Les mondes anciens

Les empires chrétiens du haut Moyen Âge

L’Empire romain qui s’étend de l’Atlantique à la mer Noire subit de fortes pressions sur ses frontières. Les mesures mises en place pour se défendre se révèlent vite insuffisantes.

Comment l’Empire romain se disloque-t-il et avec quelles conséquences territoriales ? Comment le christianisme se maintient-il face à ces bouleversements géographiques et politiques ?

La dislocation de l’Empire romain

L’Empire romain d’occident disparaît

Pour pouvoir défendre son empire face aux menaces des peuples germains, l’empereur Théodose décide de le partager entre ses deux fils. C’est ainsi qu’apparaissent à l’ouest un Empire romain d’Occident qui a pour capitale Ravenne. À l’Est, l’empire romain d’Orient a pour capitale Constantinople.

Cette mesure ne suffit pas à préserver les Romains à l’Ouest. Au Ve siècle, les tribus germaniques franchissent le Rhin et le Danube et vont instaurer leur propre royaume : des Wisigoths en Espagne, des Burgondes et des Francs en Gaule, des Ostrogoths en Italie…Le dernier empereur romain d’occident Romulus Augustule est en effet déposé par le Germain Odoacre en 476, il n’y a désormais que des royaumes barbares à l’ouest du Danube.

L’Empire romain d’orient résiste

L’Empereur Justinien (527-565) rêve de rétablir l’ancienne grandeur de Rome. Il se lance dans la reconquête de territoires tombés entre les mains des Germains. Son règne est aussi marqué par la construction de la basilique Sainte-Sophie dédiée au Christ et rassemble les anciennes lois romaines dans le code Justinien.

À la mort de l’empereur en 565, l’empire doit faire face à des attaques nombreuses, il se recentre sur les Balkans, l’Asie mineure et le sud de l’Italie après avoir perdu une partie des territoires que Justinien avait reconquis. Ces régions majoritairement de culture grecque, constituent un empire Byzantin, de l’ancien nom de Constantinople, Byzance. Cet empire byzantin est un empire chrétien.

L’Empire byzantin, un empire chrétien

L’importance de l’empereur

À la tête de l’Empire se trouve le basileus, qui signifie « roi » en grec. Il dirige quasiment tout, même s’il est entouré de responsables des différents services. L’armée est sous son contrôle, il est considéré comme le lieutenant de Dieu sur Terre et est aussi pour cela à la tête de l’Église avec le patriarche nommé par lui.

L’Empire se divise en provinces à la tête desquelles se trouvent des stratèges qui commandent l’armée mais perçoivent aussi les impôts et rendent la justice. Si le droit romain reste en vigueur dans tout l’Empire, la langue grecque a remplacé le latin dans tous les documents officiels.

Constantinople est la capitale de l’Empire et donc le lieu du pouvoir politique et religieux. C’est aussi un grand centre marchand dont la position exceptionnelle, au carrefour de deux continents, explique le rayonnement et l’attractivité dans tout le bassin méditerranéen.

Un autre christianisme : le christianisme orthodoxe

Bien que chrétiens, les Byzantins ont des pratiques qui sont différentes de celles d’Occident. Outre l’usage du grec et non du latin, ils vénèrent les icônes car « … l’honneur rendue à ces images est destiné à son modèle original… » indique le concile de Nicée II qui se tint en 787. Les prêtres orthodoxes peuvent se marier, ils portent la barbe, le baptême chez les orientaux se fait selon la triple immersion alors qu’en Occident le baptisé n’est immergé qu’une fois.

Soucieux de son expansion, l’Empereur et le patriarche Phôtios envoient plusieurs missions afin de convertir les Slaves. Les moines Cyrille et Méthode s’avèrent les plus efficaces, en créant un alphabet cyrillique, ils peuvent traduire la Bible en langue slave. Les Serbes et les Bulgares se convertissent au IXe siècle.

Cependant, cette expansion du christianisme orthodoxe se fait en rivalité avec les missionnaires envoyés par Rome. Au-delà des différences rituelles, s’ajoutent progressivement des querelles de personnes et de pouvoir. Le chef de l’Église d’Orient dirigé par le patriarche de Constantinople accepte de plus en plus mal la tutelle que veut imposer l’évêque de Rome, le pape, qui prétend diriger toute l’Église.

En 1054 c’est le schisme, l’Eglise orthodoxe, c’est-à-dire celle d’Orient se sépare de l’Eglise catholique du pape, il y a désormais deux branches nettes dans la chrétienté.

L’art byzantin

La vierge dite de Vladimir ; XIIe siècle, Galerie Tretiakov, Moscou Il s’exprime à travers les images sacrées que sont les icônes. Elles ornaient les églises byzantines, peintes sur bois, elles représentent toujours des personnages saints de la tradition chrétienne. L'icône la plus célèbre est sans doute celle de la Vierge de Vladimir (XIIe siècle), autrefois conservée dans la ville de Vladimir, d'où son nom, aujourd'hui à Moscou. La joue de l'enfant est représentée contre celle de sa mère, dans un geste très humain, d'amour et d'affection.

La mosaïque joue aussi un rôle très important avec les décorations de nombreux intérieurs, palais, églises, maisons…Les thèmes traités demeurent principalement religieux, la finesse, la précision des réalisations conservées à Ravenne, dans la cathédrale Sainte-Sophie en font des œuvres majeures.

Conclusion

Héritier de l’Empire romain, l’Empire byzantin va perdurer durant dix siècles encore après la chute de Rome. La prise de Constantinople par les Turcs en 1453 marque la fin d’un empire qui était alors déjà très affaibli par les querelles intestines et les appétits étrangers.

Le christianisme reste cependant très ancré dans les régions d’Europe orientale où demeure encore aujourd’hui la très grande majorité des chrétiens orthodoxes.

