Nous avons lu Sont-ils morts pour rien ? (Le Seuil, Histoire immédiate, janvier 2010, 270 pages, 18 euros), un essai de Jean Lacouture et Jean-Claude Guillebaud, deux grands journalistes qui partagent le même attachement à leur ville d'origine, Bordeaux.
Jean Lacouture et Jean-Claude Guillebaud ont choisi ici de nous raconter seize assassinats politiques qui ont marqué le dernier demi-siècle, à commencer par celui de John Fitzgerald Kennedy le 22 novembre 1963, à Dallas...
Outre John Kennedy, son frère Robert et Martin Luther King, voici Aldo Moro, Olof Palme et lord Mountbatten en Europe, Bechir Gemayel et Rafic Hariri au Liban, Indira Gandhi et Benazir Bhutto en Asie... Sélection nécessairement arbitraire, comme les auteurs l'admettent volontiers, qui montre l'universalité de cette pratique.
L'assassinat politique intervenant en période de crise, il permet de faire ressortir avec une netteté particulière les forces qui traversent la société concernée.
Les auteurs excellent à esquisser en quelques mots la personnalité du défunt, de l'assassin, et/ou la situation du pays. Leurs récits sont à chaque fois l'occasion de présenter le contexte de l'époque, d'une plume très alerte, en quelques pages bien senties, et de faire ressortir le caractère dramatique de ces instants qui bouleversent l'Histoire.
Ils n'apportent pas de révélations mais offrent au lecteur l'occasion de se documenter sur des personnages qu'il ne connaît parfois qu'en raison de leur mort. Constat affligeant : les pires tyrans échappent en général aux attentats...
Le meurtre politique est sans doute une pratique aussi ancienne que l'espèce humaine mais l'avènement des médias planétaires, au siècle dernier, lui a ouvert de nouvelles perspectives ! L'assassinat d'une personnalité n'a plus «seulement» pour objectif l'élimination d'un adversaire ou d'un gêneur. Il envoie aussi, qu'on le veuille ou non, envoyer à l'opinion publique nationale et internationale un signal dont l'éclat ne faiblit pas avec le temps.
On peut regretter que la réflexion sur la portée des assassinats soit par trop réduite. De ce point de vue, le titre du livre est un peu trompeur car il laisse attendre un travail plus conceptuel que narratif. En revanche, si l'on souhaite se replonger en quelques minutes dans un de ces événements pour en saisir toute la portée, ce livre est tout indiqué. De par sa nature, il se prête particulièrement à la lecture fractionnée, dans les transports ou dans d'autres situations.
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