La guerre d'Espagne et ses lendemains

Une Histoire douloureuse revue et corrigée

Nous avons lu La guerre d'Espagne et ses lendemains, par Bartolomé Bennassar (Perrin, 2004, 552 pages, 24 euros)

L'auteur présente une synthèse brillante de ce conflit annonciateur de la Seconde Guerre mondiale. Il traque avec brio les incohérences et les mensonges des deux camps et met en évidence les excès des uns et des autres qui ont conduit à la tragédie.

La guerre d'Espagne et ses lendemains

La guerre d'Espagne, prélude à la Seconde Guerre mondiale, excite encore les passions en Europe.

Cette guerre entre deux camps idéologiques utilisant la propagande à grande échelle conserve une grande part de mystère et il était utile de revisiter son Histoire à la lumière des témoignages apportés par les derniers survivants. C'est ce qu'a tenté et réussi l'historien Bartolomé Bennassar.

Son livre La guerre d'Espagne et ses lendemains (Perrin, 2004) expose les origines de la guerre, son déroulement, ses tragédies, y compris les combats au sein de chaque camp. Il fait la lumière sur des personnages mythiques comme la Pasionaria. Il détaille aussi le sort réservé en Espagne, en France et ailleurs, aux républicains vaincus.

N'oublions pas que la guerre civile a fait autant de victimes après le triomphe des nationalistes, du fait de la répression brutale exercée par Franco que pendant son déroulement proprement dit, de 1936 à 1939.

La guerre du mensonge

Bartolomé Bennassar rappelle que le soulèvement militaire des 17 et 18 juillet 1936 avait été annoncé par différentes secousses dans le camp de gauche comme dans le camp de droite.

Dans les huit semaines qui suivent le soulèvement se produisent les violences les plus meurtrières de la guerre. Devant un gouvernement social-démocrate débordé, anarchistes et communistes d'un côté, militaires de l'autre, multiplient les ignominies.

Ces horreurs partagées expliquent au demeurant le refus des Britanniques d'intervenir dans le conflit et les hésitations du gouvernement français de Léon Blum. Ce dernier est informé dans les premiers jours du soulèvement des crimes commis par les «républicains» du côté des Pyrénées mais il ignore que les nationalistes et leurs troupes marocaines agissent de même en Andalousie.

Au demeurant, il a tendance à penser comme le gouvernement espagnol lui-même que le soulèvement militaire devrait être réprimé rapidement. Intervenir ne lui paraît donc pas très urgent...

Quand, après quelques semaines de combats, les échecs des républicains, trop indisciplinés, auront réduit à néant cette analyse, il sera trop tard pour arrêter la guerre. Les anarchistes catalans s'acharnent sur les prêtres et vandalisent églises et cimetières, suivant une tradition anticléricale qui remonte au début du XXe siècle. Ces violences ont l'effet paradoxal de pousser l'Église dans le camp nationaliste. Et Franco, qui était à l'origine indifférent aux questions religieuses, saisit la balle au bond. Il donne à son mouvement l'allure d'une croisade catholique, faisant fi de ce que le fer de lance de son armée est constitué de Marocains musulmans et de légionnaires impies (les tercios).

Même paradoxe à gauche où les révolutionnaires ne se privent pas de massacrer de simples travailleurs au nom de la justice sociale, quand ils ne se massacrent pas entre eux.

Ainsi que le souligne l'historien, la guerre civile se serait arrêtée très vite si les deux camps, républicains et nationalistes, n'avaient réussi à s'approvisionner en armes à l'étranger, les premiers en rémunérant grassement Staline avec l'or de leur Banque centrale, les seconds en faisant appel au crédit de Hitler et Mussolini.

Les interventions étrangères, aviateurs allemands de la Légion Condor, troupes italiennes, brigadistes internationaux, envoyés de Staline... ont donné au conflit son caractère passionné et confus. Aucun camp ne fut exempt de crimes et d'ambiguïtés. C'était le règne du mensonge et de la propagande.

Les réfugiés républicains en France

Bartolomé Bennassar a dépouillé les archives départementales mais aussi de nombreux mémoires d'étudiants en Histoire pour éclairer le sort des réfugiés espagnols en France. Ceux-ci n'ont pas été si mal reçus qu'on l'a dit. L'historien évoque par exemple des réfugiés qui, employés dans une mine du Gard, se réjouissent d'être payés au même taux que les Français.

Simplement faut-il voir qu'en 1936 comme en 1939, le gouvernement français a été débordé par un afflux de réfugiés beaucoup plus important que prévu et n'a pas toujours réagi avec compétence. Après l'entrée en guerre de la France contre l'Allemagne, des épouses de soldats mobilisés se sont aussi indignées de ce que des femmes de réfugiés touchaient des allocations supérieures aux leurs.

Bartolomé Bennassar démontre à travers cet ouvrage qu'il est possible d'allier l'érudition, la rigueur et la clarté. Employant volontiers la première personne pour présenter le fruit de ses enquêtes et de ses entretiens, l'historien réussit la performance de n'être jamais ennuyeux ni obscur. -

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14
laila (01-09-2006 21:32:21)

j'ai également lu le livre de Bennassar. En tant qu'étudiante à la faculté de dijon, section LLCE ESPAGNOL, j'avoue avoir été charmée par ce livre qui résume bien la situation espagnole. Ainsi, je remercie sa parution qui m'a servi pour mes examens. (l'un d'eux porte sur la guerre civile)

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