Le livre de Dominique Lormier est celui d’un historien miliaire. Largement fondé sur les archives militaires françaises et étrangères, c’est le récit d’une suite de batailles dont l’intérêt est de contredire quelques idées reçues.
Par exemple, en racontant les batailles de Stonne (Ardennes), d’Amiens ou encore de Dunkerque, l’auteur montre que loin de s’être débandée de manière lamentable, l’armée française a su faire preuve en 1940 d’héroïsme et de combativité quand elle était bien armée et bien commandée.
Il montre notamment que les chars français ont souvent été à la hauteur et que certains surclassaient leurs adversaires allemands comme dans les batailles de chars de Hannut et de Gembloux en Wallonie.
On apprend ainsi que des centaines de blindés allemands ont pu être mis hors de combat par les Français, que la percée de Sedan fut loin d’être une promenade militaire pour la Wehrmacht et que, sans la ténacité française à Dunkerque, la totalité de l’armée anglaise eut été détruite, changeant peut-être l’issue du conflit.
L’auteur ne s’attarde pas sur les causes de la défaite française qui paraît d’autant plus incroyable après le récit de tels exploits, mais ce n’est pas le sujet de son livre qui vise surtout à mettre en valeur des exploits souvent ignorés.
Son récit de la guerre entre l’Italie et la Grèce contribue aussi à réhabiliter le soldat italien, souvent présenté comme un lâche face à l’héroïsme grec. Il est vrai que le conflit a débuté par une défaite cinglante de l’armée italienne, contraignant Hitler à venir à son secours.
On ignore souvent que cette défaite est due à la présomption de Mussolini qui a déclenché les hostilités sur un terrain incroyablement difficile au début de l’hiver en haute montagne alors que les troupes italiennes étaient en infériorité numérique et que la météo empêchait tout soutien aérien.
Malgré les erreurs de commandement et la faillite du renseignement, les « Alpini » et les « Bersaglieri » ont fait preuve d’une grande bravoure comme le montre l’ampleur des pertes qu’ils ont subies au combat. Quand à l’intervention allemande, elle eut sans doute eu lieu de toute façon, même sans l'attaque de Mussolini, Hitler ne pouvant abandonner à d’autres le contrôle des Balkans et de la Méditerranée orientale.
On apprend beaucoup à la lecture de ce livre qui s’ingénie aussi à démonter les préjugés sur la Résistance française et la Collaboration, montrant que la France n’était pas acquise à Pétain et à la Révolution nationale comme voudraient le faire croire certains historiens anglo-saxons.
On regrettera peut-être l’absence de cartes, pour illustrer le récit des batailles de France, d’Albanie ou les exploits des commandos britanniques en Norvège et des Japonais en Indonésie.
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