L’Empire carolingien

Des royaumes barbares qui se mettent en place à l’issue de la chute de Rome au Ve siècle, celui des Carolingiens est le plus important. Se présentant comme un défenseur du christianisme, l’empereur Charlemagne participe à l’essor et à la consolidation de cette religion en Occident.

Un Empire puissant

Les Carolingiens succèdent aux Mérovingiens dans le royaume franc, la dynastie est fondée par Pépin le Bref au VIIIe siècle. Son fils Charlemagne lui succède (768-814), il étend son royaume sur une grande partie de l’Europe grâce aux conquêtes qu’il entreprend.

Le 25 décembre 800, il se rend à Rome où il se fait couronner empereur, reprenant une titulature qui avait disparue depuis la chute de l’Empire romain.

L’Empire de Charlemagne est divisé en 300 comtés dirigés par des comtes qui sont directement nommés par l’empereur. Ils sont contrôlés par les missi dominici qui vérifient que les comtes appliquent bien la politique et les décisions de l’empereur sur ses terres. À partir de 800, Charlemagne fixe sa capitale à Aix-la-Chapelle, près de la Saxe qu’il est en train de conquérir. C’est là que se trouve son palais.

En développant le commerce dans les foires, en encadrant les prix dans un capitulaire (Francfort 794), en entretenant les routes, Charlemagne favorise le développement économique. Surtout, il abandonne la frappe de l’or et favorise la circulation d’une monnaie d’argent, le denier qui va se développer dans toute l’Europe.

Un empire qui s’appuie sur l’Eglise et la défend

Charlemagne christianise les régions nouvellement conquises en envoyant des missionnaires, son fils Louis le Pieux qui lui succède en 814 procède de la même manière.

Les Carolingiens encouragent dans tout l’empire la fondation de monastères. Nombreux sont ceux qui adoptent la règle de Saint-Benoît, partageant leur temps entre travail et prières. Dans ces monastères, les moines copistes reproduisent des ouvrages antiques, des manuscrits chrétiens. Ils utilisent une écriture beaucoup plus lisible qu’avant : la minuscule caroline. Charlemagne favorise dans ces monastères l’ouverture d’écoles, ils deviennent de véritables centres culturels dirigés par les abbés qui sont intégrés dans les structures politiques des Carolingiens tout comme les évêques aux côtés des comtes.

À cette époque, le pape est le chef de l’Église d’Occident que l’on appelle aussi Église catholique, qui veut dire universelle. Il possède des terres au centre de l’Italie que lui a donné le père de Charlemagne : les États de l’Église.

La fin de la dynastie carolingienne

Un Empire divisé et attaqué

À la mort de Louis le Pieux, ses trois enfants se partagent l’Empire lors du partage de Verdun en 841. Les nouveaux royaumes qui en sont issus doivent très vite faire face à des envahisseurs venus de tous côtés : les Vikings au Nord et à l’Ouest, les Hongrois à l’Est, les musulmans au sud.

Au Xe siècle, l’Europe chrétienne apparaît de plus en plus divisée entre chrétiens d’Orient et chrétiens d’occident, avant même que le schisme ne confirme cette séparation en 1054. Au sud de l’Europe et notamment en Espagne, les Sarrasins se sont largement implantés.

La dynastie carolingienne très affaiblie par ses divisions internes disparaît à la fin du Xe siècle. En Francie occidentale, en 987, les grands du royaume, les ducs, élisent comme roi l'un d'entre eux, Hugues Capet, duc de France, dont les possessions vont de la Seine à la Loire. Ce changement de dynastie n'a cependant pas de conséquence importante. Plus que jamais, la réalité du pouvoir appartient aux comtes et aux ducs.

•  En Francie orientale, la famille des ducs de Saxe impose son autorité. Comme Charlemagne, Otton Ier s'appuie sur les évêques et les abbés pour gouverner. Après sa victoire sur les Hongrois en 955, il apparaît comme le souverain le plus puissant d'Occident : il est couronné empereur par le pape, en 962. C'est la naissance du futur Saint Empire romain germanique.

L’art carolingien

Le palais d’Aix-la-Chapelle et plus particulièrement sa chapelle est un exemple de ce qui caractérise l’art carolingien. Le plan et la coupole de la chapelle, le décor des mosaïques s’inspirent des églises byzantines. On y trouve cependant aussi des colonnes à chapiteaux corinthiens propres à l’art romain antique, et d’élégantes grilles de bronze qui rappellent l’art germanique des métaux.

On retrouve aussi un savoir-faire très élaboré dans l’orfèvrerie franque. Les artisans utilisent la technique du cloisonné qui consiste à enchâsser des émaux, des pâtes de verre et des perles de diverses couleurs dans une résille d’or. Les reliquaires, les insignes impériaux peuvent être ainsi produits.

Avec la minuscule caroline, les moines copistes, les écoles, les productions d’ouvrages se développent. Ecrits à la main sur des parchemins, des peaux d’animaux tannées, veaux par exemple, ils sont souvent décorés de dessins qui sont appelés enluminures ou miniatures.

Un manuscrit carolingien, le sacramentaire de Drogon, IXe siècle, BNF, Paris

Conclusion

Le christianisme en Occident se développe et s’ancre encore plus profondément à l’époque de la dynastie carolingienne. L’action de Charlemagne qui se présente comme un défenseur de la chrétienté a largement contribué à cette expansion et à cette consolidation.

Son empire ne survit pas longtemps à sa disparition. Les querelles internes et les envahisseurs vont précipiter la chute d’un régime qui posa les bases de ce qu’allait être l’Europe chrétienne médiévale.

Ugo Romélysan
Publié ou mis à jour le : 2020-05-02 16:43:01

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net