Aux IV et Ve siècle, l’Inde connaît au nord de son territoire actuel le développement d’une civilisation particulièrement remarquable et raffinée : celle des Gupta.
Comment se mit-elle en place et quelles en furent les caractéristiques principales ?
I) Formation d’un empire
La dynastie des Gupta est une des dernières grandes dynasties d’Inde du Nord. Elle se constitue progressivement un vaste empire avec des monarques conquérants
Chandragupta Ier est le mahârâjâdhirajâ, souverain des grands rois, il règne de 320 à 335. Son royaume s’étend à la fin de son règne sur tout le bassin du Gange et sa capitale probable est Prayâga, l’actuelle Allahabad, une ville du sud de l’Uttar Pradesh.
Son fils, Samudragupta (335-375) poursuit les conquêtes, elle-même poursuivie par son petit-fils Chandragupta II (375-415) qui par ses annexions et l’intégration de ports permet le développement du commerce avec l’étranger. Démarre alors une période de paix et de tolérance qui va s’étendre jusqu’au VIe siècle et marque l’ère Gupta.
Les souverains gouvernent avec toute une série de ministres et de conseillers. Au sud de l’empire Gupta se trouvent des dynasties indépendantes.
II) Différentes religions
L’hindouisme est la religion des empereurs Gupta et de la plupart des Indiens. Les principes et les rites sont expliqués dans textes sacrés qui sont les védas. Ils ont été écrits 1500 et 500 avant Jésus-Christ et donne naissance au védisme qui devient entre 500 avant Jésus Christ et le VIe siècle après, l’hindouisme ancien puis enfin, vers le VIe siècle l’actuel hindouisme.
Plus qu’une religion polythéiste, il s’agit d’une religion avec une triade centrale, dont les trois principaux dieux sont Brahma le créateur de l’univers. Peu représenté, il n’a pas beaucoup de fidèles. Vishnu, dieu préservateur de l’univers, il est la divinité de prédilection des élites. Enfin, Shiva est le dieu destructeur et créateur d’un nouvel univers.
Il existe d’autres divinités, épouses, frères et création des dieux précédents leurs mythes et épopée sont racontés dans les Mahâbhârata. Ainsi, Gangâ la déesse du Gange, fleuve sacré dans lequel les hindous lavent leurs péchés au cours de bains rituels, est née de la sueur des pieds de Vishnu. Ganesha fut une création de Parvati, la femme de Shiva…
Vishnu s’incarne en de nombreux avatars lorsqu’il intervient auprès des hommes, ces avatars sont variés : le poisson Matsya, la tortue Kurma, sa forme humaine est Krishna…Les hindous croient en la réincarnation qui est immédiate après la mort. L’important est de se réincarner dans une position supérieure à celle que l’on occupait précédemment. Ce résultat s’obtient grâce aux mérites de sa vie passée, le système des castes est ainsi pérennisé. Les castes supérieures n’ont pas à rougir de leurs privilèges, résultats d’actions passées.
Sous les Gupta se développe aussi une autre religion, le bouddhisme. Cette religion fut fondée au Ve siècle avant Jésus-Christ par Siddharta Gautama qui prit le nom de Bouddha. Il enseigne comment atteindre le Nirvana, c’est-à-dire la Paix suprême. Sarnath près de Bénarès est un haut-lieu du bouddhisme, c’est là que Bouddha prononce son premier sermon.
Ajanta, dans l’arrière-pays de Mumbai, est un autre site important composé d’une trentaine de monastères. Cette religion va se répandre peu à peu dans toute l’Asie et notamment en Chine. À l’époque des Gupta, il existe une grande tolérance religieuse qui favorise par ailleurs un important essor culturel, arts et religions sont liés.
III) Une vie culturelle très riche
L’art des Gupta s’exprime dans différents domaines. La numismatique est caractérisée par l’apparition de monnaies en or. Grâce à ses pièces les monarques Gupta sont connus.
L’architecture religieuse est la plus monumentale. Elle se veut la transcription des palais des dieux dans le monde céleste. Le temple est la demeure terrestre du dieu, il reste accessible uniquement aux officiants des rites, les fidèles n’y ont pas accès. Ils peuvent s’instruire cependant en observant les nombreuses sculptures sur les façades.
L’art puise ses thèmes essentiellement dans la religion. La statuaire qui représente des dieux à plusieurs bras et plusieurs têtes soulignent leur puissance. Les bouddhas expriment le plus souvent la sérénité, le détachement, ils sont représentés assis ou couchés.
Nombre de ses temples, souvent en terre cuite, ne sont pas parvenus jusqu’à nous. Les autres constructions, celles des habitations souvent en bois, ne sont connues que par d’autres sources.
La vie quotidienne est évoquée dans la littérature et notamment par le grand poète Kalidasa qui vécut entre le IVe et Ve siècle. Chantre de la beauté féminine, il utilise beaucoup de métaphores qui font écho à la subtilité et au raffinement que l’on retrouve dans les représentations figuratives. Il écrit en sanskrit, une langue ancienne utilisée pour les textes sacrés et littéraires. Les grands textes codifiant et précisant les techniques des différents arts sont rédigés à cette époque : le Nâtyashâstra concerne les arts du théâtre, de la danse et de la musique ; il est fixé sous les Gupta.
Les sciences se développent particulièrement sous les Gupta, notamment les mathématiques, Aryabatta (Ve siècle) est un des mathématiciens les plus fameux. Il considère que la Terre est ronde et calcule la valeur de π. Il démontre le phénomène des éclipses, l’astronomie connaît un important essor à l’époque.
Conclusion
La civilisation des Gupta disparaît vers le Ve siècle, après deux siècles d’apogée. La brillance de cette période est largement due à la tolérance des souverains de l’époque, favorisant les arts, respectant les autres religions tout en demeurant de fins politiques. Leurs successeurs furent moins éclairés et durent surtout affronter les Huns heptalites, des Huns à la peau blanche, qui lancent leurs invasions vers 460, en venant du nord-ouest du royaume.
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