sud.

Les Européens pensent aussi convertir les nouvelles populations qu’ils rencontreront. Ces conversions parfois forcées ne vont pas sans poser de problèmes.

C) Découverte de l’autre

Le contact avec les nouveaux peuples, les Indiens, est le plus souvent catastrophique pour ces derniers. Ils sont d’abord décimés par le « choc microbien », les Européens amenant avec eux des maladies contre lesquelles les populations locales ne peuvent pas lutter.

La violence, les mauvais traitements ont raison aussi d’une grande partie de ces populations. À Valladolid s’ouvre en 1550 un débat entre dignitaires de l’Église qui s’interrogent pour savoir si ces Indiens ont une âme. Las Casas, qui les défend, parvient à démontrer qu’ils sont bien des hommes, tout en dénonçant la cruauté de ses compatriotes. Privés de cette main-d’œuvre désormais trop rare, les colons européens mettent dès le XVIe siècle en place une traite depuis l’Afrique.

III) Les crises religieuses

A) Critiques du catholicisme et réformes protestantes

Au début du XVIe siècle, en Allemagne, dans l’Empire germanique, Martin Luther, un moine allemand, tourmenté par le Jugement dernier comme de nombreux chrétiens, pense que l’Église catholique ne guide pas les croyants conformément à ce que dit la Bible. Il dénonce notamment la vente des indulgences qui promet aux chrétiens le pardon de leurs péchés en échange d’une somme d’argent.

Dans ses 95 thèses, qu’il publie en 1517, condamne ainsi plusieurs pratiques de l’Église catholique et propose des réformes c’est-à-dire des changements. Le pape l’excommunie. Luther persiste, il affirme qu’il suffit de croire dans les paroles de Jésus pour être sauvé, la Bible traduite en langue courante est la base de l’enseignement religieux. L’autorité du pape est niée – Luther brûle en place publique le document par lequel le pape l’excommuniait- les sacrements sont réduits à deux au lieu de sept, le culte des saints et de la Vierge Marie est supprimé. Ce sont les fondements de la nouvelle Église luthérienne.

En France, la réforme est conduite par Jean Calvin (1509-1564), mais les premières répressions violentes contre les protestants – ceux qui protestent contre l’Église catholique en place, luthériens et calvinistes- le poussent à s’installer en Suisse, à Genève où il fonde en 1541 une autre Église réformée.

B) La réaction de l’Église catholique

L’Église considère les protestants comme des hérétiques. Elle met en place le tribunal de l’Inquisition qui les condamne à de très lourdes peines, souvent la mort. Des princes catholiques prennent les armes contre les protestants. En Allemagne, Charles-Quint doit accepter que chaque prince choisisse sa religion et celle de ses sujets. Aux Pays-Bas, la lutte entre les calvinistes et les catholiques aboutit à l’indépendance des Provinces-Unies en 1579. En France, les guerres de religion de 1562 à 1598 déchirent le royaume et donnent lieu en 1572 à un terrible massacre à Paris : la Saint-Barthélemy.

L’Église catholique se réforme aussi cependant. De nouveaux ordres religieux sont fondés comme celui des jésuites en 1537. En 1545, le pape Paul III réunit un concile à Trente, au nord de l’Italie. Il réaffirme les principaux dogmes que rejetaient les protestants :

- autorité du pape,
- sept sacrements
- culte de la Vierge et des saints.

L’art est mis au service de l’Église catholique et de son message. C’est dans ce contexte que va naître l’art baroque dans la deuxième moitié du XVIe siècle.

 

Malgré ces réactions, le protestantisme se diffuse notamment au nord de l’Europe qui comprend désormais une troisième branche majeure dans la chrétienté. Ce protestantisme se subdivise lui-même en différentes ramifications, luthériens, calvinistes et en Angleterre les anglicans. Le roi Henri VIII a en effet rompu avec la papauté en 1531 et s’est proclamé chef de la nouvelle Église anglicane.

Conclusion

Entre le XVème et le XVIIème siècle, l'Europe connait des bouleversements culturels, religieux et scientifiques qui donnent une nouvelle vision du monde et de l'homme que le Moyen Âge n’avait pas vraiment encore abordée. Ceci est le point de départ d'une période où l'on accorde de plus en plus d'importance aux progrès ainsi qu'à la réflexion intellectuelle.

Période d’avancées, la Renaissance est aussi une période violente où l’on condamne et tue ceux qui sont différents, où l’on conquiert pour l’appât du gain.

Ugo Romélysan
Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14

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