André Malraux (1901 - 1976)

Un dandy devenu gardien du Temple

Aventurier égotiste et auteur à succès, passionnément engagé dans son siècle, André Malraux va terminer sa carrière aux côtés du général de Gaulle, en inaugurant le ministère des Affaires culturelles.

Camille Vignolle

À la poursuite de la gloire, l'argent et l'aventure

André Malraux (3 novembre 1901, Paris ; 23 novembre 1976, Créteil)Issu d'un milieu bourgeois et marié en 1921 à une femme aisée, Clara Goldsmith, André Malraux, passionné de culture orientale, part en 1923 au Cambodge, alors protectorat français, en vue de piller et revendre quelques statues khmères.

Cela lui vaut quelques ennuis avec la justice française et nourrit ses premiers romans (La voie royale).

Là-dessus, il se pique de passion pour les communistes chinois qui luttent contre les armées nationales du Guomindang commandées par Tchang Kaï-chek. Du dramatique affrontement de Changhai (1927), il tire la matière de La condition humaine (prix Goncourt, 1933). Un peu plus tard, il participe (de loin) à la guerre civile en Espagne en finançant une escadrille aérienne à laquelle, dans un premier temps, il donne son nom. Il en tire un nouveau roman à succès, L'Espoir.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il entre dans la Résistance et, après la Libération de la France, devient brièvement ministre de l'Information du général de Gaulle. Il poursuit en parallèle des réflexions sur la création artistique, dans le droit fil d'un grand critique un peu oublié, le médecin Élie Faure, auteur de L'Esprit des formes.

André Malraux entame son dernier parcours comme ministre des Affaires culturelles du général de Gaulle sous la Ve République.

Il le demeurera pendant dix ans, du 22 juillet 1959 au 20 juin 1969, en dépit d'un vieillissement prématuré et de drames récurrents: le 23 mai 1961, ses deux fils meurent dans un accident de la route ; le 7 février 1962, un attentat de l'OAS à son domicile défigure une fillette et l'oblige à se replier sur le pavillon de la Lanterne (Versailles) sous protection policière. 

Le ministre se signale par une grande loi sur la protection du patrimoine qui prendra son nom, le 4 août 1962.  

Le 19 décembre 1964, il prononce un flamboyant discours en hommage à Jean Moulin et à tous les résistants à l'occupation allemande, à l'occasion du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon.


Discours hommage d'André Malraux à Jean Moulin (19 décembre 1964),  source : INA

Dans les dernières années de son ministère, André Malraux doit lutter contre l'alcoolisme et la dépression mais n'en conserve pas moins le soutien affectueux de De Gaulle.

Jusqu'à son dernier souffle va se démultiplier : rencontre avec Mao Zedong en 1965, publication des Antimémoires en 1967,  inauguration de Maisons de la Culture (il souhaitait en ouvrir une dans chaque département mais devra se satisfaire d'une dizaine), expositions culturelles du Japon à Haïti et Niamey...

Publié ou mis à jour le : 2024-04-04 12:45:01

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